Contrainte de finir la saison 2019 le plus rapidement possible, la Bolivie continue d’exiger un rythme totalement fou à ses équipes de première division. Quitte à entraîner quelques décisions douteuses…
Stade Hernando Siles de La Paz un après-midi de décembre. À la lutte pour le titre, Bolívar accueille le grand rival de son concurrent dans cette course au titre, Aurora. Dès les jours qui ont précédé le match, on se doutait que celui-ci ne serait pas un match comme les autres. À la lutte pour assurer sa survie, Aurora a en effet décidé de faire l’impasse sur ce match et ainsi permettre à son équipe première de mieux préparer le fol enchaînement qui l’attend cette semaine Real Potosí, sept points devant à la table cumulée, Always Ready et surtout Destroyers, la lanterne rouge. Alors tant pis si ce match à La Paz doit tourner au carnage, le président Jaime Cornejo, en accord avec son staff technique commandé par Julio César Baldivieso avait décidé d’envoyer des gamins, pour la plupart des U17. Mieux, histoire que la farce soit complète, onze joueurs seulement étaient inscrits sur la feuille de match, aucun remplaçant et dans ces onze, un gamin de 14 ans, Gabriel Montaño. Bilan, 5-0 à la pause, une parodie de football. Mais il était dit que l’on pousserait la farce encore plus loin. Car après les quinze minutes de repos, on ne voyait revenir sur le terrain que six joueurs côté Aurora. Impossible de poursuivre, le match était donc arrêté, la victoire donnée à Bolívar. Une victoire qui arrange bien La Academia, d’autant que dans le même temps, Wilstermann, le grand rival d’Aurora, était accroché par The Strongest, grand rival de Bolívar qui joue encore le titre également. De là à imaginer des choses pas très nettes (même si évidemment, sur le papier, Bolívar était largement favori), il n’y a qu’un pas, franchi par certains. Alors Jaime Cornejo s’est défendu, il a nié avoir reçu de l’argent pour balancer le match, a évoqué des craintes de suspension pour ses titulaires en cas de nouvel avertissement, des tensions dans l’équipes, etc. Quant au fait de ne voir sortir que six joueurs à la pause ? Huit d’entre eux avaient mangé des sandwiches avariés sur la route et étaient malade, cinq ne pouvaient décemment pas reprendre le match… Quoi qu’il en soit, question crédibilité, on repassera. Bolívar a d’ailleurs réagi, annonçant vouloir demander réparation afin que de tels décisions ne soient plus prises dans l’élite et a aussi décidé d’offrir l’entrée du prochain match à domicile aux supporters présents à l’Hernando Siles pour assister à cette parodie.
Alors donc pendant ce temps, The Strongest est resté en vie, en ramenant un point de Cochabamba. Les Atigrados de Mauricio Soria ont frappé les premiers, par une tête d’Harold Reina dès la troisième minute, ont été rapidement rejoints sur un coup franc de Serginho relâché par Vaca dans les pieds de Gilbert Álvarez qui pouvait ainsi souhaiter un joyeux anniversaire à sa maman, et ont ensuite dominé le premier acte sans pour autant parvenir à le concrétiser au score. Le match était plus ouvert mais aucune des deux équipes n’allait prendre le dessus au score, personne ne le méritant finalement plus que l’autre. Ce nul permet donc aux Tigres de rester en vie, à trois points de Wilstermann, à quatre de Bolívar, son grand rival et surtout futur adversaire ce jeudi pour un clásico paceño qui s’annonce passionnant.
Pour revenir à la situation en bas de tableau, la décision d’Aurora de sacrifier son match pourrait lui coûter cher. Car si Destroyers désormais dirigé par Victor Hugo Antelo a dû se contenter du partage des points face à Guabirá, l’un de ses anciens clubs, son autre ancien club, qu’il dirigeait il y a encore quelques semaines, Sport Boys, a fait la belle affaire du week-end en allant chercher la victoire dans les derniers instants à l’Estadio de Moreno face à un Royal Pari qui ne joue plus rien dans ce championnat. Conséquence, Sport Boys est passé devant Aurora et compte deux points d’avance. Et a donc désormais son destin entre ses mains.