On s’était réjoui du vent de fraîcheur qui semblait souffler sur la phase à élimination directe de la Libertadores. À l’issue des quarts de finale aller, le temps du retour à la réalité est venu.

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Avec seulement trois clubs brésiliens rescapés, on aurait pu croire que la Libertadores 2023 parviendrait à nous épargner un final sous forme de Coupe du Brésil. Malheureusement pour ceux qui l’espéraient, les rencontres aller laissent surtout augurer d’une trois sur quatre dans le dernier carré. Tout a commencé par le déplacement de l’Internacional à La Paz pour y affronter un Bolívar auteur d’une superbe campagne et qui rêve d’une troisième demi-finale dans son histoire. Consciente qu’il faudrait faire la différence lors du match aller, La Academia est finalement tombée de haut, parfaitement contrôlée par un Colorado à l’implacable stratégie. El Chacho Coudet avait averti qu’il modifierait ses intentions en s’adaptant à l’altitude, son Inter a donc fermé tout accès aux cages et s’est reposé sur la capacité à Enner Valencia et Alan Patrick d’utiliser les espaces dans la défense adverse, posant un milieu à trois destiné à priver tout espace aux Boliviens et surtout, ne cherchant pas à presser son adversaire, mais plutôt le contraindre à passer sur les côtés. Bolívar a donc accumulé les centres – qui ont rarement trouvé preneur – et les frappes mi-distance, pendant que l’Inter a donc exploité la moindre faille. Sur la première, Valencia s’échappait et ouvrait la marque, assommant l’Hernando Siles. La suite n’était donc qu’une longue domination des locaux face à un bloc bas mais ni Chico Da Costa, ni Ronnie Fernández ne sont parvenus à tromper un Sergio Rochet toujours aussi parfait sur sa ligne. Conséquence, l’Inter rentre à Porto Alegre avec une victoire en terres boliviennes, Bolívar se voit donc contraint à l’exploit : La Academia a perdu treize de ses quinze déplacements au Brésil (une seule victoire) et n’a inscrit que huit buts pour cinquante encaissés…

L’Inter a donc ouvert la voie, Palmeiras et Fluminense n’ont fait que suivre. Opposé au Deportivo Pereira, le Verdão a récité une partition parfaitement écrite, récupérant rapidement les ballons et exploitant les largesses adverses. Et a tué le match en dix minutes en milieu de premier acte : un penalty de Raphael Veiga à la 23e, deux buts construits sur un pressing haut et des combinaisons parfaites dans la surface adverse et cela faisait donc 3-0 à dix minutes de la pause, la sanction ayant pu être bien plus large. Si Pereira a tenté de réagir en seconde période, il y avait un monde d’écart entre les deux équipes et le quatrième but, œuvre de Rony, scellait un suspense qui n’existait déjà plus. 4-0 en déplacement à l’aller, Palmeiras est déjà en demi-finale avant même le retour, il semble de plus en plus taillé pour aller chercher un titre qui ne lui a jamais autant semblé promis. L’opposition, Fluminense n’en a pas vraiment connue non plus. Après le miracle face à Flamengo, Olimpia est retourné au Maracanã avec une intention claire : défendre. Conséquence, les vagues n’ont cessé de s’abattre sur les buts de Juan Espínola qui a longtemps repoussé l’inéluctable. André a ouvert la marque en fin de premier acte, l’inévitable Germán Cano a doublé la mise peu avant l’heure de jeu et le Flu de Diniz a donc filé vers une victoire tranquille, bien aidé par la stratégie frileuse d’un Chiqui Arce qui n’avait semble-t-il pas grandes intentions pour prendre son destin en main. Le Decano doit donc désormais remonter deux buts de retard à la maison et s’exposera aux contres du Flu. La mission parait ainsi bien délicate.

Restait donc une rencontre garantie sans club brésilien. Elle ne fut pas la plus spectaculaire. À la Bombonera, Jorge Almirón a quelque peu surpris son monde avec un onze étrange au sein duquel Valentín Barco se retrouvait devant pour accompagner Edinson Cavani et Boca alignait une ligne de cinq défenseurs alors que Gago avait prévu de défendre pour jouer le nul, voire un hold-up sur un malentendu. Conséquence, certes Boca a dominé, a souvent appuyé dans le couloir gauche, Racing n’a rien proposé, n’a jamais rien cherché à tenter, se contentant d’attendre et de jouer le 0-0, et il y est parvenu. Souvent par la faute des offensifs xeneizes, trop maladroits, ensuite par des choix d’Almirón, certains dictés, comme la sortie de Barco sur blessure, d’autres voulus comme le fait d’empiler ensuite des offensifs, oubliant que la base pour qu’un attaquant s’exprime est de lui permettre d’avoir des ballons via les milieux. Il n’y a donc pas eu de vainqueur dans le match sans club brésilien, tout se jouera à Avellaneda où l’on espère voir deux équipes décidées à jouer au football, histoire que le football de clubs argentin puisse enfin montrer un visage plus positif.

 

 

Photo : RAUL ARBOLEDA/AFP via Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.