Une semaine après la défaite au Caire, l’Espérance se retrouvait face à une équation simple : remonter deux buts sans en encaisser. Dans la chaleur du Stade Olympique de Radès, les Espérantistes ont fait bien mieux que cela.

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La semaine entre la finale aller et retour de la Ligue des Champions 2018 n’a pas été de tout repos. Il faut dire que le scénario du match aller n’a pas aidé. Les deux penalties sifflés avec l’aide du VAR sont restés en travers de la gorge des Tunisiens. Du coup, ils ont mis un sacré coup de pression sur la CAF pour rééquilibrer les forces avant le match retour à Radès. Et ça a marché : Walid Azaro, l’avant-centre marocain qui a fait très mal à l’aller est suspendu deux matchs. La raison ? Avoir déchiré son maillot pour influencer l’arbitre. Un geste vicieux, certes, mais le vice est un ami intime du foot nord-africain en particulier, et africain en général. Le deuxième élément marquant, c’est l’annulation pour la finale retour de la sanction de la CAF qui avait condamné les deux virages à rester clos pour les dix prochains mois en coupe continentale. Vu le bazar mis par les ultras durant toute la demi-finale retour, ça pouvait être compréhensible, même si la sanction semblait alors démesurée. 

La finale retour aura donc lieu devant 60 000 supporteurs en fusion, qui vont rendre la pareille au Égyptiens qui ont bien mis le feu le week-end dernier à Alexandrie. D’entrée, le ton est donné avec une équipe égyptienne qui va défendre, et des Tunisiens qui partent à l’assaut du but.  Contrairement à la semaine dernière, le match n’est pas haché par des fautes et des coups de sifflets incessants de l’arbitre. Al Ahly ne se montre dangereux que sur quelques coups de pieds arrêtés, alors que l’EST est un peu plus dangereux, mais pas de quoi pousser El-Shenawi dans ses retranchements. Alors que l’on joue les arrêts de jeu d’une première mi-temps, Saad Bguir est à la conclusion d’une belle série de passe au cœur de la surface, qui se termine par son tir à ras de terre suffisamment croisé pour faire trembler les filets. Le stade olympique explose une première fois. Ce but juste avant la pause est le scénario idéal pour les Espérantistes qui ont refait la moitié de leur retard à la pause.

En deuxième mi-temps, la domination des Sang et Or est encore plus frappante. Les Égyptiens ne peuvent compter que sur Soliman pour essayer de créer des différences à la passe ou balle aux pieds. Trop peu face à cette défense de Tunis qui a décidé de ne faire aucune erreur ce soir. Après dix minutes de jeu en seconde mi-temps, la défense cairote est en retard sur un débordement de Belaili qui dépose le ballon sur la tête de Saad Bguir qui double la mise. Cette fois-ci, l’Espérance sera championne d’Afrique si elle parvient à maintenir le score. Al Ahly tente de réagir tant bien que mal, mais l’absence de Azaro fait mal. Le buteur manque aussi bien dans la construction que dans la finition. Bilan : un seul tir durant les quatre-vingt-dix minutes, la statistique fait mal et montre l’impuissance des Diables Rouges. Finalement c’est Badri qui va clore les débats d’une belle frappe du pied droit qui laisse impuissant El-Shenawi pour la troisième fois. Un match maitrisé de bout en bout par les Tunisiens. C’est mérité sur l’ensemble des deux matchs, tant ils ont réussi à réduire Al Ahly au silence ce soir. Chose rare. Très rare.

Cette 54e Ligue des Champions part donc en Tunisie. Une deuxième défaite consécutive pour les Égyptiens. Mouine Chaâbani était arrivé comme un pompier de service il y a quelques semaines, mais il restera dans les annales du club. Une fois de plus, ce sera un coach local à la tête de l’équipe victorieuse. Patrice Carteron n’était pas loin de réaliser un doublé, il reste tout de même le seul entraineur occidental à avoir remporté le trophée depuis 2010.  L’EST remporte son troisième titre, et prend sa revanche sur Al Ahly qui l’avait battue en finale en 2012 ici même à Radès. La revanche est un plat qui se mange froid! Et pendant ce temps-là, les fans du Zamalek jubilent !

Pierre-Marie Gosselin
Pierre-Marie Gosselin
Amoureux du football et de ses tribunes, supporter inconditionnel des Girondins de Bordeaux et de ses ultramarines, je me suis pris d’une affection toute particulière pour le football africain. Là-bas le foot a pris le nom de « sport roi », et c’est un euphémisme tant il étend son royaume au-delà des ethnies, des classes sociales, des générations et des genres.