Un trio de tête en forme, la crise à Shonan, l’espoir à Sapporo, voici le bilan en cinq points des cinquième, sixième et septième journées de J1 League.

Qui aurait pu prévoir il y a deux mois, que le wagon de tête serait constitué d’un promu et d’un club stagnant au milieu de tableau depuis trois saisons ? Car le redoutable Sanfrecce est en effet accompagné de Machida et du Cerezo Osaka. Le promu Zelvia est d’ailleurs le surprenant leader, pas très reluisant dans le jeu, mais efficace et intelligent tactiquement. Cela n’avait cependant pas suffit lors de la sixième journée, puisque Machida recevait une équipe d’Hiroshima très dure à bouger dans son 3-4-3. Et le rouleau compresseur Sanfrecce ne laissait rapidement aucun espoir, étant ultra dominateur dans tous les secteurs du jeu. Le très en forme Yuki Ohashi ouvrait le score après une passe de Makoto Mitsuta. Le milieu, passeur, transformait ensuite un penalty avant l’heure de jeu, scellant les espoirs de Zelvia. Et malgré une petite révolte, le seul but du club de tokyoïte, en fin de match, était causé par un contre-son-camp de Yuki Ohashi. Machida n’avait pas réussi à cadrer un seul tir du match. Avant d’affronter Kawasaki, il était dur de ne pas penser que Machida subirait un nouveau revers. Frontale était en forme et le club de la préfecture de Tokyo semblait déjà à bout de souffle. Mais pourtant, c’est bien Machida qui se procurait les meilleures occasions, ouvrait le score par Shota Fujio après la demi-heure de jeu et rentrait au vestiaire avec un but d’avance. Frontale était totalement hors de son match et produisait un déchet technique colossal. La dynamique n’évoluait pas en deuxième mi-temps, avant ce qui aurait pu être le tournant du match, l’expulsion de Kosei Tani, le gardien de Machida. Réduits à dix, les hommes de Go Kuroda subissaient bien plus. Mais très solidaires et généreux, ils avaient finalement réussi à tenir, prouvant que le début de saison de Zelvia n’était pas dû à de la surperformance.

Soixante-six. C’est le nombre de tirs du Sanfrecce Hiroshima sur ses trois derniers matchs. Soit vingt-deux tirs de moyenne. Pourtant, seuls cinq buts ont été marqués, preuve du plus gros problème du club du Chūgoku : le manque d’un vrai buteur. Ce devrait normalement être le rôle de Pieros Sotiriou, mais le chypriote est en grande difficulté. Yuki Ohashi, même s’il a déjà inscrit six buts, rate lui aussi beaucoup trop. Cela avait ainsi coûté deux points contre le Gamba Osaka et empêché une fin de match sereine contre Machida. Même si contre Shonan, absolument inoffensif, cette inefficacité n’avait pas posé problème, elle laisse sceptique sur la capacité de Hiroshima à aller chercher le titre. Car tous les derniers champions du Japon étaient chirurgicaux face au but, surtout Kobe en 2023 et Yokohama F. Marinos en 2022. Hiroshima est l’équipe la plus dominatrice de ce début de saison. Tout a été construit pour que cette année soit celle du titre. Attention de ne pas tout gâcher.

Derrière les deux premiers au classement, très médiatisés, le Cerezo Osaka, lui, se fait comme à son habitude oublier. Pourtant, les choses ont changé. Pas tant dans le jeu, qui reste toujours aussi alternatif, mélangeant phases de jeu magnifiques et bloc bas terriblement laid. Ce Cerezo semble dépourvu d’une réelle identité de jeu et semble plutôt s’adapter à l’adversaire. Et ça marche. Tout comme Hiroshima, il est invaincu. Mais à la différence du Sanfrecce, le club d’Osaka sait faire le dos rond, a un gardien dans la forme de sa vie et surtout, est beaucoup plus efficace. Des qualités qui sont presque nécessaires à un futur champion. Après le Vissel Kobe, un nouveau club de Kansai décrochera-t-il sa première J.League ? Les prochains matchs contre Kawasaki, Nagoya et Yokohama seront décisifs.

La crise à Shonan (encore)

Sur ces trois journées, un seul club enregistre trois défaites : le Shonan Bellmare. Après un bon début de saison, les difficultés défensives ont vite rattrapé le modeste club. Et ces dernières ont emmené avec elles une lutte pour le maintien habituelle et perpétuelle. Depuis sa remontée dans l’élite, le Shonan Bellmare doit chaque année se battre pour survivre. Déjà six longues années où se sont enchaînés les maintiens miracles. Le problème est toujours le même : un effectif trop faible, surtout sur les postes défensifs, dû aux difficultés économiques que traverse le club. Cependant, pour nuancer, deux de ces trois défaites ont eu lieu contre des clubs du top 3.

Contre le Cerezo d’abord, les hommes de Satoshi Yamaguchi s’étaient montrés dangereux en première période. Mais l’inefficacité à la finition et la grosse performance de Kim Jin-hyeon empêchaient Bellmare d’ouvrir le score. Puis en seconde mi-temps, ils ont été punis par deux fois. Pour son retour, Song Bum-keun vivait un match délicat. Lors du second match, contre Verdy, Shonan ouvrait le score, et tenait une bonne partie du match. Mais encore une fois, en seconde période, dès que l’adversaire obtenait plus d’espace, que la fatigue se faisait sentir, Shonan craquait de nouveau, avec deux buts en onze minutes, sur les deux seuls tirs cadrés. En deux matchs, Song Bum-keun venait d’encaisser quatre buts en six tirs cadrés. Un retour qui était définitivement compliqué trois jours plus tard, contre le Sanfrecce Hiroshima. Le gardien s’est en effet fait exclure après un plaquage sur Yuki Ohashi. Ce dernier étant d’ailleurs un ancien de Shonan et s’offrant un doublé sur ce match. Shonan était incapable de faire vivre le ballon face à un Sanfrecce en place, imperméable, et qui trouvait beaucoup d’espaces dans le dos des latéraux. Six buts encaissés, un seul marqué, voilà le triste bilan du club de la ville de Hiratsuka, avant d’affronter Yokohama et Kobe, deux autres adversaires de taille.

FC Tokyo en embuscade

Toujours aussi irrégulier, le FC Tokyo semble néanmoins avoir quelque chose en plus cette saison. Malgré un coach qui semble parfois perdu, la jeunesse au pouvoir au sein du club paraît plus forte que jamais. L’inusable Kuryu Matsuki est aussi impressionnant techniquement que sur ses heatmaps, entièrement couvertes de rouge. Le jeune Kanta Doi a métamorphosé la défense des tokyoïtes, apportant sa solidité mais aussi sa justesse à la relance. La star du monde universitaire Soma Anzai commence aussi à être titularisé. La vivacité et la justesse technique de l’ancien de l’Université Waseda sont précieux pour suppléer le talent indéniable de Ryotaro Araki, qui semble totalement remis de sa grave blessure qui l’a longtemps éloigné des terrains. Et d’autres éléments sont précieux, comme l’ailier Kota Tawaratsumida, le gardien Taishi Nozawa et le latéral Kashif Bangnagande.

Contre Kawasaki, seul Bangnagande, Araki et Matsuki étaient titulaires. Sur les ailes étaient préférés Keita Endo et Teruhito Nakagawa. En défense, Yasuki Kimoto était titularisé à la place de Kanta Doi. Le choix n’était finalement pas payant, car Tokyo n’existait pas durant l’intégralité du match. Kawasaki ouvrait le score en première mi-temps, avant que l’expulsion de Go Hatano ne leur facilite encore plus la tâche. Le jeune Hinata Yamauchi s’offrait même une passe décisive pour son premier match de J1 League avec Kawasaki. Après cette débâcle, le coach australien Peter Cklamovski devait réagir, car le prochain adversaire était tout aussi coriace : Urawa Red Diamonds. Il alignait donc un trio offensif avec Soma Anzai, Kota Tawaratsumida et Ryotaro Araki. Derrière ce trio, un autre trio intéressant, avec Kuryu Matsuki, entouré de Takahiro Ko et Kei Koizumi. Ce milieu très travailleur et avec un très gros volume allait poser beaucoup de problèmes à Urawa, surtout en seconde période. Thiago Santana ouvrait pourtant le score pour les Reds, avant la vingt- cinquième, d’une frappe incroyable de la ligne médiane. Mais petit à petit, Tokyo prenait l’ascendant, jusqu’à l’égalisation de Ryotaro Araki, sur une passe de Kashif Bangnagande. Huit minutes plus tard, Kuryu Matsuki inscrivait le deuxième, grâce à une passe de Kota Tawaratsumida. Ce sont quatre jeunes, avec beaucoup de caractère, dans ce onze avec 23,4 ans de moyenne d’âge, qui ont sauvé Tokyo. Lors de la septième journée, contre l’autre cador Kashima Antlers, ils étaient donc de nouveau titularisés. Tous, à l’exception de Ryotaro Araki, absent, remplacé par Teruhito Nakagawa. À noter aussi : la présence de Kosuke Shirai au poste de latéral droit, à la place de Hotaka Nakamura, blessé. Comme contre Urawa, Tokyo mettait du temps à entrer dans son match. Mais ce Kashima très limité offensivement ne pouvait pas tromper Taishi Nozawa. Et une nouvelle fois, peu après le retour des vestiaires, Tokyo marquait, grâce à Teruhito Nakagawa, servi par Kuryu Matsuki. Le jeune milieu s’offrait ensuite un doublé de passes décisives, permettant à son équipe de faire le break, et à Riki Harakawa de débloquer son compteur but cette année. Deux victoires de suite, ce n’était pas arrivé depuis octobre 2023 pour le club de la capitale. Dans un football japonais qui peine parfois à faire jouer ses jeunes et qui s’enferme dans des principes datés et obsolètes, le FC Tokyo est un vent de fraîcheur pour la J.League. Néanmoins, la profondeur de banc n’est pas très rassurante pour espérer le podium en fin de saison.

Verdy progresse

Après deux défaites et deux nuls très frustrants, le club de la capitale devait mieux gérer ses fins de matchs, et glaner sa première victoire, primordiale pour le maintien futur. Face à un Kyoto Sanga outrageusement dominateur en première mi-temps de la cinquième journée, cela partait mal, puisque Verdy était mené de deux buts à la pause. Néanmoins, le coaching d’Hiroshi Jofuku changeait la donne en seconde période. Les entrées de Kosuke Saito et Hiroto Yamami étaient payantes. Et un autre joueur s’illustrait, la révélation de ce début de saison à Verdy : Itsuki Someno. Le buteur au profil assez particulier n’avait jamais eu sa chance à Kashima, ou du moins n’avais jamais su la saisir. Mais en cette fin de match contre Kyoto, qui s’était bien trop relâché, il transforma un penalty, avant de marquer à nouveau dans le temps additionnel, grâce à une passe de Kosuke Saito. Pour une fois, Verdy n’avait pas été le club qui craquait en fin de match, mais l’inverse. Psychologiquement, ce match a été un déclic. Quelques jours plus tard contre Shonan, la même chose se produisait. Shonan dominait et ouvrait le score à la quinzième minute. Puis Hiroto Yamami et Kosuke Saito entraient en seconde période. Le premier était d’abord passeur pour Hiroto Taniguchi, puis buteur, sur une passe de Kosuke Saito, encore. Tout comme Itsuki Someno, Hiroto Yamami était un joueur qui peinait à montrer ses qualités au Gamba Osaka. Son prêt cette saison à Verdy est donc très bénéfique pour tout le monde. Grâce à ces deux buts, Verdy remportait son premier match de J1 League cette saison. Sa première victoire dans la compétition depuis le 18 octobre 2008. C’est boostés mais fatigués que les Tokyoïtes allaient affronter Kashiwa, dans un derby géographique assez peu séduisant sur le papier. Et malgré la splendide ouverture du score de Fuki Yamada, après un long ballon du gardien Matheus Vidotto et face à une défense totalement apathique, Kashiwa égalisait en seconde mi-temps grâce à Kosuke Kinoshita. Le score n’évoluait plus, nouveau match nul pour Verdy, le quatrième en sept matchs. Le bilan de ces trois dernières journées est donc plutôt bon pour la club de la capitale, qui n’a pas perdu. Néanmoins, les adversaires étaient abordables. Samedi, Verdy devra affronter le FC Tokyo dans le derby de la capitale, puis s’opposera à Kawasaki. Prendre au moins deux points de ces confrontations ne sera pas chose aisée.

Lueur d’espoir à Sapporo

3 avril 2024, il est 14h30, et les sifflets fusent au Sapporo Dome. Face à Nagoya, une équipe aussi en crise, les hommes de Micha Petrović avaient le match en main. L’international espoirs Seiya Baba avait ouvert le score. Mais malgré une belle domination, la malchance frappait le club du Nord. Tsukasa Morishima en deux temps sur penalty égalisait, avant que le vétéran Kensuke Nagai n’offre la victoire à Nagoya dans les derniers instants du match. Après six journées, Sapporo compte un petit point et reste sur cinq défaites de rang, notamment un 6-1 face au champion en titre, le Vissel Kobe. Avant d’affronter le Gamba Osaka, Micha le savait : c’était peut-être son dernier match sur le banc du Consadole. Lui qui est au Japon depuis 2006, qui a remporté une Supercoupe avec le Sanfrecce Hiroshima et une Coupe de la Ligue avec Urawa, et qui est sur le banc de Sapporo depuis 2018. À cause des matchs en retard, le Gamba allait enchaîner quatre matchs en douze jours. Affronter la lanterne rouge était donc l’occasion de faire tourner pour Dani Poyatos. Les tauliers Takashi Usami, Keisuke Kurokawa, Neta Lavi et Welton étaient donc sur le banc, tandis que les jeunes Shinya Nakano et Isa Sakamoto étaient dans le onze de départ. L’expérimenté Shu Kurata aussi. Seule la charnière Shinnosuke Nakatani et Genta Miura et les milieux Tokuma Suzuki et Dawhan étaient conservés. Dans un match globalement assez pauvre et relativement équilibré, le plus grand danger était apporté par la patte gauche de Yuki Kobayashi, milieu offensif de Sapporo, connu pour sa qualité de frappe. Après la soixante-dixième, deux entrants allaient changer le cours du match. L’ancien de Kawasaki Tatsuya Hasegawa, qui vivait un début de saison très délicat, centrait dans la surface pour Hiroki Miyazawa, l’enfant du club. Le milieu présent depuis 2008, normalement très frileux face aux cages, était parfaitement placé et profitait de l’intervention ratée de Shota Fukuoka pour catapulter une tête que Jun Ichimori ne pouvait que dévier dans son petit filet. Le score n’évoluait plus. Dernier club à ne pas avoir gagné de match, le Consadole rompait la malédiction. Même s’il est toujours lanterne rouge, le club de Hokkaido va peut-être lancer une belle série de victoires.

Les buts de la J7

Classement

 

Killian Besson
Killian Besson
Défenseur et amoureux du foot asiatique (et océanien)