Il y a quelques semaines, alors que la Coupe du Monde entrait dans son sprint final, nous publiions un état des lieux du football panaméen qui soulignait à quel point un nouveau football venait de naître. Afin de mieux suivre sa naissance et son éclosion, nous vous proposons désormais de suivre son championnat local qui lui aussi veut surfer sur la dynamique mondiale.
Il y a eu les premières émotions mondiales, place désormais à en assumer l’héritage. Pendant que les anciennes stars Felipe Baloy et Blas Pérez, d’abord annoncées comme consultants auprès de l’Institut Panaméen du Sport (organisme gouvernemental) mais qui ont décidé de se tourner en marge du secteur public pour participer au développement du football local, la fédération s’apprête à recevoir la visite de la FIFA afin de peaufiner son plan de développement du football panaméen pour les quatre prochaines années. Pedro Chaluja, actuel président de la FEPAFUT (la fédération panaméenne de football) a ainsi rappelé que l’objectif était de continuer à professionnaliser le football local.
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Parmi les cibles de cette professionnalisation, le championnat national arrive évidemment en première ligne. C’est ainsi que la Liga Panameña de Fútbol (LPF) a présenté son nouveau format, son nouveau logo, inspiré de la harpie féroce, oiseau national. Fondée en 1988 sous le nom d’Asociación Nacional Pro Fútbol (ANAPROF), la ligue panaméenne avait déjà connu un premier coup d’accélérateur en 2009 après son changement de nom et surtout la fin d’une vingtaine d’année de conflits en son sein. À partir de 2014, et la signature d’un nouveau partenaire principal, la LPF a gagné en termes économiques mais aussi en termes d’image. D’une part le tournoi se déroule principalement dans quatre stades disposant des moyens suffisant à une bonne couverture à la télévision : le Rommel Fernández de la capitale, l’Agustín ‘Muquita' Sánchez à La Chorrera, el ‘Cascarita' Tapia à Juan Díaz et le Maracaná d’El Chorrillo. À cette meilleure couverture, la LPF ajoute cette année un regain sportif en modifiant son format. Organisé en Apertura et Clausura, comme bien des championnats latino-américains, la première division va désormais envoyer six équipes en play-offs au lieu de quatre. Les deux premiers seront ainsi qualifiés pour les demi-finales, les équipes classées de la troisième à la sixième place lutteront lors d’un premier tour pour une place dans le dernier carré. Un format ainsi proche d’une conférence de MLS, la LPF et ses 12 équipes y ressemblant grandement.
Nous l’avons déjà évoqué à l’heure de dresser le bilan de la sélection, plusieurs clubs ont déjà commencé à s’organiser pour permettre la croissance du football local, à l’image du vainqueur du Clausura 2018, le Club Atlético Independiente de La Chorrera qui a lancé en début d’année la construction de son complexe sportif, partie prenante du Proyecto C.A.I., qui lui permettra de posséder son académie qui formera des u7 aux pros (sans oublier les sections féminines). Le C.A.I sera évidemment l’une des attractions du championnat avec dans ses rangs celui qui fut la sensation du Clausura, José Fajardo, longiligne attaquant de 24 ans, auteur de 15 buts lors du dernier tournoi, soit près du double de son poursuivant direct au classement des buteurs et qui devrait rapidement arriver en sélection A (il en est déjà aux portes).
Mais le C.A.I ne sera bien évidemment pas seul. À ses côtés, les habituels géants que sont Árabe Unido et Tauro, deux géants qui s’affrontent lors du Clásico del fútbol Panameño et totalisent 28 des 50 titres distribués jusqu’ici, Plaza Amador (et son mondialiste Valentín Pimentel), le grand rival San Francisco ou encore Universitario (ancien Chorrillo) dans lequel évolue un ancien de River Plate, Cristian Fabbiani. Il est l’un des chefs de file de la délégation argentine évoluant en LPF (José Tamburelli et Nicolás Parodi viennent ainsi d’arriver à Plaza Amador), l’une des plus importantes avec les Colombiens avec qui les échanges, de joueurs et d’entraîneurs sont fréquents, le marché panaméen alimentant désormais plusieurs championnats nord et sud-américains, les récents transferts de joueurs comme Rolando Blackburn (d’Universitario à The Strongest en Bolivie), d’Armando Cooper (d’Árabe Unido à Toronto puis à l’Universidad de Chile) ou encore celui de Joseph Cox, quatrième meilleur buteur du dernier tournoi (parti d’Árabe Unido à l’América Cali) l’attestant. Suivre la LPF est donc suivre le développement du football non seulement sur l’isthme mais qui s’étend à l’ensemble du continent mais c’est surtout mesurer si l’effet Coupe du Monde existe.