On connait désormais le dernier carré de la Copa América 2021. Après Brésil et Pérou, la deuxième partie du tableau a livré le nom des deux derniers qualifiés. Si l’Argentine a décroché sa place conformément à ce qui était attendu, la Colombie a signé un bel exploit.

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Si Tressor Moreno n’a pas trouvé son successeur, la Colombie se hisse dans le dernier carré comme en 2016 avec, pour la quatrième fois consécutive, un triste 0-0 en quarts de finale. Cuadrado, suspendu, Reinaldo Rueda a opté pour une solution assez surprenante avec Rafael Santos Borré dans le couloir droit et Luis Muriel aux côtés de Duván Zapata. Pas de surprise dans le onze du Maestro Tabárez avec l’équipe annoncée. S’il y avait eu du respect mutuel en conférence de presse avant le match, il s’est aussi vu sur le terrain. Le premier acte était terne entre deux équipes qui se craignaient plus qu’autre chose. Une seule occasion, pour la Colombie, juste avant la pause avec d’abord Zapata qui s’est heurté à Muslera puis Muriel qui a manqué la cible. Au retour des vestiaires les vingt-deux acteurs se sont bien plus animés. Luis Díaz a d’abord mis le feu dans la défense uruguayenne avant de voir son centre dégagé en catastrophe. Puis la Celeste a répondu avec notamment un tir fuyant de Nahitan Nández magnifiquement sorti par David Ospina. Malgré un Giorgian De Arrascaeta plutôt bien contrôlé par le duo Wilmar Barrios - Gustavo Cuéllar, malgré un duo Cavani – Suárez qui semblait usé et donc de grandes difficultés à générer du danger, l’Uruguay avait pris le contrôle face à une Colombie repliée qui jouait sur les contres, grâce notamment à la vitesse et la percussion d’un excellent Luis Díaz. Valverde et Nández tentaient ce qu’ils pouvaient pour fissurer le mur adverse, l’Uruguay dominait donc le premier quart d’heure du deuxième acte avant de s’éteindre quelque peu pour une fin de match sans grand relief, à peine animé par quelques contres cafeteros, Fernando Muslera sauvant par exemple du genou une tête rageuse de Duván. Si les deux équipes se sont bien plus approchées de la surface, elles ont manqué de tranchant dans le dernier geste et il a rapidement semblé impossible d’échapper à la séance de tirs au but. Pour sa cent-douzième sélection, record historique de la sélection, David Ospina a été le plus inspiré dans cet exercice. Comme un symbole puisque sa première sélection était en 2007, déjà contre la Celeste. Auteur de deux arrêts, devant José María Giménez et un Matías Viña qui a terminé en larmes, Ospina a donc permis à la Colombie de se qualifier en demi-finale pour la deuxième fois sur les trois dernières éditions et a surtout assumé son rôle de leader sous les yeux d’un Cuadrado bouillant en tribune. Le joueur de la Juventus sera de retour pour le prochain match, où il fêtera sa centième sélection, et il ne sera pas de trop puisque ce sera l’Argentine en face alors que depuis sa victoire de 2011, l’Uruguay n’arrive plus à franchir l’étape des quarts.

Des quarts que l’Argentine a donc franchis, non sans souffrir malgré une large victoire. On s’attendait au traditionnel vertige de début de match face à l’Équateur, il n’a pas été aussi grand que lors des précédentes sorties. Mieux, il semble que l’Argentine ait enfin appris à gérer le temps, contrôler le rythme d’un match. Face à une Tri équatorienne qui n’était pas décidée à garer le bus, les hommes de Scaloni ont montré qu’ils étaient les maîtres du jeu et auraient pu prendre le large avec un peu plus d’efficacité (neuf occasions en première période tout de même), variant plutôt bien le jeu entre longs ballons de Pezzella et Paredes pour chercher la profondeur d’un Lautaro, et combinaisons entre De Paul-Lo Celso et Messi, et profitant encore et toujours de la formidable capacité de percussion d’un essentiel Nico González. Cette domination, parfois contrariée par quelques situations adverses, la plus belle pour Enner Valencia dont la tête pas suffisamment frappée fuyait les pieds d’Alan Franco au deuxième poteau, était tout de même récompensée par un but, œuvre de Rodrigo De Paul sur un amour de passe de Lionel Messi. Alors une fois encore, l’Argentine a tout de même baissé de pied en seconde période, a dû mettre le bleu de chauffe par moment et a contraint Scaloni à apporter du sang frais au milieu pour s’éviter toute mauvaise surprise malgré finalement peu de véritables occasions pour l’Équateur. L’Argentine y parvient grâce à son astre, qui délivre une deuxième passe décisive pour permettre au Toro d’inscrire le but du break, avant de transformer un dernier coup franc. « Celui qui croit que l’on va gagner tous les matchs facilement se trompe. Plus que tout, en Copa América, n’importe laquelle des sélections peut rivaliser avec l’Europe, les matchs sont difficiles et celui qui croit que l’Argentine va tous les gagner 3-0 se trompe, les autres ne le font pas non plus » a ainsi déclaré le sélectionneur Lionel Scaloni en conférence de presse d’après-match. Le fait est que son Argentine, aussi perfectible soit-elle, continue d’avancer et mieux, de progresser dans sa façon de gérer les rencontres, n’en finissant plus d’être le principal rival du Brésil.

 

Avec Pierre Gerbeaud - Crédit photo : imago images/Agencia EFE

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.