La Colombie s'est imposée sur la plus petite des marges contre une équipe du Qatar qui a joué avec ses armes mais qui a craqué en fin de match sur un but de Duván Zapata. Dans un stade presque totalement en jaune.

banlomag

L'avantage de jouer avec un maillot jaune c'est qu'il se voit de loin, de très loin même. En tout cas suffisamment pour l'apercevoir facilement dans les rues de São Paulo. Plus en tout cas que lors des matches du Brésil. L'occasion de enfin rentrer dans cette Copa América 2019. En Colombie, la sélection déplace bien plus les foules que les clubs et au même titre que les Chiliens ou les Argentins, la sélection cafetera est connue pour se déplacer en masse partout. Cette Copa América n'échappe pas à la règle.

Ainsi, logiquement plus on se rapprochait du stade, plus les vaguelettes jaunes se formaient et se regroupaient. Notamment autour des télévisions locales, probablement pour saluer la maman, le frère, la sœur ou le papa resté(e)s au pays. Au plus grand désarroi des vendeurs locaux (ou colombiens) évidemment tout ce petit monde est en jaune. Il était bien possible de croiser quelques Qataris (souvent des Brésiliens, parfois de « vrais » qataris) mais qui se sont rapidement noyés dans la foule. Une foule suffisamment nombreuse pour occuper un tiers du stade, essentiellement sur la partie supérieure. Les places situées sur l'anneau inférieur n'ont pas trouvé preneur, et pour cause, ce sont celles qui sont le plus cher. Vingt mille Colombiens ça suffit pour mettre l'ambiance, notamment pour reprendre l'hymne national assez fort pour résonner dans tout le stade. Et pour lancer des « Colombia (en appuyant bien sur le I), Colombia ».

Le match n'a même pas commencé qu'il y a déjà plus d'ambiance que dans ce même stade pour le match d'ouverture ou dans les bars de la ville pour Brésil - Venezuela. Avec même une ola avant le coup d'envoi. L'ambiance n'a pas baissé d'intensité dans les premières minutes, surtout après le but refusé à la Selección pour un hors-jeu de Roger Martínez. Côté terrain, les joueurs de Carlos Queiroz ont fait ce qu'il fallait pour entretenir l'ambiance en tribune. Après le but refusé, James de la tête a été le premier à se mettre en action. Puis Cuadrado a sollicité Saad Alsheeb. Enfin c'est Stefan Medina qui a fait trembler les filets juste avant la pause, malheureusement ça n'était que le petit filet extérieur. Si elle a souvent plié la défense qatarie n’a jamais rompu et a frustré, agacé (comme les interventions du VAR) puis a fini par résigner joueurs et supporters lorsque l'arbitre vénézuélien a sifflé la pause.

Et Duván a libéré le stade

Le deuxième acte a rapidement viré à la crispation côté colombien. Nettement moins en réussite que face à l'Argentine, Roger Martínez a eu la première véritable occasion colombienne de la deuxième période à l'heure de jeu mais sa frappe en force était trop sur le portier qatari. L'équipe du petit émirat a fait plus que trembler les grappes jaunes puisque suite à l'occasion de Martínez pendant un quart d'heure, ce sont eux qui ont dominé et sollicité par deux fois un David Ospina qui passait jusque-là une soirée tranquille. Plus un bruit, plus un sifflet. Glaçant. Avant la délivrance à cinq minutes de la fin et Duván Zapata qui s'est élevé plus haut que tout le monde pour le seul but de match. Au plus grand bonheur des vingt mille supporters  Si l'histoire d'amour de Messi avec la sélection est souvent difficile, celle de James avec la sienne est différente. C'est de son extérieur du pied gauche qu'est venue la solution. Une nouvelle fois serait-on tenté de dire. Chéri au pays, année après année James Rodríguez se place tout en haut dans la hiérarchie (subjective) des plus grands joueurs de l'histoire qui ont porté le maillot de l'équipe nationale. Rarement critiquée, à l'inverse de Pékerman qui surtout sur la fin de son mandat a été bougé par les médias, cette génération emmenée donc par son numéro dix qui fait l'unanimité, pourrait même pourquoi pas arracher un deuxième titre continental. La route est encore très longue mais cette victoire contre le Qatar combinée au match nul entre le Paraguay et l'Argentine lui assure son billet pour le tour suivant avec même la première place du groupe. Alors que tout ce petit monde était prêt à sortir, cette annonce faite par le speaker a entrainé une ultime clameur. Les mêmes cris devant les caméras des chaines colombiennes puis direction le métro en silence. Histoire d'économiser un peu de voix avant la suite de la compétition.

Texte Pierre Gerbeaud, Photos : Jordan Bozonnet et Nicolas Cougot, Vidéo : Jordan Bozonnet

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée