Le football brésilien a toujours été objet de fascination au Japon. Pour cela, il a aussi été aidé par des joueurs qui ont marqué de leur empreinte l’archipel nippon. Voici les cinq plus grands.

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Reprise de la J.League : le guide de la saison

amaralAmaral (Wagner Pereira Cardozo)

Tokyo Gas puis FC Tokyo (1992/03), Shonan Bellmare (2004), F.C. Horikoshi puis Arte Takasaki (2005/07) et FC Kariya (2009)

Dans sa jeunesse, Wagner Pereira Cardoso a tout d'abord évolué comme défenseur central avant d'être replacé comme attaquant. Cependant, cela n'a pas suffi pour séduire les clubs professionnels où il a passé des tests. Dans un premier temps, il travaille à l'usine et continue de jouer en amateur. Ses bonnes performances lui permettent de signer un contrat avec le Comercial FC situé à Ribeirão Preto. Le club évolue alors en troisième division de l'État de São Paulo. Les buts s'enchaînent et il part en prêt au Capivariano FC en deuxième division. Sa réputation locale flambe. Recruté par Ituano, il participe à la montée de sa nouvelle équipe en première division. Lors d'un match contre Guarani, Amaral tape dans l'œil du coach de Palmeiras venu superviser un autre joueur. Nelsinho le recrute dans la foulée. Malheureusement, son expérience avec le Verdão tourne court. En dépit d'un premier but contre Fluminense, il se blesse au ménisque et passe sur le billard. Barré du onze titulaire, il reçoit une offre en provenance du Japon. En effet, José de Souza Teisheira, son ancien entraîneur à Ituano et nouveau conseiller du Tokyo Gas, le convainc de rejoindre le « pays du soleil levant ». 

Sa nouvelle formation a un standing bien moindre que Palmeiras. Comme son nom l'indique, le club de la capitale nippone appartient, à la compagnie fournissant le gaz à la ville de Tokyo. Ils évoluent en deuxième division. Pour la plupart, les joueurs sont des employés de la firme, ils s'occupent eux-mêmes de leur équipement et leur terrain d'entraînement est un vieux synthétique. Le buteur a le mal du pays, cette saudade qui touche beaucoup de Brésiliens à l'étranger. Il tente même de repartir au pays un an seulement après son arrivée. Finalement, il s'accroche et s'adapte à l'environnement local. Amaral et Tokyo squattent l'antichambre de l'élite, qui devient J League 2 en 1999 en même temps que le club change de dénomination pour devenir le FC Tokyo, parvenant même au titre de champion en 1998. En 2000, la J.League 1 est enfin atteinte et le Brésilien ne connaît pas de baisse de régime. Toujours aussi efficace malgré l'élévation de l'adversité, il signe soixante-quatre réalisations en cent-un matchs parmi l'élite. Après onze saisons à Tokyo (cent-quatre-vingt-un buts pour trois-cent-trente-deux matchs toutes compétitions confondues), il retrouve la J.League 2 avec Shonan Bellmare. Moins réaliste, son bilan est nettement moins reluisant (deux buts en vingt-et-une rencontres). Âgé de trente-neuf ans, Amaral poursuit sa carrière pendant quatre ans en Football League (quatrième échelon) et met un terme à sa carrière à quarante-trois ans. Son souvenir est toujours des plus vifs au FC Tokyo aujourd’hui puisque le principale bâche des supporters du club arbore son nom sans ambiguïté : celui du King Amaral.

juninhoJuninho (Carlos Alberto Carvalho dos Anjos Junior)

Kawasaki Frontale (2003/11) et Kashima Antlers (2012/13)

Située dans le nord-est du pays, Salvador do Bahia est principalement connue pour son architecture coloniale portugaise, sa culture afro-brésilienne et son littoral tropical. Le jeune Carlos Alberto Carvalho dos Anjos Junior y commence sa carrière sous les couleurs de l'Esporte Clube Bahia, l'un des clubs de sa ville natale. Formé comme milieu offensif, il intègre l'équipe pro en 1996 et connaît même les honneurs de la Seleção U20. Trois ans après ses débuts, Juninho quitte le cocon de Bahia pour rejoindre Vila Nova puis l'União São João. Sa carrière décolle vraiment quand il signe avec Palmeiras. Un temps convoité par le FC Barcelone, le transfert tombe à l'eau suite aux mauvaises performances du Verdão qui est relégué en Serie B pour la première fois de son histoire en 2002. Lors d'une rencontre contre Flamengo, des émissaires de Kawasaki supervisent un joueur du Mengão pour renforcer leur attaque et tombent sous le charme de Juninho. La transaction aboutit dans les dernières minutes du mercato et il s'envole vers le Japon. Là-bas, il est repositionné en pointe et dynamise l'attaque du Frontale avec vingt-huit buts en trente-neuf matchs de J.League 2. Pas suffisant pour la montée. Ce n'est que partie remise. 

La saison suivante, Juninho améliore encore son rendement et permet à son club de remporter le championnat, synonyme de J.League 1, avec en bonus le titre de meilleur buteur avec trente-sept réalisations. L'élévation du niveau n'empêche pas le Brésilien de tromper régulièrement la vigilance des défenses adverses et de terminer meilleur buteur du club pour la troisième fois consécutive. La saison suivante, Kawasaki et Juninho luttent pour le titre mais doivent s'incliner devant Urawa Red Diamonds. Et malheureusement, cette situation va encore se reproduire en 2008 et 2009 malgré les nombreuses réalisations du buteur auriverde. L'aventure de Juninho avec Kawasaki se termine en 2012. Son bilan est impressionnant avec deux-cent-quatorze buts inscrits (toutes compétitions confondues) en trois-cent-cinquante-cinq rencontres. D'ailleurs, lors de son séjour au Frontale, il n'a manqué le titre de meilleur buteur de l'équipe qu'à une seule reprise (en 2008 où Jong Tae-se le devance). Recruté par Kashima Antlers, le Sud-américain n'est plus aussi efficace mais remporte néanmoins la Coupe de la Ligue (2-1 ap) contre Shimizu S-Pulse. Après une nouvelle saison en demi-teinte (seulement trois buts), il clôture son expérience nippone après une décennie bien remplie et rentre au Brésil où il s'offre une dernière pige avant de raccrocher.

leandroLeandro (Leandro Domingues Barbosa)

Kashiwa (2010/14), Nagoya (2014/15) et Yokohama FC (depuis 2017)

Natif de Vitória da Conquista, située dans l’État de Bahia, Leandro commence sa carrière au sein de l'un des deux grandes équipes locales : l'Esporte Clube Vitória. Après des débuts en 2001 avec son club formateur, il s'y distingue notamment quand l'équipe descend en Serie C (troisième division) en l'aidant à retrouver l'échelon supérieur et obtient un transfert vers Cruzeiro. Là-bas, cela ne se passe pas très bien. L'entente avec son nouveau coach est loin d'être idyllique. Il enchaîne les prêts pour obtenir du temps du jeu et retrouve son club formateur à deux reprises où il regagne de la confiance. Barré à la Raposa, il trouve une porte de sortie au Japon et se dirige vers Kashiwa au début de l'année 2010. Quand il arrive sur l'île de Honshū, l'équipe locale évolue en J.League 2. Le milieu offensif séduit immédiatement grâce à des performances étincelantes. Sa contribution à l'accession du club vers l'élite est inestimable. Meilleur buteur et meilleur passeur du Reysol, il réitère à l'échelon supérieur lors de la saison suivante avec quinze buts et sept passes décisives bien fourni par son compatriote Jorge Wagner et, à la surprise générale, le club s'empare du titre de J.League 1. Une première depuis 1972 et la JSL. Élu meilleur joueur de l'année, Leandro reçoit une reconnaissance méritée. Invité au Mondial des Clubs organisé au Japon, Kashiwa atteint les demi-finales mais chute contre Santos (3-1) après avoir éliminé Auckland (2-0) et Monterrey (1-1 / 4-3 tab). Face aux Mexicains, Leandro ouvre le score et convertit son tir au but.

Si Kashiwa ne gagne plus le championnat pendant son séjour, le Brésilien s'illustre à nouveau notamment en 2012 quand il figure dans le Best XI du championnat et il agrémente son palmarès de différents trophées (Coupe de l'Empereur et Supercoupe 2012 et Coupe de la Ligue 2013). Mais son temps de jeu diminue à partir de 2013 et l'année suivante, il quitte Reysol pour rejoindre Nagoya. Avec Grampus, le rendement n'est pas celui attendu. L'expérience s'achève rapidement. Après un retour de deux ans au Brésil, Leandro revient au Japon et endosse les couleurs de Yokohama FC. Comme en 2010, le Sud-américain retrouve l'antichambre de l'élite. La première année est mitigée. Mais dès la suivante, le milieu (très) offensif atteint à nouveau un niveau de jeu satisfaisant et des stats flatteuses en dépit de son âge (trente-cinq ans). Son club lutte pour la promotion, mais doit s'incliner en demi-finale de play-offs contre Tokyo Verdy à la 90+7e (1-0). Ce n'est que partie remise puisque le Fulie parvient à se hisser en J.League 1 au terme de l'édition 2019. Relégué sur le banc, Leandro joue peu à l'instar des autres vieilles gloires du club et quitte finalement YFC en fin de contrat le mois dernier. À voir s’il y aura une suite.

maquinhosMarquinhos (Marcos Gomes de Araujo)

Tokyo Verdy (2001/02), Yokohama Marinos (2003 et 2012/13), JEF United Ichihara Chiba (2004), Shimizu S-Pulse (2005/06), Kashima Antlers (2007/10), Vegalta Sendai (2011) et Vissel Kobe (2014/15)

Le Roi des buteurs Brésiliens de J.League ! Après des débuts en Espagne avec le Club Deportivo Ourense, Marquinhos rejoint le Brésil et évolue successivement avec Operário Ferroviário puis Coritiba où il se fait remarquer pour ses buts. Recruté par Tokyo Verdy en cours de saison 2001 pour sauver sa nouvelle formation de la relégation, le Brésilien contribue à conserver l'équipe en J.League. L'année suivante, sa contribution est moins importante et il est successivement prêté au Yokohama F-Marinos et à JEF United. Lors de ses prêts, il retrouve le chemin des filets et inaugure son palmarès avec le succès en championnat des Marinos. En 2005, Marquinhos poursuit son tour du Japon et s'engage avec S-Pulse. Dans la ville portuaire, le buteur affiche de belles stats. L'équipe alterne le bon (quatrième) et le moins bon (quinzième). Kashima le recrute à l'aube de la saison 2007. Là-bas, la réussite est directement au rendez-vous. L'équipe remporte le titre et la Coupe de l'Empereur avec de nombreux buts de la nouvelle recrue. Les Antlers parviennent à conserver leur bien pendant encore deux saisons supplémentaires et ajoute deux Supercoupes du Japon. Marquinhos collectionne les buts et additionne les récompenses personnelles (meilleur buteur du club 2007, 2008, meilleur buteur du championnat 2008 et meilleur joueur du championnat 2008). 

En 2011, il se met d'accord avec Sendai mais ne fait qu'une seule apparition sous ses nouvelles couleurs. Touché par un séisme, dont l'épicentre est situé à seulement cent trente kilomètres de la ville, et un tsumani, Sendai est lourdement impacté. Très touché par cette catastrophe, Marquinhos rompt son contrat comme d’autres joueurs de l’effectif et rentre au Brésil. Après une pige à l'Atlético Mineiro où il joue peu en raison de blessures persistantes, le buteur retrouve le Japon en 2012. De retour à Yokohama, il s'illustre à nouveau avec deux nouveaux titres de meilleur buteur de sa formation. Les Marinos loupent avec lui en 2013 un titre de champion qui leur tendait les bras, ce qui aurait été le cinquième titre de champion de J1 de la carrière de Marquinhos.

Âgé de trente-huit ans, le Vissel Kobe lui offre une dernière pige. En dépit de sa troisième place au classement des scoreurs, il ne parvient pas à hisser l'équipe de la société Rakuten dans les hautes sphères du championnat. Sa dernière saison est plus compliquée avec seulement trois buts mais il devient le premier étranger à atteindre la barre des trois cents matchs de J.League. À l'issue de son contrat, début 2016, il met un terme à sa carrière. Avec cent cinquante-deux buts, Marquinhos est le meilleur buteur étranger du championnat japonais, devant même la légende nippone Kazuyoshi Miura (139).

zicoZico (Arthur Antunes Coimbra)

Sumitomo Metals puis Kashima Antlers (1991/94)

Si vous êtes un lecteur assidu de Lucarne Opposée, nul besoin de vous présenter Zico.  N°10 de Flamengo et du Brésil pendant de longues saisons, le Carioca s'est forgé un solide palmarès avec le Rubro-Negro avec notamment à la clé sept titres du championnat carioca, quatre Brasileirão, une Libertadores et une Coupe Intercontinentale. Il connaît sur le tard son unique expérience européenne en Serie A sous les couleurs bianconeri de l'Udinese et demeure l'un des joueurs préférés au Frioul. Lors de son séjour italien, des émissions télévisées spécialisées consacraient des reportages pour décortiquer ses coups francs dont il était un éminent spécialiste. Et après un retour au pays avec le Mengão, il raccroche les crampons en 1989 à trente-six ans. L'ancien international auriverde se reconvertit dans la politique. Nommé ministre des sports par le nouveau président Fernando Collor de Mello, il reste en fonction pendant environ un an avant d'interrompre sa mission pour rechausser les crampons. À la recherche de star pour développer le football au Japon, le « Pelé blanc » se voit offrir un juteux contrat pour sortir de sa retraite sportive. En 1991, il s'engage donc avec Sumitomo Metals de Kashima. 

L'équipe joue alors en seconde division et ambitionne d'accéder à la future J.League. Malgré son âge (trente-huit ans), Zico survole la compétition et finit meilleur buteur de deuxième division avec vingt-et-un buts en vingt-deux matchs. Son talent et son professionnalisme collent très bien à la culture japonaise. Lors de la saison suivante, le club ne dispute que la Coupe de l'Empereur et la J.League Cup. En 1993, la J.League voit enfin le jour, elle est la première entièrement professionnelle. Auteur d'un triplé lors du match d'ouverture, le Brésilien ne manque pas ses débuts. Le promu rebaptisé Kashima Antlers atomise Nagoya Grampus (5-0). Si le club de la petite ville ne devait pas rivaliser avec des clubs plus riches comme les Yokohama Marinos ou le Verdy Kawasaki, la présence de Zico assure la seconde place au classement (J.League Suntory Series). L'équipe bute également en finale de la Coupe de l'Empereur contre Yokohama Flügels (6-2 a.p.). En juin 1994, il inscrit son dernier but face au Júbilo Iwata et interrompt définitivement son immense carrière. Surnommé « Dieu du football », Zico est une légende au Japon. Grâce à sa contribution, la ville et le club de Kashima sont enfin reconnus sur la scène nationale et internationale. Les Antlers sont depuis l’équipe la plus titrée de l’ère J.League et une statue en son honneur se trouve même à l'extérieur du Kashima Soccer Stadium.

L’impact de Zico pour lancer la J.League fut énorme et pas un seul autre joueur étranger n’a marqué à ce point le club où il est passé. Mais sa contribution au football nippon ne s’arrête pas là puisqu’en 2002, il devient le successeur de Philippe Troussier à la tête de l’équipe nationale du Japon. Il remporte la Coupe d’Asie 2004 en Chine mais connait une Coupe du Monde 2006 plus décevante avec une sortie en groupes et un seul petit point pris. Après de longues années en tant qu’entraineur, Zico revient finalement au Japon en tant que directeur sportif des Antlers, poste auquel il est toujours à ce jour avec une côte de popularité toujours aussi forte. Le Spirit of Zico arboré toujours de nos jours partout par les supporters des Antlers n’est donc pas prêt de s’estomper du côté d’Ibaraki !

 

 

Par Nicolas Wagner et Nicolas Treuscor

Nicolas Wagner
Nicolas Wagner
Rédacteur Europe pour Lucarne Opposée