Cruz Azul ayant enfin vaincu sa malédiction, place à une nouvelle saison de football au Mexique. Un championnat engagé qui débute privé de nombreux joueurs pris par les sélections nationales.

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On avait laissé la Liga MX sur la fin d’une malédiction, celle qui avait fait de Cruz Azul l’équipe des perdants. On la retrouve désormais avec un Cruz Azul redevenu Máquina et quelques prétendants en reconstruction.

Avant de nous plonger dans le guide des clubs, petit rappel pour les nouveaux arrivants. Depuis avril 2020, il a été décidé de fermer la ligue pour cinq saisons, avec une ancienne deuxième division désormais devenue « ligue de développement ». Ils sont donc dix-huit à représenter l’élite mexicaine dans une ligue qui a donc en commun avec l’imposant voisin du nord, la MLS, de ne reléguer personne et d’offrir des play-offs. Car le championnat se divise en deux phases qui animent deux tournois. La première est dite régulière, chacun des dix-huit représentants affronte ses adversaires pour un total de dix-sept journées. À l’issue de celles-ci, les quatre premiers du championnat sont directement qualifiés pour les quarts, les équipes classées de la cinquième à la douzième place, participent à un premier tour de barrage, disputé sur un match sec, dont les quatre vainqueurs complètent donc le casting des play-offs. Les play-offs, appelés Liguilla, se jouent en match aller-retour avec une particularité : pas de règle du but à l’extérieur et, en cas d’égalité au terme des deux matchs en quarts et en demi-finales, la qualification est pour l’équipe la mieux classée à l’issue de la phase régulière. Le vainqueur de la finale est sacré champion, comme en Amérique Latine, le Mexique en sacre deux par saison, les vainqueurs des tournois d’ouverture (Apertura) et de clôture (Clausura). À noter enfin qu’après avoir rendu hommage aux personnels médicaux en prenant le nom de Guard1anes l’an passé, il prend un nouvel engagement cette saison en s’appelant Torneo Grita México afin de rappeler le combat contre les excès homophobes qui émanent des tribunes mexicaines et qui ont déjà été l’objet de sanctions contre clubs et sélection.

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Photo : imago images/Agencia EFE

México vs Monterrey

Le décor planté, place aux artistes. À l’heure de lancer le tournoi, quatre équipes font office de prétendants majeurs même si, habitude de la Liga MX, plusieurs autres peuvent prétendre à venir bousculer cette hiérarchie. D’autant que les premières semaines seront particulières pour certains de ces géants. D’une part car bon nombre de leurs joueurs sont pris par les compétitions internationales – Gold Cup et Jeux Olympiques – ce qui devrait naturellement impacter les premières semaines de championnat. Sans grand danger au final, puisqu’il suffit d’entrer dans le top 12 pour jouer les play-offs, mais avec tout de même la possibilité de venir casser des dynamiques ou mettre une pression supplémentaire dans le sprint final.

La pression, les géants de México la connaissent. Champion sortant, Cruz Azul a totalement marché sur le championnat en 2021 et espère poursuivre. Alors que l’un de ses hommes clés, Luis Romo, actuellement aux JO, est annoncé sur le départ, qu’Elías Hernández est déjà parti, deux recrues sont arrivées pour le moment et complètent un effectif déjà parfaitement huilé : Quick Mendoza et l’immense avant-centre Lucas Passerini. Même stabilité pour l’instant chez le géant América de Santiago Solari avec deux belles arrivées : l’expérimenté Miguel Layún et de l’excellent Santiago Reyes, l’un des meilleurs latéraux du dernier tournoi avec Puebla, alors que l’importantissime Álvaro Fidalgo, l’une des belles révélations de l’ère Solari, est transféré définitivement au club. L’occasion pour le premier de confirmer son Guard1anes et montrer que la malédiction est définitivement vaincue, pour l’autre d’oublier l’élimination au but à l’extérieur en quarts du dernier tournoi.

Derrière ces deux géants, les deux traditionnels ambitieux de Monterrey seront de sérieux prétendants. Deux équipes qui peinent à se trouver une véritable place dans le club fermé des géants, mais dont les résultats sportifs sont les meilleurs de la dernière décennie. Deux équipes qui abordent 2021 avec une optique de reconstruction arrivée à des stades d’avancement différents. Du côté des Rayados de Javier Aguirre, le recrutement est dense : Esteban Andrada dans les buts, Héctor Moreno et Erick Aguirre derrière (ce dernier pouvant également évoluer au milieu), le dynamiteur colombien Duván Vergara devant et Joel Campbell à ses côtés. Le tout pour accompagner un effectif déjà riche et donc assoir un statut de prétendant qui n’avait pas été totalement assumé lors du Guard1anes. Côté Tigres, le cycle de reconstruction débute. Il a été initié par la fin de l’ère Ricardo Ferretti, l’homme aux onze années passées sur le banc du Volcán et aux dix titres à la tête du club. Sur le terrain, la reconstruction ne s’accompagne pas d’un renouvellement total de l’effectif mais d’un recrutement fou avec l’arrivée de Florian Thauvin et, moins médiatique mais tout aussi précieux, Juan Pablo Vigón. Mais une reconstruction qui est symbolisée par l’arrivée d’un staff très américanista à commencer par le coach Miguel Herrera dont les coups de gueule sur le banc du Volcán devraient animer la saison.

Pluie de candidats

Derrière ce quatuor plus médiatique et annoncé puissant, ils sont nombreux à attirer bien des regards. À commencer par le duo León – Santos. La Fiera décide de tout changer : Ariel Holan arrive sur le banc, le duo Santiago Ormeño – Omar Fernández arrive de Puebla pour renforcer l’attaque avec Elías Hernández au milieu. On sera curieux de voir si le jeu tout en toucher et mouvement d’Holan fonctionnera et profitera à un Emmanuel Gigliotti qu’il avait fait revivre avec Independiente en 2017 notamment. Chez les Guerreros de Santos, finalistes du dernier tournoi, chantres de l’équilibre Guillermo Almada devrait s’appuyer sur les hommes clés du dernier tournoi Carlos Acevedo, Eduardo Aguirre (quand il rentrera des JO) et notamment Fernando Gorriarán. Peu de mouvements notables et un appétit toujours aussi grand qui font de Santos l’un des principaux rivaux des quatre favoris annoncés.

À suivre également, les PP demi-finalistes. Du côté de Puebla, Nicolás Larcamón se retrouve démuni de quelques cartouches offensives à commencer par le tube de 2020/21, Santiago Ormeño mais peut s’appuyer sur le jeu pour s’en sortir. Pendant ce temps, le Pachuca de Paulo Pezzolano, sorti d’un but en demi-finale par le futur champion, procède à des retouches assez minimes mais intéressante sur l’aspect offensif avec les arrivées de Nicolás Ibáñez, le buteur de San Luis, et Avilés Hurtado. On regardera également du côté de l’autre grande ville du foot mexicain, Guadalajara avec d’un côté des Chivas orphelins de leur pépite José Juan Macías parti tenter sa chance en Espagne, de l’autre un Atlas qui est revenu à la vie sous la direction de Diego Cocca, tombant en quarts lors du dernier tournoi et qui s’offre deux belles recrues, Gonzalo Maroni au milieu et Julián Quiñones devant.

Reste les Diablos Rojos de Toluca et leur formidable armada offensive, emmenée par le maître à jouer Rubens Sambueza, animé par les talents de Michael Estrada, Alexis Canelo, que l’international paraguayen Braian Samudio vient renforcer davantage, mais aussi les Pumas, quatrième historique qui sort d’un tournoi plus compliqué où les suiveurs du football péruvien seront curieux de voir évoluer Washington Corozo quand les supporters du Stade Brestois regarderont avec attention Cristian Battocchio. Enfin, niveau curiosités, il faudra garder un œil sur le Juárez de Tuca Ferretti et son recrutement expérimenté et intéressant, comme Hugo González dans les buts ou Paul Aguilar en défense, mais aussi avec notamment devant un Gabriel Fernández, l’un des tubes de l'année 2018 en Uruguay et qui cherche à faire rebondir sa carrière après un séjour européen des plus compliqué. À regarder avec attention aussi l’arrivée de Beñat San José à Mazatlán. De nombreux éléments à suivre, comme toujours en Liga MX qui reste plus que jamais la Fiesta Grande du football latino.

Le programme

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.