Nacional s'arrache à Colonia et prend la tête du classement accompagné de Liverpool dans un remix du Clausura 2020. Derrière, Peñarol et Wanderers font match nul, pendant que River Plate s'impose à Melo de la main d'un grand Arezo, auteur de trois buts, une passe décisive, mais également une reprise de volée qui termine sur la transversale et qui vaut comme action à elle seule les trois buts.
Deux ans déjà. Deux ans déjà qu'il a joué son premier match pro (et que mon petit doigt m'avait dit qu'on reparlerait de lui). Deux ans, c'est immensément long pour un bon joueur du championnat uruguayen, il aurait dû partir depuis longtemps, mais les règles sur les mineurs ont semblé être respecté et le joueur qui n'a que dix-huit ans depuis six mois est toujours en Uruguay. La pandémie a sans doute aussi involontairement aidé à « geler » la situation. Et cela est plutôt très bon car cela a permis au joueur d'avoir son premier passage à vide, ne marquant aucun but entre le 27 février (dixième journée du Clausura, contre Wanderers) et juin (malgré huit rencontres entre ces deux dates), semblant parfois perdre le fil du match. Il n'avait pas perdu son talent (que même un malvoyant pourrait voir), mais il avait perdu ces petits détails qui font qu'un joueur normal devient un très bon joueur. Cette mauvaise passe s'est accompagnée de la perte par River d'une qualification qui lui tendait les bras en Copa Sudamericana. Que ce serait-il passé s'il avait été acheté dix millions d'euros en janvier et qu'il avait eu ce même passage à vide dans son nouveau club, avec la pression du transfert ? Des carrières ont été brisés pour moins que ça. Alors il a appris et continué à emmagasiner de l'expérience. Après avoir terminé huitième du championnat 2020, River a repris sa marche en avant avec d'autres jeunes comme Thiago Borbas ou José Neris en attaque. Ce dimanche, Matías Arezo a mis fin à cette période de disette, et de quelle façon. Il y a ce qu'il a marqué, ce qu'il a passé et aussi un peu ce qu'il a loupé. Cerro Largo n'est plus exactement ce qu'il était il y a deux saisons, mais cela reste une équipe difficile à jouer, surtout à l'Ubilla qui est un stage piégeux, surtout en cette fin d'automne pluvieuse, la pelouse coupée haute et inégale n'aidait pas au beau jeu. Et pourtant.
River a d'abord ouvert la marque à la suite d’une passe magnifique de Rodríguez (qui n'était pas pour rien dans l'équipe type Lucarne Opposée 2020) pour Arezo qui a regardé rapidement dans l'axe où il a vu Borbas arrivant pleine balle pour l'ouverture du score. Arezo a ensuite joué sa plus belle action du match, une reprise de volée magnifique de l'entrée de la surface sur laquelle sa frappe instantanée termine sa course sur la barre transversale. Le football est injuste, on y marque parfois des penalties un peu bidon alors que les éclairs de folie terminent souvent sur les poteaux. Heureusement, Arezo ne s'est pas arrêté en si bon chemin et sur un autre ballon revenant à l'entrée de la surface après un nouveau corner, il reprend de nouveau de volée, au ras du sol et envoie une mine qui touche cette fois la partie inférieure de la barre transversale avant de rentrer dans le but. Soulagement. Premier but en quatre mois. Joie simple. Le match, que River domine dans les grandes largeurs, se complique avec l'égalisation de Cerro Largo grâce à deux buts, un sur un penalty consécutif à une main dans la surface, l'autre sur une action très confuse au retour des vestiaires sur corner. C'est Ángel Cayetano le grand défenseur qui profite de son physique pour tromper Salvador Ichazo. River baisse alors un peu le pied, comme ayant pris un coup sur la tête. Il faut attendre la toute fin du match pour que sur un long ballon, Arezo réussisse à prendre le dessus au duel sur le même Cayetano (!) pour aller tromper Ramiro Betancur au ras du poteau d'une belle frappe croisée. L'action rappelle à quel point, dans le jeu aérien, le physique peut être compensé par l'intelligence de jeu, le moment du saut, l'impulsion. Ayant repris la main, River va définitivement s'imposer sur un dernier but sur penalty, sur une passe d'Arezo vers Adrian Leites intercepté de la main par un défenseur arrachanes. Arezo transforme et clôt le score (4-2).
Durant le match, Arezo a montré toutes les qualités que doit montrer un attaquant moderne avec évidemment un sens du but lui permettant de viser juste (ou presque) quelle que soit sa position de frappe, mais aussi une puissance lui permettant de s'imposer face aux défenseurs que ce soit dans des petits espaces ou sur des courses dans le dos. Mais il ne faut pas oublier les derniers mois, il ne faut pas oublier qu'il lui reste beaucoup à apprendre. Il n'a que dix-huit ans. Partir sera un échec Matías. Un jour tu seras vieux, tu auras vingt-cinq ans, tu seras libre, tu pourras choisir, tu auras appris. Ne soit pas un investissement, ne soit pas des millions, ne soit pas une pépite, un crack, le futur untel. Gagne des titres. Reste. Il vaut mieux rire dans une chaumière que pleurer dans un château.
Pour le reste, la semaine a été marquée par des pelouses très lourdes, de fortes pluies s'étant abattues sur le pays entre vendredi et samedi. Nacional se déplaçait à Colonia dans un match qui avait tout d'un traquenard, surtout après la magnifique ouverture du score de Dibble d'une belle frappe enveloppée du coin de la surface de réparation. Heureusement pour le bolso, Trezza a égalisé dès le retour des vestiaires et Martin Rodríguez s'est montré dans un grand jour effectuant deux grands arrêts, avant que Bergessio ne marque le but de la victoire en fin de match sur penalty. Avec trois victoires en quatre match, Nacional est déjà de retour au sommet du classement, co-leader avec un Liverpool ayant facilement battu Progreso (3-1).
Peñarol et Wanderers, deux autres équipes qui avaient la possibilité de prendre en place dans le haut du classement, se sont quittés après quatre-vingt-dix minutes assez ennuyeuses et un bon 0-0 des familles. Les stratégies des deux équipes avec une flopée de milieu récupérateur (Vadócz et Pereira d'un côté, Trindade et Musto, même si ce dernier est rapidement sorti sur blessure) ont bien joué leur rôle annihilant bon nombre d'occasions... et tuant un peu le match de cette façon. Peñarol a eu les deux-trois meilleurs occasions avec notamment Canobbio qui a buté en un contre un contre De Arruabarrena... Malgré ce troisième nul en quatre journées, Peñarol n'est pas complètement largué, n'ayant que trois points de retard après trois matchs où l'équipa a été décimée par les blessures (Piquérez, Gargano, Álvarez Wallace, Schiapacasse...) et les sélections (González, Torres). Ces nuls sont donc porteurs de quelques promesses pour l'avenir.
Résultats
Progreso 1 – 3 Liverpool
Plaza Colonia 1 – 2 Nacional
Sud América 0 – 0 Cerrito
Boston River 1 – 2 Montevideo City Torque
Rentistas 0 – 2 Deportivo Maldonado
Cerro Largo 2 – 4 River Plate
Wanderers 0 – 0 Peñarol
Fénix 1 – 0 Villa Española
Classement
|
Position |
Équipe |
Points |
|
Diff. |
|
|
|
1 |
Liverpool |
9 |
|
+6 |
|
|
|
2 |
Nacional |
9 |
|
+3 |
|
|
|
3 |
Wanderers |
8 |
|
+2 |
|
|
|
4 |
Plaza Colonia |
7 |
|
+2 |
|
|
|
5 |
Fénix |
7 |
|
+2 |
|
|
|
6 |
River Plate |
7 |
|
+1 |
|
|
|
7 |
Sud América |
7 |
|
+1 |
|
|
|
8 |
Peñarol |
6 |
|
+3 |
|
|
|
9 |
Montevideo City Torque |
6 |
|
+1 |
|
|
|
10 |
Cerro Largo |
6 |
|
-2 |
|
|
|
11 |
Cerrito |
5 |
|
0 |
|
|
|
12 |
Deportivo Maldonado |
5 |
|
0 |
|
|
|
13 |
Rentistas |
3 |
|
-5 |
|
|
|
14 |
Progreso |
2 |
|
-4 |
|
|
|
15 |
Villa Española |
1 |
|
-4 |
|
|
|
16 |
Boston River |
0 |
|
-6 |
|


