On connait la première demi-finale de la Copa América 2021. Comme il y a deux ans, après s’être croisé en groupes, Pérou et Brésil vont de nouveau se retrouver. Et si le premier a dompté toutes les folies pour se qualifier, le second a montré de vrais signes de fragilité.

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Une fois la phase de groupes passée, une autre compétition démarre, souvent plus intéressante, plus spectaculaire. Le PérouParaguay qui a ouvert les quarts de finale n’a pas contredit cet adage. Et si ce match avait eu la bonne idée de donner le ton du sprint final, on ne risque pas de s’ennuyer. Il faut dire qu’il n’y a pas eu le temps pour un round d’observation, Gustavo Gómez surgissant dès la dixième minute pour tromper Gallese et lancer le match. Un match rapidement fou. Le Paraguay cherchait à mettre de l’intensité – comme annoncé par Berizzo – et cherchait à notamment appuyer dans les airs avec un duo inédit devant, Richard Sánchez - Carlos González et des joueurs de couloir destinés à les approvisionner en ballon Santiago Arzamendia - Ángel Romero. Cela fonctionnait, la défense péruvienne étant parfois à la limite. Mais la Blanquirroja peut s’appuyer sur des certitudes, notamment le duo Carrillo – Lapadula. Le premier reste le joueur le plus déséquilibrant balle au pied (le seul ?), le second est une machine à but. Avec derrière eux un trio Tapia – Peña – Yotún qui fonctionne parfaitement, la fluidité péruvienne a fini par payer, Gianluca Lapadula s’offrant un doublé avant la fin du premier acte avant, tout en vice, de faire exclure Gómez. Devant à la pause, avec un homme en plus sur le pré, on pensait que le match était joué. Il n’en fut rien. D’abord car le Paraguay est toujours aussi redoutable sur coups de pied arrêté, Junior Alonso profitant d’une déviation de Carlos González pour égaliser. Le Pérou cherchait alors à avancer ses lignes, les Guaraníes s’en remettaient à quelques contres, notamment sur de longs ballons. Mais les espaces se créaient aussi et les hommes de Gareca allait parvenir à reprendre les devants sur une frappe de Yotún détournée par Rojas. Le coup de grâce pensait-on. C’était mal connaître ce séduisant Paraguay. André Carrillo exclu à son tour pour un deuxième jaune, l’égalité numérique de nouveau faite, les Guaraníes lâchaient leurs dernières forces dans la bataille et allaient nous offrir un final parfait, Gabriel Ávalos égalisant au bout du chronomètre. Le premier quart de toutes les folies se terminait aux tirs au but, après trois ratés paraguayens, Miguel Trauco pouvait envoyer les siens dans le dernier carré pour la quatrième fois en cinq Copas América.

Comme en 2019, mais un tour plus tôt, le Pérou va retrouver le pays hôte qui l’avait largement battu en phase de groupes. Un pays hôte grandissime favori qui avait sorti son armada européenne à l’occasion du quart face au Chili. Un pays hôte qui, pour la première fois, a véritablement vacillé toute la rencontre. Il y avait en effet déjà eu quelques signes face à la Colombie, mais face à une Roja aux idées bien précises et surtout parfaitement appliquée, le Brésil n’a guère pesé dans son match, totalement bousculé par les hommes de Martín Lasarte qui avaient décidé de confisquer le ballon et contraindre la Seleção à courir après. Dans les faits, le 3-5-2 chilien a parfaitement fonctionné, le premier acte était cependant pauvre en émotions, une percée d’Edu Vargas répondant à deux tentatives brésiliennes impliquant d’abord Neymar, ensuite Danilo. Mais tactiquement, le coup était parfait, les hommes de Tite rentrant aux vestiaires avec le plus petit total de passe effectuées de toute la compétition. Reste que ce Brésil est une machine d’efficacité : Tite venait à peine de lancer Lucas Paquetá au milieu en lieu et place d’un Firmino bien discret, le Lyonnais saisissait sa chance en ouvrant le score sur son premier ballon. On pensait alors que les beaux espoirs chiliens allaient s’écrouler mais Gabriel Jesus, déjà à côté de la plaque, était logiquement exclu pour une stupide agression sur Mena. Réduit à dix, le Brésil allait connaître la souffrance, sauvé par Ederson, les montants et le VAR qui annulait le but d’Edu Vargas pour un hors-jeu. La souffrance brésilienne se lisait jusque dans l’attitude corporelle d’un Tite qui s’en remettait à prier, mais sa Seleção est au-dessus des autres par son incroyable capacité à gérer ses trous d’air. Alors que le Chili terminait avec cinq attaquants, le Brésil résistait en maîtrisant de plus en plus le tempo de la rencontre, emmené par un Casemiro essentiel dans l’entrejeu et par un Neymar toujours aussi précieux quand il s’agit de conserver le ballon. Les minutes défilaient, les occasions se raréfiaient alors et Patricio Loustau pouvait libérer les tenants du titre qui s’imposent d’un rien et retrouveront donc le Pérou en demi-finale. Un Pérou qui serait bien inspiré de vouloir suivre le modèle chilien, celui de rester fidèle à ses idées et chercher à les imposer à une Seleção qui n’est pas si inébranlable que cela.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.