Journée de pluie et de vent, de passion et de haine, de flaques et de boue, de froid et de frisson, de fête des mères et de protèges tibias, de drapeaux et d’écharpes, de chants et de cries. Journée de clásico en Uruguay.
Les deux grands se retrouvent au Centenario pour une énième confrontation entre carboneros et bolsos. Au match aller, les adversaires de toujours s’étaient quittés sur un match nul 1-1 (but de Romero et Aguirregaray), score qui avait plutôt arrangé Peñarol dans la course au titre. Au début de ce match retour, le scénario est le même, Peñarol ayant respectivement 3 points d’avance au classement annuel et 2 points au classement du tournoi de clôture sur son adversaire du soir. Ce clásico se trouve également engoncé entre deux quarts de final de Libertadores du Nacional contre Boca Juniors. Le bolso n’a obtenu qu’un match nul 1-1 à l’aller et à domicile contre les xeneizes et a perdu Nico Lopez et Kevin Ramirez pour le clásico. Ces deux joueurs sont remplacés par Cristian Tabo et par Leo Gamalho. Hormis cela, pas de surprise dans l’équipe Bolso avec les mondialistes Victorino et Fucile en défense notamment. Côté Peñarol, l’équipe arrive sans blessé, mais avec beaucoup de doutes sur son football. Da Silva a toujours autant de mal à trouver son équipe type, et titularise donc pour ce match des valeurs sures comme Forlán, Aguiar ou encore Marcel Novick. A noter que le match a lieu le jour de la fête des mères, raison pour laquelle le nom de famille maternelle apparaît aux dos des joueurs carboneros. A noter également, qu’en plein automne, la pelouse du Centenario a beaucoup (mais alors vraiment beaucoup) souffert de la pluie. Le milieu de terrain est d’ailleurs composé d’une gigantesque flaque de boue qui a fortement ralentie le jeu.
La première mi-temps est plutôt à l’avantage de Peñarol, malgré un premier arrêt de Gurruceaga sur un coup-franc lointain dès la première minute. Le milieu très récupérateur de Peñarol gratte beaucoup de ballon et bloque bien le jeu bolso. A la 6ème minute, Forlán décroche un bon centre au deuxième poteau mais Nandez manque sa reprise de volée au 6 mètres. Dans la foulée, Valverde délivre un merveilleux ballon en profondeur à Forlán qui choisit de centrer pour Murillo. Malheureusement, ce dernier manque le ballon pour quelques centimètres. A la toute fin de la première période, Tabò aurait pu être exclu pour un tacle arrivant avec autant de retard qu'un RER. Mi-temps sur le score nul et vierge, mais domination carbonero. On pense alors que la fatigue va jouer en leur faveur.
Mais dès le début de la deuxième période, sur un ballon renvié de la tête par Valdez, Aguirregaray met son pied au niveau de l'épaule de Tabò pour dégager le ballon, Fedorczuk siffle penalty, pour un pied haut. Il semble logique, et Polenta le convertit pour l'ouverture du score. Peñarol fait alors des changements avec notamment l'entrée d'Hernan Novick (frère de Marcel). Hernan va donner l'occasion à Aguirregaray de se faire pardonner en lui délivrant un amour de corner, tiré de l'extérieur du pied droit. Le basque place sa tête et égalise. Le tir du corner est vraiment exceptionnel, sur le premier ballon de Novick. La deuxième mi-temps est lancée sur un tempo beaucoup plus élevé et agréable que la première période. A la 66ème, sur un corner anodin de Nacional, bien renvoyé par la défense, Fedorczuk siffle un autre penalty pour le bolso, sur une faute beaucoup, beaucoup moins évidente que la première, de Valverde. Polenta s'élance à nouveau, tire dans le même coin, et redonne l'avantage à Nacional. Peñarol semble au fond du trou, reculant ensuite sur les contres, très bien lancés par les bolsos. Seba Fernandez a trois occasions claires de tuer le match, mais il ne cadre pas ses frappes. A la 87ème, Peñarol obtient un nouveau corner, mais le ballon est bien dégagé par la défense bolso et Fernandez s'élance seul face à Gurruceaga. Revenant du diable vauvert, Guillermo Rodriguez préfère taper, par derrière, le pied d'appui de Fernandez plutôt que de risque le troisième but. Carton rouge évident pour l'ancien lensois, qui indique bien à l'arbitre que, ok, carton rouge, mais que l'action se joue en dehors de la surface. C'est le cas, et le coup-franc ne donnera rien.
A cet instant, 90ème minute de jeu, le bolso effectue la très bonne opération du jour, avec une victoire de clásico importantissime, qui redonne de l'espoir au classement annuel. A ce même instant, Peñarol a perdu beaucoup de ses illusions, et joue à 10 contre 11. C'est le moment choisi par deux vieux briscards, par deux requins de haute mer, par deux joueurs ayant le sang jaune et noir, de changer l'histoire. Forlán reçoit le ballon à l'entrée de la surface et aspire Polenta dans son dos. Cachavacha passe le ballon à Aguiar qui décroche un centre au cœur de la défense, repris de la nuque par le grand Marcel, l'immense Marcel, 1m69. Égalisation. Le barbu s'offre alors une course de 100 mètres pour aller saluer les fans, en pleurant, tout comme son frère Hernan qui se tient la tête à deux mains. Scénario à infarctus, brûlant comme une photo de Madame Forlán en maillot de bain.
Côté Peñarol, match alambiqué ou presque tous les joueurs ont alterné le bon et le moins bon. Gurruceaga n’a été battu que sur penalty, la défense a été solide mais a commise des fautes importantes qui ont entraînées les penalties. Guille Rodriguez s’est sacrifié à un moment clef du match, son action a été saluée par toute l'équipe après le match. Le milieu a été bon en première période, moins en deuxième. Valverde doit encore affiné son jeu, mais il est très précieux en milieu bas créateur. Nandez et Aguiar ont apporté de la sécurité défensive mais n’ont pas réussi à créer du jeu. Forlán a eu un match étrange, ou quand il montait, on lui reprochait de ne pas redescendre chercher le ballon, et quand il descendait, de ne plus être présent dans la zone de vérité. Murillo a manqué quelques belles occasions. Hernan Novick a été précieux en deuxième mi-temps, délivrant un magnifique corner de l’extérieur du pied sur le but d’Aguirregaray. Côté Nacional, l’attaque a beaucoup souffert de l’absence de Lopez avec un Gamalho pas bon, et un Fernandez pas suffisamment décisif en deuxième période. Barcia et Tabo ont été bon, apportant de la rapidité sur leurs côtés, tout comme Espino et Fucile. Par contre, Polenta, défenseur central, a été élu joueur du match. Sur ce point, je ne suis pas d’accord. Comme d’habitude, Polenta a fait un bon match d’ensemble, avec des bons tacles, des bonnes relances, et, exceptionnellement, deux buts sur penalties. Mais, il est coupable avec Victorino sur les deux buts. Passe encore le corner, mais, quand à la 94ème minute, un petit gars d’1m69 met un but parce que Polenta est sorti de la défense pour monter sur un joueur adverse… Erreur inexcusable, selon moi, le but est pour lui. Polenta, pour devenir un grand joueur, devra arrêter de faire une erreur par match.
L’Homme de la semaine : Marcel Novick, 1mètre 69 de plaisir
Il y a beaucoup de joueurs de football qui ont de bonnes carrières, honnêtes, avec parfois quelques buts, et de bons souvenirs. Marcel Novick a fait plus fort ce week-end. Même s'il n’intéresse pas les chinois ni le PSG, même si sa page Wikipedia est vide comme une plage de la côte d'opale en novembre, même si Transfermarkt ne l'estime qu'à 75 000€ (!!!), en ce dimanche pluvieux, Marcel Novick a écrit une petite page d'histoire. Dans trente ans, on se souviendra de son but à la dernière minute du clásico. Et cela, Messieurs, Dames, comme le dit la réclame, cela n'a pas de prix.
Ailleurs
Danubio 1 – 1 Villa Teresa : L'effet Leo Ramos a donc fait long feu côté Danubio qui va surtout chercher à se reconstruire pour la saison prochaine.
Racing 1 – 3 Wanderes: Duel de mal classés, les bohemios s'en sortent bien, alors que le Racing ne gagne pas pour le 10ème match d'affilé et vire Taramasco.
Fénix 2 – 2 Juventud de Las Piedras : Fénix laisse échapper deux points dans la course à la Sudamericana.
River Plate 1 – 0 El Tanque Sisley: El Tanque sera sans doute relégué ce week-end, alors que River continue sur sa lancée.
Defensor 1 – 0 Cerro : Le Cerro perd des points en haut du tableau, pour sa deuxième défaite de la saison contre le Defensor.
Rentistas 0 – 1 Liverpool : Liverpool conserve un espoir de maintien grâce à cette victoire sur le fil face aux bichos.
Sud America 0 – 2 Colonia: Victoire Patablancas grâce à un doublé de l'argentin German Rivero. Colonia reprend donc la première place du Clausura et s'offre sans doute une finale contre Peñarol dans deux journées. Saison extraordinaire de leur partt.
L’affiche de la prochaine journée
Le championnat se jouera un peu lors du Wanderers – Peñarol de la prochaine journée que les carboneros doivent gagner pour continuer à croire en leurs chances pour le Clausura et donc pour le triplé Apertura -Clausura – Classement annuel. Gros duel face à un Wanderers toujours dur à manœuvrer.
Pour le reste
Voici la liste des 23 pour l'Uruguay :
Pas de surprise, Tabarez poursuit son processus. A noter que Coates, blessé, est remplacé par Gaston Silva.
Les buts
Résultats
Classement