Tournoi amical réservé aux sélections d'Asie de l'Est, l'EAFF 2017 a été un cru très décevant. Dans ce marasme ambiant du football asiatique, la Corée du Sud a tiré son épingle du jeu lors de la finale face au Japon.
Créé en 2003 sous l'impulsion de la Fédération de Football d'Asie de l'Est, l'EAFF East Asian Cup se déroule tous les deux ans et se divise en trois tours : premier championnat préliminaire, second championnat préliminaire et championnat final. Pour le premier championnat de l'édition 2017, les quatre équipes les plus faibles de l'édition 2015, à savoir Macao, les Iles Mariannes du Nord, Taipei chinois (ou Taiwan) et la Mongolie, s'affrontaient. Largement vainqueur, Taiwan décrochait son ticket pour le second championnat accompagné de la Corée du Nord, Hong Kong et Guam. Tout comme Taiwan au tour précédent, la Corée du Nord remportait ce second championnat assez largement et pouvait donc rejoindre le Japon, la Chine et la Corée du Sud pour le championnat final qui se déroulait au Japon.
Tournoi non reconnu par la FIFA, les équipes engagées devaient obtenir une autorisation des clubs pour faire participer les joueurs. Autant vous dire que mis à part Jong Il-gwan (Corée du Nord), aucun « Européen » ne fut appelé. Les sélections étaient donc composées de joueurs locaux, ce qui permettaient au Japon et à la Corée du Sud de faire une petite revue d'effectif avant la Coupe du Monde.
Chine : des tests peu concluants
Pour cette compétition, le sélectionneur italien Marcello Lippi avait décidé de faire énormément tourner et de procéder à de nombreux tests afin de préparer l'avenir. Son groupe était donc majoritairement composé de jeunes joueurs ou de parfaits novices au niveau international. Lippi se passait donc de sa star Wu Lei mais aussi de Gao Lin, Hao Junmin ou encore Feng Xiaoting.
Jamais sereine défensivement, brouillonne au milieu et poussive en attaque, la Chine n'a pas su inquiéter ses adversaires outre mesure. Elle ne doit son salut qu'à la faiblesse de ses opposants qui n'ont, eux non plus, pas répondu à l'appel. Difficile de ressortir un joueur tant le niveau affiché était catastrophique. On pourra toutefois souligner que les Chinois ne laissent pas passer les opportunités qui leurs sont offertes. Lippi, mais aussi toute la Chine, a énormément de travail pour se bâtir une équipe compétitive en Asie. On le savait mais on en a une nouvelle démonstration : il faudra du temps.
Corée du Nord : mal payée
Quitter le Japon avec seulement un point ne représente absolument la performance de la Corée du Nord dans cette EAFF 2017. Dominateur d'un pays hôte apathique, les Nord-Coréens se sont heurtés à un Kosuke Nakamura des grands soirs. C'est à l'ultime seconde, sur une frappe déviée d'Ideguchi que les hommes de Jorn Andersen ont cédé. Totalement contre le court du jeu. Face à la Corée du Sud, c'est la défense qui s'est parfaitement illustrée malgré un but contre son camp de Ri Yong-chol concédé en seconde période. Solidaires derrière, un peu plus brouillons devant, payant sans doute les efforts consentis face au Japon, les Nord-Coréens auraient mérité d'arracher un match nul (0-1). Enfin, face à la Chine, ils se sont montrés les plus entreprenants mais ont une nouvelle fois manqué d'efficacité (1-1).
Japon : le naufrage
Un tournoi plus que moyen pour ne pas dire catastrophique dans le jeu et une humiliation reçue à domicile face à l'ennemi de toujours la Corée du Sud (1-4). Voilà à quoi se résume le Japon dans cette EAFF 2017. Rares sont les joueurs convoqués qui auront marqué des points auprès de Vahid Halilhodzic mis à part Ideguchi et Nakamura. Si le niveau des joueurs de J League n'aura pas rassuré, le sélectionneur franco-bosnien n'est pas non plus en reste à six mois de la Coupe du Monde. En effet, il n'est pas exempt de tout reproche. On pourra souligner des choix douteux avec Ueda arrière droit, un milieu beaucoup trop défensif pour créer du jeu et des changements incompréhensibles (Misao pour Ideguchi alors que le Japon est largement dominé par la Corée du Sud). Cette lourde défaite laissera des traces à n'en pas douter. La sortie du président de la JFA sera appréciée comme il se doit par le sélectionneur et les joueurs : « Honteux. On peut vraiment se demander s'ils représentent notre pays avec fierté. On a connu défaite et nuls pendant les éliminatoires mais on a atteint ce soir un tout autre niveau dans le pathétique. »
Paradoxalement, le Japon semble l'équipe avec le plus de travail à effectuer pour être compétitive en Russie. Par ailleurs, les cadres pas souvent à la hauteur (Kagawa et Honda) et les « Européens » en général, peuvent être rassurés sur leur place.
Corée du Sud : une victoire finale trompe l'œil ?
Après une récital face au Japon, la Corée du Sud remporte sa deuxième EAFF consécutive et la quatrième depuis 2003. Mais les joies de la victoire passées, il faut analyser la compétition des Guerriers Taeguk, une compétition qui est loin d'être parfaite. Au rayon des points négatifs, encore et toujours ces problèmes défensifs qui sont loin d'être résolus comme on a pu le voir face à la Chine ; Shin Tae-yong semble toujours incapable d'avoir une influence sur un match lorsque son équipe est en difficulté et sa volonté de jouer en 3-4-3 face à des gros (ici la Corée du Nord, bien connue pour être un ogre en Asie). D'autant plus que le 3-4-3 semble envisagé pour la Coupe du Monde alors que le 4-4-2, qui a fait ses preuves face à la Colombie et la Serbie, a permis de faire exploser le Japon. Difficile de comprendre pourquoi Shin tae-yong n'insiste pas avec ce système qui correspond parfaitement à ses joueurs. Et c'est de ce côté que l'on peut trouver les points positifs. Dans ce groupe de 23, une majorité risque de se retrouver en Russie en juin 2018 et très peu ont perdu des points. Lee Jae-sung, désigné meilleur joueur du tournoi, s'est imposé comme un patron en l'absence des « Européens », Kim Shin-wook a fait le travail au poste de n°9 et continue de donner des mots de têtes au sélectionneur, Kim Jin-su a été essentiel dans son couloir gauche et Cho Hyun-woo a confirmé tout le bien que l'on pensait de lui au poste de gardien de but. On regrettera seulement de ne pas avoir vu plus longtemps Lee Chang-min pourtant auteur d'une bonne prestation face à la Corée du Nord. En ne retenant que le dernier match face au Japon, la Corée du Sud est sur la bonne voie et l'espoir d'un petit exploit au mondial est toujours permis. Mais les deux premières rencontres alarment sur les capacités de Shin Tae-yong à aborder ce rendez-vous dans les meilleures dispositions.


