Alors que les qualifications sont sur le point de reprendre avec des matchs déjà décisifs, jetons un œil aux sélections qui se sont renforcées (ou pas).

Dans le Groupe A, bien mal embarqué après deux défaites cuisantes face au Qatar et au Koweït, l’Afghanistan continue de ratisser dans sa diaspora et vient de mettre le grapin sur un prospect intéressant, Amin Nabizada (Watford), âgé de seize ans seulement, ainsi que Siar Sadat (Blainville, Canada, vingt ans) et Amid Arezou (Trauma, Norvège, vingt-huit ans), le frère de l’ancien international Bilal. Malgré des joueurs de qualité évoluant en Europe, il n’y a rien à attendre de l’Afghanistan, tant la situation interne empêche toute stabilité et que la fédération est phagocytée par des proches des Talibans. Pauvre, pauvre pays…

Surprise de la dernière Coupe d’Asie, la Syrie a fait des emplettes rondement menées et signé le plus beau coup de ce mercato des nations : Dans les cages, Elias Hadaya (Utsiktens, Suède, vingt-cinq ans) tentera de dégager le trio de vieux qui squatte depuis une éternité. Mais c’est au milieu que tout va basculer. Si Noah Shamoun reste encore un illustre inconnu (Randers, Danemark, vingt-et-un ans), ce n’est pas le cas de Daleho Irandust (Brommapojkarna, Suède, vingt-cinq ans), l’ex de Groningen, mais surtout de Mahmoud Dahoud, ancien international allemand aujourd’hui à Stuttgart. Un très gros coup pour Hector Cuper, qui avait déjà ratissé l’Amérique du Sud avec succès.

Photo : Dean Mouhtaropoulos/Getty Images

Risée du football asiatique (et probablement mondial), la Chine entame un nouveau cycle sous la houlette de Branko Ivanković (ex-Oman). Problème, ce sont toujours les mêmes têtes que l’on retrouve. Alors, pour donner un coup de fouet à cette sélection moribonde et vieillissante, le Croate a décidé de faire appel à Fernandinho, trente-et-un ans et toutes ses dents, pour dynamiser un secteur offensif sans éclat. Nul doute que la présence de son compatriote Elkeson aux avant-postes a dû peser dans la balance.

Difficile à cerner, les Philippines. Pays de basket et de boxe, il dispose pourtant d’une diaspora très étendue, soit par les mariages mixtes, soit par l’émigration. Bon nombre de joueurs ont revêtu la tunique (magnifique, soit dit en passant) des Azkals, mais aucun n’a permis de passer le cap pour installer le pays dans une dynamique pérenne. Fraîchement nommé, le Belge Tom Saintfliet (faiseur de miracles avec la Gambie) s’est adjoint les services des frères canadiens Baldisimo, Matthew (York United, Canada, vingt-six ans) et Michael (San José Earthquakes, USA, vingt-trois ans), une paire intéressante à ajouter à sa tour de Babel.

Autre surprise du dernier tournoi, l’Indonésie continue de ratisser large dans sa diaspora oranje. Cette fois-ci, ce ne sont pas moins de quatre ex-Néerlandais à rejoindre la Team Garuda. Si on peut s’interroger sur l’utilité de Nathan Tjoe-A-On (vingt-trois ans, réserviste à Heerenveen) et Ragnar Oratmangoen (vingt-six ans, rien d’intéressant au Fortuna Sittard), l’acquisition de Jay Idzes (vingt-trois ans, Venise) en défense centrale et de Tom Haye (vingt-neuf ans, Heerenveen) au milieu devrait amener de la taille et de l’expérience. Attention toutefois à ne pas abuser aveuglément de ces joueurs : on ne comprend toujours pas l’utilité de Rafael Struick, jamais titulaire à l’ADO Den Haag en D2 hollandaise, qui n’a toujours pas marqué en onze sélections et qui bouche la place d’un talent local comme Ramadhan Sananta. Espérons que Shin Tae-young prenne la bonne décision dans une double confrontation capitale contre le Vietnam.

Le Pakistan, sorti des limbes de l’oubli, est dans un groupe impossible et se contente d’apprendre, tout en espérant que son football local se structure. En attendant, Constantine construit une équipe de bric et de broc en piochant dans les joueurs de la diaspora qui veulent bien représenter les Shahins. Cette fois-ci, c’est Mohammed Fazal (vingt-et-un ans, Nordic United, troisième division suédoise) qui revêt la tunique verte en priant pour que les Jordaniens ne ratatinent pas son équipe.

Au sortir d’une Coupe d’Asie décevante, les Émirats de Paulo Bento ont besoin de sang frais. Exit Ali Mabkhout (pourquoi ?), place à Isam Faiz, né au Maroc, et qui a décidé de représenter les EAU. Dans un groupe sans aucune difficulté, autre chose qu’une victoire à chaque match est interdite.

Enfin, glissant irrémédiablement vers l’oubli, le Liban fouille les fonds de tiroir des divisions mondiales pour obtenir du renfort. Ce coup-ci, ce sont Jackson Khoury, attaquant australien de vingt-et-un ans évoluant au Tormenta (USL League One) et Leonardo Farrah Shahin, ex-international suédois espoir de vingt ans qui joue au Falkenbergs (troisième division suédoise) sur lesquels tous les espoirs reposent. Autrement dit, une nouvelle période sombre s’annonce pour le Liban

Plus surprenant, la Malaisie n’a naturalisé personne, elle qui faisait des packages pour chaque match, sortant toujours un Sud-américain ou un descendant de troisième génération de son chapeau. Les temps changent…

 

 

Photo : Matthias Hangst/Getty Images

Boris Ghanem
Boris Ghanem
Chroniques d'un ballon rond au Moyen-Orient, de Beyrouth à Baghdad, de Manama à Sanaa, football sous 40 degrés à l'ombre d'un palmier.