Dernière journée de football aux Jeux Olympiques et tout un pays s’arrêtait de respirer. Alors que Nigeria et Honduras se disputaient la médaille de bronze, le Brésil jouait son histoire face à l’Allemagne.

De nombreuses choses étaient écrites avant le coup d’envoi de cette finale olympique. S’il n’était évidemment pas question de « venger » le 7-1 du Minerão, les deux compétitions étant bien différentes, le spectre d’un vieux démon allemand planait sur le match. Pourtant, au moment de lancer la finale d’un tournoi olympique opposant deux équipes qui n’avaient pas particulièrement brillé en début de compétition, ce Brésil – Allemagne allait permettre à deux monstres du football mondial d’inscrire enfin leur nom au palmarès de l’épreuve.

Le Roi Neymar

Le début de match était disputé et la première mèche était allumée par Julian Brandt dont la frappe enroulée allait s’écraser sur la barre d’un Weverton totalement battu. Plutôt que de générer la peur, elle dynamisait le Brésil. Les jeunes Auriverdes pressaient, mettaient de l’intensité et prenaient le contrôle de la partie, provocant les fautes allemandes. L’une d’entre elle allait faire gronder le Maracanã. 27e minute, Neymar, l’enfant chéri, banni puis adoré, enroulait à son tour, Timo Horn constatait les dégâts, le Brésil allait faire la course en tête.

Malgré la pression brésilienne et le contrôle de la rencontre, l’Allemagne allait pourtant réagir. Gnabry et Sven Bender envoyaient quelques avertissements qui n’étaient pas reçus par la défense auriverde. Au retour des vestiaires, le Brésil allait connaître 10 minutes de moins bien, 10 minutes au cours desquelles l’Allemagne en profitait pour revenir dans la partie. Une récupération haute, un ballon centré pour le capitaine Meyer qui réduisait alors au silence le Maracanã et faisait planer un autre spectre, celui d’une finale de 1950.

Mais ce Brésil-là n’est pas fragile. Même sous pression, même quand le doute pourrait s’installer, il ne change pas d’état d’esprit. Neymar à la baguette, les hommes de Micale se procuraient quelques grosses situations, reprenaient les commandes et se montraient menaçant. Mais rien n’y faisait. La prolongation était la même, le Brésil agressait l’Allemagne, se procurait quelques situations, tout en s’exposant aux contres, Brandt passant à quelques centimètres d’inscrire le but du tournoi, mais le score n’évoluait plus. Comme un bon scénario de thriller, tout allait se jouer aux tirs au but. Personne ne craquait jusqu’au dernier, Petersen voyait sa tentative sortie par Weverton, le Maracanã pouvait exulter. Celui qui avait essuyé toutes les critiques et les colères au premier tour s’avançait. Neymar ne tremblait pas et pouvait s’effondrer en larmes, pour la première fois de l’histoire, le Brésil remporte les Jeux Olympiques et rejoint la France au rang des nations qui ont remporté toutes les compétitions organisées par la FIFA, des u17 aux A.

 

Quel bilan ?

Plus tôt dans la soirée brésilienne, le Nigeria avait confirmé ses solides prestations depuis le début de la compétition en allant chercher une médaille de bronze méritée face au Honduras. Les champions d’Afrique auront été l’un des rares prétendant à se montrer régulier tout au long d’une épreuve de laquelle il est difficile de tirer de véritables enseignements tant les sélections ont été privées de leurs meilleurs éléments par le fait que la compétition n’était pas inscrite dans le calendrier FIFA (même si les Jeux Olympiques auront tout de même permis de montrer à l’Argentine qu’on ne peut pas avancer dans le chaos, même si on possède un réservoir de joueurs de qualité).

Mais finalement, le triomphe du Brésil aura prouvé que les joueurs peuvent parfois tenir tête à leurs clubs pour des causes bien supérieures et les choix de Marquinhos ou Neymar, indépendamment de l’intense émotion finale, de la communion sans commune mesure avec un Brésil privé de joie footballistique depuis trop longtemps, auront surtout souligné l’importance que conserve le plus vieux tournoi de football international au monde. La perspective des Jeux de Tokyo inscrits dans le calendrier FIFA devrait donner une nouvelle dimension à un tournoi qui mérite plus de respect, ne serait-ce par son histoire.

Et finalement, celui qui devrait tirer le plus d’enseignement de cette épreuve reste le Brésil. En pleine reconstruction, la Seleção version Micale a ramené au goût du jour le 4-2-4 qui lui sied tant. Sur le plan individuel, s’il n’est pas Pelé – la comparaison que l’on ne manquera pas de lire ici et là n’ayant pas véritablement lieu d’être – Neymar a enfin retrouvé sa réelle dimension, passant des critiques de début de compétition à héros du peuple. A son échelle, il est le nouveau Roi dont le Brésil a tant besoin pour reconstruire son football. S’il a désormais décidé de ne plus être capitaine, la pression étant sans doute trop intense, son rôle plus reculé et plus axial, véritable maître à jouer de cette Seleção a été la belle idée de Micale et lui a permis de briller. Reste à savoir ce que Tite fera de ce succès, la réponse ne tardera pas à venir, le Brésil se rend en Equateur dans une dizaine de jour. On en piaffe déjà d’impatience.

Photo une : Laurence Griffiths/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.