Vendredi 18 janvier 2013

Zambie

C’est dans un contexte international bien particulier que la 29e Coupe d’Afrique des Nations va ouvrir ses portes ce samedi. Sur le terrain, malgré l’absence de quelques géants, la compétition s’annonce plus ouverte que jamais.

Après une édition 2012 marquée par la sensation zambienne, l’édition 2013 a tout des allures de remake. Il y a toujours l’absence des géants camerounais et égyptien, la Côte d’Ivoire fait une fois encore office de grandissime favori pour la plupart des médias mais une fois de plus, ce qui prédomine c’est surtout la sensation qu’à l’heure du coup d’envoi de l’épreuve, la carte de l’Afrique du football devrait encore continuer de se redessiner. Car outre l’absence des deux géants, on notera également l’absence remarquée du Sénégal et l’arrivée d’un petit nouveau : le Cap-Vert. Reste que l’édition 2013 arrive avec son lot de questions qui viennent pimenter la compétition : les retours attendus du Nigéria, absent pour raisons politiques en 2012, de l’Algérie, de l’Afrique du Sud, pays hôte qui a manqué les deux dernières éditions, celui du Togo, de retour trois ans après l’horrible attentat. Il y aura aussi le parcours des traditionnels faoris et outsiders que sont Ghana, Côte d'Ivoire, Mali, Tunisie, ou Maroc, celui des révélations de 2010 et 2012 que son Angola et surtout le tenant du titre zambien. Enfin, il y aura le contexte particulier qui entoure le Mali, ravagé par une terrible guerre.

Cap-Vert

Groupe A : Afrique du Sud, Angola, Maroc, Cap-Vert.

Quart de finaliste en 2010, l’Angola avait totalement manqué son édition 2012, se faisant sortir dès la phase de groupe. Pour 2013, les Palancas Negras, désormais coachés par l’uruguayen Gustavo Ferrin, se donnent les moyens de faire mieux : premiers arrivés en Afrique du Sud, les coéquipiers de Manucho n’a qu’un objectif : sortir des groupes. La mission s’annonce délicate. Car face à eux, les angolais vont croiser le pays organisateur, l'Afrique du Sud, qui, comme lors de la Coupe du Monde 2010, s’appuiera sur son public pour faire basculer les matchs en sa faveurs. Il faudra aussi sortir devant le Maroc de Younes Belhanda. Egalement éliminé prématurément en 2012, les Lions de l’Atlas arrivent avec un esprit revanchard (Belhanda parlant même d’une dette envers le peuple marocain). Malgré les absences d’Houssine Kharja, d’Adel Taarabt et de Marouane Chamakh, le Maroc fait tout de même office de favori du groupe. Attention à ne surtout pas enterrer le Cap-Vert. Les Requins Bleus, qui ont déjà croqué les Lions indomptables camerounais, arrivent en Afrique du Sud avec une insouciance qui fait des hommes de Lucio Antunes l’épouvantail parfait. Emmené le lillois Ryan Mendes, les Requins Bleus pourraient bien venir déjouer tous les pronostics.

Ghana

Groupe B : Ghana, Mali, Niger, RD Congo.

Sur le papier, ce groupe semblait ne poser aucun souci : avec le Mali et le Ghana, respectivement troisième et quatrième de la dernière CAN, comme têtes d’affiche, le suspense ne semblait pas avoir sa place dans le groupe. Reste que si le Ghana est toujours l’un des grands favoris de l’épreuve. James Appiah s’offre le luxe de se passer des frères Ayew malgré une multitude d’absences (Michael Essien, Sulley Muntari, Kevin Prince Boateng, John Mensah). L’occasion donc de découvrir les nouvelles pépites ghanéennes comme Christian Atsu, 21 ans, surnommé le Messi africain ou le duo italien Emmanuel Badu – Kwadwo Asamoah. Le Ghana devrait sortir devant dans ce groupe tourmenté. Car par exemple beaucoup d’interrogations secouent la sélection malienne. Comment penser au football dans un tel contexte qui voit le pays basculer en pleine guerre ? Pour Sigamary Diarra, l’objectif est surtout de faire du bien au pays et aux supporters. Sur le terrain, l’absence du leader Mahamadou Diarra devrait être compensée par le grand retour en sélection du parisien Momo Sissoko et qui devrait densifier le milieu de terrain aux côtés de Seydou Keita. Reste l’interrogation concernant le duo d’attaque Diabaté – Maïga : le bordelais ne bénéficie plus de grand temps de jeu alors que le Hammers n’entre même plus dans les plans de son équipe. Drôle de défi donc pour Patrice Carteron. La situation sportive du Congo quant à elle ne prête pas à l’optimisme. Dirigés par Claude Le Roy, les Léopards sont en pleine tourmente. Le technicien français est d’abord annoncé démissionnaire par le site officiel du TP Mazembe jeudi, l’entraînement du vendredi est annulé, le coach finalement n’est pas démissionnaire (mais reste menaçant) et met une énorme pression sur les dirigeants pour que les histoires de primes et les soucis de gestions soient rapidement réglés. Bénéficiant de l’appui de ses joueurs, voilà désormais que la sélection congolaise menace tout simplement de ne pas jouer. A 48h d’entrer en piste face au Ghana. Reste le dernier membre du groupe : le Niger. La Mena de Gernot Rohr, emmenée par l’idole Moussa Maazou, rêve d’être la nouvelle Zambie. Reparti de la dernière CAN sans avoir marqué le moindre point, la Mena ne pourra faire pire mais devrait cependant souffrir dans ce groupe.

Nigeria

Groupe C : Zambie, Nigéria, Burkina Faso, Ethiopie.

Pour leur grand retour, les Super Eagles de Stephen Keshi arrivent une nouvelle génération. En laissant de côté des Taiwo, Odemwingie, Martins et autres Ameobi, le sélectionneur nigérian a frappé fort et compte s’appuyer sur une nouvelle vague qui n’a rien à envier à ses glorieux prédécesseurs. Il faut reconnaître que le Nigeria de Jon Obi Mikel et Joseph Yobo, peut s’appuyer sur un potentiel offensif impressionnant : outre le londonien Victor Moses, les médias européens devraient apprendre rapidement à faire la connaissance de l’impressionnant duo russe : Ahmed Musa, Emmanuel Emenike. Reste que pour leur retour, les Super Eagles ont le privilège d’affronter la surprise de 2012 : le tenant du titre zambien. Les hommes d’Hervé Renard se proclament outsider mais espèrent pouvoir rééditer une telle performance. Pour cela le français s’appuie sur le même groupe mais arrive avec quelques interrogations : les Chipolopolos n’ont pas inscrit le moindre but au cours de leurs quatre derniers matchs. Derrière les deux favoris, on suivra avec attention le parcours des Etalons d’Alain Traoré et Jonathan Pitroipa. Revenu en milieu de semaine pour participer à la qualification du Stade Rennais à la finale de la Coupe de la Ligue, l’attaquant burkinabé sera l’un des atouts offensifs d’une sélection qui cherchera surtout à se racheter d’une compétition 2012 ratée. Dernier membre du groupe, l’Ethiopie, qui met fin à une disette de 31 ans après avoir longtemps été une des figures du paysage africain, s’annonce comme l’inconnue de l’épreuve. Composée essentiellement de joueurs locaux, les Antilopes Walyas ont disputés deux matchs de préparation plutôt convaincants (victoire devant la Tanzanie, match nul face à la Tunisie) qui donnent quelques certitudes.

Cote d'Ivoire

Groupe D : Côte d’Ivoire, Tunisie, Algérie, Togo.

Souvent le groupe D est le groupe de la mort (sans doute pour faciliter la tâche des médias pouvant ainsi utiliser le traditionnel D comme Death). Celui de la CAN 2013 ne déroge pas à la règle. Il y aura tout d’abord le Togo. Marqué par l’attentat de 2010, absent en 2012, les Eperviers font leur retour dans un contexte toujours aussi agité. Il y aura eu l’épisode des primes non payés en novembre dernier, celui du gel des subventions de la FIFA, il y aura désormais l’affaire de la liste des 23 qui a vu la fédération du controversé Gabriel Ameyi modifier la liste des 23 joueurs transmise par Didier Six sans en avoir informé le technicien français. Conséquence, il y aura l’imbroglio Emmanuel Adebayor : après avoir annoncé son retour en sélection, l’attaquant de Tottenham est annoncé finalement absent avant de devoir confirmer sa présence sur sa page Facebook. Un contexte toujours aussi agité en coulisse qui tombe au plus mauvais moment pour le Togo. Car pour son retour, la concurrence sera rude. Face à eux deux favoris annoncés : les Eléphants ivoiriens de Didier Drogba et les Fennecs algériens de Ryad Boudebouz. Finaliste malheureuse de la dernière édition, la Côte d’Ivoire voit une génération dorée, celle des Drogba et autres Touré, arriver en fin de carrière et jouer ses dernières chances d’entrer dans l’histoire nationale. 21 ans de disette que les hommes de Sabri Lamouchi, annoncés au-dessus du lot, espèrent bien enfin combler. Le capitaine Drogba l’a clairement annoncé : « Nous avons une équipe capable de grandes choses à la Coupe d’Afrique des nations 2013. Ce serait formidable de remporter le trophée maintenant. Honnêtement, nous sommes fatigués de perdre à chaque fois ». Le message est transmis notamment aux ambitieux algériens de Vahid Hallilodzic. Mohamed Raouraoua, le président de la Fédération, ne veut rien d’autre qu’une demi-finale pour ses Fennecs. L’ancien coach lillois a permis à la sélection de retrouver son rang et n’a pas hésité à faire quelques choix forts comme le fait d’écarter des Rafik Djebbour, Hassan Yebda ou Madjid Bougherra. La sélection algérienne s’annonce offensive si on en croit les discours de coach Vahid. Il faut dire qu’avec des Boudebouz, Kadir, et autres Feghouli, elle s’annonce intéressante. Il faudra cependant trouver le chemin des filets, ce qu’elle n’est pas parvenue à faire lors de ces deux derniers matchs de préparation. Reste enfin le dernier membre du terrible quatuor du groupe D : la Tunisie. Quart de finaliste de la dernière édition, la sélection de Sami Trabelsi, emmenée par Youssef Msakni (et qui compte sur le dernier Ballon de Plomb Issam Jemâa) arrive encore en rodage, les Aigles de Carthage n’ayant pas remporté le moindre match de préparation, terminant même sur un cinglant 2-4 concédé face au Ghana. Dans un groupe aussi relevé, la sélection tunisienne n’aura cependant pas le temps de tergiverser.

La CAN 2013 ouvre donc ses portes, elle sera à suivre sur L-O.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.