Inutile de présenter les Reds de Liverpool, club légendaire du nord de l’Angleterre. Aujourd’hui, pour le premier numéro de cette nouvelle rubrique consacrée à l’histoire des noms de clubs sud-américains, intéressons-nous à son homonyme uruguayen.
Le hasard d’une carte
Le club est fondé en 1908 par Domingo Etchegoyen, Diego Azcoitía, Hermelino Pintos, Julio Freire, Mario Pintos, José Misa, Juan Torchelo, Luis Pereftl, Juan Antonio Añón et Luis Etchegoyen (entre autres), des étudiants de l’école “Padres Capuchinos” de Nuevo Paris, quartier de l’ouest de Montevideo, qui souhaitaient trouver un point commun de rassemblement à leurs activités et surtout jouer contre les autres institutions locales.. Restait alors à trouver un nom.
A l’époque, les équipes anglaises forçaient l’admiration en Uruguay (le nombre important d’immigrants britanniques devant certainement y contribuer) et nos chers étudiants décidèrent que leur club porterait un nom anglais. Restait à trouver le bon. En regardant sur une carte, leur regard fut attiré par la ville de Liverpool. Se rappelant des leçons du prêtre dans lesquelles Liverpool était décrit comme le port le plus important d’où partait le charbon qui arrivait à Montevideo. Le petit club étudiant prît alors le nom de Liverpool. 7 ans étaient passés alors depuis la fondation, le 15 février 1915 naquit officiellement le Liverpool Futbol Club avec Francisco Chinchurreta comme président, Julio Freire comme vice-président.
Restait alors à choisir les couleurs. A aucun moment, il sera question de prendre les couleurs des Reds anglais. Voulant symboliser le meilleur, les dirigeants choisiront alors de mélanger les couleurs des deux meilleurs clubs de l’époque : le bleu du Titán, champion de la Liga Constitución et le noir de Defensa, autre grosse cylindrée locale. Et le rouge alors ? Une fois dans leur histoire les joueurs de Liverpool porteront un maillot qui rendra hommage à l’homonyme anglais. Lors de la saison 2005/2006, au lendemain de la victoire en Ligue des Champions de la bande à Gerrard, l’équipement extérieur du club uruguayen sera entièrement rouge. Il est depuis redevenu blanc, bleu et noir.
L'insoumis spécialiste de l’ascenseur émotionnel
Les Negriazules (noirs et bleus) de Liverpool accèdent à la première division uruguayenne dans les années 20 et le premier grand fait d’armes du club est affaire d’insoumission. En 1932, le professionnalisme fait ses premiers pas en Uruguay. Afin de pouvoir rejoindre l’élite professionnelle locale, il est alors demandé au club de fusionner avec Misiones pour participer à la compétition. Refusant de céder, Liverpool se voit refoulé à l’entrée et reste alors en ligue amateur. A l’époque, le seul moyen d’accéder à l’élite professionnelle reste un match de barrage à disputer entre le meilleur club amateur et la plus mauvaise équipe professionnelle. L’insoumis Liverpool mettra 6 ans pour tenir sa revanche. Nous sommes en 1938, en s’imposant face au Racing, les Negriazules deviennent le premier club amateur à remporter le match de barrage contre les professionnels et accéder à la première division.
Le club se sauve alors la saison suivante en s’imposant en barrage face à Progresso et va connaître quelques belles années au cours desquelles vont évoluer des joueurs comme Sixto González, Omar Abreu (qui défendra les couleurs du club pendant 16 ans) ou encore Roque Máspoli (gardien de l’équipe uruguayenne lors du Maracanazo de 1950 – voir Une histoire mondiale - 1950, Brésil - Uruguay) avant de descendre en seconde division dans les années 60.
De retour dans l’élite en 1966, le club se stabilise et effectue une tournée européenne au début des années 70 qui verra les Negriazules battre le Werder Brême, Séville, faire match nul avec le Sporting et l’Atlético Madrid et perdre face à Nancy. En 1974, le club est longtemps à la lutte pour le titre, manquant de peu de devenir le premier champion national autre que Nacional ou Peñarol (3e au final). L’éclaircie ne dure alors encore qu’un temps. Le club passe la majeure partie des années 80 en seconde division avant de retrouver l’élite et connaître des années 90 assez folles.
En 1991, Luis Barbat, qui fera partie de la sélection uruguayenne aux Coupes du Monde 2002 et fera la campagne de qualification en 2006, termine meilleur buteur de l’équipe. L’anecdote prend toute sa signification quand on rappellera que Luis Barbat était…..gardien de but. Quatre ans plus tard, le club termine premier ex-aequo lors de l’Apertura, perdant ensuite le match d’appui face à Peñarol avant de perdre la finale pour la qualification à la Libertadores face au Defensor. Fin de l’éclaircie. Le club retrouve la seconde division au début des années 2000 avant, une fois encore de revivre dans l’élite uruguayenne et une fois encore de briller.
En 2009, le club se qualifie pour la Copa Sudamericana avant, deux ans plus tard, de découvrir pour la première fois la Libertadores. Eliminé par Grêmio, Liverpool se montre de nouveau l’année suivante en Sudamericana où, emmené par un gamin de 20 ans, Carlos Núñez, les Negriazules tombent en huitième de finale face à Independiente. Mais vous l’aurez compris, l’histoire du Liverpool uruguayen est l’histoire d’un ascenseur émotionnel. Deux ans plus tard, malgré le retour de Chevanton, le club est relégué en seconde division uruguayenne dans laquelle il évolue encore aujourd’hui.
Concluons cette découverte du Liverpool uruguayen par un dernier clin d’œil à la cité anglaise du même nom. En 2012, les Negriazules ont accueilli un socio d’honneur particulier : Sir Paul McCartney (voir ici). Comme quoi il est possible de faire d’un fan d’Everton un encarté de Liverpool. La seule condition est que les Reds deviennent bleus.