Il aura fallu attendre plus de deux décennies pour qu’enfin un club de MLS décroche le Graal. Au terme d’un match totalement maîtrisé, Seattle décroche la CONCAChampions. Une première dans l’histoire de la MLS.
Vingt-deux ans. Pour mesurer cette éternité, il suffit de se dire que depuis l’entrée dans le XXIe siècle, ce n’était jamais arrivé, que jamais un club issu de MLS n’avait eu l’occasion de participer à une Coupe du Monde des clubs alors que le Costa Rica, que la CONCACAF cherche à faire taire (et y parvient parfaitement), avait connu ces joies. Vingt-deux ans de moqueries, de regards condescendants des voisins du sud confortablement assis sur leur avance. Il faut dire que durant cette période, il y a eu le Real Salt Lake (2011), Montréal (2015), Toronto (2018) et le LAFC (2020), quatre maigres présences en finale, toutes perdues. Vingt-deux ans finalement effacés en trois actes.
Après le nul quelque peu miraculeux ramené du C.U., on s’attendait à ce que Seattle retourne la situation. Car pour une fois, le représentant de la MLS était bien favori du match retour. La faute à des Pumas loin d’être convaincants, qualifiés d’un rien pour les barrages en championnat, reposant sur le talent d’un buteur en réussite, Juan Dinenno, qui ne fonctionne qu’à coups de doublés, et qui n’ont gagné que deux de leurs treize déplacements en 2022, toutes compétitions confondues, le bilan étant même pire en CONCAChampions (aucune victoire et un 3-0 encaissé face à New England – comme un présage). Ils étaient 68 741 à garnir le Lumen Field, établissant un nouveau record. 68 741 à pousser des Sounders qui offraient la première tentative du match, Raúl Ruidíaz chauffant les gants d’Alfredo Talavera. Mais le premier acte était nerveux, tendu, crispé et Seattle devait déjà faire avec deux blessures, celles de Nouhou Tolo et de João Vargas, Brian Schmetzer devant se résoudre à deux changements dans la première demi-heure avant que Corozo ne fasse passer un frisson dans le stade. Le frisson, puis la libération. Le premier acte poussait ses derniers soupirs, Albert Rusnák pénétrait dans la surface côté gauche, centre fort à ras de terre, Xavier Arreaga contrôlait et remettait pour Raúl Ruidíaz dont la frappe déviée prenait Talavera à contrepied. Le Lumen Field chavirait, Seattle virait en tête à la pause.
Le deuxième acte débutait de la même manière, avec des Pumas cherchant à refaire leur retard mais ne parvenant jamais à prendre le contrôle de la partie. Il y aura bien eu deux situations, un coup franc lointain de Dinenno, une tête parfaite de Diogo parfaitement claquée par Stefan Frei, mais petit à petit, l’impuissance des Pumas laissait place aux grands espaces, le trio Morris – Lodeiro – Ruidíaz allait s’en repaître. Le premier étant lancé côté droit, trouvait l’Uruguayen plein axe qui servait le Péruvien en une touche, 2-0, match plié alors qu’il restait dix minutes à jouer. On allait retrouver le trio magique en fin de partie, Lodeiro concluant l’ultime action pour sceller définitivement le score d’une finale retour totalement écrasée par les Sounders.
Seattle devient le premier club de MLS à remporter la CONCAChampions depuis l’instauration de la nouvelle formule, il est le premier à y parvenir au XXIe siècle, le troisième seulement dans toute l’histoire de la compétition après DC United en 1998 et Los Angeles Galaxy en 2000. Deuxième franchise d’expansion à remporter l’US Open Cup dès sa première saison en MLS, troisième à se hisser en play-offs, le club était devenu en à peine plus d’une décennie le quatrième plus titré de toute la MLS. Il est désormais à jamais le premier à gagner son ticket pour une Coupe du Monde des clubs. De l’autre côté de la frontière du sud, cela faisait donc seize ans que les Mexicains marchaient sur la CONCACAF, la série prend fin la même année que sa sélection s’est pris les pieds dans le tapis face aux deux voisins du nord.
S’il est évidemment un peu trop prématuré et sans doute malvenu pour en conclure que le retard est rattrapé, que désormais le Nord a repris le Sud, 2022 pourrait marquer le moment où tout a basculé. Seul l’avenir nous le dira, mais il semble désormais que l’époque où l’on se moquait des gringos, où l’on pouvait leur donner des U20 à affronter est définitivement révolue. Et surtout pour le Mexique, l’avertissement doit clairement pris au sérieux sous peine de sévères désillusions.
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