Ce n’était qu’une question de temps, c’est désormais officiel : la meilleure formation de l’octagonal final de la CONCACAF décroche son billet pour le Qatar. Le Canada met ainsi fin à trente-six ans d’attente. Avec la manière.
L’horizon 2026 fait s’accélérer les choses dans la zone CONCACAF. Avec une Coupe du Monde à accueillir sur trois pays, la zone se devait de se mettre au travail. Certains projets ont ainsi débuté et récoltent leur fruit bien plus tôt qu’initialement prévu. C’est le cas du Canada dont la machine s’est mise en route et a pris une vitesse de croisière des plus rapide plus vite qu’espéré. Après la défaite imméritée au Costa Rica – la seule en douze matchs – les Rouges revenaient chez eux et accueillaient une Jamaïque pour qui la qualification était un espoir envolé depuis bien longtemps. Alors les choses n'ont pas trainé. Très vite, le 4-2-3-1 de John Herdman a pris le contrôle de la rencontre, avec son duo Hoilett – Eustáquio à la baguette. Le premier servait le second qui pouvait délivrer un amour de passe entre les lignes à Cyle Larin, en moins d’un quart d’heure, les rouges étaient lancés, le BMO Field de Toronto pouvait chavirer de bonheur. La suite ? Une succession de vagues rouges, souvent côté gauche grâce à l’infatigable Sam Adekugbe, une multitude d’occasions et finalement un break fait juste avant la pause. La suite était plus simple, d’autant que la supériorité canadienne ne souffrait d’aucune contestation, le second acte ne voyait surtout pas les Rouges réduire la pression avec comme conséquence deux nouveaux buts en fin de match pour un 4-0 qui s’apparente à un tarif minimum tant la domination a été totale. Qu’importe, le feu d’artifice est parfait, trente-six ans après la belle épopée de 1986 (à découvrir dans le LOmag 3) le Canada retrouve une phase finale de Coupe du Monde, mais surtout, pour la première fois, y arrivera avec de solides arguments à faire valoir.
Des arguments, le Mexique n’en a que trop peu. Sur le papier, le Tri mexicain ne devrait pas trembler, semble suffisamment armé pour imposer son jeu à n’importe quel adversaire. Mais le football n’est pas une affaire de noms posés sur une feuille, il est aussi et surtout dépendant d’un système, d’une animation et surtout d’idées de jeu. Le Mexique de Tata Martino n’a rien de tout cela. Avec pour seul but en trois matchs un penalty face à Panamá, le Tri se rendait au Honduras affronter une équipe bis éliminée de la course au Qatar, dans un stade privé de supporters. Largement de quoi dérouler pensait-on. Le commentaire de la mi-temps de la télévision mexicaine résumait pourtant parfaitement le premier acte : « Quarante-cinq minutes… de rien ». Une fois encore, ce Mexique a le ballon mais ne sait pas qu’en faire, s’en remettant à quelques tentatives individuelles offensivement, exposant ses limites défensives dès qu’il le perd. Encore une fois, ce Mexique a souffert, s’en est même remis en Memo Ochoa pour rester dans la partie, le portier de l’América sauvant les siens devant les quelques occasions très franches des Catrachos. Et encore une fois, ce Mexique n’a convaincu personne. Mais il s’est imposé et c’est finalement tout ce qui va compter. Un but sur corner, qu’Edson Álvarez a célébré sans la moindre humilité, un nouvel arbre qui cache une forêt décimée. Le Mexique sera du rendez-vous qatari sauf en cas de cataclysme – nous allons y revenir – mais pourrait bien être le seul des qualifiés de la zone à n’y arriver sans la moindre certitude.
Les certitudes, la Team USA n’en avait pas forcément beaucoup plus jusqu’ici, elle sort tout de même de ces deux premières sessions de mars avec quelques-unes. Après l’excellent nul (qui aurait mérité mieux) à l’Azteca, les hommes de Gregg Berhalter n’ont, comme prévu, fait qu’une bouchée d’un Panamá qui a définitivement abdiqué la semaine passée après son nul face au Honduras. Les Canaleros étaient pourtant parfaitement entré dans le match, se montrant dangereux à plusieurs reprises sur les cages de Steffen, mais payaient leur manque de réalisme de manière assez brutale en concédant trois buts en dix minutes dans la foulée d’une énorme occasion en leur faveur. Pulisic transformait d’abord un penalty évident mais révélé qu’au VAR, Arriola de la tête puis Ferreira à la conclusion d’une action parfaite, pliaient l’affaire avant la demi-heure de jeu. Le match était alors plié, la suite limite anecdotique même si la victoire finale 5-1 permet à Team USA de s’offrir un énorme matelas avant le déplacement au Costa Rica. Il faudra en effet une défaite de six buts pour voir les Ticos les doubler sur le fil. Autant dire que là aussi, l’affaire est réglée.
Elle est donc réglée pour le top 4 avec la victoire du Costa Rica au Salvador. Une victoire acquise en deux temps par des Ticos qui ont montré bien plus de choses qu’à l’accoutumée : d’abord un premier acte maîtrisé – à l’exception de l’égalisation salvadorienne quasiment sur le coup d’envoi consécutif à l’ouverture du score du Costa Rica – avec une pression haute et plusieurs occasions ; ensuite un deuxième acte qui a consisté à défendre l’avance acquise peu avant la mi-temps grâce à un Joel Campbell une fois encore l’un des meilleurs sur le terrain. Ce succès est essentiel puisqu’il permet au Costa Rica de sceller a minima la quatrième place, synonyme de barrage tout en envisageant un cataclysme dans la zone : celui d’y envoyer le Mexique à sa place. Pour cela, il faudrait que le Tri s’incline chez lui face aux Salvadoriens, et que les Ticos s’imposent chez eux face aux États-Unis, le tout en remontant un écart de trois buts de retard à la différence de buts. Peu probable mais qui sait ?
Résultats
Classement
Crédit photo une : Vaughn Ridley/Getty Images