Victoire dans la difficulté des deux grands ce week-end, les Wanderers explosent le River de JR Carrasco en crise, le Defensor gagne son « clàsico » contre le Danubio. Récit d’une fin de semaine printanière en Uruguay où on a aussi parlé de vestiaire trop petit, d’affrontement en dehors du stade, et de la sélection.

Peñarol 2 – 1 Fénix

Le football est parfois une loterie qui peut te faire perdre ou gagner sur un rien, sur une virgule dans l’histoire. Je ne parle pas de loto sportif, mais des acteurs même. Je pourrais vous écrire aujourd’hui sur la fin de l’ère Bengoechea, sur l’insupportable nonchalance des leaders de l’équipe, Diego Forlan et Marcelo Zalayeta. Et ce n’est pas que de la science-fiction, c’est ce que je vous aurais écrit si le match s’était arrêté à la 70ème par exemple. On parlerait du retour de Diego Aguirre, du début d’une révolution... Mais tout cela n’est pas, car dans l’ambiance feutrée d’un Franzini à huis-clos, le Peñarol a eu un sursaut d’orgueil qui fait que tout le monde va pouvoir travailler normalement cette semaine, comme si de rien n’avait pu être.

Tout avait pourtant mal commencé. Peñarol accueillait le Fénix au Franzini, beaucoup moins cher à louer que le Centenario quand on est à huis-clos. Sauf que le Defensor, propriétaire habituel du stade, n’a pas laissé la clef du vestiaire des locaux au Peñarol, ne leur fournissant que les anciens vestiaires des arbitres, prévu pour quatre personnes. On a donc vu les joueurs s’habiller et se chausser dans les coursives du stade. Du coup, Peñarol ne veut pas payer les 5 000$ de location du stade au Defensor… Conflit en vue, et préparation pas idéale. Le Fénix arrivait lui beaucoup plus relâché, en étant en tête du championnat après trois premiers matchs convaincants dont deux victoires contre le Racing et contre River. A noter que le match a commencé par une minute d’applaudissement, ce qui est toujours une bonne idée lors d’un match sans public…

Je vous parle de ces détails parce que le jeu a été d’une pauvreté rare, et que, de toute façon, je n’ai pas grand-chose à vous en dire. Côté Peñarol, le jeu était organisé en 4-4-2 avec un milieu droit plutôt défensif, Viega, et un milieu gauche plutôt offensif, Forlan, ce qui donnait souvent plutôt un 4-3-3. Côté Fénix, 4-4-2 plus classique avec Cavallini en pointe et Maxi Perez juste derrière. Mais les deux hommes forts du début de match sont Raul « el Tito » Ferro côté Fénix et Luis Aguiar côté Peñarol, deux milieux au profit défensif. Très peu de construction, les équipes se projettent, mais très lentement, vers le but adverse, comme si elles avaient peur. Les carboneros nous ont habitués à cela depuis le début de l’année, mais pas Fénix. Ces derniers ont eu les meilleures situations mais n’ont pas su monter plus rapidement sur le terrain. Schettino a été étrangement absent sur son côté, alors qu’il sait dynamiter une défense à lui seul. La seule occasion de la première période est à mettre au profit de Ferro sur un coup franc rapidement joué. Seul à dix mètres du but, il met la balle largement au-dessus. La deuxième mi-temps commence comme la première, jusqu’à la 70ème minute. C’est le moment que Peñarol choisit pour accélérer, aidé en cela par son entraineur, qui sort Viega et Zalayeta pour les remplacer par Albaracin et Palacios. Le premier à marquer sera Fénix, sur un penalty suite à une main de Sandoval, jugement sévère mais qu’il est difficile de juger même au ralenti. Transformé par Maxi Perez. Mais en 8 minutes, Peñarol change le cours du match. Tout d’abord, Aguiar offre un caviar à Ifran qui reprend de volé pour l’égalisation, très joli but. Et à la 87ème, Luque accélère sur le côté gauche, sur 40 mètres, grand pont sur Ferro, passe pour Palacios qui frappe et marque. Bengoechea, comme son président en tribune, hurle de satisfaction. Peñarol gagne 2-1.

Côté Aurinegro, les satisfactions sont les remplaçants, les trois ont apportés sur les deux buts de l’équipe. A noter, Aguiar, qui a également été présent tout au long du match. Diego Forlan a été à nouveau frustrant, capable de geste magnifique mais en manque de tranchant. Il n’est pas décisif pour le club, et il est donc forcément décevant. Zalayeta a ralenti le jeu en numéro 10, il ne pourra plus jouer à ce poste dans le future, il fait trop de mal à l’équipe en ralentissant le jeu. La défense n’a pas eu beaucoup de travail. Côté Fénix, l’équipe a manqué du tranchant qu’ils ont d’habitude. Le milieu a joué trop bas et n’a donc pas pu approvisionner Cavallini en ballon. La seule satisfaction vient de Ferro au milieu de terrain. Mais ce dernier n’étant pas irréprochable techniquement, cela n’a pas toujours conduit à des occasions.

Joueur du match : Luis Aguiar

Danubio 2 – 3 Defensor

Hector « Romario » Acuña

Danubio – Defensor est un faux classique. Il n’y a pas vraiment « d’histoires » entre ces deux équipes, qui sont de quartiers opposés dans Montevideo. Mais voilà, ce sont deux grandes équipes derrières Peñarol et Nacional, les médias ont donc décrété que ce serait un clàsico. Soit. Le Defensor a très bien commencé sa saison, avec des victoires en Sudamericana et championnat. Mais ils ont chuté en match en retard cette semaine contre Sud America et doivent donc se reprendre, toujours sans Lozano, convoqué en sélection. Début de saison également satisfaisant pour Danubio avec deux victoires et une défaite, et un Juan Manual Olivera en forme. Mais dès la première occasion du match, le Defensor marque sur corner sur une tête de Fratta (première titularisation, un bon début). Le match est agréable en première mi-temps, même sans autre but, on voit des joueurs techniques et des occasions de but. Le Defensor est, avec les Wanderers, une équipe toujours très agréable à regarder jouer. Et dès le début de la deuxième mi-temps, sur un joli centre, Romario Acuña reprend la balle de volée et marque le deuxième but. Ensuite Felipe Rodriguez s’échappe côté gauche, drible son défenseur, et marque le troisième but pour Defensor. 3-0, le match est logiquement plié. Mais Defensor va se faire peur en encaissant deux buts en fin de match, sur un tir dans la surface de Grossmuller, et sur un penalty d’Olivera. Score final 3-2.

Côté Defensor, cela doit vraiment être un immense plaisir d’être Hector Acuña. Ce joueur, de type tueur comme on en fait plus, passe ses week-ends à recevoir des caviars des joueurs derrières lui. Le niveau technique du milieu du Defensor est impressionnant. Même en l’absence de Lozano et de Luna (qui a été vendu à un club mexicain), les Arambarry, Cardaccio, Rodriguez sont tous très bons, très justes. Le Defensor va être dur à battre cette saison quand il joue en équipe comme cela. Côté Danubio, l’équipe a été bonne en générale, et ne peut pas nourrir trop de regret. La défense a été un peu laxiste, sur le troisième but par exemple. Formiliano n’a pas été exceptionnel. Par contre, Grossmuller s’impose comme titulaire au milieu.

Joueur du match : Mauro Arambarry

Nacional 1 – 0 Plaza Colonia

Plaza Colonia n’est qu’un « petit » club de l’intérieur du pays, et, logiquement, le match aurait dû être plié rapidement. Le Nacional se devait de se relever suite à une défaite qui a fait mal contre les Wanderers la semaine précédente. La défense se devait de se ressaisir. Colonia réalise de son côté un début de saison de promu, avec une victoire en trois matchs contre Liverpool. Mais comme contre Wanderers, le Nacional a eu, au début du match, des difficultés à concrétiser ses occasions. L’attaque avec Ivan Alonso en pointe, Nacho Gonzalez en 10, et Barbaro et Barcia sur les côtés, n’arrive pas à créer une différence contre des équipes regroupées avec deux lignes de défenses. Par contre, avec à peine deux joueurs offensifs, Colonia a eu des occasions sur des contres rapides, bien joués par Puppo et Dibble, mais qu’ils n’ont pas réussi à convertir en but.

Comme pour le Peñarol, les changements ont changé le match, avec l’entrée d’Abreu et d’Amaral. Avec cinq joueurs offensifs, et deux pointes, Nacional s’est montré plus dangereux et a poussé pendant 25 minutes. Jusqu’à la 89ème minute et une faute stupide à l’entrée de la surface, et suite à un corner, de Milesi sur Porras. Penalty, et but d’Ivan Alonso. Victoire 1-0 du Nacional, dans la difficulté.

Côté Nacional, Ivan Alonso a été présent, c’est lui qui s’est créé les meilleurs occasions. Les entrées sont également satisfaisantes même si Abreu est toujours aussi…spécial. Amaral mériterait de débuter un match. Il a manqué d’envie à Nacho Gonzalez et à Barbaro. Côté Colonia, le gardien Kevin Dawson et les attaquants Dibble et Puppo ont été bons. Pour le reste, la défense a eu beaucoup de mal à sortir des ballons propres.

Homme du match : Porras côté Nacional, mais un prix spécial espoir pour Puppo côté Colonia.

Ailleurs

Wanderers 5 – 1 River Plate : Les Wanderers explosent le River (à 10)  de JR Carrasco. Ils sont leader, et vont être l’équipe à battre dans les prochaines semaines. Carrasco a été pourri par ses supporters, mais défendu de manière inhabituelle par son président.

Liverpool 1 – 0 Cerro : Match entre équipe qui vont se battre pour le maintien. Et cela se confirme pour Cerro, cela va être très dur…

Villa Teresa 0 – 0 Juventud : Toujours pas de victoire pour la Juventud cette saison.

Rentistas 0 – 2 El tanque Sisley : El Tanque, équipe qui n’avait plus un Kopek pendant la trêve, est en train de réussir un très bon début de saison.

Racing 2 – 0 Sud America : Doublé de Liber Quinones, un joli but sur coup franc, et un cadeau de Noël en avance du gardien de la IASA.

Pour le reste

Victoire 1-0 de la Celeste contre le Panama (voir Amicaux : entre certitudes et doutes). Match qui peut également servir de somnifère si besoin. Demain, revanche de la coupe du monde avec Costa Rica – Uruguay.

Et pendant ce temps-là, en Uruguay, on continue de parler de la taille du vestiaire du Franzini. Damiani, président de Peñarol, déclare, indigné : « c’est comme louer une maison et ne pas pouvoir se servir de la cuisine ». Heureusement, le Peñarol va retrouver les vestiaires de champion du monde du Centenario.

Il n’y a que trois matchs télévisés de première division. Par contre, vous pouvez voir le résumé du Nacional – Peñarol Sub 19, sub 17, sub 15, sub 14 ….

Les buts

 

Résultats

Classement

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba