Deux surprises sont venues bousculer une semaine de CONCAChampions que les géants de la MLS et de Liga MX auraient souhaité bien plus tranquille. Dont une, immense, venue d’Haïti.
Il est des moments où la notion d’exploit est galvaudée, accolée à des victoires certes magnifiques mais parfois pas si exceptionnelle que cela. Mais il est aussi des moments où cette notion ne parvient à mesurer l’immensité de la performance. C’est le cas de ce que le Violette FC est parvenu à faire. Vainqueurs 3-0 à l’aller d’un Austin qui avait sans doute pris le match à la légère, les Haïtiens ont déjà vaincu tous les obstacles. D’abord, la violence qui plonge Haïti dans les abîmes et qui les prive de rencontres officielles depuis près de trois cent jours et une finale de Caribbean Club Championship et une victoire aux tirs au but face aux Dominicains de Cibao, là où ils ont disputé leur match aller. Ensuite l’administration américain qui rend l’obtention de visas si compliquée, au prétexte de la crainte de voir les joueurs déserter, et qui a contraint le Vieux Tigre à devoir aller chercher des joueurs haïtiens présents sur le sol américain pour compléter un effectif et lui permettre de pouvoir aligner une équipe sur le terrain. Privé de cinq joueurs présents à l’aller, Violette a recruté quatre joueurs pour se présenter avec trois remplaçants : Samuel Mardoché Pompee et Maudwindo Germain, joueurs du Motown Celtics, club de NPSL – le premier ne sera finalement pas autorisé à jouer – Jude St-Louis et Dumy Fede. Et à l’arrivée au pays, a perdu son gardien, Steve Sanon, pour des raison encore non expliquées (certaines rumeurs faisant état d’une fuite une fois sur le sol américain, d’autres évoquant une absence de visa). Enfin, dernier obstacle, le réveil d’Austin à gérer. Un obstacle que le Vieux Tigre a parfaitement contrôlé, usant de tout ce qu’il pouvait pour résister, à commencer par une prestation XXL de Paul Robert Décius dans les buts, auteur de huit arrêts sur les trente-cinq tirs tentés par les Texans. Certes Violette n’a pas bousculé Austin au retour, mais la défaite concédée lui permet de continuer à écrire une histoire exceptionnelle. Qualifié pour les quarts, le Vieux Tigre est l’un des porte-drapeaux d’un reste d’une confédération que la CONCACAF elle-même tente d’invisibiliser au fil des réformes. Et mérite de ce fait bien plus que du respect.
Violette n’est cependant pas le seul à montrer qu’il existe un football en dehors de la MLS et de la Liga MX. Si Real España et Alajuelense se sont offerts des victoires de prestige qui ne leur permettent pas de franchir le cap des huitièmes, les Costaricains s’imposant tout de même chez le champion MLS, l’autre sensation de la semaine est venue de Motagua. Après le nul sans but au Honduras, Pachuca, l’un des favoris annoncés de la compétition, n’avait besoin que d’un but pour se qualifier. Il y est parvenu en mettant le temps, après une domination de tous les instants mais une forte incapacité à la convertir, Illian Hernández faisant trembler les filets à l’entrée du dernier quart d’heure. Mais si les Tuzos n’avaient besoin que d’un but, Motagua aussi tant que les locaux ne s’échappaient pas. Ces derniers ne le faisant pas, ils se sont exposés et l’accident est arrivé lorsque Óscar Murillo se jetait dans la surface et concédait un penalty à cinq minutes de la fin. Eddie Hernández le convertissait et envoyait ainsi Motagua en quarts qui résistait ensuite à dix minutes de temps additionnel.
Il n’y a cependant pas eu que des surprises : Philadelphie a tranquillement croqué un Alianza qui a su résister jusqu’à l’exclusion de Renderos à cinq minutes de la pause ; León a disposé de Tauro en confirmant sa victoire du match aller ; l’Atlas a réussi à retourner Olimpia par un large succès 4-0 qui permet de faire oublier la débâcle de l’aller. Enfin, privé de Gignac, Tigres a souffert mais a finalement contrôlé Orlando dans le seul duel MLS/Liga MX pour décrocher sa place en quarts. Des quarts composés de trois mexicains, trois représentants de la MLS et deux résistants.