À peine la période des transferts terminée, le championnat péruvien a déjà commencé. Cette année, vingt clubs se disputeront le titre de l'Apertura, du Clausura puis le titre suprême de champion du Pérou. Présentation de la saison 2020.

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Format

Le championnat péruvien se joue sur une année civile de février à décembre et se divise en deux tournois au format « tous contre tous », l'Apertura qui représente la phase aller et le Clausura, la phase retour. À la fin de chaque tournoi, le club à la première place du classement sera champion et gagnera une place pour les play-offs. Ce dernier mini tournoi s'articule en deux demi-finales puis une finale pour désigner le champion national. Les champions de l'Apertura et du Clausura seront accompagnés des deux clubs les mieux classés à la table générale (somme des deux tournois). Cependant, si un club remporte l’Apertura et le Clausura, il sera automatiquement champion national sans passer par les play-offs. Le dernier exemple en date étant l'Alianza Lima qui avait remporté les deux tournois en 2017. La particularité de cette année est qu'il y aura vingt clubs engagés en première division (contre dix-huit en 2019 et seize en 2018).

Les prétendants au titre

binacionalDeportivo Binacional

Ville : Desaguadero / Juliaca

Surnom : el Podero del Sur

Le champion sortant. Depuis 2017, ce club impressionne par son ascension fulgurante : Vainqueur de la Copa Perú 2017, qualification en Sudamericana 2018, champion de Liga 1 2019. En 2020, ce club situé à la frontière entre le Pérou et la Bolivie à la particularité d'évoluer dans un stade perché à presque 4000 mètres d'altitude. Fondé en 2010 par une association de mototaxis qui transportait des marchandises entre les deux pays, le Binacional disputera la Libertadores pour la première fois de son histoire dix ans après sa création. Le Poderoso del Sur se frottera à River Plate (finaliste 2019), São Paulo (triple vainqueur de la compétition) et la LDU de Quito (vice-champion d'Équateur).

Si l'altitude est évidemment son meilleur allié, l’équipe compte dans ses rangs des joueurs redoutables comme le jeune milieu Andy Polar, le solide défenseur Jeikson Reyes et l'attaquant Aldair Rodríguez. Cette année, le champion a réussi à chiper à l'Alianza Lima Reimond Manco, auteur d'une très bonne saison avec Sport Boys, mais aussi des jeunes promesses comme Mauricio Matzuda (Alianza Lima) et Anthony Osorio (Universitario). Binacional peut, à n'en pas douter, aller chercher son deuxième titre national de son histoire.

cristalSporting Cristal

Ville : Lima

Surnom : los Celestes, los cerveceros

Si le Sporting Cristal a été un des clubs les plus réguliers la saison dernière, il n'a en revanche rien gagné et a beaucoup déçu pour un club aux ambitions débordantes. La longue blessure d'Emmanuel Herrera (plus de six mois) a sans doute pesée dans la balance. En 2020, les Celestes pourront compter sur leur buteur argentin et devront au moins remporter l’un des deux tournois si ce n'est le titre de champion national pour ne pas décevoir une nouvelle fois leurs supporters habitués aux titres (champion en 2012, 2014, 2016 et 2018). Le Sporting Cristal est sans doute le club le plus sain financièrement, le mieux géré avec un projet sur le long terme et le mieux structuré du Pérou. Son centre de formation est l'un des plus performant et ses jeunes sont régulièrement convoqués en sélection U18, U20 ou encore U23 lors de tournois internationaux. Cristal fait confiance aux jeunes et cela se ressent évidement en équipe première avec plusieurs éléments devenus incontournables comme Jesús Pretell (cat. 99), Martín Távara (cat. 99) et encore Gianfranco Chávez (cat. 98). Ces jeunes sont très bien encadrés par le capitaine uruguayen Jorge Cazulo, cador du football péruvien.

alianzalimaAlianza Lima

Ville : Lima

Surnom : los intimos, los grones

Le club du peuple. Champion en 2017, l'Alianza échoue en finale contre le Sporting Cristal en 2018 puis contre le Binacional en 2019. Alors pour 2020, le club de la Victoria se renforce avec des grands noms : Josepmir Ballón, Alberto Rodríguez et Carlos Ascues sont les trois internationaux péruviens en quête d'exposition pour faire partie des vingt-trois convoqués à la Copa America. Deux joueurs frissons mais au caractère quelque peu difficile rejoignent le club : Jean Deza (passé par Montpelier en Ligue 1) et Alexis Gómez (ex-Univeristario). Le technicien Pablo Bengoechea aura la lourde tâche de les canaliser. Côté départ, le gardien de la sélection Pedro Gallese s'est envolé en MLS et c'est l'excellent Steven Rivadeynera (ex-Deportivo Municipal) qui prendra place dans les cages. Le cadre Luis Ramírez a rejoint Sport Boys et Wilder Cartagena a signé en Argentine dans le club Godoy Cruz. Lors de la présentation de l'équipe en début d'année, les hinchas ont eu la bonne surprise de retrouver Luis Aguiar, artisan du titre en 2017. Les ingrédients sont réunis pour réaliser une belle saison mais attention à bien respecter la recette car certains éléments pourraient vite devenir indigestes.

universitarioUniversitario

Ville : Lima

Surnom : La U, los cremas

Club le plus titré et sans doute le plus populaire du pays avec son grand rival de l'Alianza Lima, la U court toujours derrière un titre depuis 2013. Si en 2018, le club s'est sauvé in-extremis de la relégation, en 2019 le club est monté petit à petit en puissance jusqu'à une belle deuxième place au Clausura et la perspective d'une année 2020 prometteuse. Un entraîneur de renom a pris commande en début d'année, l'Uruguayen Gregorio Pérez, qui avait mené Peñarol à la gloire dans les années quatre-vingt-dix. Comme chaque année, la U est armée pour conquérir le titre alors on a encore envie d'y croire. Un gardien d’expérience, Jose Carvallo, un international péruvien, Aldo Corzo, une jeune promesse, Paulo De La Cruz, un attaquant tueur Alejandro Hohberg et l'un des meilleurs joueurs panaméen, Alberto Quintero seront chargés de redorer le blason crema. Un renfort de poids est arrivé lors du dernier mercato en la personne de Donald Millán, le milieu colombien qui a mené Binacional au titre la saison dernière.

Les Outsiders

MelgarMelgar

Ville : Arequipa

Surnom: el Dominó, los rojinegros

Fondé en 1915, Melgar est un club historique du paysage footballistique péruvien. Il est l'un des rares clubs de province à avoir remporté le championnat (en 1981 puis en 2015) et reste chaque année un outsider voire même un favori au titre. Malheureusement, la perte de leur buteur Bernardo Cuesta (27 buts en 2019) va leur coûter cher cette année, même si le Dominó peut toujours compter sur une équipe qui reste tout de même de qualité. On pense notamment au gardien Carlos Cáceda, numéro deux de la sélection, Alexis Arias (24 ans) qui monte en puissance au fil des saisons et encore Irven Ávila, redoutable attaquant, meilleur buteur du championnat en 2017 sous les couleurs du Sporting Cristal. Assez pour jouer les trouble-fête ?

cuscoCusco FC

Ville : Cusco

Surnom : ?

Fondé en 2009 sous la dénomination « Real Garcilaso » le club de Cusco a décidé de changer de nom pour être plus proche de la ville impériale. C'est ainsi que fin 2019 apparu le Cusco Fútbol Club avec un nouveau maillot et un nouveau logo. Pour de nouvelles ambitions ? La direction a fait venir Javier Arce au poste d'entraineur, le stratège qui avait remporté l'Apertura la saison dernière avec Binacional. Avec une altitude de plus de 3000 mètres, Cusco FC pourra prendre exemple sur le champion 2019 pour tenter de conquérir le Pérou et nous réserver quelques surprises.

ucvUniversidad César Vallejo

Ville : Trujillo

Surnom : los Poetas

La Vallejo, pour les intimes, est la propriété du sulfureux Cesar Acuña, homme d'affaires et politicien en course à la présidentielle. Comme son président, UCV a des ambitions de titres mais malheureusement les résultats ne sont pas au rendez-vous. En 2020 le club signe trois joueurs de Universitario : le gardien Patrick Zubczuk, le défenseur international Christian Ramos et le latéral Jersson Vásquez mais aussi le très bon José Manzaneda en provenance de l'Alianza Lima.

La lutte pour le maintien

cantolaoAcademia Cantolao

Ville : Callao

Surnom : el Delfin

Le club formateur de Claudio Pizarro, Yoshimar Yotún, Carlos Zambrano et Reimond Manco. Cette année, la pépite du club s'appelle Yuriel Celi (cat. 02), milieu de terrain, capitaine des U17 et déjà incontournable en sélection U23.

ahuanucoAlianza Universidad

Ville : Huanuco

Surnom : los Azulgranas

Le club de Huanuco a réussi à se maintenir en 2019 en terminant à une jolie douzième place notamment grâce à un excellent Jack Durán. Cette année, le club jouera sa troisième saison dans l'élite après 1991 et 2019 avec l'objectif d’y rester.

ayacuchoAyacucho FC

Ville : Ayacucho

Surnom : los Zorros

Autrefois connu sous le nom d’Inti Gas, le club change de nom en 2015 pour être associé à la ville d'Ayacucho. Englué dans le ventre mou du championnat depuis plusieurs saisons, Ayacucho FC a le mérite de n'avoir jamais connu la deuxième division depuis 2008, date de sa fondation. En 2020, les Zorros pourront compter une nouvelle fois sur leur attaquant vétéran mais toujours aussi efficace, Mauricio Montes.

manucciCarlos A. Mannucci

Ville : Trujillo

Surnom : los Carlistas, la Tricolor

Le club historique de Trujillo, ville du printemps éternel, dispose d'une équipe solidement armée pour jouer le haut du tableau. Manuel Heredia a été élu meilleur gardien du championnat la saison passée. L'attaquant Osnar Noronha a été auteur de prestations de haut vol et le club a signé le jeune attaquant du Pirata FC, Luis Acuy (cat. 98) appelé régulièrement en sélection U20.

municipalDeportivo Municipal

Ville : Lima

Surnom : Muni, los Ediles

Le club historique de Lima qui a lancé la légende Hugo Sotil en 1968. La saison dernière fut un véritable cauchemar pour les hommes du coach Chino Rivera qui se sont sauvés de la relégation dans les dernières journées. Cette année s'annonce aussi compliquée car les Ediles ont déjà perdu leur meilleur élément pendant le mercato avec le départ du gardien Steven Rivadeneyra pour l'Alianza Lima.

sbaSport Boys

Ville : Callao

Surnom : los Rosados, la Misilera

Considéré comme le quatrième club historique du Pérou derrière Alianza Lima, Sporting Cristal et Universitario. Les rosados sortent d'une saison compliquée et restent en première division grâce à une fin de championnat complètement folle ponctué d'une belle série de victoire. On se rappelle des larmes de Reimond Manco tombant dans les bras de Ricardo « Aguita » lors de la dernière journée. Malheureusement, Manco est parti chez le champion Binacional mais les Boys comptent deux renforts d’expérience avec Luis Ramírez (Alianza Lima) et Adrián Zela (Municipal). Deux joueurs au caractère bien trempé qui se battront pour rester dans l'élite.

huancayoSport Huancayo

Ville : Huancayo

Surnom : el Rojo Matador

Le club de Huancayo évolue également en altitude, son stade Huancayo, situé à 3259 mètres, est étouffant pour les visiteurs et devient un réel atout pour les locaux. Mais l'altitude ne fait pas tout, son trident offensif composé de Carlos Neumann, Marcos Lliuya et Marcio Valverde est toujours aussi redoutable. On notera aussi l'arrivée du défenseur ivoirien et ancien de Bastia Hervé Kambou en provenance du Binacional.

univsanmartinUniversidad San Martín

Ville : Lima

Surnom : los Santos

San Martín fait partie des équipes qui ont échappé à la relégation en fin de saison dernière. Une équipe composée essentiellement de jeunes issus de leur centre de formation ou prêté par d'autres plus gros clubs. Le gardien d’expérience Diego Penny a réussi à maintenir le club maintes et maintes fois sur l'eau et sera présent pour 2020. Il est rejoint par le défenseur de la U, Werner Schuler pour mettre de l'ordre dans les vestiaires. Les Santos enregistrent également l'arrivé d'un attaquant ivoirien, Mohamed Karamoko (18 ans) qui voudra suivre les pas de Aké Loba, l'Ivoirien qui avait régalé les supporters en 2018 avant de s'envoler au Mexique. Il évolue maintenant aux Rayados de Monterrey ; actuel champion de LigaMX. On souhaite à Karamoko le même destin.

utcUTC Cajamarca

Ville : Cajamarca

Surnom : El Gavilán

L'UTC n'a pas réussi à accrocher une place en coupe continentale cette saison et pourra se focaliser pleinement sur le championnat. Cependant la perte de leur meilleur élément, Jean Deza (Alianza Lima) se fera sans doute sentir.

Les promus

ciencianoCienciano

Ville : Cusco

Surnom: el Papá

Le retour du Papá ! Le club de Cusco revient en Liga 1 après avoir passé quatre saisons dans le purgatoire. Évidemment, beaucoup d'attentes sont placées dans le seul club péruvien à avoir remporté un titre international (Sudamericana contre River Plate la en 2003). Leur recrue phare cette année est l'entraîneur Marcelo Grioni qui avait fait une belle campagne avec Sport Huancayo. On espère que le Papá sera la sensation de cette année !

grauAtlético Grau

Ville : Piura

Surnom : los Albos, los Heroicos

Un autre club historique accompagnera Cienciano en première division. Il s'agit de l'Atlético Grau de la ville du Piura qui a remporté la Copa Bicentenario 2019 puis la Supercopa 2019 contre le champion de première division, Binacional. Cette ascension fulgurante c'est aussi en parti grâce à une gestion saine de deux frères, les hermanos Rios qui ont pris les commandes du club alors qu'il était englué en divisions amateurs.

carlossteinFC Carlos Stein

Ville : Lambayeque

Surnom : los Carlistas

Si le Pirata FC a malheureusement dû faire face à toute la difficulté de disputer une saison dans l'élite la saison dernière, son grand rival FC Carlos Stein, de la région de Lambayeque au nord du Pérou, a réussi à remporter la Copa Perú 2019 pour se hisser en première division pour la première fois de son histoire. Aura-t-il plus de chance ? Tout reste à faire mais il est très difficile pour un club amateur de devenir professionnel d'un jour à l'autre avec toutes les responsabilités que cela implique (obligation d'avoir une équipe féminine, différentes catégories d'équipes de jeunes, des infrastructures homologuées par la fédération, etc...).

llacuabambaDeportivo Llacuabamba

Ville : Llacuabamba

Surnom : los Mineros

Si vous voulez vous rendre à Llacuabamba depuis Lima, vous devez prendre un avion jusqu'à Trujillo puis un bus pour une bonne quinzaine d'heures pour enfin arriver dans cette communauté minière. Alors comment un club aussi paumé se retrouve en première division péruvienne aux côtés des gros Alianza, Cristal et Universitario ? Une seule réponse : l'or. Le club est financé par ce précieux minéral (le Pérou est le sixième producteur d'or du monde en 2019). Le président du club Hernan Saavedra a récemment déclaré « si le prix de l'or ne baisse pas, on jouera la Libertadores ». Mais pour le moment, le principal projet est la rénovation du stade communal pour le passer de cinq-cents places à huit mille et le mettre aux normes de la fédération pour pouvoir y jouer en première division. En attendant, le club jouera de local dans le stade Héroes de San Ramón à Cajamarca à une petite dizaine d'heures de bus. Côté équipe, on retrouvera Javier Trauco, le cousin du Stéphanois Miguel Trauco.

Romain Lambert
Romain Lambert
Parisien expatrié sur les terres Inca, père d’une petite franco-péruvienne, je me passionne pour le football de Lima à Arequipa en passant par Cusco. Ma plus forte expérience footballistique a été de vivre le retour de la Blanquirroja à une coupe du monde après 36 ans d’absence.