Avec un dernier titre de champion remontant à 2005, les Tigres ont faim de victoire. L'équipe a été construite dans cet objectif et, après un dramatique final 2019, Ulsan entend bien faire chuter le grand Jeonbuk.

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1983 – 1990 : des débuts prometteurs avant l'arrivée à Ulsan

C'est le 6 décembre 1983 que le club voit le jour à Incheon sous le nom de Hyundai Horang-i, soutenu par Hyundai Heavy Industries, une division du groupe Hyundai. Pour sa première participation au championnat sud-coréen de football en 1984, Hyundai Horang-i fait venir Hu Jung-woo qui jouait au PSV et Choi Kang-hee de POSCO, futur grand artisan du succès de Jeonbuk. Les premières saisons sont encourageantes pour Hyundai Horang-i qui est toujours bien placé mais qui peine toutefois à se qualifier pour le final round opposant les vainqueurs des deux phases du championnat. Le club remporte néanmoins une League Cup en 1986 avant de déménager dans la région de Gangwon en 1988. Le quotidien du club ne change pas pour sa première année dans sa nouvelle région. En 1988, Hyundai Horang-i échoue à la seconde place derrière POSCO Atoms. En 1989, le club chute terriblement et termine dernier de la saison et avant dernier en 1990. Hyundai Heavy Industries prend alors la décision de rapatrier son club à Ulsan, là où est situé le siège social de l'entreprise avec la ferme intention de remporter un titre.

1991 – 2005 : les premiers succès

Pour enfin devenir champion du pays, Hyundai Heavy Industries se donne les moyen en nommant la légende Cha Bum-keun à la tête de son équipe. Mais toute légende qu'il soit, Cha Bum-keun est inexpérimenté à ce poste et ne parvient pas à remporter de trophée au cours de son passage en tant qu'entraîneur entre 1991 et 1994. Son meilleur résultat reste une deuxième place lors de sa première saison alors que son moins bon est une quatrième place en 1994. Hyundai Heavy Industries prend donc la décision de changer d'entraîneur et nomme Ko Jae-wook ancien entraîneur des Lucky Goldstar Hwangso, champions en 1990. Ko Jae-wook est l'homme de la situation. Il remporte une seconde League Cup pour sa première saison et mène Ulsan au titre tant attendu en 1996, au détriment de Suwon Bluewings Samsung. Hyundai Heavy Industries pense alors tenir la formule pour régner sur le football sud-coréen. Mais les choses ne se passeront pas comme prévues. Toujours sous Ko Jae-wook, le club connait progressivement une chute au classement pour finalement terminer dernier en 2000. En cours de saison, Ko Jae-wook, qui avait rapporté une troisième League Cup au club en 1998, se voit montrer le chemin de la sortie. Kim Jung-nam le remplace et a pour mission de retrouver les sommets. Chose qu'il parvient à faire progressivement. Après une année de tâtonnement en 2001, il replace Ulsan dans les équipes de tête jusqu'à décrocher enfin un second titre en 2005. Le jeu offensif prôné par Kim Jung-nam fait des heureux du côté d'Ulsan mais une nouvelle fois, le club échoue à conserver une régularité au plus haut niveau.

2006 – 2018 : la traversée du désert localement, l'Asie comme bouffée d'oxygène

Kim Jung-nam ne réédite pas ses succès en championnat et malgré une nouvelle League Cup en 2007, il est remercié en 2008. Les clés sont alors confiées à Kim Ho-kon qui change drastiquement la philosophie de jeu d'Ulsan. D'une équipe offensive, le club passe à une équipe reconnue pour ses talents défensifs. Pas du goût de tous les supporters dans les premières années. Mais les succès à venir atténueront la gronde. Toujours muet en championnat, Kim Ho-kon décroche néanmoins la dernière édition et cinquième League Cup d'Ulsan en 2011. La même année, il mène le club à la seconde place du classement et se qualifie pour l'AFC Champions League l'année suivante. La saison 2012 sera historique pour Ulsan puisqu'elle marque le premier succès du club sur la scène continentale au détriment des Saoudiens d'Al-Ahli. Une compétition qui aura vu Ulsan terminer invaincu.

Une nouvelle fois, ce succès n'est pas suivi par d'autres. Ulsan ne se qualifie pas pour l'édition 2013 de l'AFC Champions League et ne remporte pas le titre en 2013, une nouvelle fois second. Kim Ho-kon prend alors sa retraite, à 62 ans et laisse le club dans une période instable, ne trouvant pas chaussure à son pied au poste d'entraîneur. Les passages de Cho Min-kook et Yun Jong-hwan ne sont pas convaincants. En 2017, Hyundai Heavy Industries donne sa chance à Kim Do-hoon qui remporte la première FA Cup du club pour sa première saison. Toujours axé sur la défense, Ulsan ne satisfait pas dans le jeu mais reste efficace et remonte la pente, jusqu'à cette année 2019.

2019 – 2020 : Hyundai sort l'artillerie lourde pour accrocher le titre

Lorsque Choi Kang-hee est arrivé à Jeonbuk en 2005, Ulsan venait de remporter son deuxième titre de champion. Quatorze ans plus tard, Choi Kang-hee quitte la Corée du Sud après l'avoir outrageusement dominée. Ulsan entend donc bien saisir sa chance et Hyundai Heavy Industries ne fait pas les choses à moitié. En 2019, le recrutement est phénoménal, de quoi se créer une équipe en mesure de disputer le titre à un Jeonbuk en reconstruction. Ulsan ne se prive d'ailleurs pas de faire signer Kim Bo-kyung, ancien joueur clé de Jeonbuk entre 2016 et 2017, pour mener à bien son objectif. Kim Do-hoon abandonne ses habitudes défensives et donne un tout autre visage à son équipe : l'offensive. C'est alors un mano à mano qui se joue avec Jeonbuk tout au long de la saison. À l'image de Jeonbuk, Ulsan a ses chances de tuer le championnat mais n'y parvient pas. Toutefois, à l'arrivée du final round, les Tigres prennent les devants sur les Green Warriors avec trois points d'avance. Lors du dernier match, alors qu'Ulsan n'a besoin que d'un nul pour remporter le titre, ils se sont faits étriller par leur ennemi juré, les Pohang Steelers. Signe de cette catastrophe, l'énorme bourde de Kim Seung-gyu, ayant décidé de jouer une touche rapidement directement sur l'attaquant adverse, laissant ainsi son but vide. Une image qui a malheureusement fait le tour du monde. Comme en 2013, lors de la dernière journée, Pohang prive les Tigres du titre, mais si en 2013, la rencontre était une finale et Pohang avait remporté la K League au bénéfice de sa victoire, cette fois, la victoire des Steelers permet à Jeonbuk de conserver son titre. Les Green Warriors avaient, eux, rempli leur mission, à savoir s'imposer face à Gangwon. En 2020, Ulsan a conservé un effectif de très grande qualité malgré le départ de Kim Bo-kyung (MVP 2019) pour… Jeonbuk ! Lee Chung-yong est rentré au pays pour permettre enfin aux Tigres de mettre la main sur le trophée. Mais ça passera bien évidemment par une victoire sur les Green Warriors ce dimanche.

Baptiste Mourigal
Baptiste Mourigal
Rédacteur Asie, spécialisé Corée du Sud (K League, KFA) à suivre sur @KleagueFR