Quatrième et dernière session mondiale de l’année 2015 en Amérique du Sud. Alors que l’Argentine jouait son avenir dans la chaleur de Barranquilla, le Chili passait un autre test à haute valeur calorimétrique nomme Uruguay.

Après avoir pris son premier point au Monumental, l’Argentine voulait retrouver les joies de la victoire mais savait que le déplacement à Barranquilla avait tout du piège. Non seulement pas pour les conditions de jeu toujours difficiles à pareille époque, mais surtout parce que la Colombie semblait s’être retrouvée après une deuxième période parfaitement gérée à Santiago. Ce test grandeur nature, l’Albiceleste l’a parfaitement réussi. D’entrée de match, les hommes de Martino, à un Mercado près les mêmes que face au Brésil, prenaient le contrôle de la balle, se créant la meilleure situation du premier quart d’heure, Di María offrant à Higuain l’occasion d’ouvrir le score. 10 minutes plus tard, un débordement de Lavezzi et un ballon remis plein axe permettait à Biglia d’inscrire son premier but en sélection et ainsi ouvrir le score. Le match était lancé, la Colombie cherchait à revenir dans la rencontre et aurait pu/dû obtenir un penalty pour une faute de Romero sur Bacca. Pour le reste, l’Argentine contrôlait, s’offrait les meilleures situations comme cette énorme face à face gâché par Di María qui venait d’être lancé par un Higuain toujours aussi important dans son jeu dos au but. Comme face au Brésil, le second acte allait être bien différent. Car, comme face au Brésil, l’Argentine allait connaître un passage à vide qui aurait pu lui coûter cher. La Colombie se créait quelques situations mais les entrées de Muriel, Cardona et Ramos n’y feront rien, les Mascherano, Biglia et autres Funes Mori fermeront la boutique. C’est la différence d’avec le Brésil, l’Argentine aura su faire le dos rond pour ensuite se créer les meilleures situations en fin de match, notamment après l’excellente entrée de Dybala qui aura inscrit un but injustement refusé pour un hors-jeu inexistant et touché le montant quelques instants plus tard. Et même une dernière situation chaude n’y changera rien. José Pekerman n’avait jamais perdu à Barranquilla, la Colombie ne s’était plus inclinée chez elle depuis près de 4 ans. C’était déjà face à l’Argentine qui de son côté se relance totalement dans la campagne de qualification.

Reste que l’Albiceleste est encore loin de reprendre l’Equateur. En déplacement au Cachamay de Puerto Ordaz, la Tri a une fois encore livré un récital. Il ne fallait que 10 minutes pour que Fidel Martínez, qui s’était déjà procuré une situation en début de rencontre, n’aille tranquillement tromper un Baroja laissé seul par sa défense après une ouverture de Paredes. Obligé de s’imposer à domicile sous peine de grosse déprime, le Venezuela ne parvenait pourtant pas à trouver le moyen de prendre le contrôle du ballon. L’Equateur dictait le rythme et de promenait. Jefferson Montero profitait d’une horrible relance de Baroja pour doubler la mise, la Vinotinto coulait. Elle allait quelque peu se réveiller en fin de première période avant de connaître son meilleur moment au retour des vestiaires, sans doute dynamisée par l’entrée d’Acosta à la place de Lucena. Mais c’est précisément à ce moment que la Tri tuait définitivement le match sur une tête surpuissante de Caicedo. A 3-0, l’Equateur poursuivait sa promenade, passait à un poteau du quatrième avant de laisser son adversaire sauver l’honneur en toute fin de partie. La Tri de Quinteros s’impose sans trembler et signe un quatre sur quatre qui lui offre déjà près de la moitié des points requis pour s’envoler vers la Russie en 2018.

L’heure était alors venue du choc de la soirée, les retrouvailles entre Uruguay et Chili dans un Centenario en fusion. Un hymne chilien conspué et totalement martyrisé par la sono du stade (il sera coupé avant la fin), des joueurs chiliens qui terminent de le chanter alors que l’hymne uruguayen retentit dans le stade qui le reprend comme un seul homme, le décor était planté, l’Uruguay avait décidé de placer le match sous le signe du défi psychologique. Mettant la même intensité que face à la Colombie, l’Uruguay laissait d’abord les chiliens prendre le contrôle de la possession pour mieux leur sauter à la gorge. Une pression de tous les instants, le tout coordonné, comme d’habitude, par un Arevalo Rios omniprésent devant un axe Godin – Coates absolument parfait et totalement infranchissable. Les retrouvailles Cavani – Jara allaient inévitablement se produire, elles allaient faire basculer le match. Car en obtenant un coup-franc excentré, le parisien était à l’origine de l’ouverture du score après quelques minutes de trash-talking et de surtension. Sánchez envoyait le ballon dans la surface, Lodeiro manquait sa reprise à l’entrée de la surface mais la balle terminait dans les pieds de Coates qui servait le capitaine Godin pour le 1-0. La bataille psychologique était remportée par la Celeste. La bataille tactique aussi. Comme entrevu face à la Colombie, la possession chilienne s’est une fois encore montrée stérile face à des formations à la discipline collective sans faille. L’Uruguay en est une. Au fil des minutes, le Chili se retrouvait impuissant, ses nerfs craquaient en même temps que les buts uruguayens s’empilaient. De Vidal à Sampaoli en passant par Edu Vargas et son doigts d’honneur au public à sa sortie et au rouge reçu par Valdivia au coup de sifflet final, le Chili a perdu bien plus qu’un simple match. Réduit à l’impuissance, il a surtout exposé au grand jour ses failles quand l’Uruguay a su imposer son expérience, sa cohérence et sa force collective. Sans Suarez, voilà la Celeste déjà deuxième avec neuf points sur douze. Et la star absolue de la sélection sera de retour pour le choc face au Brésil.

De son côté le Paraguay était parvenu à renverser un match bien mal engagé face à la Bolivie, parvenant à retourner le score en deux minutes après avoir offert notamment un premier acte absolument indigne (première frappe à la 33e minute) et s’être fait piéger sur un remarquable contre de la Verde conclu par Duk. Le but quelque peu confus de Lezcano, suivi d’une tête de Barrios permettent cependant aux Guaranies de sauver les apparences. Sans briller ni rassurer, les hommes de Diaz s’imposent et se replacent au général. Briller et rassurer, le Brésil l’a fait en partie. En partie car si les hommes de Dunga se sont montré solides et extrêmement dangereux, emmenés par les flèches Neymar – Douglas Costa – Willian, le hérisson brésilien aura surtout su sortir quand il le fallait face à un Pérou toujours aussi intéressant mais bien trop naïf défensivement à ce niveau pour espérer décrocher un résultat. Certes il y aurait dû y avoir penalty pour Guerrero, certes la Blanquirroja ne méritait sans doute pas une telle débâcle à Salvador, mais sur une terre où elle est invaincue, la Seleção a surtout montrer ce qui la rend redoutable : son extrême efficacité offensive, sa grande capacité à faire exploser des défenses adversaires avec peu d’offensifs. Avec seulement trois victoires en 41 affrontements face au Brésil, le Pérou va devoir désormais panser ses plaies et surtout comprendre qu’il faut montrer bien plus de discipline collective et défensive pour espérer jouer la qualification jusqu’au bout. Reste qu’avec trois petits points sur 12 possibles, la Blanquirroja est déjà très en retard.

 

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.