Dans un format inédit, COVID-19 oblige, le championnat chinois touche à la moitié de sa première phase. Les favoris sont-ils parvenus à tenir leur rang ? Quelles tendances se dessinent ? Enfin, quid du niveau de jeu des internationaux revenus en Chine in-extremis pour prendre part à la compétition ? Tour d’horizon à mi-parcours pour cette saison de Chinese Super League pas comme les autres.

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Un format inédit

Petit rappel. Pour des raisons de timing évidentes, la CFA a décidé de jouer la compétition sous le format suivant : deux poules de huit, regroupant des équipes plus ou moins proches géographiquement parlant. Les matchs de la poule A (regroupant les équipes du Sud de la Chine) se jouent à Suzhou, alors que ceux de la poule B, qui regroupe les équipes du Nord de la Chine (plus ou moins), se jouent à Dalian, afin de limiter les déplacements des deux équipes et donc les risques de contamination au COVID-19. De ces deux poules, les quatre équipes classées premières joueront le titre dans un deuxième tour à élimination directe, avec matchs allers-retours, pendant que les quatre équipes classées dernières joueront un tour similaire pour éviter la relégation. Un format similaire a depuis été retenu pour la Chinese League One.

Les favoris au rendez-vous, SIPG invaincu

Sans surprise, les favoris annoncés de cette Chinese Super League 2020 se partagent les deux premières places de chacune des deux poules. Dans la poule A, c’est le champion en titre, Guangzhou Evergrande, qui termine la phase aller en tête, avec seize points pris sur les vingt-et-un possibles. Les hommes de Fabio Cannavaro distancent ceux du Shandong Luneng de Marouane Fellaini à la différence de buts seulement (+11 pour les Cantonais, +8 pour leurs homologues de Jinan). L’international belge est d’ailleurs en grande forme, ayant bouclé la phase aller de l’exercice en inscrivant quatre buts, avec en point d’orgue un triplé en inscrit en huit minutes lors de la première journée (3-2 contre le Dalian Pro). Suivent ensuite les équipes du Jiangsu Suning (3ème, 11 points) et du Shanghai Shenhua (4e, 11 points également).

Seule équipe encore invaincue cette saison, le Shanghai SIPG truste pour sa part la première place de la poule B, affichant le joli total de dix-sept points pris sur les vingt-et-un possibles. Les coéquipiers d’Oscar (meilleur passeur de la phase aller toutes poules confondues) devancent le Beijing Guoan de Bruno Génésio de trois points. Partis sur des chapeaux de roues (quatre victoires consécutives), les Pékinois ont ensuite péché dans leurs trois rencontres suivantes, concédant deux nuls et une défaite, contre le Shanghai SIPG justement (1-2 lors de la sixième journée). Suivent le Wuhan Zall (3ème, 12 points), surprise de cette saison jusqu’à maintenant, puis le Hebei CFFC (4ème, 11 points).

Guangzhou R&F dans le dur, Dalian et Tianjin condamnés ?

À l’autre bout des deux classements, le Dalian Pro (ex-Dalian Yifang, qui avait notamment vu passer José Fonte et Yannick Carrasco) et le Tianjin TEDA font figure de bons derniers. Pendant que Dalian n’a pris que deux points sur cette phase aller, Tianjin n’en n’a pris qu’un, lors de la deuxième journée contre le Chongqing Dangdai. Les hommes d’Uli Stielike sont donc sur une série noire, avec cinq défaites consécutives et semblent, comme leurs homologues de Dalian, condamnés à jouer la phase de play-offs pour la relégation. De son côté, le Guangzhou R&F, douzième de l’exercice 2019, se trouve également en mauvaise posture. Malgré un total de points glanés honorable (sept), celui qui est souvent considéré comme le second club de Guangzhou a essuyé de lourdes défaites, notamment lors du derby face à son rival (5-0 lors de la deuxième journée). La formation entraînée par Giovanni van Bronckhorst sort par ailleurs tout juste d’une correction 5-1, infligée par le Shandong Luneng, dans laquelle Graziano Pellè a pu signer son retour à la compétition par un doublé. Comme un malheur n’arrive jamais seul pour la formation cantonaise, Eran Zahavi, meilleur buteur de la précédente édition de Chinese Super League avec 29 buts, est sur le départ, alors même qu’il était prévu qu’il termine la saison au club. Les choses s’annoncent compliquées pour la formation ciel et blanche.

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Les joueurs : la confirmation Wei Shihao, Oscar toujours aussi décisif, les « Frenchies » plutôt en vue

Individuellement, plusieurs joueurs ont également marqué cette phase aller des poules. Le camerounais John Mary, fraîchement débarqué de deuxième division avec son club de Shenzhen FC est l’un d’eux, puisqu’avec six réalisations en sept matchs, il domine le classement des buteurs et s’affirme en tant que pur neuf de classe mondiale. De son côté, la colonie brésilienne continue de bien se porter dans l’empire du milieu, avec Paulinho et Oscar en tête de proue. L’ancien de Chelsea pointe en tête du classement des passeurs (4 passes décisives) quand son compatriote du Guangzhou Evergrande se classe deuxième meilleur buteur avec cinq réalisations.

Du côté des joueurs chinois, on notera la létalité devant le but de l’ailier d’Evergrande Wei Shihao. Déjà auteur de onze buts et huit passes décisives lors de la saison précédente, l’ailier confirme aujourd’hui son statut d’incontournable du championnat avec six buts en cinq rencontres disputées (soit deux matchs de moins que John Mary, co-meilleur buteur de la phase aller des poules). Au-delà de lui, on notera la qualité des apports offensifs des latéraux Rong Hao (Tianjin TEDA) et Tong Lei (Dalian Pro), tous deux impliqués sur trois buts de leur équipe lors de cette première partie de saison, ainsi que les performances de Cui Ming’an (Dalian Pro également) qui s’affirme cette saison comme un n°10 de référence. Enfin, le naturalisé Ai Kesen (ex-Elkeson), star de la sélection nationale avec Wu Lei et meilleur buteur historique de l’ère Chinese Super League, réalisent pour l’instant une saison en dent de scie, n’ayant marqué que deux buts et délivré qu’une passe décisive.

Enfin, côté français, Romain Alessandrini s’est montré très en vue avec le Qingdao Huanghai, marquant quatre buts pour son équipe fraîchement promue dans l’élite. Du côté du Wuhan Zall, l’ancien Amiénois Eddy Gnahoré enchaîne les bonnes performances au cœur du jeu, et est un des grands artisans de la troisième place surprise de son club cette saison. Au Beijing Guoan, le Franco-congolais Cédric Bakambu ne parvient toujours pas à faire taire les critiques en Chine, ou beaucoup considèrent qu’il n’apporte que trop peu par rapport à ce qui était attendu de lui, et ce malgré ses trois buts. Enfin, toujours à Pékin, l’entraîneur Bruno Génésio va devoir trouver la formule pour relancer son équipe après trois résultats décevants. Amer après la défaite des siens contre le Shanghai SIPG, il s’est fendu d’une conférence de presse acerbe, qui n’était pas pour rappeler ses plus grands moments en tant qu’entraîneur de l’OL. Visage fermé, l’ancien Rhodanien s’est lancé dans une tirade soutenant le fait que son équipe, archi dominatrice dans le jeu (62% de possession sur tout le match) aurait dû l’emporter. Son équipe s’était cependant montrée peu réaliste, ne cadrant que deux tirs sur ses treize tentés.

Raphaël Misrachi
Raphaël Misrachi
Analyste du foot chinois et asiatique. Supporter du PSG de naissance et du Beijing Guoan par adoption. Pragmatisme et rigueur tactique > beau jeu.