Ce week-end, le championnat Uruguayen reprend. Plutôt que de vous refaire un guide club par club comme nous l'avions fait en Août (lire Uruguay, guide de la saison à venir), voici cinq bonnes raisons de regarder un match de ce championnat avec ses vieilles gloires et ses grands espoirs.
1/ Parce que l’Uruguay est le pays du football
Quatre étoiles au maillot ont amené la Celeste au firmament du football mondial. C’est oublier que les clubs sont également riches de belles histoires. Les deux équipes ayant le plus participé à la Libertadores au niveau continental sont… Peñarol et Nacional. Sur 56 éditions, le football uruguayen cumule 8 titres. A côté, le championnat chilien fait pâle figure ! Au niveau économique, les équipes sont peu endettées, stables, sur le système « socios » comme on le connaît en Espagne. Le business model est basé sur l’exportation de joueur, mais cela permet de découvrir de jeunes talents. Dans tous les cas, et pour un pays de 3.5 millions d’habitants, le niveau est assez élevé.
2/ Parce que vous pourrez y admirer cinq pépites que vous verrez en Europe dans les grands clubs dès la fin 2016
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Nahitan Nandez, Peñarol, 20 ans, milieu de terrain Au profil proche de Marco Verrati, il a stabilisé la défense de son équipe et organisé le jeu vers l'avant lors du dernier tournoi. Gratteur de ballon devant l'éternel, il est surtout très précieux dans la première passe de relance. Peñarol lui doit une bonne partie du titre. Il est déjà international, et sur les tablettes de quelques grands clubs. |
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Gaston Gurruceaga, Peñarol, gardien, 20 ans Il a effectué un très bon tournoi et a d'ores et déjà refusé des transferts en Turquie en attendant le grand club. Il est bon sur son sa ligne, mais est surtout décisif sur ses sorties aériennes et dans les pieds. |
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Erick Cabaco, Nacional, Défenseur, 20 ans Mon Chouchou, ma pépite, il a été acheté au Rentistas cet hiver pour une bouchée de pain. Profil proche de Josema Gimenez, il est très technique, très bon relanceur, mais sait aussi jouer sur son physique. Ce qui le caractérise est avant tout l'élégance, et l'élégance chez un défenseur, c'est tellement rare. |
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Michael Santos, River Plate (Peñarol?), attaquant, 22 ans Très bon ailier (au profil proche de Fereira Carasco) qui reste déjà sur deux saisons de très grandes qualités. Il est au cœur d'un deal étrange puisque l'entreprise de Paco Casal, qui possède aussi GolTV ainsi que les droits TV du championnat, l'aurait acheté pour le prêter à Peñarol et le revendre à la fin de saison à Porto... Un transfert comme on les aime, en espérant que ce très bon ailier, rapide comme l'éclair et décisif devant le but, n'en perde pas les pédales. |
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Maxi Gomez, attaquant du Defensor Sporting Club, 19 ans Seul véritable attaquant de la liste, c'est un buteur rapide, apparu en milieu du dernier championnat pour palier le faible rendement d'Acuña. Au physique proche de Luis Suarez, c'est un vrai bon buteur comme n'en produit pas beaucoup le championnat uruguayen. Un tueur qui sait se placer. Je ne me ferai aucun souci pour lui si le Defensor n'avait pas été complètement pillé lors du Mercato. |
3/ Parce que contrairement au football chilien ou coréen, il y a des joueurs « Ah mais je le connais lui ! »
Diego Forlan, tête de gondole
Cette saison est sa première au pays puisqu'il n'y avait jamais joué étant jeune. Il a été toujours très juste techniquement, mais a parfois manqué de vitesse, lui-même et les autres autours de lui. Il faudra qu'il confirme, et aura le plaisir de participer à la Copa Libertadores dans le nouveau stade de Peñarol.
Mauricio Victorino et Jorge Fucile, la défense Vuvuzetesla
Petit retour le 2 juillet 2010. L'Uruguay affronte le Ghana en quart de final de la coupe du monde dans ce qui est, très objectivement, le meilleur match des 10 dernières années. Dans la défense Celeste, Victorino joue en défense central et Fucile sur son côté. Et bien la défense du Nacional sera formée de ces deux joueurs cette année puisque Fucile a prolongé et que Victorino revient au pays après cinq années difficiles à bourlinguer en Amérique du Sud après la coupe du monde. Victorino fera du bien après les piètres performances défensives du Nacional lors de l'Apertura.
Sebastian Ribas, mourir à Dijon
Ribas a joué 115 matchs avec Dijon pour 55 buts. Grand espoir en 2011, il quitte la Ligue 2 pour l'Italie, et puis plus rien. Après de multiples prêts, il est rentré en Uruguay il y a six mois mais son grand gabarit semble se traîner sur le terrain quand il rentre en remplacement de Cavallini. Il n'a pourtant que 27 ans. Après six mois compliqué avec le Fenix, équipe qui joue bien et qui a plutôt réussit son tournoi, peut-il encore rebondir ? Pas sûr.
Walter Vaz, Le Francais
LE joueur Lucarne Opposée. Tellement opposé qu'il a préféré ne pas s'imposer avec River Plate, équipe avec laquelle il jouait depuis deux ans, et partir pour un contrat d'un an avec El Tanque Sisley, équipe de Montevideo mais qui joue à Florida, en province. Il y aura sans doute plus de temps de jeu, et la possibilité de découvrir la campagne uruguayenne. Le chanceux.
Mais aussi :
Damian Macaluso, ex-Nancy pendant quatre ans, à Liverpool,
Luis Mejia, ex-Toulouse pendant six mois, au Nacional,
Guillermo Rodriguez, ex-Lens pendant six mois, au Peñarol
4/ Parce que vous y verrez des joueurs de moins de 18 ans qui font déjà mouiller les maillots (et les sous-vêtements d'agents).
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Nicolas Schiappacasse, 17 ans, attaquant de River Plate Il était déjà un remplaçant de qualité lors du dernier Apertura, il va avoir un temps de jeu conséquent à son âge suite au départ de Santiago Garcia, d'Alaniz et sans doute de Michael Santos. Il est rapide, tranchant, peut jouer en latéral ou en pointe. Gros défaut, il a un nom imprononçable. |
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Nicolas de la Cruz, 17 ans, milieu offensif de Liverpool Un numéro 10 comme on en fait plus. Il faut voir jouer de la Cruz, il est beau, donne envie de voir Liverpool rien que pour le voir lui. Capable de gestes magnifiques, ou de passer complètement à côté d'un match. Cousin de Carlos Sanchez. |
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Marcelo Saracchi, 17 ans, milieu/ailier gauche du Danubio Comme de La Cruz, c'est un point plume, un petit oiseau qui s'envole sur son côté, et qui déstabilise sur sa vitesse et sa technique. Il serait sur les tablettes de l'Inter de Milan, mais son entente avec Barretto devrait encore réjouir l'Uruguay cette année. |
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Augustin Sant'Anna, 18 ans, latéral du Cerro (Nacional?) Il n'a joué son premier match qu'en Octobre 2015, mais s'est imposé en deux mois comme titulaire indiscutable à son poste. Défenseur très rapide, capable de marquer les attaquants à la culotte, il monte également souvent en attaque. Il serait sur le point de signer au Nacional, l'occasion de le voir plus souvent |
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Federico Valverde, 17 ans, milieu de terrain du Peñarol Valverde est en fait en prêt au Peñarol, puisqu'il appartient déjà au Real de Madrid, depuis l'été dernier. Il a joué les six derniers mois surtout dans les équipes de jeune. Il est peut être bon techniquement mais manque complètement de sens du jeu et de carrure pour jouer au haut niveau. J’espère me tromper sur lui. |
5/ Parce que ce sera un magnifique voyage
Bon, le championnat est magnifique, les joueurs très techniques, vous l’avez compris. Mais l’Uruguay est un petit pays et, au-delà de quelques grands stades, le championnat se joue dans de petits stades champêtres, comme on en voit plus ailleurs. Comparons au championnat d’Australie. Le plus petit stade y fait bien 20 000 places, laissant peu imaginer ce qu’est l’Australie profonde. Ce n’est pas le cas en Uruguay. Les stades Montevidéens donnent parfois sur l’Atlantique et le Rio de La Plata d’un côté (Capurro, Olympico, Franzini), ou sur les parcs de la ville (Saroldi, Nasazzi). Les stades des équipes de l’intérieur font encore mieux, avec des vues vertigineuses sur la campagne uruguayenne (Campeones Olimpico, Laguarda). Un match hivernal dans le vent et sous la pluie au Franzini laisse une impression étrange au spectateur, de joueurs qui donnent tout ce qu’ils ont, juste avant la fin du monde.
Bref, un voyage permanent. D’ailleurs, si vous êtes amateurs de recibimientos enflammés, vous serez déçus. En Uruguay, la pelouse n’est qu’une extension de la campagne, avec ses prairies et ses bosquets. Hormis lors du traditionnel Clásico Peñarol – Nacional, le vrai douzième dans la majorité des matchs, c’est un arbre. On en voit partout, dans tous les stades du pays, soit dans le coin des tribunes, soit au bord de la pelouse dans les stades qui n’en ont pas quatre. Le meilleur exemple est Jardines del Hippodromo, avec son palmier en haut de la butte faisant office de tribune principale. Ce palmier est magique, symbolique, il représente ce pays.