Western Sydney Wanderers, premier australien à décrocher l'ACL

Un petit but. A l’heure de pénétrer sur la pelouse du King Fahd International Stadium, les Wanderers savaient que pour écrire l’histoire, il faudrait avant tout résister à la pression de tout un stade. Mais ces vagabonds sont des géants.

Samedi 25 octobre, Sydney. Deuxième club australien à réussir l’exploit de disputer une finale de Ligue des Champions d’Asie (le précédent, Adelaïde avait été balayé par Gamba). Ils sont plus de à s’agglutiner dans le bouillant Parramatta, antre surchauffée des Wanderers, en quête d’histoire. Aussi quand Tomi Jurić inscrit le seul but de la rencontre après une merveille de centre de Gorec, c’est tout un peuple noir et rouge qui croit en l’exploit. Ne restait alors qu’à tenir cette avance.

Ce samedi, ils étaient 65 000 fans présents au King Fahd International Stadium et espérant voir le grand Al Hilal, déjà titré à deux reprises, rejoindre au sommet du palmarès continental les Pohang Steelers. Un tifo monumental pour accueillir les joueurs puis un orage bleu s’abattant sur les cages australiennes, rien n’y fera. Les Thiago Neves, Al Qahtani et autres Al Shamrani auront beau tout essayer, Ante Čović multipliera les exploits dans les cages, préservant le 0-0 synonyme de titre. Après avoir sorti les deux derniers finalistes (Guangzhou et Seoul), le champion 2012 (Ulsan) et le double tenant de la J-league (Hiroshima), l’exploit des Wanderers est de taille : pour la première fois de l’histoire, le vainqueur de la Ligue des Champions asiatique est australien. Mais encore plus fou, le représentant australien qui décroche le trophée (et sera donc du voyage au Maroc), n’a que deux ans d’existence ! Une folie pure.

 

Du faux départ au club social

L’histoire des Western Sydney Wanderers débute par un revirement de la fédération australienne (FFA). A la création de la A-league, la FFA avait déjà étudié la possibilité d’installer un club dans l’Ouest de Sydney, la candidature du Sydney FC alors ayant pour stade Parramatta, situé dans l’Ouest de la ville. La licence accordée, Frank Lowy, alors président de la FFA, décide de faire quelques ajustements dont le principal : celui de prendre la place de l’actionnaire principal et porteur du projet puis d’installer le club à l’Est de la ville. Les Sky Blues de Sydney FC sont créés, il n’y a alors plus aucune place pour un deuxième club dans la ville, la FFA ayant imposé le « one city, one team » pendant 5 ans.

Assommés, les fans de l’Ouest vont devoir attendre une nouvelle pirouette des instances. Perdant sa campagne pour accueillir la Coupe du Monde 2022, la FFA va entreprendre un vaste ménage au sein de sa A-league, sacrifiant ses franchises « politiques » pour s’intéresser aux marchés plus juteux (voir La Loi du Marché). Nous sommes en 2012, les deux franchises du Queensland disparaissent, après Melbourne, Sydney gagne sa deuxième équipe. Ne trouvant aucun investisseur, la fédération prend alors les choses en main pour installer une équipe à l’Ouest de Sydney et met en place une stratégie peu commune : faire appel aux futurs fans. A travers des sondages en ligne, et en s'appuyant sur les réseaux sociaux, les futurs fans du club vont pouvoir définir le nom, les couleurs, le lieu mais aussi la culture du club, le style de jeu ! Un mois plus tard, Lyall Gorman est nommé président du nouveau club (qui n’a alors pas encore son nom) et Tony Popovic est nommé entraîneur. Le 25 juin, à peine deux mois et demi après l’annonce d’un nouveau club par le CEO de la FFA Ben Buckley, les Western Sydney Wanderers voient le jour. Ils tiennent leur nom du premier club de football enregistré au pays à la fin du XIXe siècle et porteront des maillots noirs et rouges dans le stade de Parramatta.

Soutenus par le Red and Black Block, qui révolutionne les ambiances dans les tribunes australienne (provoquant un coup les louanges, un coup les critiques des médias locaux), les Wanderers ne cessent depuis 2 ans de bousculer le football local. Vainqueur de la phase régulière dès leur première saison, ils établissent alors le record du plus grand nombre de victoires consécutives (10) égalant celui du plus grand nombre de victoire lors d’une saison détenu par le Roarcelona de Postecoglou. La deuxième saison, les Wanderers retrouvent encore la grande finale au cours de laquelle ils s’inclinent de nouveau. Deux saisons, deux finales (2012 et 2013), la troisième, continentale, sera donc la bonne. Fondé en 2012 après un départ avorté sept ans plus tôt, les Wanderers ne cessent depuis de rattraper le temps perdu. Bousculant la hiérarchie établie au pays depuis leur naissance (que ce soit sur le plan des résultats ou dans les tribunes donc), les Reds and Blacks viennent de s’attaquer à l’Asie en inscrivant l’une des plus belles pages d’histoire du football australien. Celle pour laquelle tout un pays leur est désormais redevable.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.