En football, il n’y a de logique que celle de l’instant. Les quarts de finale du Guard1anes 2021 sont venues le rappeler à tous les rois des paris en défiant l’ordre établi.

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Que l’on aime ou non les formules avec play-offs, on ne peut leur concéder cette incroyable propension à relancer le suspense, à créer la surprise. Le Guard1anes 2021 n’a donc pas dérogé à la règle et a débouché sur l’arrivée de deux surprises dans le dernier carré. Le premier se nomme Puebla. Opposée à l’Atlas, autre équipe dont la présence en Liguilla n’était clairement pas envisagée en début de tournoi mais qui s’est écrite avec conviction au fil des journées, la Franja abordait son quart retour avec un but de retard, inscrit l’heure de jeu par Jairo Torres et juste récompense d’une longue domination des Zorros. Un but suffisait donc au retour pour intégrer le dernier carré alors que du côté de l’Atlas, qui rêvait d’une place en demies pour la première fois depuis dix-sept ans, un but suffisait aussi à accéder au bonheur puisqu’il obligerait Puebla à marquer à trois reprises.

Alors l’Atlas a d’abord cherché à tuer le suspense, se créant les premières situations et semblant avoir le dessus sur une Franja qui peinait à se procurer des situations, à peine réveillée fut-elle par la frappe d’Escoto sur la barre et la demi-volée d’Aguilar dans la foulée en milieu de premier acte. Au retour des vestiaires, le scénario était identique : grandes difficultés pour Puebla à être dangereux et un Atlas toujours menaçant notamment via l’excellent Jairo Torres. Alors Nicolás Larcamón a fait tapis, lançant tout offensif qui attendait sur le banc, jouant sa vie. Et le sort l’a aidé : une déviation de la tête d’Ignacio Malcorra, un débordement de Gustavo Ferarreis et un centre rasant coupé par Anderson Santamaría devant Santiago Ormeño. Le défenseur péruvien de l’Atlas propulsait alors le cuir dans son but, le Cuauhtémoc explosait à vingt minutes de la fin. Le match avait basculé, l’Atlas n’allait plus obtenir la moindre véritable occasion, Puebla pouvant même inscrire un deuxième but. Et l’essentiel est bien là, la Franja sera en demi-finale.

Elle sera accompagnée d’une autre sensation, Pachuca. Sur le papier, le sort était réglé pour les Tuzos qui affrontaient un América quasiment invincible. Il le semblait davantage à la pause à l’aller, Leo Suárez ayant envoyé un golazo pour égaliser après une mi-temps où Pachuca avait montré les failles défensives des Águilas. Sauf que l’América a cédé, sur une erreur défensive sur le 1-2 peu après l’heure de jeu, sur un rouge bêtement concédé par l’un de ses hommes clés au milieu, Pedro Aquino, puis sur une frappe au bout du temps additionnel. Au retour, à l’Azteca, les Águilas ont tout tenté, jusqu’au bout, mais payé deux erreurs défensives. Celle qui permettait à Romario Ibarra d’ouvrir le score d’entrée de match, celle de Bruno Valdéz à l’heure de jeu pour offrir le penalty de la qualification à Cabral. Le reste du temps, l’América a tout fait, n’a cessé d’attaquer, d’avancer. Un penalty de Roger Martínez, trois golazos, la volée de Luis Fuentes, le missile de Roger, le coup franc surpuissant de Leo Suárez et un dernier quart d’heure irrespirable pour les visiteurs (avec notamment une parade exceptionnelle d’Ustari devant Roger) n’ont pas suffi. L’América s’impose 4-2 au retour mais tombe donc d’un tout petit but. Pachuca réussit donc l’exploit des quarts et ira défier l’autre invincible en demies : Cruz Azul.

La Máquina a sans doute vu le spectre d’une nouvelle cruzazuleada la menacer lors de son quart face à Toluca, le leader incontestable de la phase régulière étant encore en position d’éliminé à l’entrée du dernier quart d’heure du match retour, mais il s’en est sorti, en parvenant à écarter les Diablos Rojos dans les dix dernières minutes du match en même temps que les fantômes d’un nouvel échec : d’abord sur un penalty transformé en glissant par Cabecita Rodríguez (notez le sens du symbole), ensuite sur un dernier contre lancé par l’Uruguayen et conclu par l’excellent Santiago Giménez, fils d’un ancien de la maison cementera, Christian. Et a donc fait exploser l’Azteca qui se prend à rêver d’une neuvième couronne. De couronne, il n’en sera plus question pour les Rayados. Tombé au Nuevo Corona face à Santos à l’aller, Monterrey a chuté chez lui, dans un scénario digne d’une cruzazuleada : ouverture du score à la demi-heure, incapacité à tuer le match, longs moments de souffrance face à un adversaire plus entreprenant et but de l’élimination concédé à la dernière seconde. Santos Laguna confirme sa solidité et retrouve donc Puebla en demi-finale, vingt ans plus tard. À l’époque, les Guerreros s’étaient qualifiés avant d’aller décrocher le titre en finale face à… Pachuca.

Les buts des quarts

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.