Coup d’envoi de la Liga BetPlay 2022 ce soir avec deux affiches au programme d’une première journée qui s’étale sur quatre jours. Format, recrues phare, voici la cuvée 2022.
On commence par le format et, c’est assez rare pour le souligner, il n’y a pas de changement avec le tournoi précédent : on repart donc sur vingt journées par semestre suivies des quadrangulaires avec le premier de chaque groupe qualifié pour la finale. Année de Coupe du monde oblige, le deuxième semestre se terminera autour du 10 novembre. Comme d’habitude la quantité prend le dessus sur la qualité. Si on fait le calcul entre le 20 janvier et le 10 novembre on aura donc en tout cinquante-six journées (vingt de phase régulière + six journées de quadrangulaires + finale aller et finale retour pour chaque semestre) avec au milieu des élections présidentielles (on ne joue pas le week-end du premier tour ni celui du second tour) et la Copa América femenina. La « trêve » entre les deux semestres ne dépassera pas les cinq jours pour les deux finalistes. Les présidents des clubs qui ont validé ce format pensent toujours autant à la santé de leurs joueurs. Et si initialement le retour aux trois changements était prévu, ils ont finalement opté pour un maintien des cinq changements. Alléluia.
Sur le terrain, si Quindio et Huila sont repartis à l’étage inférieur aussi vite qu’ils étaient montés, un seul semestre dans l’élite, les promus se nomment Cortuluá et donc l’Unión Magdalena. L’ascension du club de Santa Marta a été validée et évidemment le fait que deux joueurs de Llaneros ont signé à l’Unión n’est qu’une coïncidence (lire Colombie : après la honte). Les deux promus devront batailler toute l’année pour se maintenir. Un temps envisagé, le système de points (comme en L1 par exemple) a été écarté et le promedio (moyenne de points pris par match sur cinq tournois) a été conservé.
Trois favoris, deux outsiders
Bien loin de ces inquiétudes, trois favoris se dégagent au moment de débuter cette saison. Trois équipes qui ont frappé fort sur le marché des transferts.
L’Atlético Nacional a fait revenir de vieilles connaissances. Vainqueur de la Libertadores en 2016, Alex Mejía vient renforcer le milieu après un passage express à Santa Fe. Il retrouvera un joueur de retour au pays après une expérience ratée au Mexique, Jhon Duque. Mais le retour, surprise, est celui de Giovanni Moreno. Resté au club deux ans et demi avant de prendre la direction de l’Argentine puis de la Chine, l’ancien international colombien sera certainement le joueur le plus attendu. Pour compléter ce mercato, le club a pris deux joueurs confirmés du championnat. Daniel Mantilla, joueur polyvalent (il a joué en faux neuf et sur un côté avec La Equidad) et le néo-international Álvaro Angulo, latéral gauche le plus régulier de l’année dernière, auront l’occasion de franchir un palier. Le club de le plus titré de Colombie s’est renforcé et visera un titre qui lui échappe depuis 2017, une éternité, mais devra aussi affronter un semestre qui commence sous tension. Des banderoles au centre d’entrainement et dans la ville ont visé le portier Aldair Quintana à tel point que le club a organisé une conférence de presse avec la majorité de l’effectif et du staff pour voler au secours de son gardien. S’il sera bien le numéro un, ses premiers matchs seront cruciaux, on pense notamment au clásico contre Millos qui viendra rapidement (dès la troisième journée).
Le deuxième favori est Junior. Le club de Barranquilla a cassé sa tirelire et a changé presque tout son secteur offensif. Miguel Borja a été transféré définitivement. Un des meilleurs buteurs la saison passée, Fernando Uribe a lui aussi rejoint le club. S’il n’a pas prolongé avec Millonarios, c’est aussi parce que Junior lui proposait un salaire bien plus important. Champion avec Tolima lors du premier semestre Omar Albornoz sera chargé de dynamiter son couloir. Enfin Yesús Cabrera fera lui aussi partie de l’armada offensive. Au milieu Daniel Giraldo arrive lui aussi libre après la fin de son contrat avec Millonarios. L’homme qui sera chargé d’orchestrer tout ça connait les joies d’un titre de champion. Sans club depuis son départ de l’América, Juan Cruz Real est de retour. Le coach argentin a d’ailleurs pioché dans son staff à Cali puisque Bastien Rodriguez a rejoint la côte caraïbe. La seule ombre au tableau vient des tribunes. Malgré ce recrutement attrayant moins de mille abonnements se sont vendus et le Metropolitano devrait sonner bien creux encore une fois cette année.
Enfin le Deportes Tolima s’est lui aussi armé pour rééditer la performance de la saison passée avec un titre. Titre qui lui a offert un billet direct pour la Libertadores. Dans les buts malgré les bonnes performances de William Cuesta, l’international équatorien, Alexander Domínguez, sera le numéro un. Longtemps annoncé à l’América, Michael Rangel a finalement pris la direction du club d’Ibagué. Champion en titre avec le Deportivo Cali, Juan Camilo Angulo a lui aussi rejoint le club. Enfin gros arrivage de joueurs ou ex joueurs de l’Atlético Nacional puisque Brayan Rovira, Jonathan Marulanda et Andrés Ibargüen feront partie de l’aventure. Un vrai plus dans toutes les lignes. De bon augure pour le nouveau grand du football colombien qui a réussi à garder la plupart de ses titulaires. Si la marche de la Libertadores devrait être trop haute, celle du championnat est à sa portée. Le club visera un quatrième titre histoire d’assumer encore un peu plus son nouveau statut.
Derrière ces trois favoris on retrouve deux outsiders, deux historiques, le Deportivo Cali et Millonarios. Le Deportivo Cali, champion en titre, s’est très peu renforcé. Deux arrivées marquantes, la première vient de MLS, Santiago Mosquera, la deuxième vient du Chili, Sebastián Leyton vivra sa première expérience à l’étranger. Joueur formé à la U et qui a connu Sampaoli, il aura la lourde tâche de faire oublier Jhojan Valencia, révélation du semestre précédent et qui a rejoint la MLS. Grosse perte donc et ce n’est pas terminé puisque son compère au milieu, Andrés Colorado, n’est pas certain de rester. L’effectif du champion a donc peu bougé et semble léger à l’heure actuelle pour lutter sur tous les tableaux. À Rafael Dudamel de faire des miracles. Effectif très léger également pour Alberto Gamero et Millonarios. Ça a grondé dans la capitale. À un peu plus d’un mois d’un tour préliminaire de Libertadores contre Fluminense qui sera vital sur la plan financier, les renforts demandés ne sont pas là. En pointe, Diego Herazo remplacera Uribe mais la grosse recrue de l’intersaison se nomme Álvaro Montero. En conflit avec le Deportes Tolima, il est arrivé libre et fera du bien à un poste où personne ne s’est imposé depuis que Gamero est en place. Pour le reste des bons joueurs au niveau local mais pas de quoi inciter à l’optimisme. Si comme on peut le penser la Libertadores s’arrêtera très vite, le club a de quoi se mêler à la course pour le titre. Un titre qui le fuit depuis 2017.
Et quelques curiosités
Enfin, deux attractions de ce semestre avec Santa Fe et l’América. Le club cardinale a changé de coach avec l’arrivée d’une connaissance de la Ligue 1, Martín Cardetti. L’ancien joueur du PSG a fait du bon travail avec le Bogotá FC et le voir dans un club où la pression est bien plus forte sera sans aucun doute une des curiosités de l’année. Après une année 2021 complètement ratée avec en point d’orgue le match grotesque perdu contre River Plate, le moins que l’on puisse dire est que le ménage a été fait. Une quinzaine de départ et presque autant d’arrivées, tout l’effectif a changé. Si l’on peut légitimement penser à un retard à l’allumage le temps que la mayonnaise prenne, au vu des recrues (Mathias Mier, Wilson Morelo, Wilfried de la Rosa pour ne citer qu’eux), Santa Fe a des atouts pour surprendre. Surtout qu’il sera dispensé de tournoi continental.
Reste donc l’América. Partira ? Partira pas ? Juan Carlos Osorio a finalement été maintenu en poste, ce qui est loin de faire plaisir aux supporters, alors qu’il est impossible de savoir à quoi va ressembler son équipe. Si pour le moment l’effectif a surtout bougé dans le sens des départs (les caisses sont vides comme à Millonarios), les arrivées se font attendre. L’expérimenté Jhon García prendra place en défense centrale et Juan Camilo Portilla qui a montré de belles choses avec l’Alianza Petrolera pourrait exploser. En attaque Daniel Mosquera et Esneyder Mena sont les nouvelles têtes et le club pourrait ne pas s’arrêter là. Sur un fil, son América n’aura pas le droit à l’erreur et un mauvais départ lui serait fatal. Notamment en Sudamericana où une élimination avant la phase de groupes ferait grogner sa direction.