Favorite d’une édition qu’elle organisait pour la première fois, l’Australie réussit son pari et remporte sa première Coupe d’Asie des Nations au bout du suspense. Quelques semaines après la victoire des Wanderers en Ligue des Champions, les Socceroos démontrent ainsi que plus que jamais l’Australie est au sommet de l’Asie.

 

Troisi au bout de la crispation

L’Australie pour une première, la Corée du Sud pour effacer 55 ans d’absence au palmarès. Au coup d’envoi de la finale, la pression était maximale sur les 22 acteurs qui se voyaient ainsi donner une formidable occasion d’écrire l’histoire de leur football.

Cette pression allait vite se faire ressentir dans le jeu après une première période au cours de laquelle chaque équipe s’est offert quelques belles situations de buts. Jedinak voyait son coup-franc flirter avec la barre alors que Son Heung-min manquait deux énormes opportunités pour les Guerriers Taeguk juste avant la pause. Sur l’un des derniers contres, Massimo Luongo, l’un des meilleurs australiens de la compétition allait délivrer les 76 000 supporters jaunes et verts présents dans l’ANZ Stadium de Sydney. Au retour des vestiaires, le match tombait dans la crispation. La peur de perdre d’un côté, l’incapacité à être décisif de l’autre, les minutes défilaient et si Postecoglou commençait à bricoler suite aux blessures de Franjic et Kruse, Stielike pestait devant l’impuissance des siens à déstabiliser le onze Socceroos. L’Australie semblait maîtriser la situation sans pour autant parvenir à tuer le match, pêchant souvent par mauvais choix. Et ce qui devait arriver arriva. 92e minute, un dernier ballon monté dans la surface australienne et Son Heung-min fusillait Ryan, glaçant l’ANZ Stadium déjà prêt à célébrer.

On gagnait alors 30 minutes de plus, 30 minutes de trop pour les Guerriers Taeguk qui allaient exploser physiquement et logiquement concéder un but juste avant la pause après un exploit de Tomi Juric et une frappe de Troisi sous la barre. Le peuple Socceroos savait que le match avait basculé, l’Australie ne sera plus jamais rejointe. Quelques semaines après la victoire des Wanderers en Ligue des Champions (voir Les Wanderers sur le toit de l’Asie), l’Australie remporte sa première Coupe d’Asie. Une première dans l’histoire de la compétition.

 

Les Emirats magnifiques troisièmes

Derrière Australie et Corée du Sud, le podium est complété par les Emirats Arabes Unis. Ce vendredi, le Hunter Stadium de Newcastle aura assisté à la dernière démonstration de la bande à Omar Abdulrahman. Face à une belle équipe irakienne, la pépite émiratie a encore délivré deux amours de caviars pour Ahmed Khalil qui permettent à l’une des belles révélations de l’édition 2015 de venir à bout de 10 irakiens au terme d’une belle course poursuite. Car face à eux, les hommes de Radhi Shenaishil ont fait plus que résister. Menés au score, ils ont réussi à inverser la tendance avant de finalement craquer dès le retour des vestiaires, concédant deux buts et un carton rouge en 10 minutes. Les Emirats Arabes Unis décrochent la première troisième place de leur histoire, réalisant leur meilleur résultat depuis la finale perdue en 1996.

 

Géants et nouveaux prétendants

C’en est donc terminé de la 16e Coupe d’Asie des Nations qui aura ainsi vu les habituels géants répondre présents mais voir leur domination contestée par de nouveaux prétendants.

Si l’Australie de Tim Cahill, emmenée par la nouvelle génération des Ryan, Kruse, Leckie et Luongo a répondu aux attentes (et devrait mettre certains membres de la confédération, désireux de la sortir de la zone, dans l'embarras), si le Japon a une fois encore payé son manque de réalisme qui le caractérise depuis tellement d’année, la Corée du Sud aura surpris bien au-delà des attentes placées en elle étant donné le contexte (rappelons que Stielike emmenait avec lui une nouvelle génération de Guerriers Taeguk, celle des Son Heung-Min, star de 22 ans de l’équipe, et autres  Kim Young-gwon, parfait défenseur central).

Mais derrière les géants de la zone, l’édition 2015 aura surtout été celle des révélations chinoises et émiraties. S’il n’était pas le premier choix, Alain Perrin a réalisé un véritable travail de fond à la tête de la sélection chinoise et aura fait de sa formation une belle machine à victoire, appliquée tactiquement et au collectif difficile à bouger à l’image de Zhang Linpeng, reconverti défenseur central et d’une solidité à toute épreuve. Propulsé par la locomotive Guangzhou Evergrande, la Chine pourrait bien être l’une des grandes menace pour les trois géants de la zone.

Si l’Iran et l’Irak auront également montré de belles choses, offrant probablement ce qui restera comme le grand match de l’édition 2015, la révélation du Moyen Orient reste sans aucun doute les Emirats Arabes Unis. Emmenés par un trio Ahmed Khalil, Ali Mabkhout, Omar Abdulrahman, ce dernier étant probablement la plus belle chose que l’Asie aura offerte pendant cette compétition, élevant le football au rang d’œuvre d’art, les hommes de Mahdi Ali semblent capables de faire mieux que la belle génération des années 90. On est déjà impatient de les retrouver lors de la prochaine édition qui sera la première à 24. Histoire de prouver que la route vers le titre pour les habituels favoris sera de plus en plus riche en obstacles.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.