On attendait ce match crucial dans la course au titre, on a finalement eu le droit à une catastrophe. Survente de billets, incidents aux abords du stade et répression policière sauvage. Un mort, des gamins disparus et des dizaines de personnes blessées.

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Huitième minute de jeu entre Gimnasia et Boca, certains joueurs sont en grande difficulté respiratoire et souffrent de douleurs oculaires. Hernán Mastrángelo décide alors de stopper le match pour permettre aux joueurs de regagner les vestiaires. Le match sera finalement définitivement suspendu TRÈS tardivement. La raison ? Un drame qui se déroule à l’extérieur du stade.

Des milliers de supporters de Gimnasia ont été bloqués à l’extérieur de la tribune, Calle 60, celle-ci étant pleine à craquer. Près de dix mille personnes munies de billets et de carnets de socio parfaitement valables qui se sont vues refuser l’accès au terrain. Devant les portes fermées, certains ont essayé de forcer le passage et la police a répondu avec des rafales de balles en caoutchouc et du gaz. Avant que tout déborde, à la suite de l’agression d’une petite fille par un policier. Gaz lacrymogène, détonations, le chaos s’est porté ensuite dans le stade où pris au piège et sans oxygène, car sous la tribune la police ne cessait de tirer du gaz, les spectateurs ont commencé à paniquer. Certains chanceux ont pu s’échapper en envahissant le terrain. Les autres, paniqués, ont commencé à tenter de quitter le stade pendant que la police poursuivait ses bavures. De nombreuses personnes ont préféré attendre dans les tribunes, conscientes de la gravité des incidents qui se produisaient à l’extérieur du stade alors que ceux qui tentaient de sortir se sont retrouvés devant des portes closes et une police les empêchant de sortir. Ils ont fini par faire céder par la force mais les images n’étaient pas sans rappeler deux immenses tragédies qui ont marqué l’Argentine : celles de la Puerta 12 ainsi que le cas Cromañón (incendie dans une discothèque qui a provoqué la mort de 194 personnes prises au piège d’une salle de concert fermée). Fernando Rivero, reporter pour TyC a reçu trois balles en caoutchouc dans la cuisse gauche, en direct.

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Photo : Marcelo Endelli/Getty Images

Sans y croire, nous espérons tout de même que quelqu’un assumera la responsabilité de ce qu’il s’est passé et que nous n’aurons pas à subir d’autres victimes. Gimnasia, Boca, le championnat et tout le reste passe au second plan. Malheureusement, ces nouveaux incidents ne sont pas une surprise. Chaque week-end, circulent des images de supporters lambdas battus sans aucune raison par la police, tout particulièrement à La Boca. Et tout le monde se rejette la responsabilité. Pour la tragédie du Bosque, du côté du gouvernement, la police n’est évidemment pas responsable de l’incident et l’on rejette la faute sur le club. Tandis que du côté de Gimnasia : « La responsabilité incombe à l’organisateur de l’événement. Ce que nous avons fait, c’est de maîtriser la situation. Malheureusement, il y a une personne décédée à cause d’un problème cardiaque ». Un discours officiel qui tranche avec le témoignage glaçant de Franco Soldano qui illustre bien la catastrophe : « Mon père est médecin et il a commencé à soigner les gens sur le terrain parce qu’il n’y avait pas d’ambulances ni rien ».

Le bilan est d’un mort (un homme âgé de cinquante-sept ans), des blessés graves et des enfants portés disparus. On rappellera qu’en Primera División, les supporters visiteurs sont interdits de déplacement depuis juin 2013, à la suite du meurtre d’un supporter de Lanús par la police bonaerense à La Plata.

Photo une : ALEJANDRO PAGNI/AFP via Getty Images

Vincent Dupont
Vincent Dupont
Éperdument amoureux d'une région où fútbol est synonyme de religion, sur les rives du Rio de la Plata j'assouvis ma passion.