Quelques semaines après le sacre de New York City, la MLS est de retour avec au menu une nouvelle franchise, deux conférences de quatorze, de nouveaux arrivants aux dents longues, quelques sérieux candidats et une saison qui s’annonce une fois encore passionnante et toujours aussi difficile à prédire.

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La vingt-septième saison de MLS débute ce week-end pour les vingt-huit concurrents parmi lesquels figure un petit nouveau, Charlotte FC. La saison régulière est prévue pour se conclure le 9 octobre prochain, avec une phase de play-offs qui s’ensuit et une saison qui se terminera le 5 novembre, à peine deux semaines avant la Coupe du Monde.

Charlotte rééquilibre les conférences

À tout seigneur, tout honneur. 2022 reste l’année de l’arrivée d’une vingt-huitième franchise en MLS, occasion pour s’offrir une saison – et une seule – avec deux conférences de quatorze, avant que St. Louis ne revienne donner à la MLS un nombre impair de participants. L’arrivée de Charlotte met fin à des décennies de chances qui ne furent pas données. En 1994, la ville figurait dans les candidats à la première édition de la MLS, elle avait également été citée parmi les candidats à l’expansion en 1996 et 1998, à la création de Charlotte Independence, les propriétaires avaient exprimé leur volonté d’accéder à la MLS, une autre tentative avait été faite en 2017, notamment par Marcus G. Smith, propriétaire du Speedway. Il a finalement fallu donc l’association de David Tepper, propriétaire des Carolina Panthers pour que l’affaire se concrétise, la COVID-19 retardant d’une année l’arrivée officielle de Charlotte en MLS.

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Place donc à cette vingt-huitième franchise qui s’installe dans l’immense Bank of America Stadium, antre des Panthers, déjà habitué jusqu’ici aux joutes internationales, et va donc vivre une saison d’apprentissage qui est souvent synonyme de galère. Certains l’ont évité, on pense évidemment à l’ambitieux Atlanta, d’autres ont espéré l’éviter, comme Austin l’an passé, d’autres enfin, n’en sont pas encore sortis (Cincinnati). Pour faire partie du bon wagon, Charlotte mise sur un homme qui semble idéal pour cela, Miguel Ángel Ramírez. Si vous êtes des habitués de Lucarne Opposée, ce nom vous est déjà familier. L’Espagnol est passé par l’Aspire Academy et a été l’un des hommes clés de la réussite d’Independiente del Valle en Amérique du Sud. On retrouvera d’ailleurs de nombreux sud-américains dans cette formation qui semble s’orienter vers une organisation en 4-3-3. On citera l’international équatorien Jordy Alcívar, champion avec la LDU, champion sud-américain et troisième de la Coupe du Monde 2019 chez les U20 ; un homme clé au milieu, autre international équatorien, Alan Franco, que Miguel Ángel Ramírez a côtoyé chez les Negriazules ; le jeune brésilien Vinicius Mello, que son coach a également connu à l’Inter de Porto Alegre ; les habitués de la MLS que sont Christian Makoun et Yordy Reyna et enfin, un Argentin que Miguel Ángel Ramírez a également déjà dirigé à l’époque d’Independiente del Valle, Christian Ortíz. Pour encadrer tout cela, quelques joueurs aguerris à la ligue, comme Anton Walkes et Harrison Afful, deux gardiens jusqu’ici réduit au rang de doublure, Siesniega le faisant parfaitement avec le LAFC. Le tout encadré par Christian Fuchs, l’homme aux plus de cent matchs de Premier League avec Leicester (avec qui il a été champion) et qui avait annoncé dès 2016 son intention de venir aux États-Unis, et avec un Karol Świderski signé DP qui devrait être l’une des curiosités de la saison. Reste donc l’inconnue habituelle, à quelle vitesse cette équipe parviendra à se construire et comment parviendra-t-elle à surpasser les premiers coups durs. De là dépendra alors le niveau de galère que sera la découverte d’une vie en MLS.

À l’Est rien de nouveau ?

S’il est difficile de voir Charlotte se tailler la part du lion dès sa première saison, c’est aussi parce que la conférence Est s’annonce encore une fois très relevée. Il faut dire que 2021 a été des plus particulier avec une équipe qui a totalement écrasé la saison régulière pour finalement se faire piéger en play-offs (charme des formules coupe) et un champion MLS auteur d’une saison loin d’être exceptionnelle jusqu’à l’entrée dans le sprint final. Ajoutez à cela quelques grands avides de revanche et vous obtenez une formule Conférence Est assez épicée.

Après avoir totalement écrasé la MLS en 2021, le New England de Bruce Arena fait naturellement office de candidat au titre avec une grande question : comment éviter l’accident que fut l’élimination en play-offs ? Pour cela, les Revs n’ont pas bouleversé les choses, Sebastian Lletget est arrivé pour apporter un surplus d’expérience et son association avec l’immense Carles Gil au milieu s’annonce magnifique, rejoint par un Jozy Altidore qui peut encore causer quelques dégâts dans les défenses adverses. Pour le reste, stabilité même si la perte du diamant Tajon Buchanan devrait évidemment se faire sentir et que Matt Turner filera du côté d’Arsenal l’été prochain. L’arrivée d’Omar Gonzalez en défense offre plus de choix à un Bruce Arena qui devra aussi gérer la CONCAChampions en parallèle. Sur le papier, les Revs restent le candidat numéro 1 dans la conférence tant leur avance était immense l’an passé. Sur le terrain, quelques candidats pourraient tout de même tirer leur épingle du jeu.

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Photo : Rich Schultz/Getty Images

À commencer donc par le champion New York City. Un champion qui a donc su saisir le bon moment, surfer sur une dynamique dans la dernière ligne droite pour tout renverser et qui aborde 2022 avec tout de même quelques interrogations. La principale sera la gestion du cas Valentín Castellanos. Courtisé par l’Europe, ayant exprimé son désir de rejoindre River Plate, sondé par Palmeiras, Taty Castellanos est pourtant toujours au club qui a repoussé jusqu’ici toutes les offres. Mais une chose semble certaine, il ne fera pas toute la saison avec le club, ce dernier semblant prompt à le vendre plus cher l’été prochain. Avec ses dix-neuf buts l’an passé et son implication sur vingt-sept buts de son équipe, il est l’un des principaux artisans du titre, son association avec le trio Jesús Medina (désormais parti), Maxi Moralez, Santiago Rodríguez ayant été détonnant, et son remplacement pourrait être clé. Pour l’instant, rien ne semble prévu, New York City s’est montré discret sur le marché. Les Pigeons pourraient compter sur Héber, dont 2021 a été totalement tuée par une blessure au genou et sur qui les espoirs sont nombreux, lui qui avait explosé en 2019 avec ses quinze buts en vingt-deux sorties. Reste à savoir s’il pourra retrouver son niveau d’alors, 2020 ayant déjà été en-deçà.

Pour la première fois de sa courte histoire (arrivée en MLS en 2017), Philadelphia Union a atteint la finale de conférence l’an passé en même temps que disputé la demi-finale de CONCAChampions. Le tout après avoir remporté le Supporter’s Shield l’année précédente. L’Union a essayé deux départs en coulisses, celle du directeur technique, Chris Albright, et l’entraîneur adjoint, Pat Noonan, tous deux partis lancer un véritable projet à Cincinnati. Mais l’Union a aussi laissé filer deux de ses principaux générateurs de danger : Kacper Przybyłko, vendu à Chicago, et Jamiro Monteiro, envoyé à San José. Pour pallier le départ du buteur polonais, Philadelphia mise sur Mickael Uhre, l’homme aux trente buts sur ses quarante-huit derniers matchs de Superliga danoise (meilleur buteur de la saison 2020/21 et toujours en tête de la saison actuelle) et sur Julián Carranza qui arrive de l’Inter Miami. Pour le reste, peu de modifications, l’Union devrait encore être une des équipes les plus solides de MLS, portée notamment par l’un des meilleurs gardiens de la ligue, André Blake.

Les revanchards

Mais attention car la lutte, déjà dense l’an passé (Philadelphia et NYCFC ne comptaient que trois points d’avance sur Orlando, sixième), s’annonce encore plus resserrée cette année, quelques grands arrivant avec de nouvelles intentions. Certaines ont déjà été amorcées l’an passé, notamment du côté d’Atlanta où le projet Gaby Heinze a finalement été rapidement évacué devant les soucis qu’il posait en interne et où Gonzalo Pineda est venu remettre de l’ordre et réinitier une dynamique à partir du mois d’août. Cela a parfaitement fonctionné, Atlanta redevenant une valeur sûre de la MLS et on attendait déjà à retrouver les Five Stripes sous les ordres de Pineda dès le coup d’envoi de la saison pour en faire de vrais prétendants. Pour ce faire, la franchise rouge et noire a conservé son noyau, même si les départ de Ezequiel Barco et George Bello sont importants. Mais Atlanta a sans aucun doute réalisé le plus gros coup du marché des transferts en MLS en parvenant à soustraire à l’Europe le grand joyau du football argentin, Thiago Almada, s’offrant par la même ce que les Américains appellent un game changer. Associés au trio Luiz Araújo, Marcelino Moreno, Josef Martínez, Almada devrait faire des Five Stripes l’armada offensive la plus redoutable de la ligue. Le 4-3-3 parfaitement rodé de Pineda, avec son double pivot Santiago Sosa, Osvaldo Alonso offre de belles perspectives et nul doute qu’Atlanta viendra chatouiller les premières places.

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Revanche aussi du côté de Columbus après une défense de titre perturbée par les blessures qui ont plombé la saison en même temps qu’une série noire de huit défaites à l’été dernier. Première étape, reconstruire l’arrière garde, l’arrivée de l’international australien Miloš Degenek étant certainement un bon investissement après l’exode massif des profils défensifs durant l’intersaison (sept des neuf départs sont des défenseurs). Reste quand même quelques valeurs sûres du Crew : Gyarsi Zardes, Lucas Zelarayán, Darlington Nagbe, Jonathan Mensah, Eloy Room sont toujours. Caleb Porter peut y associer quelques jeunes talentueux, comme Aidan Morris, intéressant en 2020 avant d’être mis sur le flanc l’an passé après s’être fait les croisés ou encore Sean Zawadski que l’on attend de voir prendre une plus grande place au milieu. L’heure de la revanche a donc sonné, Columbus doit clairement prétendre aux play-offs.

Reste enfin le cas de Toronto. Avant même de commencer l’an passé, on savait que la saison serait longue. Un exil qui pesait, une préparation totalement flinguée par la COVID-19 et un Chris Armas qui n’a jamais fait l’unanimité dans son groupe (loin de là). Pour reconstruire, il y a eu quelques départs de poids : Omar Gonzalez derrière, Mark Delgado au milieu, Jozy Altidore et l’ingérable Yeferson Soteldo devant. Mais Toronto a frappé fort, très fort. Bob Bradley s’installe sur le banc, le TFC explose le marché des transferts en signant le Titán Carlos Salcedo, volé à Tigres, rien que ça, et surtout Lorenzo Insigne, cultivant l’ancrage avec l’Italie et rappelant l’époque dorée d’une fourmi atomique. Aux côtés de ces valeurs sûres, il faudra suivre quelques gamins qui ont déjà montré des choses intéressantes. On pense à Jahkeele Marshall-Rutty, dix-sept ans, ou encore DeAndre Kerr et Jayden Nelson, dix-neuf ans. Trois offensifs d’avenir (même si le premier nommé peu occuper n’importe quel poste dans son couloir droit) qui pourraient gagner du temps de jeu dans une formation reconstruite et qui espère se mêler à la lutte.

À la croisée des chemins

Quatre équipes de la conférence Est se retrouvent quelque peu à la croisée des chemins. Du côté de Montréal, le travail de Wilfried Nancy l’an passé mérite d’être salué même si la fin de saison fut quelques peu décevante, voire frustrante, Montréal perdant sa place pour les play-offs lors de la dernière journée de la saison régulière. L’heure est donc désormais de confirmer et surtout s’éviter toute mésaventure du genre. Montréal peut ainsi s’appuyer sur un squelette conservé, des joueurs clés encore présents (citons l’excellent Samuel Piette qui devrait encore être associé avec Victor Wanyama au milieu, Djordje Mihailovic pour délivrer des passes clés ou encore Romell Quioto pour convertir). À cette base, déjà solide, Montréal y ajoute la légende Kei Kamara, de retour en MLS et se fait prêter Gabriele Corbo que l’on a déjà vu s’installer en défense lors des premiers matchs de CONCAChampions, l’arrivée d’Alistair Johnston offrant une nouvelle arme dans le couloir droit. Nancy dispose d’un effectif assez riche, suffisant en tout cas pour se mêler à la lutte pour les play-offs. À condition cette fois de ne pas trébucher au pire des moments.

Des play-offs que DC a également vu s’envoler en raison d’un sprint final totalement raté. Tout avait pourtant été finalement éclipsé par le fait qu’il s’agissait de la première saison d’Hernán Losada à la tête des Black-and-Red et que l’objectif fixé était de redynamiser la franchise, lui redonner notamment la bonne mentalité. Sur ce point, on ne peut donc pas parler d’échec. Place désormais à la saison 2 qui débute avec une mauvaise surprise, le départ de deux joueurs clés, Paul Arriola parti à Dallas et Kevin Paredes qui s’est envolé pour l’Europe. Ajouté aux nombreux départs qui, s’ils n’impactent pas directement le onze pour certains, entraîne forcément une réduction de la profondeur de l’effectif, on se demande finalement si DCU ne repart pas pour une nouvelle saison de transition. Signalons toutefois quelques arrivées intéressantes : celle de Brad Smith en défense, la future arrivée de Taxiarchis Fountas devant qui viendra épauler une pépite équatorienne nommée Michael Estrada à partir de juillet. Reste à savoir si DC sera encore dans la course à ce moment.

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Deux autres clubs sortent d’une saison étrange, sans réelle étincelle, mais sans gros échec non plus, les deux se hissant en play-offs. Ces deux équipes sont New York Red Bulls et Orlando. Du côté des rouges de New York, Gerhard Struber a déjà calmé les esprits les plus optimistes, annonçant que sa formation n’était pas taillée pour jouer le titre, expliquant que sa formation est trop jeune et manque forcément d’expérience. Des paroles assez surprenantes tant on sait que l’écurie américaine de Red Bull est justement construite autour de la jeunesse qu’elle souhaite ensuite faire progresser dans les filiales européennes du groupe. Struber se retrouve donc à devoir continuer de reconstruire, les Red Bulls ayant connu de nombreux départs dont ceux de Daniel Royer (qui n’a jamais réussi à s’intégrer dans le système Struber), Sean Davis, Andrew Gutman mais conserve son diamant Caden Clark, déjà acquis par la maison mère de Leipzig mais prêté à la succursale new-yorkaise. On suivra également l’arrivée de Luquinhas et le retour d’Aaron Long, qui peut enfin oublier sa blessure au tendon d’Achilles. Restera donc la capacité des new-yorkais à chercher à presser haut, pouvant ainsi déstabiliser les « petits » et perturber les « grands »). Mais cela semble bien limité pour viser plus haut que l’an passé. En Floride, les Lions d’Orlando ont vécu une saison assez similaire. L’intersaison est différente. Offensivement, Orlando a perdu son capitaine Nani, son tank Daryl Dike, son rapide Chris Mueller. C’est donc toute une animation à reconstruire. Elle passera par l’excellent Facu Torres sur le côté et Ercan Kara dans l’axe ou le prometteur César Araújo qui arrive lui aussi d’Uruguay. Reste donc à Óscar Pareja à parvenir à hausser le niveau, la première année avec les Lions étant bonne, la seconde pas meilleure. La troisième s’annonce cependant au mieux du même acabit.

Rebattre les cartes

L’une des conséquences de l’arrivée de Charlotte en MLS a été l’envoi de Nashville dans la conférence Ouest. Et le moins que l’on puisse dire est que le cadeau est empoisonné pour les habituels candidats aux play-offs. Il se nomme Nashville. La force du 3-5-2 de Gary Smith devrait être toujours la même. Nashville est une équipe qui prend peu de buts (meilleure défense l’an passé, troisième meilleure la saison précédente) et rend les Boys in Gold une équipe pénible à jouer (en attestent les quatre petites défaites concédées la saison dernière, meilleur total de toute la ligue). Comme si cela ne suffisait pas, le groupe déjà expérimenté, voit arriver deux autres atouts en matière d’expérience de la MLS : Sean Davis et Teal Bunbury. La recette devrait donc être la même, en encore plus solide et l’on attend encore du duo Harry Mukhtar – Aké Loba bien plus, surtout pour le deuxième nommé. Une certitude, Nashville sera un candidat aux play-offs, même à l’Ouest, une inconnue : avec un stade qui ne sera prêt qu’en mai, les Boys in Gold va débuter leur saison par huit déplacements…

Les cartes pourraient être rebattues d’autant que du côté du vainqueur de la conférence en 2021, la saison s’annonce bien différente. À l’intersaison, Colorado a perdu Kellyn Acosta, Cole Bassett, s’ajoutant à celui Sam Vines en août dernier. L’effectif à disposition de Robin Fraser s’annonce moins riche, d’autant qu’il perdra Auston Trusty en cours de saison (le défenseur ayant été transféré à Arsenal), mais conserve quand même des valeurs sûres : William Yarbrough dans les buts, parmi les meilleurs portiers de la saison passée, le pied de Jack Price si dangereux sur coups de pied arrêtés, les capacités à percuter de Mark-Anthony Kaye et une attaque dans laquelle le duo Michael Barrios – Diego Rubio sera évidemment à suivre. Sera-ce suffisant pour conserver la place de numéro 1 de la conférence de la saison passée ? Difficile à prévoir, compliqué à imaginer.

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Photo : Steph Chambers/Getty Images

D’autant que derrière, trois candidats seront de sérieux prétendants. D’abord les deux géants de la Cascadia. À Seattle, depuis quelque temps, à chaque début de saison, on imagine la fin d’un cycle, on pointe le manque de renouvellement et l’on se dit qu’une équipe qui avait disputé quatre des cinq finales au cours des cinq saisons précédant celle de l’an passé. Cette saison 2021 devait déjà être celle de la transition, d’autant qu’elle s’est déroulée sans Jordan Morris, qui s’est fait les croisés à Swansea et sans Nico Lodeiro qui l’on a vu moins de cinq cents minutes. Et pourtant, Seattle avait démarré en trombe et si la saison s’est terminée sur un miracle du Real Salt Lake au premier tour des play-offs i (le RSL se qualifiant sans jamais tirer au but), la saison régulière a fait des Sounders la deuxième équipe de la conférence. Cette saison, Brian Schmetzer est toujours là, les départs n’ont pas concerné de joueurs majeurs, à l’exception de Brad Smith et Seattle qui retrouve tout le monde, s’est même offert Albert Rusnák pour densifier encore plus son milieu et laisser augurer d’un trio avec Lodeiro et Morris qui a de quoi donner quelques maux de tête aux défenses adverses et régaler la machine à scorer Raúl Ruidíaz. Si vous cherchez le favori de l’Ouest, voire du Supporter’s Shield, sachez donc que la fin de cycle des Sounders n’est pas encore venue.

Après être passé à un Sean Johnson prêt d’aller chercher leur deuxième titre, les Timbers n’ont pas cherché à faire parler d’eux sur le marché des transferts. Certes une légende est partie, Diego Valeri, deux cent soixante-deux matchs avec les Timbers, pour quatre-vingt-six buts et quatre-vingt-onze passes décisives. Mais pour le reste, il n’y a pas eu un grand renouvellement, on suivra tout de même avec attention l’arrivée du gamin d’Estudiantes, David Ayala, et Giovanni Savarese s’appuie sur le même groupe que la saison dernière avec quelques cadres vieillissant (Diego Chara, trente-cinq ans, Sebastián Blanco, trente-trois ans, en sont des exemples) et une recrue interne nommée Eryk Williamson de retour d’une rupture des croisés. Reste quelques soucis d’avant-saison : les blessures de Larrys Mabiala et Dario Župarić en défense, celle de Felipe Mora devant qui laissent quelques vides et exposent ce qui pourrait bien venir poser des soucis à long terme, un manque de profondeur de l’effectif.

Dernier sérieux candidat aux premières places, le Sporting Kansas. Sorti des play-offs par le renversant Real Salt Lake, le même adversaire lui faisant même perdre la première place de la conférence à la dernière journée. Et le début d’année 2022 n’a pas été des plus heureux pour Peter Vermes avec la blessure (une de plus) d’Alan Pulido qui devrait l’écarter pour l’ensemble de la saison. Le SKC a également libéré Ilie Sánchez. Côté arrivées, Nikola Vujnović, buteur monténégrin arrive devant, derrière, un jeune allemand de vingt ans qui évoluait en Slovénie, Robert Voloder rejoint le groupe. La bonne nouvelle pour Vermes est le fait de conserver son trio du milieu Rémi Walter, Roger Espinoza et Gadi Kinda et le formidable duo Johnny Russel, Dániel Sallói, même si le SKC a montré qu’il avait encore du mal à digérer le départ de Gianluca Busio l’an passé. Avec en plus un axe défensif qui se reconstruit, en espérant que les blessures puissent épargner l’excellent Nicolas Isimat-Mirin et offrir une véritable stabilité défensive. Si l’on peut également se poser quelques questions sur la profondeur de banc, le SKC reste et restera un candidat, peut-être en-dessous de Seattle et menacé par Nashville, mais quand même un candidat au top 3.

En embuscade

Derrière ces formations, se trouvent notamment les deux rivaux de Los Angeles. Du côté du Galaxy, l’opération reconquête a débuté la saison dernière, le Galaxy passant à un rien des play-offs, profitant sur un Chicharito retrouvé et un Greg Vanney qui a su trouver le bon système. Vanney partait de loin, mais il a su rebâtir une équipe qui naviguait bien trop loin des eaux dans lesquelles elle doit se trouver. Ne lui reste plus qu’à trouver la régularité, à l’image des Frenchies de la franchise, parfois magnifique, parfois absents. Sans doute le temps nécessaire pour s’adapter à une nouvelle ligue mais surtout à une franchise qui cherche à se remettre dans le bon sens. Aussi, l’intersaison a été celle des ajustements. Ajustements non négligeables puisque le Galaxy s’offre l’expérience de Mark Delgado pour venir se placer juste devant la défense et apporter un meilleur équilibre, et le spectaculaire Douglas Costa, toujours capable de fulgurances sur son côté, pour apporter une solution supplémentaire de déséquilibre des défenses adverses. Difficile de voir le Galaxy se mêler à la lutte cette saison tant le retard sur les autres semble encore réel, mais l’objectif de ramener le club à sa place ne s’accomplira que par étapes franchies. Une place en play-offs en est une. Chez le voisin, 2021 reste l’année de l’échec. On attendait pourtant de voir les Black and Gold lutter pour le titre, eux qui avaient décroché le Supporter’s Shield en 2019, atteint la finale de CONCAChampions en 2020. Et tout s’est écroulé. Le cycle Bob Bradley a explosé en vol, à l’image d’un Vela trop souvent blessé et d’un Rossi qui est parti en pleine saison, fin tragique d’un redoutable duo. Alors le LAFC a décidé de retoucher son effectif, de changer quelques éléments clés pour redonner de la vitalité à son groupe. Martin Crépeau arrive dans les buts (sans doute le meilleur coup réalisé par le LAFC durant le mercato), Doneil Henry apporte de la profondeur de banc en défense, quand Kelly Acosta et Ilie Sánchez amènent expérience et régularité au milieu. Le trio offensif ne bouge pas, il dépendra de la présence de Carlos Vela, d’une meilleure régularité d’un Brian Rodríguez capable de coup de génie mais aussi capable de totalement disparaître, sa seule certitude restant au final Cristian Arango, dix-sept matchs, quatorze buts l’an passé. Mais si l’on parle d’ajustement dans son groupe, l’autre grand changement est l’arrivée sur le banc de Steve Cherundolo. L’ancien international n’a que très peu d’expérience comme numéro 1 sur un banc, sa seule et unique étant le Las Vegas Lights l’an passé, pour un bilan plutôt famélique (six victoires et trois nuls en trente-deux matchs) mais qui offre sur le papier une certaine continuité avec Bradley. Le LAFC n’a donc pas choisi la révolution, reste à savoir si cela sera suffisant pour retrouver un rang digne de ses ambitions.

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Trois autres formations devraient se mêler à la lutte. Pour sa sixième saison sous la direction d’Adrian Heath, Minnesota espère une saison moins frustrante que 2021. Pour cela, les Loons peuvent s’appuyer sur un secteur offensif plutôt dense : Robin Lod, neuf buts en 2021, deux maîtres à jouer Bebelo Reynoso et Franco Fragapane, capables d’être également de sacrés buteurs (dix buts et dix-neuf passes décisives à eux deux l’an passé, Adrien Hunou, auteur d’une belle première saison en MLS (sept buts). Un secteur offensif qui retrouve Luis Amarilla et s’enrichit des arrivées d’Abu Danladi et Bongokuhle Hlongwane. Il n’en fallait pas plus pour permettre aux Loons de viser plus haut, plombés la saison dernière par une attaque finalement trop peu efficace alors que sa défense a tenu son rang (la quatrième meilleure de la conférence). Si le secteur offensif trouve sa cadence, alors les Loons peuvent clairement espérer viser plus haut qu’une qualification sans émotions pour les play-offs.

Le Real Salt Lake, c’est l’histoire d’un miracle permanent. Celui d’une incroyable fin de saison 2021, qualification pour les play-offs sur un but à la 90+5e minute lors de la dernière journée, accession à la finale de conférence sur deux exploits (victoire aux tirs au but sans jamais tirer durant le match face à Seattle, nouvelle victoire à 90+1 face au Sporting Kansas). En coulisse, elle a été celle de la renaissance avec l’arrivée de nouveaux propriétaires, David Blitzer, co-propriétaire des Philadelphia 76ers et de Crystal Palace, et Ryan Smith, patron des Utah Jazz. L’heure est donc venue de retrouver calme et stabilité. Pablo Mastroeni est confirmé sur le banc, sur le marché, le club se montre plutôt calme, même si le départ d’Albert Rusnák pourrait se faire sentir. L’homme clé devrait être Damir Kreilach, qui sera chargé d’alimenter en bons ballons un Bobby Wood toujours efficace. Les habitués de Lucarne Opposée suivront quant à eux avec attention les performances de Sergio Córdova, de nouveau prêté par Augsburg pour enfin commencer à véritablement lancer sa carrière. Les plus curieux regarderont évidemment la sensation Alex Kei, un attaquant d’1m85 qui a ravagé les défenses U15. Oui U15, Alex Kei a fait ses débuts chez les pros en octobre dernier avec les Real Monarchs à l’âge de treize ans, neuf mois et neuf jours…Reste que la lutte pour les play-offs s’annonce compliquée au vu de la concurrence. À moins d’un nouveau miracle.

Un miracle, il pourrait en falloir un également pour Vancouver. Vanni Sartini a pris les commandes l’an passé en cours de saison et a réussi à redresser quelque peu la barre, hissant les Whitecaps jusqu’au premier tour des play-offs avec son 3-4-1-2. Un système qui reposait également sur un immense Martin Crépeau dans les buts et qui va donc forcément souffrir de son départ, et sur l’expérience d’Andy Rose, qui a raccroché les crampons. Pour le reste, peu de changements. On retrouver les Déiber Caicedo, Cristian Dájome et autres Brian White, revigorés par l’arrivée de Ryan Gauld au milieu et l’on continuera à regarder la progression de l’excellent Pedro Vite, l’une des dernières pépites venue d’Independiente del Valle, arrivé en même temps que Gauld l’été dernier. L’effectif est stable, mais les interrogations demeurent nombreuses, surtout derrière avec la ligne de trois qui demande plus de certitudes pour imaginer le troisième larron de la Cascadia Cup se hisser au niveau des deux autres.

Texas Massacre

Reste qu’à l’Ouest la grande question concerne le trio texan. 2021 a été un cauchemar pour les franchises texanes, seuls Toronto et Cincinnati parvenant à faire pire qu’elles. La première, Austin, a pour circonstance atténuante le fait de découvrir la MLS. Une découverte qui a débuté par huit matchs à l’extérieur, quelques belles promesses dans l’animation collective puis un trois d’air de deux moins, août – septembre, qui a mis fin à la saison. Mais Josh Wolff a pu apprendre et le marché hivernal a servi à corriger les manques de l’équipe. Devant, rien ne bouge, le quatuor Cecilio Domínguez – Moussa Djitté – Sebastián Driussi – Diego Fagúndez est suffisamment talentueux pour être reconduit, même s’il va lui falloir se montrer bien plus efficace. Les changements se produisent derrière eux. Tomás Pochettino, bien trop branché sur courant alternatif part réapprendre le football avec Marcelo Gallardo, et les arrivées sont un savant mélange d’expérience comme Ruben Gabrielsen, Ethan Finlay et Maxi Urruti et de promesses avec Žan Kolmanič derrière et la révélation du dernier semestre colombien, Jhojan Valencia. Austin parait nettement plus équipé pour vivre une deuxième saison bien meilleure. Et pourrait même espérer viser les play-offs.

Du côté de Dallas, les circonstances atténuantes résidaient surtout dans le projet : faire jouer des gamins pour mieux les vendre (comprendre, le plus rapidement possible). Des gamins sans encadrement et avec des volontés tactiques peu claires, il était donc difficile d’espérer des résultats. Et Dallas n’en a pas eu. 2022 est-elle l’année du changement ? Pas vraiment sur le papier. Ricardo Pepi est parti pour un prix record, le recrutement de Paul Arriola est un bon signe alors que la tirelire a été cassé dans l’autre sens pour attirer un autre diamant argentin à finir de polir, le magnifique Alan Velasco. Mais tout cela semble bien léger pour espérer lutter pour les premières places. À moins que Nico Estévez, le nouveau coach espagnol de la franchise, se transforme en faiseur de miracles.

Dernier membre du catastrophique trio, Houston. Après une année 2021 passée tout en bas de la conférence Ouest, l’heure a été au ménage. Nouveau propriétaire, nouveau General Manager, nouveau coach. Nouveau projet ? Pas évident. Quelques anciens sont partis, Maynor Figueroa et Boniek Garcia, trente-huit et trente-sept ans, Maxi Urruti a filé, et les arrivées sont peu nombreuses. Sebastián Ferreira arrive du Paraguay pour plus de quatre millions de dollars et se retrouve avec sur lui une forte pression : celle de devoir empiler les buts après deux bonnes saisons au pays qui ont fait suite à deux saisons totalement ratées en Liga MX. Zeca arrive quant à lui de Vasco, sortant d’une saison en deuxième division brésilienne, et ressemble donc plutôt à un pari. D’autant qu’à la tête du club, Houston nomme Paulo Nagamura, dont l’unique expérience de coach a été à la tête de Swope Park Rangers (devenu Sporting Kansas City II), club d’USL qu’il n’a conduit en play-offs qu’à une seule reprise en quatre saison, ne gagnant qu’un quart de ses matchs. On suivra tout de même avec attention l’excellent Adalberto Carrasquilla, l’un des hommes du renouveau de la sélection canalera. Reste que sur le papier, Houston n’a pas le profil d’un candidat aux play-offs.

Trouver un projet

Afin de terminer ce guide au plus profond de la MLS, place à quatre franchises qui ne cessent de creuser, faute de savoir ce qu’elles veulent faire dans ce championnat.

Depuis 2013, Chicago n’a connu les play-offs qu’à une seule reprise, éliminé au premier tour en 2017. Depuis, rien. Un nouveau logo qui n’a fait qu’engendrer la colère, une équipe sans réelles idées sur le terrain et une errance dans les profondeurs du classement général (20e en 2018, 17e en 2019, 22e en 2020 et 2021). Bref, des saisons sans émotion, sans intérêt. Pourrait-il en être différent en 2022 ? En coulisse, on a décidé de tout changer (une fois encore). Nouveau nouveau logo (cette fois plus réussi), nouveau coach, Ezra Hendrickson (ancien assistant de Sigi Schmid à Seattle) et nouveau grand ménage avec treize départs, dont celui du meilleur buteur du club ces deux dernières saisons, Robert Beric, et quelques arrivées. Des arrivées intéressantes, on retiendra évidemment le duo Xherdan Shaqiri (à la dérive à Lyon) – Kacper Przybyłko, mais on citera aussi l’arrivée de Rafael Czichos, qui vient apporter son expérience en Bundesliga pour stabiliser la défense, et deux gamins, le prometteur mexicain Jairo Torres et l’excellent Jhon Durán. Intéressant sur le papier, mais quand même bien loin de pouvoir en faire un candidat aux play-offs.

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Photo : KAMIL KRZACZYNSKI/AFP via Getty Images

Autre équipe déprimante, San José. On avait beaucoup attendu de l’arrivée de Matías Almeyda à la tête du club. Les premiers mois avaient même laissé augurer de beaux lendemains. Puis plus rien. Almeyda a longtemps espérer que le voisin du sud l’appelle pour diriger sa sélection, il semble que depuis le refus, il traîne sa déprime à la tête d’un San José qui ne sait pas dans quelle direction aller. Autant le dire, la dernière année de contrat d’Almeyda devrait être la dernière, et le spleen qui entoure le club devrait se terminer à son départ. Sur le marché, San José n’a rien fait, ou presque, seule l’arrivée de Jamiro Monteiro est aussi surprenante qu’intéressante. Et s’il y a de la qualité dans ce groupe, Cade Cowell à gauche, la Chofis López pour encore six mois (date de fin de son prêt), on a du mal à imaginer les Quakes attendre autre chose que 2023.

Reste enfin deux cas bien particuliers : Cincinnati et l’Inter Miami. Quatorze. Ce chiffre représente le nombre de victoires décrochées par Cincy depuis son arrivée en MLS en 2019. La franchise n’a été régulière que sur un point : elle a toujours terminé à la dernière place de la ligue. 2021 n’a pas fait exception malgré des investissements. Alors, après trois saisons à creuser, on a cherché à tout changer au club. Nouveau manager et nouveau coach, deux hommes qui arrivent de Philadelphie, respectivement Chris Albright et Pat Noonan, et un immense chantier. Il a débuté par un grand ménage et quelques retouches, bien qu’incomplètes. Un nouveau gardien s’installe, Alec Kann, Dominique Badji vient apporter de l’expérience devant. Mais pour le reste, les questions demeurent : Luciano Acosta semble encore bien seul au milieu et l’équilibre général semble encore bien précaire. À sa décharge, personne à Cincy n’espère jouer les play-offs. La reconstruction, ou plutôt la réelle construction, se fera par étape, le nouveau cycle s’initie et l’objectif de Pat Noonan sera d’abord de faire de ces Oranges, une équipe capable de gagner plus que quatre matchs cette saison. Autre projet qui n’en a que le nom, l’Inter Miami. Un club qui, après trois saisons en MLS, ne sait absolument pas quoi faire, change de projet en permanence quand il ne remplit pas les cases judiciaires en trichant sur ses contrats. En d’autres termes, la chance de Miami est d’avoir David Beckham pour le rendre médiatiquement intouchable, Cincinnati pour éviter d’être la risée sportive de la ligue. 2022 ne va pas déroger à la règle. Le duo Phil Neville – Chris Henderson a montré son incapacité à faire progresser l’équipe, il est donc naturellement conservé. À la place, le club a opéré à un énième vaste ménage. Quinze joueurs sont partis, d’autres en instance de départ comme Blaise Matuidi que le club cherche à faire partir depuis de nombreuses semaines. Parmi les quinze, des titulaires de l’an passé : Federico Higuaín, Rodolfo Pizarro, Julián Carranza, Lewis Morgan, Leandro González Pirez, Nicolás Figal, Christian Makoun… Bref, on efface tout et on recommence une fois encore. Sur le plan des arrivées, tout aussi nombreuses, quelques coups intéressants, comme Clément Diop dans les buts, Leonardo Campana en ponte ou le retour en MLS de DeAndre Yedlin. Mais sur le papier comme sur le terrain, tout un effectif à reconstruire, une animation à trouver, des automatismes à travailler. Et une nouvelle saison de transition en perspective.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.