Quatre ans après leur victoire lors des Jeux Asiatiques d'Incheon, les Sud-Coréens ont conservé leur titre à Jakarta. Les vingt Guerriers Taeguk, dont la star Son Heung-min, peuvent pousser un grand ouf de soulagement : ils s'échapperont au service militaire qui aurait pu ralentir leur carrière. Mais le chemin jusqu'à cette médaille d'or ne fut pas un long fleuve tranquille.
Le groupe
Le sélectionneur des u23, Kim Hak-bom, rencontraient ses premières difficultés dans la composition de son groupe. Il devait composer avec les blessés de dernière minute comme Paik Seung-ho (Girona) et surtout de Kwon Chang-hoon (Dijon), prétendant à une wild-card et qui a également manqué le Mondial russe. Kim hak-bom devait aussi faire sans Lee Kang-in (Valence), potentiel appelé de dernière minute, mais à qui le club n'a pas voulu accorder un bon de sortie tentant par ailleurs de le naturaliser espagnol. Ce que le joueur et son entourage ont naturellement refusé.
Ces joueurs déjà hors de course, le sélectionneur devait ensuite faire des choix forts pour composer son groupe. Au poste de gardien de but, trois nom pour deux places : les jeunes portiers Kang Hyeon-mu (Pohang) et Song Bum-keun (Jeonbuk) et la « révélation » de la Coupe du Monde 2018, Cho Hyun-woo (Daegu). Malgré son statut de titulaire en u23, Kang Hyeon-mu a été laissé de côté, laissant sa place à deux joueurs ayant été liés à des équipes européennes. Cho Hyun-woo prenant ainsi la première wild-card des Guerriers Taeguk. En défense aucune surprise de taille, Kim Min-jae (Jeonbuk), forfait pour la Coupe du Monde, était logiquement appelé accompagné de joueurs titulaires dans leur club comme Hwang Hyun-soo (Seoul) et Cho Yu-min (Suwon FC). Tout juste arrivé en K League, Jeong Tae-wook (Jeju) a réussi à grappillé un peu de temps de jeu et s'annonce comme une belle promesse pour l'avenir. Sur les ailes, Kim Jin-ya convaincant lors de ses sorties à Incheon, Kim Moon-hwan titulaire à Busan I'Park et Lee Si-young un peu moins connu à Seongnam étaient convoqués.
Le milieu de terrain sud-coréen est très fourni dans cette tranche d'âge et Kim Hak-bom a donc fait des déçus parmi lesquels Han Chan-hee (Jeonnam) et Hwang Ki-wook (Seoul). On retrouvait essentiellement des milieux de terrain défensifs ou des relayeurs mais aucun véritable meneur de jeu. Hwang In-beom, qui avait déjà des touches en Europe avant de partir effectuer son service militaire du côté d'Asan Mugunghwa, était la figure de proue du milieu. Les autres joueurs ne sont pas non plus des inconnus pour ceux qui suivent la K League : Jang Yun-ho (Jeonbuk), Lee Jin-hyun (Pohang et ex Austria Wien), Kim Gun-woong (Ulsan) et Lee Seung-mo (Gwangju). À cela, on ajoute le dernier transfuge en Europe et plus jeune joueur de l'effectif, Kim Jung-min (Salzburg) que certain penche à comparer à Ki Sung-yueng.
L'attaque sud-coréenne n'est pas en reste de talents. Si certains pouvaient secrètement espérer une place dans l'avion pour Jakarta comme Jeong Woo-yeong (Bayern Munich) voire même Cho Young-wook (Seoul), il était très difficile de faire sauter les mondialistes Lee Seung-woo (Verona), Hwang Hee-chan (Hambourg) ainsi que la star incontestée de Corée du Sud venue chercher son exemption de service militaire, Son Heung-min (Tottenham). Pour le poste de n°9, Kim Hak-bom a fait confiance à deux garçons qu'il a lui-même lancé à Seongnam et à Gwangju : Hwang Ui-jo (Gamba Osaka) et Na Sang-ho (Gwangju). Le premier cité était en balance avec Suk Hyun-jun (Reims) mais le fait de connaître le sélectionneur en place l'a très certainement aidé. Un choix qui a soulevé de nombreuses polémiques au pays.
Sangju Sangmu FC : “We are real soldiers”
La phase de poule
Après un tirage au sort tumultueux puisqu’effectué trois fois, la Corée du Sud se retrouvait finalement dans un groupe à quatre équipes avec Bahreïn, la Malaisie et le Kirghizistan. Soit un groupe largement à la portée des Guerriers Taeguk. Si l'entrée en lice était parfaite face à Bahreïn (6-0) et ce, sans Son Heung-min arrivé seulement deux jours plus tôt, les Sud-Coréens vont se laisser surprendre par la Malaisie (2-1) et laisser le doute s'installer. La tactique de Kim Hak-bom sur ce match reste inexpliquée puisqu'elle consistait à balancer loin devant en espérant qu'un des attaquants récupère le cuir et face la différence. Peu inquiétés, les Malaisiens ont parfaitement su exploiter deux grosses erreurs défensives pour s'imposer. Un résultat face au Kirghizistan devenait alors impératif sous peine de risquer la sortie de route prématurée. Avec toutes les peines du monde, la Corée du Sud s'imposait finalement grâce à Son Heung-min, laissé bien seul au second poteau sur corner (1-0). Alors que tous les observateurs lui prédisaient une première place assurée dans son groupe, la Corée du Sud finissait second et s'offrait un parcours difficile dans la phase à élimination directe.
D'abord face à l'Iran, une sélection qui ne réussit pas très bien aux Sud-Coréens en général mais qui fut écartée avec autorité (2-0) grâce notamment à un Hwang Ui-jo, en feu depuis le début du tournoi, et à un Lee Seung-woo dont la situation laissait place aux interrogations. Baladée du banc au terrain par Kim Hak-bom, la jeune pépite répondait pourtant toujours présente. En quart de finale, une autre sélection que les Guerriers Taeguk n'aiment pas vraiment rencontrer se présentait : l'Ouzbékistan. Le match fut difficile. Pourtant en tête à la pause grâce à Hwang Ui-jo, les Sud-Coréens laissèrent les Ouzbeks renverser la situation en seulement deux minutes au retour des vestiaires pour se mettre ainsi à douter. Mais l'attaquant du Gamba Osaka, venait égaliser à quinze minutes du terme pour offrir une prolongation à son équipe. Il était également à l'origine du pénalty obtenu à la 118e qui permit à Hwang Hee-chan d'inscrire le but de la victoire. Parfois dominée, la Corée du Sud a été chercher sa qualification aux forceps (4-3). La demi-finale face au Vietnam fut bien plus maitrisée grâce notamment à un Lee Seung-woo de gala alors qu'il retrouvait la confiance de Kim Hak-bum dans le onze de départ (3-1). Son Heung-min, discret à la finition, s'affirmait comme le maître à jouer de l'équipe en étant repositionner au cœur du jeu en n°10. Remis sur l'aile en finale face au Japon, il a attendu l'entrée en jeu de Lee Seung-woo pour retrouver son rôle de meneur et se montrer décisif, offrant les deux buts à ses jeunes coéquipiers, Lee Seung-woo et Hwang Hee-chan (2-1). Les Japonais ont été dominés pendant toute la rencontre mais solident défensivement, ils ont pu commencer à faire douter des jeunes sud-coréens. Surtout que le match Corée du Sud – Japon est toujours un match particulier pour les deux camps. Kim Min-jae le rappelant parfaitement avant le match en déclarant que « si l'équipe perdait, tous les joueurs sauteraient de l'avion du retour ». Le match à ne pas perdre ne fut pas perdu. La Corée du Sud remportait la médaille d'or, la première en dehors du territoire national après 1986 et 2014 (en 1978, la médaille d'or obtenue à Bangkok en Thaïlande fut partagée avec la Corée du Nord). Les vingt garçons composant le groupe remportaient ainsi leur exemption de service militaire.
L'avenir
Ne pas avoir à effectuer son service militaire signifie beaucoup de choses pour un footballeur sud-coréen qui peuvent se mettre à rêver d'Europe. Déjà engagé à rejoindre Sangju Sangmu en 2019, Cho Hyun-woo avait été obligé de mettre fin aux contacts avec les clubs européens qui s'étaient manifester après la Coupe du Monde. Il s'est déjà montré déterminé à faire le grand saut. Song Bum-keun, déjà associé avec des clubs allemands après la Coupe du Monde u20 2017, est débarrassé de cette entrave. Il en est de même pour Kim Min-jae, qui se dit déjà prêt à rejoindre l'Europe après seulement deux ans au plus haut niveau. Il n'aura pas fallu attendre longtemps avant de voir ressurgir la rumeur Benfica pour Hwang In-beom, qui mettra fin à son service militaire dès que les papiers seront remplis et retournera à Daejeon. Lee Jin-hyun peut espérer un retour en Europe après son passage mitigé avec l'Austria Wien. Kim Jung-min, Lee Seung-woo et Hwang Hee-chan vont pouvoir continuer de progresser sur le vieux continent sans être obligés de revenir un jour en Corée du Sud remplir leurs obligations ou connaître une situation similaire à celle de Son Heung-min. Le joueur des Spurs est définitivement débarrassé d'un énorme poids qui pesait sur sa carrière. Evoluant au Japon, Hwang Ui-jo ne sera pas obligé de rentrer prochainement en Corée du Sud comme le fit avant lui plusieurs joueurs sud-coréens. Néanmoins, l'armée n'est pas si loin que ça. S'ils n'effectueront effectivement pas 21 mois de service, ils seront tous convoqués par l'armée sud-coréenne pour un entraînement de quatre semaines.


