Début des quadrangulaires, enfin, et sur le papier ce sont certainement les plus intéressantes depuis le retour de ce format avec notamment un groupe B qui va nous offrir des classiques du football colombien.
Après une phase régulière organisée comme d’habitude avec un calendrier infernal, quatorze journées entre le 14 juillet et le 8 novembre avec, en supplément, des matchs aller-retour de coupe au milieu, place donc aux quadrangulaires qui définiront le champion de ce deuxième semestre. Si elle ne sert pas à grand-chose dans la lutte pour le titre, cette phase régulière a quand même laissé deux enseignements qui resteront dans la l’histoire. Le premier est positif puisque Rionegro est devenu la première équipe invaincue sur une phase de « todos contra todos ». Le deuxième l’est nettement moins. Avec sept buts marqués sur les vingt matchs, Jaguares a battu le triste record de l’Unión Magdalena (datant de 2022) et est désormais la pire attaque de l’histoire de phase régulière. Pire, des sept buts inscrits, cinq l’ont été sur les cinq premières journées et le club de Monteria a donc trouvé le chemin des filets à deux reprises sur les quinze dernières journées. Indigne d’une équipe de première division, mais le système de relégation basé sur les trois dernières années lui permettra d’évoluer encore dans l’élite en 2024.
Place donc à la présentation de ses quadrangulaires avec une fois n’est pas coutume pas d’ordre alphabétique et honneur au groupe B tout d’abord, le groupe qui va déchaîner les passions.
La tête de série de ce groupe (et qui partira en tête puisqu’en cas d’égalité c’est le classement qui fait la différence) est le Deportivo Independiente Medellín. Les joueurs d’Alfred Arias n’ont perdu qu’un seul match du semestre, contre Santa Fe lors de la troisième journée. L’ancien entraineur de Peñarol a construit son équipe autour de quelques tauliers qui ont de la bouteille. On pourrait citer Jose Luis Chunga dans les buts, Daniel Torres au milieu et Luciano Pons devant. Une colonne vertébrale solide ça aide. Le DIM a pu aussi compter sur un facteur X ce semestre, Edwuin Cetré. Arrivé libre de Junior en janvier et auteur d’un premier semestre timide, son deuxième semestre a certainement été le meilleur de sa carrière. Impliqué sur un tiers des buts de son équipe, il est la meilleure arme offensive de son équipe. Parmi les hommes forts on pourrait aussi citer Jaime Alvarado, qui tient le milieu avec Daniel Torres et qui devrait être sollicité en décembre. Pourtant malgré ce semestre plus que satisfaisant difficile de voir le DIM comme véritable favori de ce groupe. Car son bilan comptable est flatteur au vu des prestations, à commencer par les deux victoires contre l’Atlético Nacional qui n’étaient pas forcément méritées.
Arrivé troisième, à deux points du deuxième, l’América a laissé passer l’opportunité de terminer deuxième lors de la dernière journée. La défaite concédée à la maison contre Bucaramanga, sa première depuis fin août, avec une équipe remaniée lui a donc enlevé une deuxième place qui lui tendait les bras. Presque à l’image de son semestre serait-on tenté de dire. Fin août après une défaite rocambolesque sur la pelouse de Junior (3-4 après avoir mené 3-0), la porte de sortie était proche pour Lucas González. La suite a été explosive avec un 3-0 passé au voisin, un 5-0 face à Boyacá Chicó et une nette victoire 4-1 face à l’Atlético Nacional. Même si le mois d’octobre a été en demi-teinte, on pensait cette équipe capable d’aller chercher la deuxième place. Comme toujours, c’est surtout grâce à sa force de frappe offensive que cette équipe fait mal : avec Adrián Ramos (sept buts), Edwin Cardona (cinq buts), Cristian Barrios (cinq buts), Andrés Sarmiento (cinq buts) pour ne citer qu’eux, le danger vient de partout. S’il a peu marqué, Darwin Quintero a régalé et a offert cinq passes décisives. Reste que la défense est un peu plus fragile, même si elle a su resserrer la vis en cours de route, avec presque un but encaissé de moyenne par match. La grosse incertitude est autour de Lucas González : en tête et séduisant avec Rionegro au premier semestre, il avait complètement raté ses quadrangulaires. À voir donc s’il a appris la leçon.
Classique contre le DIM ? Classique contre l’América ? Le troisième larron de ce groupe s’appelle l’Atlético Nacional. Le semestre a été très particulier pour le club de Medellín avec un conflit entre direction et supporters qui aura eu pour conséquence de nous offrir un stade vide pour la plupart de la saison, voire la totalité (seul le clásico a rempli le stade). Avec un peu plus de 16 000 spectateurs en moyenne (hors clásico), l’Atanasio Girardot a sonné creux au plus grand désespoir de la direction et des différents staffs. Une différence de presque 10 000 spectateurs par rapport au premier semestre. Est-ce une conséquence ? Les verdolagas ont offert un peu tout ou rien ce semestre, ses sept défaites en faisant l’équipe des huit qualifiés qui a concédé le plus de défaites. Autre conflit lié à la direction, la situation de Tomás Ángel. L’international espoir sera libre le 1er janvier et, comme il a refusé de prolonger, la direction l’a presque laissé de côté depuis septembre. En difficulté William Amaral a cédé sa place à John Jairo Bodmer, ancien entraîneur de Tigres et assistant de Luis Fernando Suárez avec le Costa Rica, mais les changements peinent à arriver. Malgré tout l’Atlético Nacional reste l’Atlético Nacional et le club a réussi à se qualifier pour la finale de la coupe. Nul doute que le club sera le poil à gratter de ce groupe avec notamment un homme qui arrivera en forme, l’international vénézuélien Eric Ramírez, auteur de six buts sur les deux derniers mois.
Enfin la dernière équipe qui complète ce groupe n’est ni plus ni moins que le champion en titre, Millonarios. Un champion qui reste tout de même sur un semestre de transition. Cortés parti, il y eu peu de folie offensive à se mettre sous la dent (plus mauvaise attaque de ces quadrangulaires) et il semble difficile d’imaginer les joueurs de Gamero sortir de ce groupe. L’objectif est ailleurs puisque le club embajador vise la coupe avec une finale qui nous offrira quatre affrontements contre l’Atlético Nacional en un mois (deux en coupe et deux en championnat avec une excellente programmation de la DIMAYOR puisque ni Montero ni Mier ne pourront jouer l’aller en Copa puisqu’ils seront en sélection). Les deux premiers ont lieu ce dimanche (à Medellín en championnat) et ce mercredi (à Bogotá en finale aller de la coupe). Pour le reste, l’objectif est presque atteint puisqu’Edgar Guerra et Beckham David Castro ont progressé ce semestre et se sont installés. Juan Pablo Vargas et Álvaro Montero ont prolongé. Depuis juillet la direction prépare la Libertadores 2024.
Après le groupe B, place donc au groupe A. Avec un épouvantail qui s’appelle Rionegro Águilas Doradas. Dans la continuité de Leonel Álvarez et de Lucas González, la direction est allée chercher César Farías. Décision polémique après son licenciement fort logique d’Aucas en raison de son comportement violent sur deux joueurs de Delfín. L’ancien sélectionneur de la Bolivie et du Venezuela marche dans les pas de ses prédécesseurs, offrant un savant mélange des deux avec le maintien d’une même pression offensive (trente-cinq buts contre trente-deux lors du premier semestre) et l’équilibre que l’on voyait dans l’équipe de Leonel Álvarez lui donnant le statut de meilleure défense du semestre (douze buts). Ancien joueur de Junior et du Vitória, Guillermo Celis a réussi à faire oublier Kevin Castaño parti à Cruz Azul ; autre arrivée, Danovis Banguero s’éclate et a retrouvé une deuxième jeunesse dans son couloir gauche ; meilleur buteur du championnat avec treize buts Marco Pérez est l’arme fatale du club ; exceptionnel avec cinq buts et huit passes décisives Jhon Fredy Salazar est dans la forme de sa vie. Bien que les compteurs soient remis à zéro tous les voyants sont au vert et Rionegro est bel et bien le favori de ce groupe. Ne pas terminer premier serait un immense échec et le premier déplacement sur la pelouse du Cali de Téo aura des airs de test majeur.
Le principal rival de Rionegro est indiscutablement le Deportes Tolima. Le nouveau grand du championnat est sur une dynamique exceptionnelle avec neuf victoires sur les dix derniers matchs (pour une défaite). Si on prend le classement depuis la dixième journée Tolima est d’ailleurs au-dessus de Rionegro. Cette dynamique a un nom, David González. L’ancien entraîneur du DIM est arrivé sur le banc mi-septembre et a fait des miracles. Très rapidement, il a imposé sa patte avec un changement tactique majeur, retour d’une défense à quatre et beaucoup de qualité technique avec les anciens de l’Atlético Nacional Juan Pablo Nieto et Yeison Guzmán, l’ancien de Millonarios Eduardo Sosa ou même Carlos Esparragoza et Jeison Lucumí. Tolima peut aussi compter sur un gardien exceptionnel en la personne de Neto Volpi. Passé notamment par le Japon, le portier brésilien fait des miracles et a été auteur de parades exceptionnelles. Très solide à la maison le Deportes Tolima s’est montré tout aussi fort hors de ses bases. Deuxième meilleure équipe à l’extérieur avec seize points (dont douze pris par le nouvel entraineur), ce facteur est loin d’être anecdotique et pourrait clairement marquer la différence.
Loin derrière ce duo, on retrouve Junior. Le club de Barranquilla navigue à vue et a fort logiquement renvoyé el Bolillo Gómez pour rappeler Arturo Reyes. L’ancien sélectionneur des espoirs a notamment pour mission de faire entrer un peu d’argent dans les caisses et de mettre en valeur les joyaux de la couronne. Malheureusement pour lui, son principal joyau n’appartient pas au club. Arrivé de prêt de Vancouver, Déiber Caicedo s’est imposé comme le principal danger offensif de son équipe. Plus que Carlos Bacca peut-être malgré ses huit buts, mais qui est très décrié pour son manque d’efficacité avec des grosses occasions manquées tout au long de ce semestre. Dans cette équipe Caicedo apporte des étincelles. Arrivé en même temps, José Enamorado était lui aussi bien parti, mais son corps ne l’a pas laissé tranquille. Finalement de retour, il pourrait être le pendant de Caicedo à gauche et créer un couloir de feu avec Gabriel Fuentes, revenu différent après son prêt en Espagne. Beaucoup trop d’incertitudes néanmoins pour espérer accrocher la première place.
Même chose pour le Deportivo Cali. Sa qualification est un parfait résumé de la saison : sur un but de Luis Sandoval qui a profité du caviar de Teófilo Gutiérrez dans le temps additionnel de la deuxième période du dernier match et a offert le point qui manquait. L’ancien de Junior a tout simplement fait le meilleur semestre de sa jeune carrière avec sept buts et deux passes décisives. Le déménagement de Barranquilla lui a fait le plus grand bien et lui a certainement permis de faire le ménage autour de lui. Pour rappel, el Bolillo Gómez n’en voulait plus à Junior pour des raisons d’indiscipline et de problème avec la boisson. Toujours suivi par une psychologue, son histoire est certainement la plus belle de ce semestre. Néanmoins difficile d’imaginer que ce sera suffisant pour le Deportivo Cali. Si le club est invaincu et reste l’une des meilleures équipes à la maison, il éprouve de grandes difficultés loin de ses bases, beaucoup plus que les trois équipes qui partageront son groupe en tout cas.