Un temps annoncé au Flamengo, Ronaldo retrouve le Brésil en 2009 du côté de São Paulo et du Corinthians, où il ne tarde pas à remporter des titres avant de connaître une fin de carrière plus compliquée.

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Sur la carrière de Ronaldo en Europe, on a déjà à peu près tout dit. Les débuts au PSV, le but à Compostelle avec le Barça, la finale de la Coupe UEFA contre la Lazio au Parc, la nouvelle blessure contre cette même Lazio six minutes après son retour de blessure, l'époque Galacticos au Real, puis le dernier défi au Milan AC. À Milan, les débuts sont corrects, jusqu'au 13 février 2008 et ce match contre Livourne. Déjà victime d'une rupture des ligaments croisés du genou droit en 1999 puis 2000, Ronaldo se pète cette fois-ci le genou gauche. Sauf que cette fois-ci, Ronaldo a 31 ans et accuse au moins cinq kilos de trop. Beaucoup doutent de sa capacité à revenir. O Fenômeno lui connaît la chanson et sait d'avance les longues heures de rééducation qui l'attendent.

Deux mois après cette terrible blessure, Ronaldo est de retour chez lui, à Rio de Janeiro. Il assiste à la demi-finale de la Taça Rio entre Botafogo et Flamengo. Déjà qualifié pour la grande finale du championnat carioca, Flamengo se fait corriger 3-0 mais l'essentiel se passe en tribune, avec la présence de Ronaldo au Maracanã, vêtu d'un t-shirt avec l'inscription « J'aime Fla » devant et le numéro 12, réservé aux supporters, derrière. Plus tard, il apparaît dans sa voiture avec un maillot du Flamengo. Le président du club, Marcio Braga, l'accueille à bras ouvert et lui propose de profiter des installations du club pour soigner son genou. « S'il veut se soigner au club, avec notre médecin Runco, qu'il connaît et en qui il a confiance, on est prêts à le recevoir. Je vais déjeuner dans la semaine avec son agent à ce sujet. » Sur un hypothétique transfert, Braga se montre plus méfiant, sans toutefois se garder d'afficher son ambition. « Le gamin n'a jamais caché son rêve de jouer au Flamengo. C'est un rubro-negro, mais ce n'est pas possible pour le moment. Il pourra rejouer seulement l'an prochain et il est sous contrat avec un club. »

Ronaldo proche de s'engager avec son club de cœur

Ronaldo n'a jamais joué pour Flamengo, qu'il admire dans son enfance et qui connaît sa période dorée justement dans les années 1980 avec un certain Zico. Enfant, le centre d'entraînement du Flamengo est trop loin de la maison de la famille Nazário de Lima, située à Bento Ribeiro, et Ronaldo s'engage pour São Cristóvão, un club de la zone nord de Rio de Janeiro. Quand Jairzinho récupère les droits du joueur, il conseille le garoto au Cruzeiro, où il a joué brièvement, le temps tout de même de remporter la Copa Libertadores 1976. L'idée d'un transfert au Flamengo pour la fin de sa carrière plaît en tout cas aux supporters, et ce n'est pas le scandale des travestis qui éclate quelques jours plus tard qui vient écorcher sa cote de popularité chez les rouges et noirs. Au mois de septembre, Ronaldo s'entraîne à Gávea et les supporters du Flamengo mettent en place le mouvement « Fica Ronaldo » pour récolter des fonds afin de permettre la signature de Ronaldo, qui vient de rompre son contrat avec le Milan AC. Ronaldo s’émeut de ce soutien en demandant « pourquoi vous faites tout ça pour moi ? » Lorsqu'il met un stop au Paris SG, le seul concurrent semble être Manchester City mais l'annonce d'une signature au Flamengo se fait de plus en plus évidente.

Pourtant, début décembre 2008, Ronaldo annonce son transfert au… Corinthians. Si officiellement, Ronaldo annonce avoir été lassé par le manque d'offres du Flamengo, Nike semble jouer un rôle important dans sa décision. En effet, Nike est l'équipementier du Flamengo depuis 2000 mais le contrat n'est pas renouvelé en 2008. Ronaldo s'affiche même au centre d'entraînement du club avec un maillot où la virgule est remplacée par trois points d'interrogation, en attendant l'annonce du nouveau fournisseur. Moins vendeur pour l'une des principales têtes d'affiche de Nike, qui prend donc la direction de São Paulo et du Corinthians, sous contrat avec Nike évidemment. Dans la presse, le président du Flamengo fait part de sa surprise. « On avait commencé les négociations, mais on a préféré attendre ensuite, pour ne pas mettre de pression sur le joueur, car il ne pouvait pas encore jouer. S'il avait reçu une proposition, il aurait dû nous prévenir (…) On est déçus, car il a quitté le club sans dire au revoir ou merci. » Si sa réaction est mesurée, celle des supporters du Flamengo l'est nettement moins. Les photos et maillots de Ronaldo sont brûlés, l'ancien enfant chéri est insulté de mercenaire et de traître alors que l'affaire des travestis revient au souvenir de la torcida flamenguista. Pour le Corinthians, qui vient de remonter en Série A après un an au purgatoire, le transfert de Ronaldo est une aubaine, d'autant plus que le club fêtera son centenaire en 2010.

Premiers titres au Corinthians

Au Corinthians, Ronaldo passe de 98 à 93 kg et effectue son premier match le 4 mars, plus d'un an après sa blessure. Il joue 25 minutes en Coupe du Brésil, sans éclat. Quatre jours plus tard, Ronaldo rentre en jeu à la 63e minute alors que le Corinthians est mené 1-0 face au grand rival Palmeiras dans le cadre du championnat paulista. À la 92e minute, Ronaldo place un coup de tête après un corner et permet au Timão d'arracher un nul inespéré. Il marque de nouveau lors du match suivant pour son premier match en tant que titulaire et le Corinthians termine la première phase du tournoi en troisième position avec dix victoires et neuf matchs nuls en dix-neuf rencontres. Pour la première fois depuis 2000, les quatre grands clubs de São Paulo (Corinthians, Palmeiras, São Paulo FC, Santos) sont présents en demi-finale du Paulista. Ronaldo marque de nouveau en demi-finale contre São Paulo FC après une accélération où il est flashé par la télévision brésilienne à 36 km/h. Reste alors le chef-d’œuvre contre Santos, en finale aller du championnat paulista.

Au Vila Belmiro, face au Santos de Neymar, 17 ans, et Ganso, le Corinthians ouvre le score à la 10e minute sur un coup franc de son défenseur-buteur Chicão, auteur de son huitième but du tournoi. Poussé par son public, Santos tente de revenir au score mais dix minutes après le but de Chicão, sur un long ballon en hauteur, Ronaldo contrôle parfaitement du pied droit avant de tromper Fábio Costa du gauche. Ronaldo est proche de s'offrir un doublé en fin de première mi-temps, mais sa frappe passe hors cadre. O Fenômeno devra encore patienter. En seconde période, Santos réduit logiquement le score, bien aidé par une faute du gardien du Timão, Felipe. À un quart d'heure de la fin du match, Ronaldo envoie sa deuxième flèche. Lancé en profondeur, Ronaldo réalise un dribble du talon derrière la jambe d'appui pour éliminer Triguinho, avant de tenter un astucieux lob, une nouvelle fois du pied gauche. Le dosage est parfait et Ronaldo s'offre un doublé, le Vila Belmiro ne peut que s'incliner face au génie de R9. Celui qui est encore à ce moment le meilleur buteur de l'histoire de la Coupe du monde répond une nouvelle fois présent au moment le plus important. Avec cette victoire 3-1 à l'extérieur, le Corinthians peut gérer son avantage et se contentera d'un match nul 1-1 au retour pour remporter le trophée, une première depuis 2003. Surtout, le Corinthians remporte le Paulista sans perdre un seul de ses 23 matchs, une première dans la compétition depuis Palmeiras en 1972. Ronaldo pour sa part réussit parfaitement son retour à la compétition après la troisième grosse blessure de sa carrière, avec 8 buts en 10 matchs.

La suite de la saison est mouvementée pour Ronaldo. En Coupe du Brésil, le Corinthians remporte pour la troisième fois de son histoire le trophée, avec un but de R9 en finale aller, contre l'Internacional. Dans le Brasileirão, Ronaldo connaît plusieurs pépins physiques et rate ses retrouvailles avec Flamengo et le Maracanã lors du match aller. Au retour, lors de la 37e et avant-dernière journée, il sort sur blessure après 25 minutes de jeu. Flamengo, qui s'est consolé en recrutant Adriano, meilleur buteur du Brasileirão, s'impose 2-0 et bat Grêmio une semaine plus tard pour remporter le championnat national, une première depuis 1992. Ironie de l'histoire, le but du titre est marqué par un défenseur du nom de… Ronaldo Angelim. Déjà vainqueur du championnat carioca, Flamengo réussit sa saison à l'instar du Corinthians, ce qui fera dire à Ronaldo : « j'ai gagné quatre titres cette saison, deux comme joueur et deux comme supporter. » Pas suffisant pour que les fans du Flamengo pardonnent à celui qui a inscrit 23 buts en 38 matchs pour cette saison 2009.

Une fin de carrière compliquée

La saison 2010, qui marque le centenaire du club, est plus compliquée, malgré l'arrivée de Roberto Carlos sur le couloir gauche. Le Corinthians est éliminé dès la première phase du Paulista et en Libertadores, le Timão retrouve Flamengo en huitième de finale. Lors du match aller, Ronaldo est sifflé toute la rencontre, remportée 1-0 par le Mengão sur un penalty d'Adriano. Malgré une victoire 2-1 au retour – Ronaldo inscrivant le deuxième but du Timão au retour – le Corinthians est éliminé de la compétition. Le Brasileirão est difficile pour le phénomène qui rate beaucoup de matchs sur blessure et qui affiche un poids sur la balance indigne d'un footballeur. Entre la première et la 29e journée, Ronaldo prend part à seulement trois matchs. Il dispute cependant les huit derniers matchs du championnat et marque son premier but dans le jeu contre… Flamengo. Ronaldo répond aux chants qui l'insultent de travesti en levant les poings, bien fermés. En onze matchs du Brasileirão, Ronaldo ne perd aucun match et marque six buts, dont quatre sur penalty. Le Corinthians termine troisième et devra passer par les barrages pour se qualifier en Libertadores.

En 2011, Ronaldo semble prendre encore du poids alors que le Corinthians est le grand favori face au Deportes Tolima, en barrage de la Libertadores. Après un 0-0 peu convaincant à domicile, le Timão est battu 2-0 au match retour et devient la première équipe brésilienne à être éliminée lors des barrages. Ronaldo, déjà contesté lors du match aller, notamment par Neto, ancienne idole du Corinthians, explique la défaite par le mauvais état de la pelouse. Après l'élimination, des supporters taguent le centre du club et menacent Ronaldo. Le 14 février 2011, trois ans et un jour après sa terrible blessure, O Fenômeno, rongé par les blessures et hors de forme, annonce les yeux rougis sa retraite et parle de « sa première mort ». Lucide sur son état physique, Ronaldo préfère arrêter les frais. « Les douleurs me possèdent, me consument, je n'arrive à penser à rien d'autre. L'année 2010 a été très difficile, avec beaucoup de blessures et cette année, ça recommence. Ma tête voit les choses, comment dribbler le défenseur, mais mon corps ne suit plus. » Auteur de son dernier but en carrière contre Cruzeiro, son premier club professionnel, Ronaldo fait part de son regret de ne pas avoir pu remporter la Libertadores, tout comme il n'avait pas pu remporter la Ligue des champions. Une absence de titre majeur sur la scène continentale qui n'a pas empêché le double champion du monde d'être une démonstration de courage et d'être considéré par beaucoup comme le plus grand avant-centre de tous les temps, avec un mélange de technique, de vitesse et de puissance encore inégalé.

 

Marcelin Chamoin
Marcelin Chamoin
Passionné par le foot brésilien depuis mes six ans. Mon cœur est rouge et noir, ma raison est jaune et verte.