Fort de son but d’avance, Pachuca se rendait à Monterrey et se préparait à souffrir face au superlider. Mais de la souffrance nait souvent la plus belle des victoires.
« Il est des matches que vous pouvez jouer 10 fois et perdre 9, » dit l’adage. C’est exactement ce que penseront les supporters de Pachuca une fois l’euphorie d’une nuit mexicaine dissipée. Avec un but d’avance, les Tuzos savaient qu’ils allaient forcément souffrir au BBVA Bancomer face aux Rayados et leur puissance de feu qui, bien que fortement amputée par l’absence de Carlos Sánchez (9 passes décisives et 9 buts, ça pèse en cas d’absence), pouvait s’appuyer sur son formidable trio Pabón – Cardona – Funes Mori. C’est ce que les Rayados d’el Turco ont fait et (presque) bien fait. D’entrée de partie, le meneur colombien allumait à longue distance et butait sur Óscar Pérez mais lançait l’assaut, dès lors, les vagues rayées bleues et blanches n’allaient cesser de s’abattre sur les cages d’el Conejo. Au point qu’à la pause, Pachuca n’avait pas cadré le moindre tir, Monterrey allumé déjà à 20 reprises mais soit pêché par maladresse (seulement sept tirs cadrés), soit s’était heurté à celui qui restera l’homme du match, Óscar el Conejo Pérez. A l’image de son triple arrêt de la demi-heure de jeu face au trio Rayado, le gardien de 43 ans a écœuré tout un stade, réduit à néant tout espoir de voir Monterrey renverser la tendance.
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— Lucarne Opposée (@LucarneOpposee) 30 mai 2016
Pourtant, les Rayados ont eu l’occasion de tuer le match. Si Dorlan Pabón a réussi à surprendre le portier Tuzo sur une frappe longue distance en fin de premier acte, Pérez a remporté tous ses duels face à Cardona, à se demander si ce n’est pas en remportant cette bataille psychologique qu’il faisait manquer au meneur Rayado le penalty du 1-0 à la demi-heure. Reste qu’avec un but d’avance à la pause, tout semblait encore possible pour Monterrey, malgré les occasions manquées, les temps de passage étaient respectés. Mais rien n’allait bouger côté Rayados en seconde période. Funes Mori faisait trembler les filets mais était hors-jeu, les frappes se raréfiaient jusqu’au tournant du match. A l’entrée du dernier quart d’heure, lancé plein axe, Dorlan Pabón filait au but, prenait Aquivaldo Mosquera de vitesse, le géant colombien se sacrifiait alors, accrochait son compatriote qui filait au but et se voyait exclu. Ses coéquipiers l’embrassaient, le remerciant presque de ce sacrifice. Gestes prémonitoires. Car malgré la supériorité, Monterrey ne parvenait toujours pas marquer ce but qui ferait exploser définitivement les Tuzos. Le chronomètre défilait, Pachuca ne se créait pas la moindre situation jusqu’à la 93e minute et ce centre de Garcia venu de la gauche. Personne ne parlait à Castillo qui ne voyait pas Guzmán débouler. Le jeune attaquant formé à Chivas plaçait sa tête, le seul tir cadré du match des Tuzos terminait au fond des filets et éteignait définitivement le BBVA Bancomer. Pachuca décroche son sixième titre de champion et réussit le casse du siècle.
Le sacre de Pachuca parait heureux sur le papier, il n’en reste pas moins qu’il est symbolique d’une politique particulière mise en place par le club depuis des années. A l’heure où le nombre d’étrangers autorisés à jouer en Liga MX va augmenter, annonçant une importante vague d’arrivées au pays dans les semaines qui viennent, Pachuca a choisi de rester fidèle à sa formation, à ses jeunes. Samedi, 24h avant la soirée du sacre des Lozano, Gutiérrez et autres Pizarro, les moins de 17 ans remportaient le championnat de leur catégorie en atomisant Santos Laguna 8-2 sur l’ensemble des deux matchs. A l’heure où son équipe première décroche un sixième titre en terminant le tournoi invaincu à domicile, l’avenir des Tuzos s’annonce déjà tout aussi brillant. C’est aussi pour cela que le couronnement de cette équipe ce dimanche est mérité et ce, qu’importe le scénario à sens unique de cette finale retour.
Photos : YURI CORTEZ/AFP/Getty Images