Parmi les premiers pays à s’inscrire au tournoi de Football Association aux Jeux Olympiques de 1924 figure les États-Unis. Cela s’inscrit dans une série d’action qui font des États-Unis l’un des précurseurs du développement du football au niveau international.
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Il y a quelques pays dont on sait dès le départ qu’ils seront présents en 1924. Il y a évidemment la France en tant que pays hôte, il y a aussi sans doute la Belgique pour les liens historiques. Puis il y a les États-Unis. Ce tournoi, c’est tout ce que les Américains aiment. Les Jeux Olympiques de Coubertin ? Ils adorent. Le football ? Ils pratiquent depuis longtemps. Alors le football aux Jeux Olympiques, ils en seront.
Une pratique ancienne
Le football aurait débarqué aux États-Unis vers 1850 du côté de la Nouvelle-Orléans, porté par des migrants irlandais et écossais notamment, même si, comme dans bien des pays situés sur l’autre rive de l’Atlantique, on trouve des traces d’un football chez les indiens, le pasuckuakohowog (ils se rassemblent pour jouer au ballon avec leurs pieds en français) étant décrit dès le XIIe siècle comme le rapporte Mike Roberts dans The Same Old Game. Le premier match de « football moderne », disputé au milieu du XIXe, fait de la Nouvelle-Orléans et par extension de la Louisiane l’un des berceaux du football aux States. À partir des années 1870, on trouve ainsi des matchs de football organisés entre des universités et qui posent de nouvelles bases aux règles : en 1874, l’Université d’Harvard affronte celle de McGill au Canada et modifie les règles de Londres en ajoutant des filets aux buts et en fixant d’autres dimensions au terrain. Ce match est considéré comme étant le premier véritable match de football disputé par une équipe américaine. À peine plus de dix ans plus tard, le football devient déjà en partie professionnel notamment du côté des clubs d’usine des pôles industriel tels que Fall River ou Lowell dans le Massachusetts qui créent leur ligue dès 1886 dans le New Jersey, où les usines de textile créent leur ligue, la National Association Football League, dix ans plus tard, ou encore à St. Louis où la St. Louis League voit le jour également en 1886. L’idée d’une instance dépassant les frontières régionales naît rapidement.
En 1884, l’American Football Association (AFA) voit le jour, elle regroupe des équipes du nord du New Jersey et du sud de New York avant de « déborder » jusqu’en Pennsylvanie et au Massachusetts. Cette première instance reste cependant très anglaise dans son fonctionnement, mais crée cependant la première compétition « nationale » l’American Cup. Dans le même temps, au fil des années, diverses ligues et associations se forment aux quatre coins du pays avec des natifs qui s’approprient le futur sport roi au détriment des immigrants britanniques. Processus classique de diffusion du football. Ces multiples ligues mettent à mal la résistance menée par l’AFA pour maintenir le football sous domination britannique. Qui finit par céder. En août 1894, six propriétaires de franchises de National League Baseball annoncent la création de la première ligue professionnelle de football : l’American League of Professional Foot Ball (ALPFB). Elle regroupe les clubs de Philadelphie, Baltimore, Boston, Brooklyn, New York et Washington. Sous pression de l’AFA, qui menace d’exclure tout joueur décidant d’y participer, dirigé par des hommes issus du baseball et non du football, voyant ses affluences réduites notamment par le fait de faire disputer les matchs en semaine, ce premier championnat est également mis à mal par les Baltimore Orioles et leur politique d’importation de joueurs professionnels anglais, recrutés en majorité du côté de Manchester, qui atomisent tous leurs adversaires (les Washington Nationals encaissent par exemple un sévère 10-1). Le 20 octobre, au bout de six matchs, le premier championnat professionnel de football disputé aux États-Unis prend fin, Baltimore et Philadelphie disputant un dernier match sans savoir que la ligue venait d’être dissoute. Il a cependant planté une graine.
Dans le même temps est née la National Association Foot Ball League (NAFBL), ligue semi-professionnelle qui s’interrompt un temps alors que le XIXe siècle pousse ses derniers soupirs pour revenir à partir de 1906 et de fusionner avec la Southern New England Soccer League en 1921 pour créer le premier véritable grand championnat professionnel. Le football américain ne cesse son développement. En octobre 1911, une nouvelle association vient défier l’AFA, l’American Amateur Football Association (AAFA). Les deux associations se disputent alors le droit d’être reconnues par la FIFA, l’AAFA prend le dessus et devient United States Football Association (UFSA) en 1913. Elle absorbe l’AFA et régit l’ensemble du football sur le plan national. C’est elle qui crée la National Challenge Cup l’année suivante, future US Open Cup, la coupe nationale qui se dispute encore, alors ouverte à la fois aux professionnels et aux amateurs. Cette nouvelle compétition sert d’outil au recrutement des meilleurs joueurs évoluant au pays avec ainsi l’idée de faire véritablement surgir une sélection nationale.
Tournée européenne
Quand l’Uruguay arrive en 1924 en passant par l’Espagne, la presse locale fait écho du premier match d’une équipe américaine en Europe. C’est faux, puisqu’une équipe américaine a déjà connu une tournée victorieuse en 1916 entre la Suède et la Norvège. En février 1916, Fédération Américaine de Football Association reçoit une invitation à venir jouer durant l’été, financement inclus. Les Suédois cherchent d’abord à inviter le club Bethlehem Steel, mais ces derniers ne veulent pas prendre de risque en pleine guerre mondiale alors que leur usine exporte de l’acier en Europe. Selon le site ussoccerhistory.org, quatorze joueurs sont sélectionnés sur la base des connaissances des membres de la fédération et forment une « All-America Team » emmené par Thomas Cahill, le secrétaire national. Tous les joueurs sauf dont sont nés aux États-Unis. L’équipe arrive à Stockholm le 8 août 1916 et, le 15, affronte un combiné de joueurs d’Hammarby, Kamraterna (IFK), Mariebergs et Västerås nommé Stockholm Tigrarna Fotbollklubben. Le stade est plein et le roi Gustav V a fait le déplacement. Le résultat final est de 1-1, résultat encourageant alors que personne n’avait trop confiance en cette équipe et que l’ensemble suédois était grandement favori.
Le 20 août, la sélection américaine de football joue son premier match international en Europe contre la Suède au stade Olympique de Stockholm. Les Suédois ouvrent le score mais la Team USA égalise à la vingt-deuxième minute, l’identité de son premier buteur de l’histoire de la sélection restant encore un mystère, Charles Harry Spalding étant reconnu comme tel notamment par le National Soccer Hall of Fame, d’autres sources citant le capitaine Thomas Swords. Les américains finissent par l’emporter (3-2). Quelques jours plus tard, la sélection fait match nul contre la Norvège à Oslo (1-1). Durant sa tournée, la sélection américaine joue six matchs, pour trois victoires et deux nuls. En 1919, une équipe américaine participe aux championnats interalliés à Paris, mais l’équipe est composée de militaires ayant participé à un championnat militaire spécifique. Les américains perdent tous leurs matchs sauf celui contre le Canada, victoire 5-4, marquée selon L’Auto par la partialité de l’arbitre américain du match. Aux Jeux d’Anvers en 1920, les Américains ne sont pas présents, boycottant la compétition.
Le tournoi de 1924
Dès septembre 1923, les américains prévoient d’envoyer à Paris trois-cents cinquante athlètes dont une équipe de football et une équipe de rugby. Ils veulent en être, dans tous les sports possibles, et mettent tout en place pour se faire. Une vaste souscription est lancée pour financer le voyage de cette délégation. L’Auto indique via son correspond sur place : « La somme de 300 000 dollars nécessaire pour couvrir les frais de 350 athlètes américains qui prendront part aux Jeux Olympiques de Paris, a été répartie entre 13 villes des États-Unis. New-York ouvre la liste avec 100 000 dollars, Philadelphie suit avec 50 000. Il a été assigné à l’État de Cleveland 35 000 dollars et Detroit 15 000, Buffalo, Newark et Washington sont inscrits pour la somme de 10 000 dollars et Trenton, Worcester et Yougstown pour 5 000. Beaucoup d'autres villes comme El Paso, Harisburg et Kingston, ont consenti à se faire inscrire pour la somme de 1 000 dollars ». Des matchs sont organisés au profit de la « Caisse Olympique ». L’organisation est au point avec un travail qui est fait au sein des différentes compétitions pour détecter les meilleurs joueurs. Une équipe est montée avec des joueurs venant des quatre coins du pays, de Pittsburgh à Los Angeles en passant par New York et Chicago. L’équipe est entraînée par George Burford, un Anglais né en 1875.
L’équipe arrive à la mi-mai à Cherbourg puis prend le train direction Paris. L’Auto indique : « L'équipe d'Amérique est reçue une heure après son arrivée au siège du C.O.F. Étaient présents : MM. Rimet, vice-président du C.O. Français, président de la F.I.F.A.; Frantz-Reichel, secrétaire sçénéral du C.O. Français ; Lafaurie, chef du Service des Attachés nationaux; Glarner, etc... M. Rimet, dans son allocution de bienvenue, remercia les Américains de l'effort qu'ils ont fait pour participer au tournoi olympique. M. Peter J. Peel, président de la Fédération Américaine de Football Association, remercia le C.O. Français de sa cordiale réception. L'équipe entière sera logée au Village Olympique ».
Comme de nombreuses autres sélections, les Américains sont invités à assister en tribune au match de préparation France – Angleterre. Ils n’ont pas été exempté de premier tour et doivent donc affronter l’Estonie le 25 mai à 16h15. Le match se joue à Pershing, dans l’ombre d’Espagne – Italie dont le coup d’envoi est donné quarante-cinq minutes plus tôt.
Le groupe américain
Nom |
Club |
Aage Brix |
Los Angeles Athletic Club |
Sam Dalrymple |
Disston A.A. |
Irving Davis |
Fairhill FC, Philadelphia |
William Demko |
Fleisher Yarn |
Jimmy Douglas |
Newark Skeeters |
Henry Farrell |
Fairhill FC, Philadelphia |
William Findlay |
Galicia FC, New York |
Edward Hart |
St. Matthews F.C. |
Raymond Hornberger |
Disston A.A. |
Carl Johnson |
Swedish-American FC, Chicago |
Frank Burkhardt "Burke" Jones |
Bridgeville FC, Pittsburgh |
Jakes Mulholland |
Scott A.A. |
Fred O'Connor |
Lynn General Electric, Massachusetts |
James Rhody |
Erie A.A. |
Arthur Rudd |
Fleisher Yarn |
Andy Straden |
Fleisher Yarn |
Herbert Wells |
Fleisher Yarn |
Avec Nicolas Cougot