Alors que la seizième journée de Saudi Pro League débute aujourd’hui, un bilan du début de saison peut être tiré. Décadence des clubs de Jeddah, crise à Al-Shabab et saison exceptionnelle pour Al- Hilal. Voici le résumé des quinze premières journées du championnat saoudien.
Al-Hilal en route vers le titre
Seules quinze journées se sont déjà écoulées sur trente-quatre, mais Al-Hilal compte déjà sept points d’avance sur son dauphin Al-Nassr. Une domination confirmée lors de la quinzième journée et la victoire lors du derby de Riyadh pour les hommes de Jorge Jesus. Ces derniers ont écrasé 3 à 0 un Al-Nassr qui subit encore ses carences défensives présentes depuis maintenant de nombreuses années. Meilleure attaque et meilleure défense du championnat, Al-Hilal semble être la seule équipe du « Big 4 » qui a vraiment su profiter de l’arrivée de stars occidentales cet été. Des joueurs comme Mitrović, Malcom ou Milinković-Savić ont su s’adapter rapidement et parfaitement se mêler aux joueurs locaux. Ces joueurs saoudiens qui sont d’ailleurs aussi très décisifs, à l’image de l’emblématique Salem Al- Dawsari et ses sept buts et deux passes décisives en championnat. Ces excellents joueurs locaux forment sûrement le meilleur banc du pays. Et c’est aussi ce qui peut faire la différence dans une course au titre. En décembre, Al-Hilal affrontera des clubs de milieu et bas de tableau. Les derniers matchs de l’année seront donc l’occasion de prendre encore un peu plus d’avance. D’autant qu’Al-Nassr va devoir enchaîner dans les prochaines semaines des matchs contre Ettifaq, Al-Ittihad et Al-Taawoun.
Al-Nassr trop inconstant
Et parlant d’Al-Nassr, les coéquipiers de CR7 sont un peu décevants. Après un mauvais départ, les Jaune et Bleu ont entamé une remontée au classement et ont réussi à prendre une deuxième place logique. Pourtant, le club de la capitale ne domine pas tous ses matchs, loin de là. Défensivement, malgré la signature de l’Espagnol Aymeric Laporte, on peine à trouver de la stabilité. Les nonuple champions de SPL possède certes la seconde meilleure attaque du championnat, et un CR7 exceptionnel, meilleur buteur de la ligue, mais l’inconstance au sein même des matchs vient parfois metter l’équipe en grand danger. Contre Al-Ahli, les partenaires de Ronaldo dominent sans contestation la première mi-temps, et rentrent au vestiaire sur le score de 3 buts à 1. En seconde période, beaucoup moins d’efforts sont faits, et Al-Ahli prend cette fois-ci un ascendant psychologique total. Finalement, Al-Nassr s’impose 4 à 3, mais se fait peur. Cette inconstance est d’autant plus criante que quelques semaines plus tôt, des victoires assez nettes s’enchaînent. Et notamment un 5 à 0 contre Al-Fateh, et 4 à 0 contre Al-Shabab. Même si rien n’est encore joué, il ne faudra plus lâcher le moindre point si CR7 veut enfin décrocher son premier titre en Saudi Pro League. Pour rappel, il avait terminé second la saison passée, derrière Al-Ittihad. Un club qui, comme Al-Hilal cette année, était capable de gérer tous ses matchs.
Les clubs de Jeddah en difficulté
Pendant que les clubs de Riyadh trustent les deux premières places, les clubs de la ville portuaire de Jeddah eux s’effondrent. Ittihad et Al-Ahli étaient aux deux premières places au début du mois de septembre. Mais depuis, la chute a été lourde, et en particulier pour Al-Ittihad. Cet été, les Jaune et Noir ont conservé un certain nombre de joueurs de la saison précédente, avec notamment Abderrazak Hamdallah et Igor Coronado. Le coach Nuno Espirito Santo, grand artisan du titre de 2022/23 est aussi resté, lui et son caractère. Aux deux joueurs cités plus haut se sont ajoutés des arrivées comme celle de Karim Benzema et la signature en pro de jeunes comme Zakaria Hawsawi. La particularité de tous ces joueurs cités étant qu’ils ont un caractère parfois bien trempé. Si ça n’a pas trop posé souci en début de saison, la pétaudière a pris forme dès les premières contre-performances. Il y a notamment des conflits entre Hamdallah et Benzema, puis entre Benzema et NES, l’entraîneur, qui finit licencié. Ce qui a fait la joie de beaucoup de journalistes et de fans sur les réseaux, ayant sûrement une certaine amnésie, oubliant visiblement qu’Espirito Santo est l’artisan majeur du titre glané il y a encore quelques mois. Marcelo Gallardo est arrivé pour le remplacer, et reprend un effectif très mal construit, sans le duo égyptien Ahmed Hégazy et Tarek Hamed qui était le poumon de l’équipe. Avec déjà treize points de retard sur Al-Hilal et un jeu s’appauvrissant de semaines en semaines, Ittihad est à une morose quatrième place.
Les coéquipiers de Benzema et Kanté sont distancés de deux points par le club rival Al-Ahli, qui vit une saison assez similaire, mais dans une ambiance meilleure. Le promu a cet été totalement renouvelé l’effectif, avec l’arrivée de joueurs très à la mode comme Gabri Veiga ou Allan Saint- Maximin. Se sont greffés les excellents Riyad Mahrez, Roberto Firmino ou encore Edouard Mendy. Des joueurs saoudiens qui brillaient depuis quelques années ont aussi été recrutés, créant un effectif particulièrement séduisant sur le papier. Mais la réalité du terrain est différente et la mayonnaise n’a pas pris. Le choix du coach, en la personne de Matthias Jaissle, n’a pas payé. Le jeune allemand a semblé très vite dépassé. Le manque de maîtrise des Vert et Blanc est flagrant, même contre les petites équipes. Comme pour Al-Nassr, il se dégage une vraie inconstance. Les coéquipiers de Firmino n’ont pas enchaîné trois victoires de suite en championnat depuis août. Le brésilien est d’ailleurs particulièrement décevant, et n’a inscrit que 3 buts. Il n’est même plus titulaire, et est passé derrière des joueurs comme Karl Toko Ekambi, Henry Onyekuru ou Georginio Wijnaldum au classement des buteurs. À cette irrégularité se rajoute un réel manque d’efficacité dans les deux surfaces. Al-Ahli est troisième, à onze points d’Al-Hilal.
Al-Taawoun, invité presque surprise
Même si le club de la ville de Buraydah a subi une série de cinq matchs sans victoires entre octobre et novembre, il a fait trembler les gros clubs en début de saison. Fort d’un recrutement intelligent et totalement cohérent avec les projets de jeu du coach brésilien Pericles Chamusca, Al-Taawoun s’est imposé comme le meilleur club de la Saudi League hors « big four ». Le club possède une ossature brésilienne solide, avec tout d’abord le gardien Mailson, qui est peut-être le meilleur portier du championnat cette année. Devant lui, le sergent Andrei Girotto abat un gros travail défensif. Au milieu, Flavio fait une parfaite liaison entre l’arrière garde et les attaquants qui recherchent souvent la profondeur. Parce que devant, ça va très vite. Que ce soit le Gambien Musa Barrow, qui manque encore d’efficacité, mais surtout Mateus, arrivé du championnat japonais et qui met les défenses en grosse difficulté. Avec une victoire contre Al-Shabab à la J15, les Loups sont revenus à égalité de points avec Al-Ittihad, avant une fin d’année très compliquée en termes de calendrier.
La saison cauchemardesque d’Al-Shabab
Le naufrage d’Al-Shabab était-il prévisible ? Bien évidemment. Snobé par le PIF et ses fonds, le club de Riyadh a du miser sur un recrutement de dernière minute, sans aucune cohérence sportive. De plus, certains excellents joueurs des saisons précédentes semblent en méforme, comme si tout s’abattait d’un coup sur ce club. C’est notamment le cas de Kim Seung-gyu. Le portier de la Corée du Sud a été absolument magistral en 2022/23, et semble bien plus quelconque, bien moins décisif depuis août. Bien que le coach néerlandais Marcel Keizer ait été remercié et remplacé par le croate Igor Biscan, les résultats ne sont guère mieux, et le jeu produit est très proche du néant. Le mercato hivernal sera crucial pour le club de la capitale, dont les fans commencent à s’impatienter.
La petite équipe coup de cœur du début de saison
Huitième à l’issue de la précédente saison, le club de Damac trône à la même place en 2023/24. Mais il y a cette saison quelque chose en plus, qui rend cette équipe attractive et intéressante à voir jouer. Beaucoup moins brouillonne depuis cet été, le coach roumain Cosmin Contra semble enfin pouvoir mettre en place son jeu. Un jeu assez offensif, dynamique, capable d’accrocher les plus gros clubs. Al-Ahli en a fait les frais, avec un score nul de deux buts partout. Quelques semaines plus tôt, c’est Al-Hilal qui a été accroché avec un but partout. Damac n’a ainsi perdu qu’un seul de ses neuf derniers matchs, et ça sans ne faire que défendre. Le club de la ville de Khamis Mushait peut aussi compter sur les performances folles de Georges-Kevin N’Koudou. Le camerounais, ancien joueur de l’OM ou de Nantes, est en pleine résurrection. Avec onze buts inscrits, il est le troisième meilleur buteur de SPL, devancé uniquement par CR7 et Mitrović.
Quels matchs regarder lors de la J16 ?
Dès ce jeudi, à 16 heures, Damac affronte Al-Ittihad. Le club coup de cœur va se frotter à un cador en crise, pour peut-être un nouvel exploit. C’est en tout cas le match le plus intéressant jeudi. Vendredi à 19 heures a lieu un derby de Riyadh, entre Al-Nassr et Al-Riyadh. Le club de Mané et CR7 devra se frotter à un promu de plus en plus solide, qui sera dur à manœuvrer et face à qui il faudra marquer rapidement. Enfin, samedi, Al-Ahli reçoit Al-Raed. Ce dernier a vécu un début de saison difficile, mais semble se redresser, notamment grâce à ses supporters, parmi les meilleurs du pays. Ce sont en tout cas les trois matchs intéressants à suivre du week-end.
Classement
Photo : FAYEZ NURELDINE/AFP via Getty Images
