C’est l’histoire d’un mème devenu viral sur les réseaux sociaux au Venezuela. Mano tengo fe, en français, « frère, j’ai la foi ». Un mème symbole d'une sélection sensation de la Copa América.

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On ne va pas se le cacher, cette Copa América est vraiment particulière pour le Venezuela. Des cas de COVID-19, des blessures, un joueur qui au début ne devait pas venir et qui finalement sera là, des joueurs du championnat local qui sont maintenant mis en lumière alors qu’il y a quelques semaines ils se préparaient seulement pour les matchs du championnat local.

Par son caractère de religion, le football est pour certains une question de foi. Surtout pour le fanatique, qui s'assoit devant sa télé, se confie à ses apôtres et tente, pour un temps, d'évacuer ses problèmes en regardant sa Vinotinto taper dans le ballon au Brésil. Ce n'est qu'un jeu, diront certains ; pour d'autres, c'est bien plus que cela et encore plus pour les Vénézuéliens depuis des années. Des supporters qui malheureusement se sont habitués à être dans une position de devoir mendier de bonnes performances à leur équipe nationale. En raison de l'éternelle et endémique désorganisation de la FVF (Fédération Vénézuélienne de Football), ses joueurs talentueux souffrent toujours plus qu'ils ne le devraient et leurs fans aussi. Une tendance qui s'est inversée au XXIe siècle. Les victoires ne sont plus des miracles. La compétitivité des joueurs a augmenté (avec des joueurs évoluant plus fréquemment en MLS et en Europe) et notamment une finale de Coupe du monde des moins de 20 ans perdue contre l’Angleterre en 2017.

S’en remettre à la foi

manotengofeFace à la menace de la pandémie de 2020 et de ses conséquences en 2021, Jose Peseiro, qui est arrivé juste avant le début de la pandémie mondiale, et la Vinotinto ont dû s'accrocher à certaines certitudes au milieu de la tempête et en espérant que la COVID-19 passe le plus rapidement possible. Mais les quelques heures de vol de Caracas à Brasilia et l'exigence pressante de résultats pour cette Copa América, sans matchs amicaux, placent le Portugais et son équipe à la croisée des chemins : soit on s'accroche et on fait de notre mieux aujourd'hui, soit on meurt en essayant. Les raisons de ce retranchement étaient déjà bien connues : cinq blessés importants (Salomón Rondón, Yangel Herrera, Darwin Machís, Yeferson Soteldo et Yordan Osorio), plus quatorze personnes infectées par le COVID dans le camp d'entraînement de Caracas, des histoires de bulles sanitaires non respectées pendant et après le match de qualification à la prochaine Coupe du Monde contre l’Uruguay (0-0) sont arrivées. Cela a obligé Peseiro et ses joueurs à travailler pour se défendre et à faire appel à la foi.

Le miracle

La foi est devenue miracle. Celui-ci a commencé avec deux nuls, contre la Colombie et l'Équateur, qui ont maintenu la Vinotinto en vie dans la Copa América. Par la suite, on a pu voir une certaine confiance de Peseiro envers son groupe, en travaillant à nouveau sur une idée différente de celle qu'il avait, par exemple, contre l'Uruguay, tout cela dans le but de survivre. La foi des joueurs en son sélectionneur Portugais et son leadership, en la capacité qu'il a montré avec ses mots pour les guider quand ils avaient l'impression que l’espoir n’existait plus. C’est ici qu’est arrivé le même « Mano, tengo fe », inspiré d'une scène de la série Fast and Furious : les fans, plus dévoués que jamais, se sont emparés de cette foi commune et l’ont rendu virale. Celle-ci a même imprégné l'équipe nationale qui, maintenant que la tempête s'est calmée et que plusieurs de ceux qui ont été victimes de la COVID-19 ou de blessures ont réintégré la Vinotinto rêve d’une épopée. Et garde la foi.

 

Crédits photo une : imago images/NurPhoto

Rodolphe Wilhelm
Rodolphe Wilhelm
Des mon plus jeune age, j'ai toujours eu cette passion pour le monde du ballon rond et pour les voyages. Depuis cette période, j'essaye a travers mes voyages et les differentes villes ou j'ai vecu de faire connaitre des championnats moins mediatises en Europe.