Le 19 avril 1960, le coup d’envoi d’une nouvelle compétition est donné au Centenario. Trente ans après la finale de la première Coupe du Monde, l’Uruguay assiste à la naissance de la Copa Libertadores.

banlomag

Depuis l’époque du football amateur, les différents pays d’Amérique du Sud voient leurs équipes s’affronter entre elles. Que ce soit lors de simple tournées amicales ou de compétitions mises en place, le nombre de ces oppositions ne cesse de croître. Entre 1916 et 1957, la Copa Río de La Plata (ou Copa Aldao) voit ainsi Argentins et Uruguayens croiser le fer à intervalles plus ou moins réguliers. En 1947, Robinson Álvarez, président de Colo-Colo, alors champion de Primera División chilienne, décide d’organiser un tournoi continental amical auquel sont invités les champions de différentes ligues sud-américaines. L’initiative est soutenue par le président de la confédération, lui aussi chilien, Luis Valenzuela, il se déroule à l’Estadio National l’année suivante et met aux pris sept équipes dont la Máquina de River Plate et est remporté par le Vasco de Moacir Barbosa. La graine est plantée. La légende veut que Gabriel Hanot s’en inspire pour lancer sa Coupe d’Europe en 1955. Trois ans plus tard, l’idée refait surface lors du congrès sud-américian de Rio de Janeiro après notamment qu’Henry Delaunay propose à la CONMEBOL une rencontre annuelle entre champions continentaux. L’Amérique du Sud doit alors se doter d’une compétition continentale pour élire son champion. 

Alors que l’Uruguay est en conflit avec l’Argentine et le Brésil quant à la tenue d’un tel événement, en mars 1959, les dirigeants chiliens remettent sur la table le grand projet d’un tournoi sud-américain lors du 24e congrès de la confédération. Sous la présidence de Sorhueta Fermín, qui vient de succéder à José Ramos de Freitas, la Copa Campeones de América est ainsi créée, elle deviendra définitivement Copa Libertadores en 1965 (même si le nom est utilisé dès le départ dans certains journaux de l’époque) en hommage aux libérateurs du continent. Si l'Uruguay a voté contre lors du congrès, il va tout de même y participer. Le premier tournoi est prévu pour 1960, il mettre aux prises sept équipes championnes (Pérou, Équateur et Venezuela ne participent pas).

borges

Peñarol lance l’épreuve

Le tournoi commence ainsi dès les quarts de finale, trois matchs ayant lieu alors que le champion du Paraguay, Olimpia est déjà qualifié pour les demi-finales suite au retrait des Péruviens d'Universitario. La compétition doit se dérouler entre le 15 avril et le 15 juin  sans perturber les calendrier des championnats locaux, l'un des arguments du vote contre des Uruguayens (en plus des luttes politiques avec l'Argentine et le Brésil). Le mardi 19 avril 1960, jour de la commémoration de l’arrivée des Treinta y Tres Orientales, commandés par Juan Antonio Lavalleja, sur le territoire uruguayen, 35 000 personnes sont présentes dans les travées du Centenario de Montevideo pour le premier match de l’épreuve. Peñarol accueille alors les Boliviens de Jorge Wilstermann. Peñarol entre en premier sur le terrain en portant la Bandera de Artigas, hommage à cette journée particulière pour le pays et raison de cette date symbolique pour initier son tournoi. Wistermann suit en rouge et bleu. À 16h11, le coup d’envoi est donné, il ne faudra attendre que trois minutes pour assister au premier but.

Une frappe de Luis Cubilla rebondit sur la transversale, Carlos Borges est au rebond et propulse le ballon au fond des filets. Peñarol ouvre le score, il va ensuite dérouler. Borges de nouveau à la 17e, Cubilla à la 21e, les Carboneros écrasent l’Aviador. La légende équatorienne Alberto Spencer va alors entrer en piste. Du point de penalty, sur un service de Hohberg, Spencer ouvre son compteur but, il ajoutera trois autres buts (aux 57e, 66e et 89e minutes), devant évidemment l’auteur du premier quadruplé de l’épreuve avant, quelques années plus tard, d’en devenir le meilleur buteur historique (54 buts), un record qui tient encore aujourd’hui. Entre temps, le capitaine et attaquant Máximo Alcócer deviendra l’auteur du premier but d’un club bolivien dans l’épreuve, mais le score est lourd : Peñarol s’impose 7-1. 

À l’issue du match, le président du club, Gastón Guelfi, déclare que l’objectif du club est de décrocher le titre continental. Quelques mois plus tard, après avoir éliminé San Lorenzo au terme d’un match d’appui en demi-finale, Peñarol s’impose en finale face à Olimpia et devient le premier champion d’Amérique du Sud. L’histoire de la Copa Libertadores et de son géant uruguayen dans celle-ci ne fait alors que commencer.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.