Quatre-vingt-quatorze minutes. Telle aura été l’attente des supporters australiens avant de voir Massimo Luongo égaliser au bout d’une rencontre dominée par les hôtes. La Corée du Sud de Paulo Bento n’était pas loin d’infliger une défaite aux Socceroos pour leur premier match à domicile au retour de la Coupe du Monde 2018.

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Avec une liste de joueurs élargie avant de la réduire à vingt-trois le 18 novembre, Graham Arnold disputait son tout premier match en Australie à la suite de son premier succès contre le Koweït (0-4) disputé à l’extérieur. Au Suncorp Stadium de Brisbane, garni de 32 922 spectateurs, la composition de départ australienne fut légèrement modifiée face à la Corée du Sud. Apostolos Giannou et Jackson Irvine laissaient leurs places respectives à Jamie Maclaren et Aaron Mooy. Arnold restait confiant sur les autres hommes en place et scellait avant le coup d’envoi du match, le brassard de capitaine à Mark Milligan pour la rencontre et celles à venir, mais surtout pour la Coupe d’Asie en janvier prochain. Le brassard était vacant depuis le retrait de Mile Jedinak de la sélection. Face à la Corée du Sud, vaincu en final lors du titre décroché par l’Australie en 2015, l’occasion était idéale pour préparer au mieux la compétition continentale de 2019. Paulo Bento, nouveau sélectionneur international des Guerriers Taeguk, pouvait également s’offrir un adversaire de poids pour juger ses nouveaux joueurs.

Les Socceroos vivaient un revers contre les Sud-coréens suite à l’ouverture du score de Hwang Ui-jo contre le court du jeu. Une longue balle envoyée de la défense vers l’attaquant rouge et bleu à la limite de hors-jeu et dans le dos de Trent Sainsbury. La suite, Hwang Ui-jo venait placer une balle croisée à Mathew Ryan après avoir éliminé Sainsbury. Avant cela, les internationaux australiens bénéficiaient d’opportunités qui auraient pu permettre de faire basculer la rencontre en leur faveur. Les supporters Green and Gold s’étaient levés à de multiples reprises de leur siège : Tom Rogic, libre dans le cœur du jeu australien sous Graham Arnold, était de l’ensemble des actions dangereuses. En moins d’un quart d’heure, Arnold a vu ses joueurs tirer trois corners. Cette domination était expliquée notamment par un pressing très haut. Jamie Maclaren allait jusqu’à dans les pieds du portier sud-coréen pour récupérer la balle, sur certaines actions, les Guerriers Taeguk étaient dans un étau avec trois voire quatre Socceroos dans leur propre surface. Chez les Sud-coréens, l’atout principal fut dans les longues balles envoyées dans le dos de la défense. Plusieurs tentatives furent amorcées dont celle de Kim Min-jae pour Hwang Ui-jo sur l’ouverture du score. Au sol, les Guerriers Taegeuk n’avaient pas autant de facilité que l’adversaire. Maty Ryan écartait brillamment le deuxième et dernier tir cadré de ces Sud-coréens même si les partenaires de Kim Young-gwon restaient dangereux sur d’autres actions comme coup de pied arrêté.

Côté hôtes, les Socceroos poussaient et tentaient par tous les moyens d’égaliser devant leur public. Retranchés en défense les joueurs de Paulo Bento défendaient superbement, provoquant des frappes en dehors de la surface via Aaron Mooy, Mathew Leckie ou encore Tom Rogic que Kim Seung-Gyu captaient sans flancher tous les ballons cadrés. Graham Arnold, poursuivi par l’idée de ne pas perdre son premier match à domicile, faisait entrer Awer Mabil, Martin Boyle (scellant définitivement l’avenir international du joueur de Hibernian FC avec les Australiens) et Tomi Juric. Trois éléments clefs offensifs. Awer Mabil se montrait disponible pour servir ses partenaires et afin de se donner une chance d’égaliser et continuait sur sa lancée après avoir marqué son premier but contre le Koweït. Il se faisait notamment reprendre in-extrémis par la défense sud-coréene le privant d’un face-à-face contre le portier adverse. Malheureusement pour elle, l’Australie manquait cruellement de précision dans la dernière passe et était approximative en face du but. Les spectateurs ont ainsi dû attendre la toute fin de partie sur le dernier corner, Kim Seung-gyu fautait en relâchant une balle face à Martin Boyle, puis Massimo Luongo terminait l’action, validée ensuite par l’arbitrage-vidéo (1-1, 90+4e) alors que trois joueurs étaient véritablement hors-jeu sur l’action.  

Au bout du temps additionnel et ce match nul arraché, les Australiens pouvaient être soulagés même s’ils auraient pu se mettre à l’abri plus tôt dans la rencontre. Graham Arnold remet néanmoins l’Australie sur l’axe du jeu offensif porté par Ange Postecoglou auparavant. Bert van Marwijk avait instauré un jeu plus strict, aujourd’hui les latéraux se montrent beaucoup plus utiles. Joshua Risdon a également joué un rôle important contre la Corée du Sud. Le joueur du Western Sydney Wanderers a donné une autre image de son jeu, plus intéressante à suivre avec les Socceroos qu’en club où il est cantonné à défendre plus qu’à attaquer. Par ailleurs, de l’autre côté, Aziz Behich a lui aussi été très important. Contre le Liban, mardi 20 novembre, il reste cependant à améliorer l’animation et travailler sur l’efficacité afin de se mettre dans de meilleures conditions pour le jubilé de Tim Cahill sous le maillot des Socceroos. Graham Arnold possède encore beaucoup de cartes à jouer et de joueurs ayant une place à disputer dans le onze de départ où la concurrence est redevenue très forte. De son c$oté, Paulo Bento et la Corée du Sud joueront face à l’Ouzbékistan, mardi 20 novembre et continuent leur série de six matchs sans défaite depuis celle essuyée en Coupe du Monde face au Mexique, la cinquième depuis l'arrivée du Portugais.

Antoine Blanchet-Quérin
Antoine Blanchet-Quérin
Spécialiste du football australien, néozélandais et océanien pour Lucarne Opposée.