Le football est un sport de temps long, ce n'est pas un spectacle très divertissant. Plus qu'un show, c'est un éloge de l'observation, de la patience, du lien qui lie les êtres humains. Rien que ça.

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Guide de la saison

Progreso 1 – 0 Juventud de Las Piedras

J'ai une attirance irrésistible pour les stades dont les tribunes sont dominées par des arbres, de préférence des ombús. L'ombú est un arbre un peu étrange, difforme, typique de la campagne uruguayenne, que l'on ne retrouve pas sur le vieux continent. Son tronc n'est pas unique mais souvent multiple, d'autant plus quand il est vieux, cela laisse toujours penser, dans l'ombre, qu'il abrite quelques secrets ou trésors. Il bruisse avec le vent en hiver, sans pour autant ne jamais rompre, mais offre une ombre imposante et rafraîchissante en été. Il a été magnifié par Jules Supervielle dans sa description de l'Uruguay et de ses jardins. Dans certains stades dont les tribunes latérales ne montent pas au-delà du cinquième rang (la majorité des stades d'Uruguay), il domine la tribune de sa présence et de son calme. Du centre de la capitale, c'est au bord de la route qui mène vers l'ouest que l'on trouve le stade Paladino, juste après avoir passé le stade Capurro sur sa droite. Depuis ses tribunes, et entre les feuilles des ombús, on peut apercevoir le port de Montevideo, avec les raffineries d'ANCAP, la société nationale pétrolière, laissant échapper une petite flamme en haut de leur conduit d'évacuation (de gaz j'imagine) mais on peut aussi voire la vieille ville, un peu plus loin, le palais Salvo. Stade populaire que le Paladino, mais ayant toujours son public, remplissant comme l'on peut le voir sur la photo la tribune opposée, la tribune Tabaré Vasquez.

Progreso a gagné ce match un à zéro, et reste invaincu, avec deux victoires en deux matchs. Le match a été passablement ennuyeux, avec une Juventud menée et réduite à dix dès la demi-heure de jeu. Malgré tout, les arbres gigantesques ont été très divertissants. Tiens, Japo Rodríguez joue à Progreso maintenant.

Peñarol  5 – 0 Rampla Juniors

Le Campeón del Siglo ne laisse pas la même impression. Les tribunes y sont neuves, hautes, modernes. La pelouse est magnifiquement éclairée, lisse comme une pomme, et en pleine nuit le joueur laisse quatre ombres s'échapper de sa silhouette. Peñarol l'avait déjà emporté de justesse la semaine dernière et cherchait à confirmer sa bonne forme avant le mois de mars crucial pour la Libertadores, les deux premiers matchs les 7 et 14 mars seront déterminants pour la qualification. En face, Rampla Juniors a réussi un bon mercato avec quelques signatures remarquées comme Álvaro Fernández ou Juan Albín. Peñarol va ouvrir la marque rapidement part Gabriel Fernández, auteur encore une fois d'un très bon match. Sur l'action, Pereira dégage de la tête un ballon envoyé au loin par Odriozola. Gaston Rodríguez en pivot lance plein axe Fernández pour l'ouverture du score sous les yeux des deux défenseurs centraux jouant au ralenti. Pourtant Rampla résiste bien, avec un milieu très joueur, et se remet rapidement en scelle, se procurant quelques belles occasions par Delis Vargas ou Pereira. Dawson a la main ferme. Après l'heure de jeu, les buts vont tomber sur le but de Rampla et amplifier le score. Le jeune Brian Rodríguez dont on vous a déjà parlé, milieu gauche à nouveau titulaire, marque son premier but chez les pros sur un gros travail de Marcel Novick. La charnière de Rampla (Martínez notamment) est encore une fois tendre comme du beurre. Melazzi est exclu côté Rampla suite à deux cartons jaunes coup sur coup, et Peñarol en profite pour alourdir grandement le score en dix minutes par Rodríguez (l'autre, Gastón), Hernández et Acevedo. Victoire cinq à zéro de Peñarol au final.

Côté Rampla, l'équipe est vraiment pas mauvaise, mais ils ont pris neuf buts en deux matchs, il faudra se poser les bonnes questions sur la défense, mais aussi sans doute revoir l'organisation au milieu, le flaco Fernández ne pouvant pas jouer récupérateur comme cela avec Vega. Cela laisse trop d'espace pour que le pauvre Martínez puisse couvrir les erreurs. Côté Peñarol, bon match de l'équipe dans son ensemble, même les remplaçants comme Acevedo qui en dix minutes avec le manya a déjà une passe décisive et un but. Prix spécial, comme la semaine dernière, à Brian Rodríguez, dix-huit ans, et deux bons matchs à son actif. Fernández crève aussi l'écran en ce moment, et tout cela laisse présager un bon effectif pour la Libertadores... On ne s'enflamme pas.

Pour le reste

Cerro a perdu au Tróccoli contre Boston River (1-0) dans un stade à huis-clos, Fénix et Liverpool se sont séparés sur un match nul quatre partout alors que les joueurs de Carrasco menaient trois à zéro après la demi-heure de jeu... du classique. Danubio a battu Colonia mais le patablanca n'a pas encore pu aligner Fucile et Aguiar, River Plate a explosé le Racing (4-1). Nacional joue ce mardi (mercredi à minuit heure française), après avoir été joué un amical à Seattle contre des américains.

Les buts

Résultats

uruj2r

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba