L’an de grâce 2019 a comblé les supporters des pays arabes puisque pas moins de trois tournois allaient occuper nos équipes nationales, sans compter les compétitions continentales qui s’avérèrent fructueuses.
Le Qatar lance l’année
Dès janvier, la grande messe asiatique ouvre ses portes aux Émirats arabes unis où LO s’est rendu pour vous faire vivre quelques matchs de légende. Fait rare, l’ensemble des pays arabes était qualifié, exception faite du Koweït qui purgeait sa suspension suite à une ingérence politique. Le passage à vingt-quatre équipes contribuait évidemment à cette augmentation et c’est ainsi que le Yémen put fêter sa première qualification tandis que Palestiniens et Libanais retrouvaient la compétition pour la deuxième fois. Cette édition est également l’occasion d’un micmac géopolitique, certains pays du Golfe (dont les hôtes) s’étaient mis en mode boycott actif contre le Qatar, accusé de soutenir le terrorisme. Les résidents qataris avaient eu deux semaines pour empaqueter leurs affaires et prendre la poudre d’escampette, tandis qu’aucun supporter de l’émirat n’était toléré sur le territoire. Ce seront finalement les supporters omanais qui feront vibrer leurs alliés par procuration, le drapeau du sultanat se retrouvant dans de nombreux matchs du Qatar.
Pour cette édition, les regards se tournent vers des Saoudiens dirigés par Juan Antonio Pizzi et qui avaient montré un visage intéressant lors du Mondial, si on excepte le match d’ouverture contre la Russie. Mais les Faucons verts sortiront dans le plus grand anonymat, battus par le Japon et, comble du déshonneur, par le Qatar. Menés par Alberto Zaccheroni, les Émiratis déplorent toutefois la blessure de leur star Omar Abulrahman et n’atteindront la demi-finale qu’au forceps, écartant avec toutes les difficultés du monde des adversaires valeureux mais limités (Inde, Thaïlande, Bahreïn, Kyrgyzstan) et ne signant qu’un seul coup d’éclat contre une Australie aussi malchanceuse que maladroite. La véritable humiliation aura lieu par le Qatar qui les écrase 4 à 0 en demi-finale, prenant une revanche politique certaine et recevant des centaines de paires de sandale en guise de protestation. Les Irakiens de Katanec sortiront dès les huitièmes, des mains du Qatar (décidément…) ou plutôt du pied de Bassem Rawi, Irakien d’origine qui expédie son coup-franc dans la lunette de Jalal Hassan. Malgré tout, l’étoile Mohanad Ali s’est révélée et l’équipe a régalé contre un Vietnam rafraichissant et un Yémen dépassé, tout en tenant le mastodonte iranien en échec. L’autre très belle surprise est la Jordanie de Vital Borkelmans qui s’extirpe d’un groupe relevé en battant l’Australie et la Syrie sans encaisser de but et ne tombera que contre le Vietnam aux tirs au but. Leur discipline et leur tactique a ravi les spectateurs et ce fut un crève-cœur de les voir sorti par le sort.
Tournoi anonyme du côté de Oman et Bahreïn, sortis un peu chanceusement de leurs poules en gagnant le match qu’il fallait avant de sortir dès les huitièmes de finale. Déception côté syrien où on les voyait surfer sur leur presque qualification au Mondial et où ils seront incapables de marquer le moindre but. Les Palestiniens n’auront pas montré grand-chose (zéro but marqué) non plus mais pourront se targuer d’avoir affiché un état d’esprit impeccable, au contraire de Libanais perdus sur le terrain et incapables de se rebeller face à une adversité, il est vrai, au-dessus du lot (Qatar et Arabie saoudite). Le Yémen s’est fait désosser comme prévu, mais sa présence au tournoi est finalement la véritable victoire étant donné les circonstances. La vraie surprise est bien sûr cette victoire totalement inattendue du Qatar (sauf Xavi qui faisait son lèche-pompes), qui a ébloui les observateurs par son jeu explosif, éclatant toutes les défenses qui se présentaient à lui en inscrivant la bagatelle de dix-neuf buts et n’en encaissant qu’un seul ! Un tremblement de terre ponctué par un récital contre le Japon, balayé 3-1 sans que quiconque n’y trouve à redire. Almoez Ali, recordman du nombre de buts inscrits avec neuf goals, était nommé MVP et meilleur buteur du tournoi, même si l’entièreté de l’équipe aurait pu être nommée étant donné les prestations cinq étoiles qu’elle a alignées. L’onde de choc passée, les championnats pouvaient reprendre tandis que les compétitions continentales entamaient leur bal. À l’orée des vacances, la plupart des championnats rendaient leur verdict sans surprise, si ce n’est le Sharjah SC qui raflait le titre aux Émirats arabes unis qui lui échappait depuis 1996.
L’année du Bahreïn
Pas le temps de se reposer puisque la Copa América 2019 pouvait s’enorgueillir d’accueillir un invité prestigieux en la personne du Qatar, champion d’Asie, et qui ne fera pas de la figuration, arrachant un nul face au Paraguay et bataillant longtemps contre la Colombie (0-1) et l’Argentine (0-2).
Peu après se tenait le WAFF Championship en Irak, première compétition organisée en Mésopotamie depuis le début de l’embargo des années 90. Les Saoudiens boiront le calice jusqu’à la lie, les Koweïtiens retrouveront des couleurs, les Palestiniens progresseront, les Yéménites étonneront mais, surtout, les Bahreïnis dépasseront tout le monde pour s’adjuger le titre au nez et à la barbe des Irakiens se voyant déjà faire une bouchée de la petite presqu’île. Hélio Sousa, arrivée quelques mois auparavant, frappe déjà un grand coup en s’adjugeant un premier trophée.
Auparavant, les qualifications pour le Mondial 2022 avaient eu lieu et plaçaient les équipes arabes face à des fortunes diverses. Si la Syrie n’héritait que de la Chine comme gros adversaire, plusieurs groupes de la mort se dessinaient, condamnant d’ores et déjà certaines équipes : l’Irak et Bahreïn se retrouvaient ainsi avec l’Iran, les Émirats devaient batailler avec les virevoltantes équipes du Sud-Est, les Saoudiens retrouvaient leurs « frères » palestiniens et yéménites ainsi que les coriaces Ouzbeks, les Libanais héritaient des deux Corées et d’un Turkménistan en progrès tandis que Koweïtiens et Jordaniens se retrouvaient en compagnie de l’Australie. Finalement, c’est Oman qui tire le gros lot en étant en compagnie du Qatar ainsi que des faibles Inde, Afghanistan et Bangladesh : même s’il venait à finir deuxième, le fait que le Qatar organise le Mondial lui octroie quasiment une place au second tour. Des tendances se dessinent fin novembre : les Syriens sont bien partis pour accéder au second tour, les Qataris et Omanais également, tandis que les Palestiniens ont grillé bêtement des cartouches, que les Libanais n’ont quasiment plus d’espoir, que Koweïtiens et Jordaniens se livreront un duel à mort et surtout que Bahreïn et l’Irak se sont offert le scalp des Iraniens, promettant un deuxième tour en feu d’artifice. Comme prévu, les Émirats galèrent alors que les Saoudiens montent en puissance et que le Yémen sort quelques prestations pas piquées des hannetons.
Pour la dernière compétition de nations de l’année, le Qatar accueillait la fameuse Coupe du Golfe en espérant bien réitérer les exploits de janvier. Mais, plombés par une défaite d’entrée de jeu face à l’Irak, ils doivent cravacher pour venir à bout des Émirats avant d’éparpiller le Yémen façon puzzle. Dans l’autre poule, les Saoudiens encaissent une défaite surprise face au Koweït avant de prendre le meilleur face à Oman et au Bahreïn. Les Koweïtiens s’écrouleront dans les dernières minutes du troisième match et permettent aux Bahreïnis d’accéder aux demi-finales. Opposés aux Irakiens pour la quatrième fois cette année, les Guerriers de Dilmoun font honneur à leur statut de bête noire en venant à bout des hommes de Katanec tandis que dans l’autre demi-finale, les Saoudiens glacent le Qatar grâce à Al-Hamdan et se retrouve en finale. Et encore une fois, Bahreïn déjouera tous les pronostics en s’imposant sur la plus petite des marges et envoie les hommes de Sousa au firmament en empochant son deuxième tournoi d’affilée !
Al Ahed, fierté du Liban
Du côté des clubs, en AFC Champions League, les Saoudiens faisaient grosse impression, plaçant leurs quatre représentants en huitième tandis que les Qataris en plaçaient deux et que Iraniens et Émiratis ne qualifiaient qu’une seule équipe chacun. Chez la petite sœur de l’AFC Cup, ce sont les Jordaniens qui envoient leurs deux fers de lance au deuxième tour, en compagnie des Syriens d’Al Jaish et des Libanais d’Al Ahed. Mention nulle aux Koweïtiens et aux Bahreïnis, infoutus de qualifier les leurs. Les Saoudiens font carton plein en quarts, mais laissent Al Ahli derrière eux, éliminé par les compatriotes d’Al Hilal pendant que, dans l’autre confrontation 100% qatarie, Al Sadd se débarrasse d’Al Duhail. En AFC Cup, Al Ahed surprend les favoris d’Al Wehdat pendant qu’Al Jazeera s’offre une remontada face à Al Jaish. Au tour suivant, Al Hilal bousille encore un club du même pays (Al Ittihad) pendant qu’Al Nassr tombe face à Al Sadd. Al Ahed, lui, continue à éliminer les clubs jordaniens avec le service minimum et se retrouve donc en finale face au vainqueur interzone. Les Saoudiens d’Al Hilal vont finalement venir à bout d’Al Sadd dans une double confrontation monstrueuses avant de prendre le dessus sur les Japonais d’Urawa Red Diamonds et empocher leur troisième Ligue des Champions, alors qu’Al Ahed grave aussi son nom au panthéon du football libanais et asiatique en disposant des Nord-Coréens d’April 25 (1-0) en finale de l'AFC Cup.
Dernier kif de 2019, lors de la Coupe du Monde des Clubs, Al Hilal se fait un ultime plaisir en venant à bout de l’Espérance de Tunis mais ne parvient pas à battre Flamengo et échoue avec les honneurs face aux Rayados de Monterrey, tandis qu’Al Sadd se fait laminer par l’Espérance de Tunis dans le match pour la cinquième place. 2020 promet d’être bien plus calme sur le plan international avec aucune compétition prévue, si ce n’est les qualifications pour la Coupe du Monde et la Coupe d’Asie, ainsi que la Coupe d’Asie U23 en janvier.
Notre onze type de l’année
Al-Sheeb (Qatar) – Adnan (Irak), Melki (Liban), Ahmad Ibrahim (Irak), Hassan (Qatar) – Hatem (Qatar), Hussein Ali (Irak), Al-Shehri (Arabie saoudite) - Afif (Qatar), Mabkhout (E.A.U), Al-Dawsari (Arabie saoudite)
Remplaçants
Khalil (Liban) – Al-Hajeri (Koweït), Ahmad Salih (Syrie), Khoukhi (Qatar), Bani Yaseen (Jordanie) – Bani Ateya (Jordanie), Al-Matari (Yemen), Saeed (Bahreïn) - Al-Haydoos (Qatar), Almoez (Qatar), Maatouk (Liban)
Espoirs
Hamadeh (Palestine) – Mhaawi (Irak), Abu Arab (Jordanie), Hamed (Palestine), Mohammed (Irak) – Attwan (Irak), Hadi (Irak), Al-Shaikh (Bahreïn), - Al-Taamari (Jordanie), Mohanad Ali (Irak), Dabbagh (Palestine)
Entraîneurs
Félix Sánchez Bas (Qatar), Hélio Sousa (Bahreïn) et Sami al-Nash (Yémen)

