Le premier Brasileirão de l’histoire a lieu en 1971 et voit pour le match décisif un affrontement entre Botafogo et l’Atlético Mineiro au Maracanã.

L’année 1971 est marquée par le début de l’ère Brasileirão, dont le premier nom officiel est « Campeonato Nacional de Clubes ». Dans son livre O futebol explica o Brasil, Marcos Guterman éclaircit : « L’un des aspects les plus importants de cette période était la formalisation de l’intégration nationale par le football. Construit dans les années trente par le régime de Vargas, ce phénomène a été définitivement sacré lors de la Coupe du Monde 1970. Le gouvernement militaire a rapidement perçu ce potentiel : en mai 1969, l’administration Costa et Silva a créé la Loteria Esportiva, incluant des matchs à travers tout le pays, ce qui obligeait le parieur à s’intéresser à ce qu’il se passait dans d’autres États. Cette même année, le gouvernement demande à la CBD d’établir un championnat réellement national, ce qui s’est confirmé en 1971 ». La création du championnat se fait donc dans une volonté d’intégration nationale et d’exaltation du pays, un procédé connu sous le nom d’ufanismo au Brésil.

Le Brasileirão 1971 succède à la Taça Brasil, disputée entre 1959 et 1968, et surtout au tournoi Roberto Gomes Pedrosa, qui se déroule entre 1967 et 1970. La formule change peu par rapport au « Torneio RGP » 1970 remporté par Fluminense. Le nombre d’équipes engagées passe de dix-sept à vingt, pour un total de huit États représentés, contre sept un an auparavant. Le Brésil est au crépuscule de son âge d’or, marqué par trois Coupes du Monde conquises en l’espace de douze ans. Les vingt-deux champions du monde 1970 évoluent encore au pays, même si le contrat de Joel Camargo a été résilié par Santos. En novembre 1970, Joel Camargo est au volant de sa voiture achetée après la Coupe du Monde et provoque un accident de la route où deux jeunes femmes trouvent la mort. Gravement blessé, Joel Camargo ne rejoue que début 1972, du côté du Paris Saint-Germain, où l’expérience se limite à trois mois et deux matchs.

Un nouvel entraîneur à l’Atlético Mineiro

Le championnat brésilien 1971 est donc extrêmement disputé et plusieurs favoris se dégagent : le Santos de Pelé évidemment, mais aussi le Botafogo de Jairzinho, le Corinthians de Rivelino, le Cruzeiro de Tostão, le São Paulo de Gérson ou encore le Palmeiras d’Ademir da Guia. L’Atlético Mineiro fait office d’outsider, mais compte également dans ses rangs un champion du monde, Dario. Le buteur au destin hors du commun est au cœur d’une polémique, marquée par le renvoi en mars 1970 du sélectionneur João Saldanha. Dario était en effet le chouchou annoncé du dictateur au pouvoir, le général Médici, mais João Saldanha refusait de le convoquer. Après d’autres polémiques concernant Pelé et l’entraîneur Yustrich, Saldanha est démis de ses fonctions et remplacé par Zagallo, qui convoque dans la foulée Dario. Sans jouer le moindre match, celui qui est surnommé Dadá Maravilha est sacré champion du monde.

Le destin hors du commun de Dadá Maravilha

Dario est pourtant mis sur le banc de l’Atlético Mineiro par le nouvel entraîneur du club, un certain Telê Santana. L’ancien ailier-gauche au profil défensif débute sa carrière d’entraîneur à trente-sept ans dans le club où il a passé quasiment toute sa carrière de joueur, Fluminense. Telê Santana remporte le championnat carioca 1969, mais entre en conflit avec le superviseur Antônio Clemente, qui informe le président à l’insu de Telê Santana d’une sortie nocturne de joueurs. Devant le conflit grandissant entre les deux hommes, le président Francisco Laport tente d’arranger l’affaire, mais Telê refuse de continuer de travailler avec Clemente et préfère démissionner. Il prend alors la direction de l’Atlético Mineiro, où l’autoritarisme de l’entraîneur précédent, l’exigeant Yustrich, a laissé des traces au sein de l’effectif.

Telê Santana retrouve son État natal du Minas Gerais et met fin à l’hégémonie de Cruzeiro, qui avait remporté les cinq dernières éditions du championnat mineiro. Avec vingt victoires en vingt-deux matchs, le Galo remporte en 1970 son premier championnat d’État de l’« ère Mineirão », débuté en 1965. Dario, mis un temps sur le banc par Telê Santana en raison d’un manque d’implication à l’entraînement, retrouve sa place de titulaire et termine meilleur buteur du tournoi. Lors du championnat mineiro 1971, l’Atlético Mineiro termine troisième, mais bat deux fois Cruzeiro, dont le match de la dernière journée, offrant ainsi le titre à l’América Mineiro. Dans sa biographie Fio de Esperança, écrite par André Ribeiro, Telê rappelle : « Ma famille était composée quasiment uniquement d’americanos. Quand un supporter de l’América me dit que je n’ai jamais travaillé là-bas, j’ai l’habitude de répondre que si, j’ai donné un titre à l’América, en 1971, quand nous avons battu Cruzeiro ».

Zagallo écarté de Botafogo

De son côté, Botafogo vit les derniers moments de sa période de gloire en 1967 et 1968, avec également un jeune entraîneur qui a brillé dans le club en tant que joueur, Mário Zagallo. Vainqueur à deux reprises du championnat carioca avec Botafogo lorsqu’il évoluait, comme Telê, en tant qu’ailier-gauche reculé, Zagallo débute sur le banc de Botafogo à trente-cinq ans et remporte deux nouveaux championnats carioca ainsi que la Taça Brasil 1968. Parallèlement sélectionneur du Brésil, Zagallo convoque trois joueurs du club pour remporter la Coupe du Monde au Mexique : Paulo César, Jairzinho et Roberto Miranda. Malgré ses succès, Zagallo est poussé vers la sortie du Botafogo par le vice-président Xisto Toniato, qui organise une tournée du club sans le prévenir du départ des joueurs à l’aéroport ! Le technicien est démis de ses fonctions et doit entrer en justice pour recevoir ses indemnités. « Mon problème était avec Xisto. De Botafogo, comme institution, je ne garde que de bons souvenirs », explique par la suite Mário Zagallo.

Revanchard, Mário Zagallo rejoint Fluminense alors que Botafogo continue de se renforcer, notamment en défense avec deux nouveaux champions du monde, le capitaine Carlos Alberto Torres, prêté trois mois par Santos, et Brito. Entraîné désormais par Paraguaio, autre ancien ailier du club, le Fogão caracole en tête du championnat carioca 1971, à tel point que Paulo César pose pour Placar avec l’écharpe de champion ! Le Fogão cale pourtant en fin de championnat et se retrouve sous pression lors du dernier match, où pour être champion, un match nul est nécessaire face au… Fluminense de Zagallo. Toujours superstitieux malgré son départ de Botafogo, Zagallo fait jouer Fluminense en blanc, comme lors du titre du championnat carioca 1969 remporté par Telê Santana, alors que Jairzinho se blesse juste avant la finale et est finalement forfait. Grâce à un but en toute fin de match de Lula, Fluminense bat Botafogo sur la plus petite des marges et remporte un titre inespéré. « Zagallo lavait son âme après avoir été pratiquement chassé du club qu’il avait servi pendant tant d’années », écrit Roberto Sander dans son livre 20 jogos eternos do Fluminense.

Un critère insolite

Le premier Brasileirão de l’histoire débute un mois après la fin des championnats d’État et se dote d’une formule plutôt simple. Les vingt clubs sont répartis en deux groupes, chaque équipe affrontant une fois tous les autres membres de son groupe. Les trois meilleurs clubs de chaque groupe se qualifient pour le second tour, mais la Confédération Brésilienne des Sports ne peut résister à une excentricité dès son premier championnat national : deux autres équipes se qualifient par groupe et sont désignées en fonction de leur recette à la billetterie sur l’ensemble des matchs ! Le critère est appelé « renda », recette en portugais, et favorise les clubs cariocas, qui peuvent profiter du Maracanã pour faire le plein à la billetterie.

L’Atlético Mineiro et Botafogo sont placés dans le groupe B et débutent tous deux par un match nul. Dans le Clássico das Multidões, le Galo fait 1-1 contre l’América Mineiro, Dario ouvrant le score de la tête. De son côté, Botafogo débute par un 0-0 contre l’America puis fait 1-1 contre Flamengo, le but de Paulo César Lima répondant à celui de l’ancien botafoguense Rogério. Botafogo pousse même la série à quatre matchs nuls avant un succès en virada sur l’América Mineiro grâce à des buts des attaquants Silva Batuta et Roberto Miranda. L’Atlético Mineiro attend pour sa part la troisième journée pour remporter un match, Lola marquant le seul but de la rencontre face à Flamengo. « Notre effectif était très fort, on avait des bons joueurs. Il n’y avait pas de titulaires et de remplaçants, l’équipe était à tout le monde », se souvient Lola pour GloboEsporte.

Virada de mesa

Dès les premières journées, le Brasileirão assiste à la première « virada de mesa » de son histoire, terme utilisé lorsque le règlement change en cours de championnat. Les clubs cariocas, notamment Flamengo, Fluminense et Botafogo, qui ne gagnent aucun match lors des trois premières journées, poussent pour ajouter un quatrième club qualifié par groupe via le nombre de points et obtiennent gain de cause auprès du président de la CBD, João Havelange. Le critère de la « renda de bilheteria » pour quatre équipes supplémentaires est maintenu. L’Atlético Mineiro fait match nul 0-0 contre Sport, entraîné par l’ancien coéquipier et ami de Telê, Pinheiro, puis s’impose 2-0 face à São Paulo, privé de Gérson. Pourtant ciblé par les défenseurs, Dadá Maravilha marque les deux buts du match et répond à Telê Santana qui lui avait dit : « Dadá, tu es né pour prendre des coups, pas pour en donner. Mais tu es aussi né pour marquer des buts, pas pour en rater ». L’Atlético Mineiro enchaîne avec un second succès de prestige, face au Santos de Pelé, grâce à un nouveau doublé de Dario. Au cours du match, Telê Santana fait entrer en jeu Zé Maria avec la mission de marquer Pelé. Les cadres de l’équipe ordonnent au jeune joueur de défendre plutôt sur Mazinho et après le match, Telê dit à Zé Maria : « Tu es le seul joueur qui ne sait pas qui est Pelé ! ».

Le critère de qualification via la « renda » entraîne avant la dernière journée une autre « virada de mesa », une nouvelle fois sous l’impulsion des clubs cariocas. Outre Vasco, qui annonce lors du match face à Palmeiras 115 000 billets vendus dans un Maracanã quasi vide, Flamengo se retrouve lors du dernier match dans une situation insolite. Septième au classement et dépassé par Santos au critère de la billetterie, le club rubro-negro doit laisser Santos gagner pour que le club de Pelé se qualifie grâce au critère sportif et lui laisse ainsi la place de la « renda » ! Devant l’incongruité de la situation, la CBD change une nouvelle fois son règlement. La confédération ajoute une nouvelle phase, où chaque club affronte les équipes de l’autre groupe. Les six meilleures équipes de chaque groupe se qualifient pour le tour suivant, le critère de la billetterie étant définitivement abandonné.

L’ultime journée du premier tour oppose une première fois dans ce Brasileirão Botafogo à l’Atlético Mineiro. Grâce à un Paulo César Lima en grande forme, Botafogo reste sur quatre victoires consécutives et est toujours invaincu alors que l’Atlético Mineiro connaît quatre jours plus tôt sa première défaite du championnat, face à l’America au Maracanã. Au Mineirão, le duel d’alvinegros est également un duel de buteurs. Le doublé de Dario répond à celui de Roberto Miranda et les deux équipes se quittent sur un match nul 2-2. Botafogo termine en tête du groupe à égalité avec Grêmio alors que l’Atlético Mineiro se classe troisième, mené par les huit buts de l’artilheiro du championnat, Dario.

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L’Atlético Mineiro en ascension, Botafogo en crise

L’Atlético Mineiro débute le second tour par un succès sur le terrain de Ceará avec un nouveau but de Dario avant d’enchaîner cinq matchs sans victoire. Lors du dernier match de la série, le Galo s’incline face au Fluminense de Zagallo, où le Maracanã applaudit son ancienne idole, Telê. L’Atlético Mineiro, une équipe plus solidaire que technique, dépend de son buteur Dario, désormais sévèrement marqué par les défenses et qui ne trouve pas les filets au cours des cinq matchs. Dadá Maravilha retrouve finalement le chemin du but lors de la large victoire 5-1 sur la Portuguesa. « Avec cette victoire, l’équipe est montée en régime, on a pris confiance », explique le premier buteur du jour et cousin de Tostão, Ronaldo Gonçalves Drummond, dans le livre 1971 – O ano do Galo, de Marcelo Baêta. Dario s’offre un nouveau doublé dans la victoire sur l’Internacional et après deux matchs nuls 0-0 contre Vasco et Palmeiras, l’Atlético Mineiro termine deuxième du groupe.

De son côté, Botafogo débute le second tour par deux matchs nuls et une défaite. Le Fogão retrouve le chemin de la victoire face au Corinthians, mais perd dans la foulée l’un de ses principaux joueurs, Paulo César Lima. En fin de contrat, Paulo César demande 26 000 cruzeiros pour prolonger, Botafogo en offre seulement 18 000 et le champion du monde 1970 s’engage finalement avec le rival, Flamengo. Botafogo perd un autre champion du monde, Brito, suspendu un an pour une agression sur l’arbitre José Aldo Ferreira lors d’une défaite contre Vasco. Le club alvinegro termine la phase initiale par trois défaites et trois matchs nuls, et se qualifie pour la seconde phase avec deux points d’avance sur le premier éliminé, profitant ainsi du changement de règlement en cours de championnat.

Adoubé par Pelé

La seconde phase est composée de trois groupes de quatre équipes, où seul le premier de chaque groupe se qualifie pour le triangulaire final. L’Atlético Mineiro hérite d’un groupe extrêmement compliqué et démarre par un succès sur Vasco avant de s’incliner 2-1 contre Santos. Alors qu’aucun club mineiro ne s’est imposé sur la pelouse d’un club gaúcho lors du tournoi Roberto Gomes Pedrosa entre 1967 et 1970, l’Atlético Mineiro gifle l’Internacional 4-1 au Beira-Rio, grâce notamment à un nouveau doublé de Dario. Le Galo bat ensuite Santos et reçoit les hommages du Roi Pelé, étrangement limité à un seul petit but marqué au cours du Brasileirão : « J’ai vu un véritable champion national. […] Pour être champion, il faut avoir de la chance, et ils ont en eu, avec des ballons sur les montants. À deux autres reprises, je ne sais pas comment les défenseurs ont empêché le but. Mais en tant que mineiro, j’espère que l’Atlético sera champion ».

Botafogo poursuit pour sa part sa crise en débutant la deuxième phase par deux matchs nuls et une défaite. Mal embarqué, le Glorioso compte finalement sur sa star Jairzinho pour se qualifier. Le Furacão da Copa marque le seul but du match contre Palmeiras à São Paulo puis inscrit un doublé pour écarter Grêmio sur le score de 3-1. Botafogo valide sa qualification après un succès 3-0 sur Coritiba, avec un nouveau but de Jairzinho, qui marque ainsi quatre de ses cinq buts du championnat dans le sprint final. Botafogo et l’Atlético Mineiro sont accompagnés pour le tour final de São Paulo, invaincu au cours du deuxième tour et qui compte dans ses rangs Gérson, Pablo Forlán ou encore Toninho Guerreiro.

Finale Botafogo – Atlético Mineiro au Maracanã

Au contraire de la deuxième phase, le tour final se joue en matchs simples et non plus sur un format aller-retour. Le triangulaire débute par une affiche Atlético Mineiro – São Paulo devant 59 320 spectateurs au Mineirão. Le Tricolor paulista adopte une posture défensive et aucun but n’est marqué en première période. À un quart d’heure de la fin, le coup franc surpuissant d’Odair trouve la lucarne de Sérgio et place l’Atlético Mineiro en tête. L’homme du match est le gardien atleticano Renato, qui réalise à trois minutes du terme une parade réflexe sur une frappe de Gérson et préserve le succès de l’Atlético Mineiro. Trois jours plus tard, São Paulo concède l’ouverture du score face à Botafogo au Morumbi, mais s’impose finalement 4-1 et garde ses chances de titre. Le match Botafogo – Atlético Mineiro, au Maracanã, va désigner le premier vainqueur de l’histoire du Brasileirão.

L’Atlético a besoin d’un simple match nul pour être champion alors que Botafogo doit l’emporter par six buts d’écart pour être sacré, une victoire moins large offrirait le titre à São Paulo. Les supporters de Botafogo ne semblent pas y croire et le Maracanã reçoit seulement 46 458 spectateurs, un bon tiers venant de Belo Horizonte par bus, voiture ou avion, pour supporter le Galo. La veille du match, la préparation de l’Atlético Mineiro est perturbée par une anodine partie de ping-pong entre deux compétiteurs-nés, Dario et Telê Santana. Le score est de 20-20 lorsque Dario crie de douleur, se plaignant du dos. Dans son livre 1971 – O ano do Galo, Marcelo Baêta écrit : « Telê n’admettait jamais la défaite et aimait jouer à tout : au ping-pong, au billard, faire des frappes au but… Quand il perdait, les joueurs le chambraient, jusqu’à un certain point. Il était comme possédé, il justifiait sa défaite et pouvait ne pas parler pendant des jours à celui qui le battait ». Dario s’écroule au sol de douleur et est incertain pour la finale, comme il le rappelle dans sa biographie : « J’ai tout de suite reçu les soins du Dr. Haroldo Lopez, le médecin de l’Atlético. Au début, j’étais forfait pour le match. J’ai fait des traitements toute la nuit, je voulais entrer sur le terrain à tout prix ».

Dario est finalement titulaire, mais les deux coachs procèdent à des changements. Telê fait un choix fort en titularisant Lola après trois mois d’absence. Victime d’une fracture du péroné contre Santos, Lola revient à la surprise générale pour le dernier match, Telê appréciant son style de jeu technique et collectif. Du côté de Botafogo, le gardien Ubirajara Motta est jugé coupable de la large défaite face à São Paulo et est remplacé par Wendell. La première période est hachée, Dario et Jairzinho mettent en difficulté la défense adverse, mais aucun but n’est inscrit. À l’heure de jeu, Dario est à la réception d’un centre d’Humberto Ramos côté gauche. Celui qui n’avait marqué que deux buts lors des neuf derniers matchs, mais qui avait promis un « but subtil » à ses supporters, s’envole dans le ciel de Rio et assomme Botafogo d’un magistral coup de tête. « Il y a seulement trois choses qui planent dans les airs : le colibri, un hélicoptère et Dadá », déclare un jour l’attaquant de l’Atlético Mineiro, qui inscrit son quinzième but dans le championnat, lui permettant de terminer meilleur buteur du Brasileirão.

La revanche de Dadá

Botafogo est abattu, São Paulo également, et le capitaine atleticano Oldair peut soulever l’imposant trophée du Brasileirão. À quarante ans, Telê Santana écrit l’une des plus belles lignes de son palmarès et sacre le « futebol-arte », qui avait déjà triomphé du « futebol-força » lors de la Coupe du Monde 1970 : « J’ai pris en main une équipe talentueuse, qui ne gagnait pas de titre depuis cinq ans et avait le moral au plus bas. J’ai permis à l’équipe d’entrer sur le terrain en ayant confiance en la victoire, je demandais aux joueurs d’attaquer en se préoccupant seulement de jouer au football. C’est comme cela que les chances de gagner sont les plus grandes », déclare après le match Mestre Telê.

La réception des joueurs à Belo Horizonte est exceptionnelle et Telê accomplit sa promesse en parcourant plus de vingt-cinq kilomètres à pied pour se rendre jusqu’à la chapelle de Congonhas. L’Atlético Mineiro place trois joueurs dans l’équipe-type du championnat élue par Placar : Humberto Monteiro, Vantuir et Vanderlei. L’artilheiro Dadá Maravilha est donc laissé de côté, mais obtient une meilleure satisfaction, comme il explique dans le livre Os dez mais do Atlético Mineiro, d’Eduardo Murta : « Ce match a été pour moi celui de la revanche. Lors de l’année 1971, je me sentais plus que jamais obligé de terminer meilleur buteur. J’avais été champion du monde un an auparavant, lors de la Coupe du Monde 1970 au Mexique, avec l’injuste suspicion d’avoir été convoqué seulement grâce à l’injonction du président Médici. Avec mon but contre Botafogo, qui a offert à l’Atlético le championnat national, j’ai montré que j’étais bien le meilleur avant-centre du pays ». Un sacre au Maracanã, lors d’une finale face à Botafogo, pour entrer définitivement dans l’histoire du football brésilien.

Marcelin Chamoin
Marcelin Chamoin
Passionné par le foot brésilien depuis mes six ans. Mon cœur est rouge et noir, ma raison est jaune et verte.