On connait désormais les adversaires de l'équipe de France pour la Coupe du Monde 2018. Les amoureux de Lucarne Opposée seront ravis puisqu'ils retrouveront deux pays qu'ils ont l'habitude de croiser sur nos pages. Alors, avec le Pérou et l'Australie en guise d'adversaires, la France doit-elle avoir peur ? Eléments de réponse.

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Pérou, la nouvelle donne

36 ans. C’est le temps qui sépare la génération de l’imaginaire collectif péruvien, celle des Cubillas et autres Percy Rojas présents en Espagne, de celle des Paolo Guerrero et autres Jefferson Farfán. Autant dire, un gouffre qui n’a été comblé qu’au prix d’une révolution entamée par l’arrivée d’un homme, Ricardo Gareca.

Lorsqu’il arrive à la tête de la sélection en 2015, succédant à une ère uruguayenne (Sergio Markarián pour la campagne éliminatoire Brésil 2014, Pablo Bengoechea son ancien adjoint pour neuf matchs), le Tigre doit immédiatement se plonger dans la préparation de la Copa América. Rapidement, il impose son style, le Pérou termine à la troisième place de la compétition en ayant convaincu dans le jeu. Tous les espoirs sont alors permis, fidèle à ses habitudes, le peuple péruvien veut croire enfin à la qualification pour la Coupe du Monde. Mais les premiers mois sont difficiles, après quatre journée, la Blanquirroja est avant-dernière, en mars 2016, le bilan est famélique : quatre défaites, une victoire, un nul. C’en est trop pour Gareca qui frappe alors du poing sur la table. Le Pérou a une tradition d’excellents joueurs mais est aussi connu pour son manque de discipline. La Copa América Centenario sera le tournant de l’ère Gareca. Claudio Pizarro, Jefferson Farfán, Juan Vargas, Luis Advíncula, Carlos Ascues, André Carrillo et Carlos Zambrano sont écartés du groupe, certains par manque de temps de jeu, d’autres pour des raisons purement disciplinaires. Place aux jeunes et notamment cette formidable génération des u20 qui avaient bousculé le Sudamericano 2013 symbolisée par Edison Flores. Le Pérou termine quatrième, Gareca prouve qu’il est le patron, désormais son groupe est derrière lui. La suite n’est qu’une histoire de progression. Le Pérou accroche l’Argentine à Lima et à la Bombonera, réalise un retour du feu de dieu sur la fin de la campagne éliminatoire, une seule défaite (face au Brésil) sur les huit derniers matchs avec notamment une victoire en Equateur, un carton au Paraguay et le scalp de l’Uruguay accroché à Lima et décroche une place de barragiste. peru Preuve de la nouvelle dimension donnée par Gareca à ce Pérou, le barrage est géré comme rarement, avec un professionnalisme qui lui permet d’assurer sa qualification. Quand le Tigre s’assoit sur le banc de la Blanquirroja, le Pérou est 47e au classement FIFA. Aujourd’hui, il est 11e. Le Chili a eu Bielsa, le Pérou a Gareca, 36 ans plus tard, la frustration s’est transformée en joie.

Revue d’effectif

Sur le terrain, la Blanquirroja se plante le plus fréquemment autour d’un 4-2-3-1 ultra équilibré qui fait la part belle à l’association de guerriers et de joueurs d’une finesse technique rare. Le cœur défensif de la machine tourne autour de quatre hommes, tous placés dans l’axe : le duo Ramos – Rodríguez en défense, Tapia – Yotún à la récupération/première relance. C’est une fois le ballon dans les pieds que le potentiel de cette équipe explose. Avec les machines à perforer que sont des André Carrillo ou Edison Flores, les montées incessantes des latéraux, à l’image de l’ultra offensif Miguel Trauco, la vitesse d’un Christian Cueva, cette équipe peut poser bien des soucis à ses adversaires. Reste deux problèmes à régler : celui du gardien, Gallese et Cáceda ne sont pas toujours d’une assurance tout risque, et celui de l’avant-centre, Paolo Guerrero ne sachant pas encore à quelle sauce il sera mangé. Qu’importe presque au final, car le banc de touche propose plusieurs alternatives comme Jefferson Farfán, parfait dans son rôle de pointe en barrage ou encore l’excellent Raúl Ruidíaz qui marche sur le Mexique. Et on ne vous a pas parlé des Yordy Reyna et autres Andy Polo. Qu’on le sache, si le Pérou n’ambitionne évidemment pas une victoire finale, il peut prétendre à une qualification pour les huitièmes. À condition de bien gérer ses émotions.

Australie, à défaut d’avenir quel présent ?

Depuis 2006, l’Australie n’a cessé d’avancer. Partie d’une zone Océanie qu’elle jugeait bien trop faible pour elle, elle se frotte avec succès aux géants de la zone Asie qu’elle a immédiatement regardé droit dans les yeux. Quart de finaliste pour sa première, elle n’a cessé de progresser pour atteindre d’abord la finale puis décrocher sa première Coupe d’Asie en 2015. En parallèle, les séquences mondiales se répétaient et la progression semblait constante. Au point qu’à l’arrivée de Postecoglou, elle était prête à franchir un cap, celui d’installer une philosophie de jeu plus ambitieuse. Il y aura eu des hauts et des bas mais il y aura des points clés sur lesquels s’appuyer. On a ainsi vu l’Australie lutter à armes égales face au double tenant de la Copa América, proposant des séquences de jeu que rarement les Socceroos avaient proposées jusqu’ici. Seul souci, ce moment ressemble à un accident. La campagne de qualification pour la Coupe du Monde a été un long chemin de croix. Les Australiens se sont perdus en chemin en laissant des points en Thaïlande ou en Arabie Saoudite et se sont sauvés au prix d’un barrage d’un niveau indigne face à la Syrie et un autre barrage intercontinental de faible niveau également face à un Honduras qui avait oublié de vouloir jouer. La faute au décalage horaire ? Non. Aux carrières stagnantes de certains joueurs ? Oui. La difficulté réside dans ce secteur, beaucoup d’internationaux se partagent de maigres temps de jeu dans leurs clubs respectifs à l’image de Trent Sainsbury à l’Inter de Milan (19 minutes de temps de jeu en 6 mois) ou de Robbie Kruse avec sept matchs joués en 2016-17. Ange Postecoglou les a abondamment utilisés, à défaut de s’assurer avec des joueurs en jambe.

australieTout cela ne pourrait être qu’un simple chantier finalement assez habituel pour toute sélection nationale en quête de perfection. Mais l’Australie possède une formidable capacité à se tirer une balle dans le pied. La qualification assurée, Ange Postecoglou a quitté ses fonctions de sélectionneur (il est annoncé un coup en Ecosse, un coup au Japon) et se retrouve désormais à devoir tout reconstruire à moins de 200 jours de la phase finale. Tout dépendra de l’identité du sélectionneur nommé mais si comme le veut la rumeur, Graham Arnold venait à se poser sur le banc des Socceroos, il faudra sans doute revoir tous les principes posés par Postecoglou tant les deux hommes ont des principes de jeu éloignées. Pour miser sur l'Australie, utilisez le code de promotion valide Betfirst

Revue d’effectif

Dans ces conditions, difficile de prédire à quoi l’Australie ressemblera en juin prochain en Russie. Pourtant l’Australie avait mis en place une stratégie extrêmement ambitieuse avec une défense à trois Degeneck – Sainsbury – Jurman qui ne donne pas toutes les certitudes défensives mais a pour objectif de servir de première rampe de lancement avec des latéraux ultra-offensifs à l’image d’Aziz Behich ou Mathew Leckie (le premier donnant plus de certitudes que le deuxième). L’homme clé de ce système est le meneur d’Huddersfield, Aaron Mooy, homme à tout faire, sorte d’enganche à la sud-américaine qui crée du jeu par sa vision plutôt que sa vitesse. Pour le reste, les questions restent toujours aussi nombreuses sur les performances individuelles de certains membres de cette sélection (notamment comme ceux évoqués plus haut) et le cas Tim Cahill, légende absolue, facteur X mais qui va probablement se retrouver sans club à 200 jours de la Coupe du Monde. Autant dire que le chantier australien est gigantesque tant les certitudes sont nulles.

 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.