Vendredi 07 janvier 2011

AFC Asian Cup

Après la polémique de l’attribution des la Coupe du Monde au Qatar, l’Asie du football se prépare à suivre sa compétition majeure : l’AFC Asian Cup. Avec les prestations convaincantes du Japon et de la Corée du Sud lors du mondial africain, cette compétition pourrait enfin décoller dans le reste du monde.

Dire que la quinzième édition de l’AFC Asian Cup est une répétition générale de la Coupe du Monde qatari est forcément quelque peu prématuré (même si on devrait le lire chez certains). En revanche, s’il est une certitude, c’est que cette édition 2011 s’annonce être l’une des plus passionnantes depuis sa création.

Un organisateur sous pression.

D’une part car il y aura le contexte. Impossible de mettre de coté l’attribution de la Coupe du Monde au Qatar, les occidentaux vont forcément observer cette AFC Asian Cup avec cet a priori. La sélection nationale, coachée par un français, Bruno Metsu, aura de ce fait une pression incroyable. A l’exception de l’édition 2000, le Qatar n’a en effet jamais passé le premier tour de la compétition et sait qu’il faut désormais prouver qu’il mérite une participation à la Coupe du Monde comme lui confère cette organisation de 2022. Eliminés au premier tour de la Coupe du Golfe cette année, le Qatar se retrouve opposé à la Chine, championne d’Asie de l’Est 2010, au Koweit, vainqueur de la Coupe du Golfe 2010 et à l’Ouzbékistan, choc traumatique des moins de 23 dont l’élimination lors des Jeux d’Asie a fait le tour du web par le manqué de Fahad Khalfan.

Comme un symbole, la sélection de Bruno Metsu ouvre le bal cet après midi devant l’Ouzbékistan de Server Djeparov et Maksim Shatskikh. Les loups blancs, quarts de finaliste des deux dernières éditions seront l’un des ogres du groupe A. Face à eux, les qataris pourront s’en remettre à leur buteur d’origine uruguayenne Sebastián Soria, seul qatari a avoir marqué lors de la précédente édition (3 buts).

Reste que ce groupe s’annonce délicat pour les Annabi. Outre l’Ouzbékistan, nous retrouverons donc une jeune équipe chinoise (la plus jeune de l’histoire à participer à l’épreuve) et qui reste sur deux succès retentissants en 2010 : un écrasant 3-0 devant la Corée du Sud en Coupe d’Asie de l’Est et une victoire devant la France (1-0) peu avant la Coupe du Monde. Les chinois restent sur 4 succès consécutifs lors de la préparation de cette compétition. Enfin, le Koweit, récent vainqueur de la Coupe du Golfe, feront figure de petit poucet du groupe mais restent cependant sur une série de 11 matchs sans défaite.

Les géants asiatiques.

Il y aura le Qatar mais il y aura surtout les ogres venus de l’Est. A commencer par les mondialistes. Si la Corée du Nord de Jong Tae-Se tentera de redorer son blason dans un délicat groupe D (nous allons y revenir), Australie, Japon et Corée du Sud auront beaucoup à prouver.

Les Socceroos, qui disputeront leur deuxième AFC Asian Cup, arrivent avec la ferme intention de montrer plus que lors du mondial africain. Privée de Kennedy blessé mais avec les stars Cahill, Emerton ou Kewell, les solides Lucas Neil et Saša Ognenovski ou encore la petite perle Robbie Kruse, la sélection d’Holger Osieck peut raisonnablement prétendre au statu d’outsider. Le groupe C ne devrait pas lui poser trop de difficultés. Certes, l’Australie retrouvera un autre mondialiste la Corée du Sud, mais l’Inde, plus petite nation de l’édition 2011, et le Bahreïn ne semblent pouvoir prétendre à autre chose qu’une lutte pour éviter la dernière place.

Privé du monégasque Park Chu-Young, stupidement blessé, les Guerriers Taeguk seront l’un des grands favoris de l’épreuve. Convaincants lors du mondial sud-africain, les hommes de Cho Kwang-Rae pourront compter sur le capitaine Park Ji-Sung (absent en 2007) et les jeunes pousses ultra talentueuses Lucarne Opposée vous a tant parlé et dont le faire de lance est le talentueux joueur du Celtic, Ki Sung-Yueng, le « Gerrard coréen » qui forme avec Lee Chung-Yong (son ancien coéquipier de Seoul aujourd’hui à Bolton), une paire redoutable surnommée les « Double dragons ».

Le grand favori reste le Japon. Les Samurais Blue, forts de leur excellente Coupe du Monde  (éliminés en huitième de finale sans perdre), comptent désormais sur leur nouvel entraîneur Alberto Zaccheroni pour assoir leur domination sur la zone asiatique. Premier test grandeur nature pour l’italien, cette compétition est surtout l’occasion de confirmer les progrès du football japonais qui a enfin pris conscience de sa force comme en témoigne le récent succès devant une Argentine au grand complet. Il faudra cependant espérer que les absences des piliers Nakazawa et Tanaka en défense, ne pèsent pas trop lourd mais les stars Honda, Hasebe, Endō ou encore Kawashima seront bien présentes et le groupe B ne devrait pas poser trop de problème aux Samurais japonais. On voit mal en effet comment la Jordanie (seconde participation) ou encore la Syrie (qui n’a jamais franchi le premier tour). Restera le choc opposant le Japon à l’Arabie Saoudite lors de la dernière journée qui devrait décider de la première place. Les hommes de Jose Peseiro, finalistes 2007, font figure d’outsider et chercheront à redorer un blason terni par la non qualification à la Coupe du Monde (une première depuis 20 ans). Les Green Falcons pourront bien évidemment compter sur leur buteur star Yasser Al-Qahtani et ont annoncé leur objectif : ramener le titre.

D comme Difficile.

Reste le groupe D, qui sera, comme évoqué précédemment, celui de la Corée du Nord. Tout a été dit au lendemain du mondial sud-africain pour la sélection nord-coréenne : camps de travail, séquence d’humiliation publique, au final, l’enquête menée par la FIFA aura conclu à une remise à l’entraînement intensive pour préparer cette AFC Asian Cup. Difficile dans pareille situation de déceler le vrai du faux lorsque sélection nationale signifie vitrine d’un régime dictatorial. Une certitude cependant, le Chollima arrive au Qatar sous pression.

Pression étatique, voila un terme qui sied également à la sélection iranienne. A la recherche d’un succès depuis 34 ans, la pression sera également populaire. Afshin Ghotbi, si critiqué pour ses prises de positions politiques, se retrouve désormais critiqué par son choix de quitter la sélection dès la fin du mois pour devenir le premier iranien à entraîner au Japon (il prendra la tête de Shimizu). Un an après l’affaire de l’exclusion des joueurs ayant pris parti contre  Mahmoud Ahmadinejad, c’est donc dans un contexte mouvementé que la sélection iranienne tentera de renouer avec le succès. Anecdote intéressante, depuis son dernier succès, l’Iran termine systématiquement à la troisième place une édition sur deux. En 2007, les iraniens étaient quarts de finaliste. Si la logique se poursuivait, la troisième place leur semble promise. Il faudra pour cela suivre les pas des clubs locaux, auteurs d’une Ligue des Champions absolument exceptionnelle (3 clubs en huitièmes, 1 en finale) et compter sur les talents de joueurs comme Javad Nekounam ou Masoud Shojaei, les deux stars espagnoles.

Ces talents, les iraniens en auront besoin car outre la Corée du Nord, deux équipes solides se dressent devant eux.

Les Emirats Arabes Unis et leur buteur Ismail Matar semblent revenir au premier plan. Les hommes de Srečko Katanec comptent sur les efforts menés au pays au niveau des clubs (avec notamment une politique de recrutement d’anciennes stars européennes et sud-américaines destinée à faire progresser le football local – citons par exemple l’arrivée de Fabio Cannavaro à Al-Ahli). Attention donc à une formation qui a surpris son monde en décrochant la médaille d’argent des jeux asiatiques (battus en finale par le Japon après avoir éliminé la Corée du Sud en demi-finale). Mais l’ogre du groupe restera l’Iraq qui n’est autre que le tenant du titre. Emmenés par leur star Younis Mahmoud et le talentueux Nashat Akram, la sélection de Wolfgang Sidka cherchera à conserver son titre. Le Iran – Iraq de mardi prochain, ouverture du groupe D s’annonce de ce fait passionnant.

L’AFC Asian Cup débute donc aujourd’hui avec le match Qatar – Ouzbékistan et cette compétition majeure du continent asiatique s’annonce extrêmement serrée. Wolfgang Sidka l’annonce, sur les 16 engagés, 10 peuvent prétendre à une victoire finale.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.