Ils ne sont plus que huit à pouvoir prétendre au titre 2023. Au terme de huitièmes de finale parfois assez fou, les espoirs du Mexique reposent désormais sur deux équipes, Querétaro et surtout les Rayados.

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Ils étaient cinq, ils ne sont plus que deux. Dans une compétition au tableau évidemment discutable quand pratiquement tous les géants – qu’ils soient de MLS ou de Liga MX – sont du même côté, il était évident qu’il y aurait un fort écrémage et que les espoirs du Mexique notamment soient rapidement réduits à peau de chagrin. Et lorsqu’en plus les meilleures équipes de la ligue ont failli, ces espoirs sont encore plus minces. Ceux qui ont échoués sont le Deportivo Toluca et l’América. Opposés respectivement à Minnesota United et à Nashville, deux des prétendants à la couronne ont vécu des soirées où les émotions ont emprunté les montagnes russes.

Pour les Diablos Rojos, tout a démarré comme un cauchemar. Toluca avait le ballon, a généré les premières situations, mais s’est fait piéger par un but de Joseph Rosales bien servi par Bebelo Reynoso. Inexplicablement, ce but assommait Toluca qui déjouait et subissait un deuxième coup dur, le but de Hlongwane à la demi-heure. L’affaire paraissait réglée d’autant que le buteur sud-africain se voyait privé d’un doublé pour un hors-jeu. L’action réveillait les Diablos Rojos qui prenaient le contrôle du milieu et du match. Valber Huera réduisait l’écart, neuf minutes plus tard, Dotson se montrait fautif sur Marcel Ruiz, voyait rouge, et Tiago Volpi égalisait sur penalty. On pensait alors que la logique allait être respectée, que Toluca allait arracher la victoire. Mais il n’en fut rien. Malgré la supériorité numérique, Toluca n’a pas réussi à empêcher la séance de tirs au but, celle qui l’a éliminé.

La sanction a donc été la même pour l’América, une défaite aux tirs au but. Avec un sentiment encore plus cruel pour les Águilas. Face à Nashville, équipe de coupe par excellence, l’América a d’abord buté lors d’une première mi-temps sans grand relief et a ensuite lancé une énorme course poursuite. Walker Zimmerman lançait idéalement le second acte d’un puissant coup de tête à l’heure de jeu et réveillait aussi les hommes d’André Jardine. L’América poussait, quitte à s’exposer, mais égalisait à l’entrée du dernier quart d’heure, bien aidé notamment par l’entrée de Diego Valdés, et pensait faire le plus dur en toute fin de partie, celle qui voyait la rencontre basculer dans la folie. Il y a eu tout d’abord ce penalty concédé à la 89e minute pour une main dans la surface. Le VAR intervenait et au bout de cinq minutes, Julián Quiñones transformait la sentence et offrait ce que l’on pensait être la victoire aux aigles de Coapa. Sauf que… le temps additionnel de cinq minutes débutait alors et sur la tout dernière action (99e minute), un centre parfait d’Hany Mukhtar trouvait la tête d’un Sam Surridge qui rattrapait ainsi un énorme manqué et arrachait sur le fil une séance de tirs au but. Celle-ci basculait encore plus dans l’improbable lorsque Luis Malagón sortait la dernière tentative de Jack Maher et envoyait les Águilas en quarts. Jusqu’à ce que le VAR intervienne de nouveau. Le ralenti était formel, le portier de l’América n’était plus sur sa ligne lors de l’arrêt, le penalty était à retirer. Oubliées les célébrations, il fallait reprendre. Maher marquait sur son deuxième essai, Jonathan Dos Sants manquait le sien quelques instants plus tard, Daniel Lovitz pouvait alors conclure, Nashville est en quarts, l’América en déprime.

La Liga MX n’aura donc désormais plus que deux représentants. Premier des deux, le plus inattendu, Querétaro, auteur du coup parfait face à New England. Face à des Revs qui doivent gérer des coulisses plutôt animées, les Gallos Blancos ont parfois eu chaud, comme sur la tête de DeJuan Jones sur la barre, seule grosse émotion du premier acte, et ont su frapper au meilleur des moments, sur la première action du deuxième acte et un centre très mal apprécié par Đorđe Petrović. New England a ensuite eu toutes les peines du monde pour se montrer dangereux, s’est souvent exposé à un deuxième but, Petrović sortant deux énormes occasions pour Camilo Sanvezzo et Omar Mendoza, mais est parvenu à revenir à l’entrée du dernier quart d’heure. Privés du maître à jouer Carles Gil et du buteur Gustavo Bou, New England était quelque peu poussif mais aurait pu tout de même arracher une qualification quasi inespérée lorsque le ballon filait juste devant Vrioni sur la dernière action du match. Il n’en fut donc rien et Querétaro a sorti l’un des candidats de MLS aux tirs au but, continuant son incroyable épopée. Les Gallos Blancos accompagneront les Rayados en quarts, autre dernier espoir mexicain. Les hommes du Tano Ortiz ont remporté la 132e édition du Clásico Regio, une édition animée et rythmée qui a vu les Rayados se procurer les premières belles situations du match, ne laissant que quelques miettes au rival local sauvé par un excellent Nahuel Guzmán durant le premier acte. Les deux formations se créaient également quelques situations en deuxième période, mais la rencontre semblée destinée pour se terminer aux tirs au but. Jusqu’à la faute de Javier Aquino sur Avi Ávila. On jouait alors la 91e minute, le VAR confirmait la sanction, Sergio Canales transformait la sentence pour envoyer les Rayados en quarts. Des Rayados qui affronteront le LAFC qui a totalement écrasé un Real Salt Lake rapidement amputé de son chef d’orchestre, Pablo Ruiz, même si les Black and Gold ont dû attendre le second acte pour creuser l’écart.

Il n’y aura donc plus que deux représentants de Liga MX sur les huit derniers prétendants au titre. Une Liga MX qui préfère dont basculer dans la théorie du complot. On a ainsi déjà vu fleurir quelques articles prétextant d’un avantage donné aux équipes de MLS par les arbitres (certains exemples prêtent à sourire, on pense au hors-jeu de Julián Quiñones qui apparait pourtant parfaitement au ralenti ou à celui de Brandon Vázquez face aux Chivas sur le 3-1, l’angle choisi par les plaignants suggérant qu’il ne l’était finalement pas). Et si l’on ne basculera pas dans ce débat de supporters, qui s’estiment toujours lésés lorsque leur équipe perd – quitte à oublier par exemple que l’Atlas s’est imposé sur City après une erreur arbitrale en sa faveur, que les Rayados ont bénéficié de deux erreurs en leur faveur face aux Sounders – il faudra surtout que la Liga MX se penche sur l’état de son football local depuis la pandémie et les conséquences des décisions dramatiques qu’elle a prises plutôt que de basculer dans le déni et le complotisme. Car au final, alors qu’elle va reprendre son championnat plus tôt que prévu après le bilan catastrophique des siens (qui contrairement à ce que certains veulent faire croire, ont joué la compétition à fond), le seul argument audible de leur part est celui de la logistique, les clubs mexicains ayant parcouru plus de double de kilomètres que les clubs de MLS – même si l’équipe la plus touchée par cela est Monterrey, pourtant qualifié pour les quarts. Ce paramètre, les dirigeants de la Liga MX le connaissait avant le coup d’envoi de la compétition. Il existait déjà lors des précédentes éditions où les Mexicains étaient plus performants. Peut-être qu’une piste à suivre pour ces mêmes dirigeants sera désormais de se focaliser sur le football plutôt que ce qu’il rapporte…

Quoi qu’il en soit, les Rayados font toujours office de favoris même si le quart de finale qui leur est proposé est le plus relevé de tous avec un choc à Los Angeles face au LAFC. Tel est sans aucun doute la limite de cette formule, la première avec l’ensemble des clubs, qui devra être amélioré. Car de l’autre côté du tableau, l’Inter Miami, pire équipe de MLS, n’affronte absolument aucun cador de l’une des deux ligues. Au menu de la bande à Messi, qui a montré ses limites face à une bien meilleure équipe comme l’était Dallas, arrachant la qualification sur le fil alors que les Texans auraient pu/dû s’imposer bien plus largement s’ils s’étaient montrés plus adroits, le quart de finale le plus facile sur le papier face à une équipe de Charlotte qui reste sur trois défaites et deux nuls en déplacement en MLS et flirte avec les dernières places dans sa conférence. Les choses pourraient de tendre en cas de demi-finale si Philadelphie fait respecter son rang face à Querétaro. Le dernier quart de finale sera également 100% MLS, il opposera les tombeurs de géants mexicains, Nashville et Minnesota.

 

Photo : Thomas Shea-USA TODAY Sports/Sipa USA - Photo by Icon sport

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.