La trente-septième saison de K League à peine clôturé, voici le bilan d'une année incroyable que la Corée du Sud n'avait pas vécu depuis longtemps.
Jeonbuk : le roi a tremblé
Le regard tourné vers l'écran géant du stade, un grand sourire sur les lèvres. Lee Dong-gook savoure le titre arraché lors de l'ultime journée. C'est l'image qui restera gravée dans les esprits et qui résume parfaitement la conquête du septième titre des Green Warriors, le troisième de suite. Dans le regard du Lion King il y avait tout : le bonheur de remporter un énième trophée, l'incrédulité de voir Ulsan exploser en plein vol à domicile et le soulagement de conserver le titre de champion de Corée du Sud. Il faut dire que la saison de Jeonbuk aurait pu tourner à la catastrophe. Petit retour en arrière, en fin de saison dernière lorsque Jeonbuk annonce que Choi Kang-hee, le maître du club, celui qui a construit l'équipe de A à Z, quitte le club. Le board était donc en quête d'un nouveau coach, et c'est le Portugais José Morais qui a été nommé pour négocier cet important tournant dans l'histoire de Jeonbuk. Malgré un statut de favori intact, tous les observateurs s'attendaient à une saison bien plus difficile que les années précédentes : nouveau coach, nouveau staff et nouveaux joueurs. Avec un style de jeu totalement opposé à celui de Choi Kang-hee, José Morais a voulu imposer ses idées, son schéma tactique. Mais face à l'absence de résultats immédiats puisque Jeonbuk était seulement quatrième après cinq journées, et surtout le début de mécontentement des supporters, le Portugais est revenu à un système plus classique hérité de Choi Kang-hee, le 4-1-4-1. Les recrues ont été progressivement poussées sur le banc, excepté Moon Seon-min et Kim Min-hyeok qui ont parfaitement su s'intégrer. Jeonbuk s'est alors repris et a enfin lancé sa saison. Moins directs, moins rouleau compresseur que par le passé, les Green Warriors restaient néanmoins très efficaces à l'image d'un Kim Shin-wook transfiguré. Très certainement le joueur qui aura le plus progressé sous Jose Morais, mais pas pour longtemps puisque la période estivale aura porté un gros coup aux Green Warriors.
Qualifié en huitièmes de finale de l'Asian Champions League après un parcours impeccable en phase de groupes, Jeonbuk s'est laissé surprendre aux tirs au but par Shanghai SIPG. Une élimination qui a eu un effet domino conséquent : Kim Shin-wook a lui aussi succombé aux sirènes chinoises pour quitter les Green Warriors et décrocher un dernier gros contrat en rejoignant Choi Kang-hee au Shanghai Shenhua. Résultat, Jeonbuk s'est retrouvé sans n°9 (Lee Keun-ho avait été prêté à Jeju et Adriano avait vu son contrat être rompu après sa grave blessure au tendon d'Achille) et a tenté tant bien que mal de le remplacer, mais ni Kim Seung-dae venu de Pohang ou Samuel Rosa venu de Fujairah n'ont réussi à faire oublier le Wookie. C'est donc Lee Dong-gook qui a progressivement pris les commandes de l'attaque des Green Warriors, mais à 40 ans, le poids des années se fait sentir. S'il reste toujours bien placé, présent au bon moment et décisif, Lee Dong-gook fatigue et ne peut apporter autant qu'il le faisait dans sa jeunesse. Pour créer le danger face à ses adversaires, Jeonbuk s'est donc reposé sur ses deux flèches, Ricardo Lopes et Moon Seon-min. Moins en maîtrise, Joenbuk a laissé filer des points face à des équipes largement à sa portée que ce soit face à Jeju, Seongnam, Incheon ou encore Gyeongnam. Les Green Warriors se sont donc retrouvés dans une situation bien compliquée au début du final round avec trois points de retard sur Ulsan. Lors de la « finale », à l'avant dernière journée, Jeonbuk maîtrisait la rencontre après un but magnifique de Kim Jin-su mais une erreur de relance de Song Bum-keum a permis à Ulsan d'égaliser et de garder son avance au classement et toutes ses chances de titre. Finalement, une victoire 1-0 sur Gangwon couplée à une défaite d'Ulsan face à Pohang (1-4) a permis à Jeonbuk de remporter la K League 2019. Sans être transcendant.
Côté joueurs, les déceptions sont nombreuses et notamment les recrues. Le board avait pourtant tapé fort au cours de l'hiver avec le recrutement de Kim Min-hyeok (Sagan Tosu), Moon Seon-min (Incheon), Choi Young-joon (Gyeongnam), Han Seung-gyu (Ulsan), Lee Keun-ho (Pohang) et Bernie Ibini (Sydney). Si les deux premiers sont les grandes satisfactions, les autres n'ont absolument rien apporté à l'équipe. Choi Young-joon aura fait sept apparitions avant d'être envoyé à Pohang en milieu de saison, Han Seung-gyu, meilleur jeune 2018, n'a connu que neuf titularisations pour deux buts, Lee Keun-ho n'aura joué que dix-neuf minutes avant son départ pour Jeju et Bernie Ibini a confirmé qu'il était une recrue énigmatique puisqu'il n'aura joué que treize matchs. Arrivés en cours d'année, Kim Seung-dae et Samuel Rosa n'ont pas connu meilleure fortune. En défense, Kwon Kyung-won, rapatrié en perspective de son service militaire, aura réussi à s'installer aux côtés de Hong Jeong-ho en alternance avec un Kim Min-hyeok très constant et qui aura rempli sa mission. Moon Seon-min (dix buts, dix passes) est la grande satisfaction. Parmi les vétérans, Lee Yong et Ricardo Lopes ont réalisé des saisons pleines. Si le premier a prolongé son bail, le second pourrait de nouveau être la cible des clubs chinois et du Moyen-Orient. Avec les départs annoncés pour service militaire de Moon Seon-min, Kwon Kyung-won et Lee Keun-ho, Jeonbuk aura une nouvelle fois fort à faire dans le mercato 2020 afin de renforcer son équipe et combler les faiblesses. Meilleur club de la décennie (six K League en 2011, 2014, 2015, 2017, 2018 et 2019 ; deux fois second en 2012 et 2016 ; une Asian Champions League en 2016 et vice-champion d'Asie en 2012), Jeonbuk amorce la suivante avec de nombreux doutes.
Ulsan : le Tigre rugit, puis miaule
Si vous essayez de comprendre comment Ulsan n'est pas parvenu à remporter la K League 2019, arrêtez-vous. Personne ne le sait. Les Tigres avaient tout bon jusqu'à la 37e journée. Mais Kim Do-hoon est retombé dans ses travers. La peur de perdre l'a poussé à vouloir jouer défensif avec une équipe qui n'en est pas capable. Résultat une énorme gifle reçue à la maison de la part du rival Pohang (1-4) dans le derby et un titre qui s'envole du côté de Jeonju alors que les Tigres avaient neuf griffes et demie sur le trophée. Il est aussi possible de reprocher à Kim Do-hoon d'avoir joué petit bras dans le match décisif face à Jeonbuk. Dominé, Ulsan s'en était finalement bien tiré avec le match nul (1-1). Mais n'y avait-il pas un signe annonciateur de cet incroyable échec ? Revenons là aussi quelques mois en arrière, en huitième de finale d'Asian Champions League. Ulsan avait fait le plus gros en s'imposant sur la pelouse des Reds d'Urawa (1-2). La qualification était pratiquement acquise, mais Kim Do-hoon avait voulu assurer en conservant le score au retour. Une lourde défaite 0-3 plus tard et Ulsan prenait la porte. Cinq mois plus tard, Pohang jouait le même tour aux Tigres. Incompréhensible.
La direction d'Ulsan peut l'avoir mauvaise. Le travail de recrutement avait été parfait et aucun joueur n'a déçu. Kim Bo-kyung (Kashiwa Reysol) a été incroyable au milieu de terrain et a été logiquement nommé meilleur joueur de la saison. La charnière Dave Bulthuis – Yun Young-sun a été intraitable lorsqu'elle a pu être alignée, Kim Seung-gyu, revenu du Vissel Kobe à l'été, a été très précieux dans les buts (malgré son énorme bourde face à Pohang lorsque le score était de 1-2), et Shin Jin-ho a été satisfaisant lorsque Kim Do-hoon a fait appel à lui. Finalement, Joo Min-kyu est l'unique petite déception puisqu'il n'a pas confirmé sa saison extraordinaire avec Sangju Sangmu. Néanmoins, il a mis quelques buts précieux notamment face à Daegu et Jeonbuk. La prouesse d'avoir conservé Mix Diskerud après la fin de son contrat en juillet a été une nouvelle démonstration d'Ulsan de l'envie d'aller chercher le titre. Les joueurs déjà présents les années précédentes n'ont pas non plus déçu puisque Junior a signé une saison à 19 buts (sans son caprice de milieu d'année pour rejoindre la Chine, il aurait terminé meilleur buteur), Park Yong-woo a fait la meilleure saison de sa carrière à la récupération, Kim In-sung et Hwang Il-su ont été les dynamiteurs attendus, Lee Keun-ho et Park Joo-ho ont rempli leur mission d'encadrement alors que Kim Tae-hwan a fait une saison parfaite sur son aile droite. Ulsan a de nouveau mis en lumière un jeune très prometteur en la personne de Lee Dong-gyeong déjà convoqué avec la Corée du Sud.
Bref, vous l'aurez compris, Ulsan n'avait pratiquement aucun défaut cette année pour aller chercher le titre et même viser un titre en Asian Champions League. Du moins sur le terrain. Le défaut est très certainement sur le banc avec Kim Do-hoon qui a été incapable de gérer les moments clefs de la saison. Ulsan doit-il poursuivre avec lui ? Le club l'a en tout cas confirmé pour la saison prochaine. Mais 2019 pourrait bien avoir été l'occasion manquée pour les Tigres puisque le mercato 2020 s'annonce très mouvementé. Des départs sont déjà actés : Park Yong-woo et Lee Myung-jae rejoignent Sangju Sangmu pour leur service militaire et Kim Bo-kyung va retourner à Kashiwa Reysol. Ce dernier souhaiterait rester en Corée du Sud, Ulsan fera-t-il les efforts nécessaires ? D'autres joueurs sont dans le doute : Junior va recevoir de nouvelles offres de Chine et du Moyen-Orient alors que Mix Diskerud attire déjà l'intérêt de quelques clubs du nord de l'Europe.
Seoul : le rachat
Du barrage pour ne pas descendre en K League 2 en 2018 à la troisième place de K League 1 en 2019. La saison de Choi Yong-soo à la tête de Seoul est une réussite. Du moins dans le résultat final. Sur le terrain, il y a encore du travail, mais la qualification pour l'Asian Champions League pourrait de nouveau rendre le FC Seoul attractif et permettre à Choi Yong-soo de faire signer les joueurs qu'il souhaite. Mais restons pour le moment en 2019. Avec son recrutement famélique, Seoul a pendant quelque temps réussi à tenir le rythme d'Ulsan et Jeonbuk ce qui a permis de croire à une lutte à trois pour le titre. C'est simple, en 38 journées, Seoul n'a quitté le podium qu'à une seule reprise. Mais les lacunes de l'équipe se sont fait sentir sur la durée. L'absence de véritable n°9 notamment qui a limité l'attaque de Seoul à seulement 53 buts. La profondeur du banc, quasiment nulle, n'a pas permis aux joueurs de se reposer et à Choi Yong-soo de changer de système lorsque c'était nécessaire. Le 3-5-2 a donc été utilisé même lorsque l'équipe était clairement en difficulté et prenait l'eau en défense. Habitué à démarrer calmement ses saisons, Seoul a démarré fort et terminé (trop) calmement : trois victoires lors des quinze derniers matchs.
Les deux recrues principales du club ont été globalement des réussites. Alibaev a parfaitement joué son rôle de meneur de jeu au milieu alors que Aleksandar Pešić a été très bon devant malgré une saison tronquée par les blessures. Avec dix buts en dix-neuf titularisations, sa saison est plus qu'honnête puisqu'il termine meilleur buteur du club. Son association avec le jeune Cho Young-wook était le meilleur duo pour l'attaque des Rouges et Noirs. Mais les blessures et la Coupe du Monde U20 ont laissé le jeune champion du monde éloigné des terrains beaucoup trop souvent. Le FC Seoul s'est donc appuyé sur sa légende, l'habituel Park Chu-young, qui a fait du Park Chu-young à savoir ne rien proposer de ses matchs, mais sortir de sa boîte au moment opportun pour venir placer un coup franc, une tête ou un inscrire un but de renard. Mais il est évident que ce n'est pas suffisant pour que Seoul puisse viser plus haut. Park Dong-jin a par moment montré de bonnes choses, mais il reste trop inconstant alors que Yun Ju-tae est toujours en perdition. Au milieu, le FC Seoul a enregistré, en cours de saison, les retours de service militaire de Ju Se-jong et Lee Myung-joo mais bizarrement leur retour coïncide avec une période très compliquée pour le club. Si Go Yo-han a une nouvelle fois était impeccable, c'est l'éclosion du jeune ailier Yoon Jong-gyu (21 ans / 29 matchs) qui a marqué les esprits. En défense, Osmar a fait un retour attendu et parfait alors que Hwang Hyun-soo est revenu à la vie après une saison 2018 compliquée. Dans les buts, Yu Sang-hun n'a laissé que des miettes à Yang Han-been. Enfin, un mot de l'autre grande figure du club, Ha Dae-sung qui a complètement disparu des radars (seulement deux matchs cette année). La faute à un genou qui ne le laisse pas tranquille. À 34 ans, il ne reviendra plus à son niveau et il méritait une meilleure fin de carrière. Une sortie à la hauteur de ce qu'il a accompli avec le FC Seoul. Seoul s'est donc appuyé sur ses hommes forts pour atteindre ses objectifs, mais devra forcément recruter pour pouvoir jouer l'Asian Champions League et ne pas finir carboniser dans les derniers instants du championnat. Choi Yong-soo a encore du travail, mais aura très certainement plus de matière l'année prochaine. Pourquoi pas viser la course pour le titre ?
Pohang : La continuité
Quatrième en 2018, Pohang espérait faire aussi bien voire mieux cette saison. Mission accomplie puisque les Steelers terminent de nouveau quatrième, à seulement quatre buts du FC Seoul et donc de l'Asian Champions League. Pohang paye ainsi son début de saison catastrophique avec deux victoires en huit matchs. Une série qui a poussé la direction à mettre fin à démettre Choi Soon-ho de ses fonctions. Pour le remplacer, les Steelers ont fait confiance à Kim Gi-dong, ancien grand milieu de l'équipe et présent dans le staff de Choi Soon-ho. Le choix semble le bon puisque Pohang enchaîne quatre matchs victorieux dont une victoire dans le derby face à Ulsan immédiatement après la nomination de Kim Gi-dong. L'électrochoc a été de courte durée, mais Kim Gi-dong venait de gagner le temps nécessaire pour imposer ses idées.
En crise de résultat pendant l'été, Pohang doit aussi faire face à un mercato qui chamboule l'effectif. Kim Seung-dae, capitaine et meilleur buteur du club part pour Jeonbuk alors que Yoo Jun-soo, David Silva et Adžić ne sont pas conservés après des prestations décevantes. Pour se renforcer, les Steelers recrutent l'avant-centre russo-allemand Iljutcenko qui inscrira neuf buts en dix-huit matchs ainsi que le milieu serbe Paločević qui mettra du temps à se montrer, mais réalisera une très belle fin de saison. Sim Dong-woon est également revenu de son service militaire et a pu apporter une solution dans la rotation. Surtout, en échange de Kim Seung-dae, Pohang est parvenu à décrocher le prêt de Choi Young-jun, complètement mis de côté à Jeonbuk et qui avait besoin de se relancer. Choix payant puisque l'ancien capitaine de Gyeongnam s'est imposé sans soucis dans le onze de départ de Kim Gi-dong. Ce dernier aura eu besoin de l'été pour enfin prendre la pleine mesure de son équipe et à la sortie de la période estivale, Pohang devient une machine à gagner. C'est simple, les Steelers n'ont perdu qu'un match entre le mois d'août et la fin du championnat. Pohang a aussi pu compter sur un Wanderson de gala. De retour au club après une saison passée à Jeonnam, l'ailier brésilien a tout simplement été injouable et est devenu l'homme fort du club. Avec quinze buts au compteur et neuf passes, il était absolument partout. Cette saison 2019 a aussi vu les Steelers faire éclore de nouveaux talents. Si les regards étaient en majorité tournés vers Lee Jin-hyun, qui a été globalement décevant, c'est Lee So-bin (19 ans) qui a crevé l'écran au milieu pour sa première année dans le monde professionnel. Sur son aile gauche, Song Min-kyu (20 ans) a aussi été une belle découverte malgré des stats discrètes. Finalement, les Steelers peuvent espérer un avenir radieux s'ils parviennent à corriger quelques petits détails. Notamment le poste de gardien de but. Kim Gi-dong a longtemps hésité entre Ryu Won-woo et Kang Hyeon-mu avant de finalement donner sa confiance à ce dernier. Mais le jeune Kang Hyeon-mu n'a pas su confirmer sa superbe saison 2018 et a été autant décisif que fautif en multipliant les boulettes et les erreurs de jugement ou de placement. Il n'a conservé sa place qu'à l'incapacité de Ryu Won-woo à faire mieux entre les poteaux.
Daegu : la progression
Même si une nouvelle la qualification en Asian Champions League est manquée d'un cheveu, la saison de Daegu reste fantastique et symbolise la très belle progression de cette équipe depuis 2016, année de montée en K League 1 : huitième en 2017, septième en 2018 et cinquième en 2019. Ajoutez à cela un nouveau stade, le DGB Daegu Bank Park affichant un taux de remplissage de 86% (soit une moyenne de 10 700 personnes environ pour une capacité de 12 400 places) et vous avez une saison positive. Au contraire d'une autre équipe que nous aborderons plus loin (tournez vos yeux vers Gyeongnam), Daegu avait réussi à conserver ses meilleurs éléments avant le début de la saison et avait réalisé un mercato de complément. Au passage, le jeune Jeong Tae-wook est parvenu à s'imposer dans la défense à trois d'André aux côtés de Park Byung-hyun et Kim Woo-seok. Un changement de club bénéfique pour sa progression. Le choix de la continuité a donc été payant côté Daegu qui n'a pas eu peur de jouer sur tous les tableaux à fond et regrettera seulement son manque d'expérience pour ne pas être sorti de son groupe en ACL. Si la réussite de cette année 2019 peut être mise au crédit de l'entraîneur brésilien André, il faut surtout souligner l'énorme saison de son compatriote Cesinha dans l'entrejeu. Avec une saison à quinze buts et dix passes (en y ajoutant un but dans le All Star Game face à la Juventus), les stats sont propres et mettent en lumière l'importance de Cesinha tout au long de la saison. Un peu en retrait par rapport à ce qui était attendu de sa part, Edgar a néanmoins parfaitement épaulé Cesinha en attaque (onze buts). Que dire également de Kim Dae-won et Jung Seung-won ? Les deux jeunes joueurs de vingt-deux ans ont su confirmer leur année 2018. Si la ligne de stats n'est pas incroyable, leur apport dans le jeu de Daegu l'est. Une parfaite addition au duo Edgar – Cesinha. Il ne faut pas non plus oublier Hwang Soon-min au milieu et Cho Hyeon-woo dans les buts qui ne baisse pas en régime et s'impose encore et toujours comme le gardien n°1 du championnat, malgré une rude concurrence.
Ce qu'il aura manqué à Daegu ? Très certainement un banc pour tenir la cadence toute l'année. Les ajustements d'effectif en milieu de saison n'ont pas porté leur fruit puisque Park Gi-dong et Rildo comptabilise un seul but à eux deux. Pas suffisant pour reposer les titulaires. Au milieu, la blessure précoce de Tsubasa Nishi a été un sacré coup dur et André n'a pas pu établir la rotation souhaitée. Désormais tourné vers 2020, il sera très intéressant de suivre l'intersaison de Daegu avec des rumeurs de départ qui se ressurgissent après avoir fait leur apparition en milieu d'année, notamment concernant Cesinha et Cho Hyeon-woo.
Gangwon : le retour de l'ambitieux
Un an après avoir terminé la saison dans le groupe de relégation, Gangwon a fait son retour dans le groupe de tête. De quoi se remettre à rêver d'Asian Champions League, l'objectif tant voulu depuis 2016. Mais si la saison dernière fut plutôt décevante niveau jeu, le cru 2019 est bien plus enthousiasmant. L'une des plus belles équipes à voir jouer cette année, et ce grâce à Kim Byung-soo. Il est tout à fait regrettable que Gangwon se soit complètement écroulé dans le final round (une victoire en cinq matchs) alors que le club jouait toujours la qualification en ACL.
Les satisfactions sont nombreuses côté Gangwon. Le retour de blessure de Han Kook-young au milieu a fait le plus grand bien alors que l'arrivée surprise de Lee Young-jae en cours de saison en provenance de Gyeongnam en échange d’Uroš Đerić, a redonné un second souffle à l'équipe. À noter également la belle saison de Lee Hyun-sik. Devant, suite au départ d’Uroš Đerić et à la faible utilisation de Bilbija, c'est Kim Ji-hyun qui a crevé l'écran avec dix buts en douze titularisations. Pour sa deuxième saison professionnelle, il décroche naturellement le titre de meilleur jeune du championnat. Arrivée de Seoul E-Land, Cho Jae-wan n'est pas en reste avec huit buts à son actif. Si le jeu offensif de Gangwon a donné satisfaction et régalé en terminant troisième meilleure attaque du championnat, il en est tout autre de la défense. Les vétérans Kim Ho-jun, Shin Kwang-hoon, Oh Beom-seok, Valentinos et Yun Suk-young n'ont pas vraiment assurés et Gangwon termine avec la troisième moins bonne défense de la ligue.
Pour atteindre enfin ses objectifs, Gangwon devra gommer ses points faibles, à savoir sa défense. Le départ de Valentinos déjà annoncé va pousser le club à lui trouver un remplaçant. Il était le seul à surnager dans la ligne défensive. Devant, Jung Jo-gook continue de décliner du haut de ses 35 ans alors que Bilbija ne poursuivra pas l'aventure. Il faudra là encore trouver un véritable neuf pour accompagner les jeunes Cho Jae-wan et Kim Ji-hyun, qui seront attendus pour confirmer et pourquoi pas faire mieux. Mais quoi qu'il en soit, la saison reste positive et l'ambitieux club à une bonne base pour les années à venir.
Sangju Sangmu : mission accomplie
Sans faire de bruit, Sangju Sangmu continue de se maintenir en K League 1 malgré les fluctuations d'effectifs liées aux services militaires des différents joueurs. Une nouvelle fois, Kim Tae-wan montre ses qualités d'adaptation et s'impose progressivement comme l'un des meilleurs techniciens du pays. La saison de Sangju Sangmu a été récompensée par un beau parcours en FA Cup avec une demi-finale (petit regret tout de même de ne pas avoir atteint la finale en se faisant éliminer par Daejeon Korail) et une septième place en K League 1 avec une domination sans souci du groupe de relégation (sept points d'avance sur le huitième). Kim Tae-wan a donc pu compter sur ses valeurs sures de 2018 jusqu'en septembre, lui permettant de jouer la course au top 6 jusqu'au bout. Parmi elles, bien évidemment il y a Kim Min-woo (Suwon) et Yoon Bit-garam (Jeju) qui ont été incontournables. D'autres joueurs, qui ont débuté leur service l'année dernière ont également participé à la bonne saison du club. C'est le cas de Yoon Bo-sang (Gwangju) dans les buts, de Kwon Wan-kyu (Pohang) dans la défense, Lee Gyu-seong (Busan) au milieu et de Park Yong-ji (Incheon) à la pointe de l'attaque. Comme souvent, un joueur se révèle sous les couleurs de l'armée et cette année fut celle de Park Yong-ji qui a réalisé sa première saison à plus de dix buts en championnat. Il est l'attaquant sud-coréen le plus prolifique de la saison. De plus, Sangju Sangmu a aussi pu compter sur les nouvelles recrues : Kim Min-hyeok (Seongnam), Kim Gun-hee (Suwon) ou encore Song Si-woo (Pohang) et Ryu Seung-woo (Jeju). On restera néanmoins sur notre faim avec Sim Dong-woon qui n'a pas réussi à s'imposer cette année avant de rentrer du côté de Pohang et Lee Chan-dong (Jeju). En espérant voir ce dernier plus souvent l'an prochain (quatre petits matchs en 2019).
L'année 2019 passée, Sangju Sangmu se prépare à accueillir de nouvelles têtes. Malgré un turn-over constant à chaque saison, le club sait d'avance quelles seront ses prochaines arrivées. Et le cru 2020 s'annonce explosif et pourrait permettre à Sangju Sangmu de retrouver le top 6 : Moon Seon-min et Kwon Kyung-won (Jeonbuk), Park Yong-woo, Lee Myung-jae (Ulsan), Moon Chang-jin (Incheon), Lee Chang-geun (Jeju)... Comme le club sera soumis à la règle des joueurs U23 dès la saison prochaine, de jeunes talents se sont portés volontaires pour réaliser leur service militaire, et pas des moindres : Jeon Se-jin (Suwon), Oh Se-un (Ulsan) et Lee Keun-ho (Jeonbuk) viendront donc renforcer les rangs. Bref Sangju Sangmu a de quoi voir venir et de remplacer ses futurs départs.
Suwon : la déception court toujours
Avec une huitième place au classement (pire position depuis 2005) et des performances réjouissantes proposées par les hommes de Lee Lim-saeng, Suwon continue sa régression entamée l'année dernière. Heureusement que la victoire finale en FA Cup sauve la saison de Suwon, sinon il n'y aurait pas grand-chose de positif à dire sur l'année 2019 des Bluewings. Appelé pour remplacer Seo Jung-won qui arrivait en fin de cycle, Lee Lim-saeng n'a pas du tout convaincu, laissant supposer par moment ne pas trop savoir quoi faire avec son équipe. Il était même allé jusqu'à annoncer sa démissionner si son équipe ne remportait pas la FA Cup, cela après la défaite lors du match aller de la demi-finale... Il serait donc peut-être avisé pour la direction de réellement réfléchir à l'éventualité de remplacer son entraîneur.
Dans ce petit marasme ambiant, un joueur a néanmoins donné entière satisfaction en la personne de Adam Taggart. Pour sa première année en Corée du Sud, l'attaquant australien a terminé avec vingt buts, décrochant le titre de meilleur buteur du championnat et rappelant aux supporters l'époque, pas si lointaine, Jonathan. Mais l'attaque des Bluewings s'est essentiellement reposée sur lui puisque seul Yeom Gi-hoon a franchi la barre des cinq buts en championnat avec six réalisations. Dejan Damjanović a connu une saison catastrophique avec seulement trois buts et ne prolongera pas son aventure du côté du Big Bird. Waguininho était également attendu, et ce fut tout autant décevant. Alors que l'on pensait que Lee Lim-saeng allait donner sa chance aux jeunes, ce fut de très courte durée et la saison de Jeon Se-jin en est le parfait exemple. Le jeune talentueux vice-champion du monde U20 n'est jamais parvenu à trouver sa place dans le onze de son entraîneur (ou bien est-ce son entraîneur qui n'a pas su où le placer ?). Hong Chul également n'a pas réalisé une saison dans ses standards, tantôt utilisé à son poste, tantôt au milieu...
La saison 2019 des Bluewings a été révélatrice des problèmes du club que ce soit sur le sportif avec un coach qui n'est certainement pas l'homme de la situation ou en interne. On se souviendra des déclarations d'Elvis Sarić qui a donc été prié de partir puis des remarques peu sympathiques de Yeom Gi-hoon dans la presse. Les Bluewings doivent se ressaisir pour 2020 et l'intersaison pourrait être là aussi mouvementée du côté du Big Bird.
Seongnam : le maintien et puis c'est tout
Neuvième, maintien en poche. Voilà comment la saison de Seongnam pourrait être résumée. Sans surprise, Seongnam a proposé ce que son entraîneur, Nam Kil-il, sait faire de mieux : défendre, ne pas perdre et pourquoi pas essayer de marquer un but pour arracher la victoire (sur douze victoires, sept le sont sur le score de 1-0 et seulement deux avec plus d'un but d'écart). Avec ce petit jeu, les Magpies terminent la saison avec la pire attaque de la ligue et la quatrième meilleure défense. Mais qui s'en plaindra, si ce n'est certains joueurs, puisque l'objectif prioritaire du club, à savoir le maintien, est rempli ?
Bien entendu, il serait difficile d'en vouloir à Seongnam et Nam Ki-il d'avoir proposé ce triste spectacle. Après deux saisons en K League 2, le club le plus titré de Corée du Sud se devait de conserver sa place en K League 1 pour 2020. Nam Ki-il était l'homme de la situation à n'en pas douter. Niveau joueur, Kim Dong-joon s'est rappelé au bon souvenir de tout le monde après une année pratiquement blanche en 2018 pour une blessure au genou. Le jeune portier des Magpies n'a rien perdu de son talent, malgré quelques petites boulettes par-ci, par-là. La ligne de trois devant lui, Lim Chi-min, Yeon Je-un et Lee Chang-yong a aussi grandement contribué à cette forteresse. Au milieu, si le départ de Kim Min-hyeok pour Sangju Sangmu a été un véritable coup dur, les Magpies ont pu de nouveau compter Seo Bo-min, déjà très essentiel lors de la montée, auteur d'une saison pleine et terminant même second meilleur buteur du club, à une unité du premier, avec … quatre buts ! C'est là que le bât blesse, l'attaque de Seongnam a été aux abonnés absents. Certes pas vraiment aidé par la philosophie de son entraîneur. Les attaquants ne sont pas vraiment régalés cette année en commençant par Mathias Coureur. Le Français n'a pas su trouver sa place dans cette équipe et termine la saison avec deux petits buts en onze titularisations. S'il peut être déçu de son passage sud-coréen sur le plan sportif, il nous a assuré avoir énormément appris sur lui-même. Ça n'a pas de prix. Du côté d'Eder, meilleur buteur du club avec cinq buts, même constat. Cette saison est un petit échec pour lui qui n'aura pas eu non plus de nombreuses occasions pour s'exprimer. Autre regret cette saison en tant qu'observateur, le peu d'apparitions du jeune Park Tae-jun au plus haut niveau.
Maintenu Seongnam doit désormais aller de l'avant et viser plus pour retrouver ses lauriers d'antan. Prendre Daegu comme exemple ne serait pas une mauvaise idée. Néanmoins, l'intersaison ne sera pas facile pour les Magpies. Nam Ki-il a démissionné. En conflit avec sa direction il n'est pas surprenant de le voir s'en aller vers un autre défi, qui lui correspond plus, du côté de Jeju. On reviendra dessus plus loin. Le club devra donc se trouver un nouvel entraîneur, mais aussi renforcer son secteur offensif d'autant plus que Mathias Coureur ne poursuivra pas l'année prochaine.
Incheon : au courage
Une nouvelle fois la saison d'Incheon fut compliquée, mais se termine de la même manière : le maintien arraché au courage ! Malgré les nombreuses pertes de présaison (Moon Seon-min, Aguilar, Kim Dae-jung, Han Suk-jong), Incheon se permettait tous les espoirs de viser mieux qu'un maintien en conservant au poste d'entraîneur Jørn Andersen. Mais le Norvégien ne sera pas resté bien longtemps sur le banc des Durumi. Après seulement huit matchs et un bilan assez catastrophique, Jørn Andersen a été prié de faire ses valises. Un choix de la direction jugé bien précipité pour certains. La légende Yoo Sang-chul, qui restait sur une expérience décevante avec Jeonnam, a été appelé pour prendre en charge l'équipe et la maintenir.
Le club ne s'est toutefois par relevé immédiatement et a passé la majorité de la saison entre la onzième et la douzième place. Il aura fallu attendre l'ultime match de l'année pour qu'Incheon arrache son maintien face à son concurrent direct, Gyeongnam (0-0). Un match nul qui témoigne de la toute relative bonne fin de saison d'Incheon. Dans les derniers instants du championnat, les Durumi se sont réveillés et n'ont enregistré que deux défaites en dix matchs. Suffisant pour doubler Gyeongnam et Jeju au classement. Au rayon des satisfactions, bien évidemment Stefan Mugosa qui termine avec quatorze buts et s'installe comme l'un des attaquants les plus prolifiques du championnat depuis deux ans maintenant. À souligner aussi le très bon recrutement de l'été avec les arrivées de Jang Yun-ho, Myung Jun-jae (Jeonbuk), Kim Ho-nam (Jeju), Rashid Mahazi (Western Sydney) ou encore Yeo Sung-hye (Gyeongnam), qui ont permis à Incheon de gagner en consistance. Enfin, Kim Jin-ya a également confirmé sa bonne année 2018 et s'annonce comme le futur de la Corée du Sud au poste de latéral gauche. Au niveau des déceptions, bien évidemment Moon Chang-jin qui ne parvient pas à retrouver le niveau qui était le sien avant de filer au Moyen Orient et le passage fantomatique du Vietnamien Nguyễn Công Phượng. Deuxième expérience vietnamienne désastreuse pour le club après Lương Xuân Trường.
Maintenu en 2019 en souffrant, Incheon se prépare à faire de même en 2020. Mais avec qui ? Yoo Sang-chul, hospitalisé en fin de saison, a été diagnostiqué d'un cancer du pancréas de stade 4. Sans vouloir démissionner, il est retourné sur le banc de touche afin de finir la saison et atteindre son objectif. Difficile de le voir continuer, et l'on espère bien évidemment qu'il pourra se rétablir. Kim Jin-ya ne sera également plus de la partie puisqu'il vient de signer au FC Seoul. Les Durumi ont du pain sur la planche et, comme d'autres, s'apprêtent à vivre un hiver mouvementé.
Gyeongnam : les pieds dans le tapis (1)
Le premier gros gadin de la saison. Rendez-vous compte, en 2017 le club est promu en K League 1, en 2018 Gyeongnam est vice-champion de Corée du Sud et se qualifie pour l'Asian Champions League. En 2019, c'est la catastrophe, avec une campagne continentale décevante, une onzième place en championnat, un barrage de relégation perdu face à Busan (0-0, 0-2) et un retour en K League 2 pour 2020. Comment Gyeongnam en est arrivé là ?
L’une des explications se trouve dans le mercato. Il est évident que lorsqu'un club sud-coréen réalise l'exploit de monter en K League 1 et d'y finir second, tous les regards se tournent vers lui et notamment celui des clubs Chinois. Park Ji-soo et Marcao n'ont pas pu résister à un transfert vers la CSL alors que Choi Young-joon a lui attiré l'attention du mastodonte Jeonbuk. Il n'a fallu que quelques mois pour voir la colonne vertébrale de l'équipe disparaître. Pour les remplacer, le club avait misé sur Jordon Mutch et Luc Castaignos. Le premier n'est resté qu'une demi-saison (ou plutôt huit petits matchs) avant de voir son contrat être rompu pour blessure. Le second a également connu des blessures et sa saison est très décevante avec trois petits buts en vingt-deux apparitions. Également arrivé en renfort, Park Gi-dong n'a rien montré et a été envoyé à Daegu (pour le même résultat). Derrière, Kwak Tae-hwi a très certainement prouvé qu'il devait arrêter les frais du haut de ses trente-huit ans. Gyeongnam a aussi connu son lot de malchance. Negueba, excellent en 2019 n'était que l'ombre de lui-même avant sa grave blessure au genou. Saison terminée et contrat rompu. Son remplaçant Osman n'a pas réussi à s'imposer et n'a joué que sept matchs. Le jeune japonais Takahiro Kunimoto, malgré tout son talent, n'a pas su porter l'équipe tout seul et lui aussi a été sujet à quelques pépins physiques. Les satisfactions sont rares. L'une d'elles est l'arrivée en cours d'année d’Uroš Đerić qui a pu inscrire neuf buts en dix-sept matchs, insuffisant pour relever le club. Kim Seung-jun s'est aussi montré en attaque avec six réalisations. Au milieu, il est à souligner que Kim Joon-beom a un peu surnagé et fait une saison relativement correcte tout comme le vétéran Bae Ki-jong qui a su apporter un petit plus sur ses fins de matchs, mais qui accuse lui aussi le poids de l'âge (trente-cinq ans). Pour le reste, rien ne s'est bien passé.
Gyeongnam a passé son année à courir après quelque chose. Outre le maintien, c'est après le score que le club a couru pendant la majorité de ses matchs, nous offrant par moment des fins de matchs sous tension dont la plus mémorable face à Jeonbuk (3-3, en perdant 0-3 à la 81e). Sans aucune maîtrise de son sujet, Gyeongnam est passé complètement à côté de sa saison. Il va être difficile pour le club de maintenir ses talents et en premier lieux Takahiro Kunimoto qui devrait avoir bon nombre de prétendants en Asie et pourquoi pas en Europe. Difficile de voir Uroš Đerić continuer l'aventure à l'échelon inférieur tout comme pour Luc Castaignos. Avec le départ attendu de Kim Jong-boo qui s'est dit pleinement responsable de ce qui s'est passé, Gyeongnam va devoir se reconstruire et repartir de zéro après avoir mis tant de temps à se relever de ses scandales de corruption.
Jeju : les pieds dans le tapis (2)
Le deuxième gros gadin de la saison. Second en 2017, Jeju s'annonçait comme le premier concurrent à Jeonbuk. Deux ans plus tard, les Insulaires ont réalisé une saison incroyablement faible pour terminer dernier du championnat et se retrouver en K League 2. L'une des premières responsables à cet effondrement est la direction du club qui n'a pas su réagir à la saison décevante de 2018. En décidant de conserver Cho Sung-hwan au poste d'entraîneur, le club s'était déjà tiré une balle dans le pied. Loin de nous l'idée de considérer Cho Sung-hwan comme un mauvais entraîneur, mais sa philosophie de jeu ne passait plus à Jeju, le cycle était terminé et il était impératif pour Jeju d'en prendre conscience. La réalité a frappé de plein foin les Insulaires dès le début de saison. Avec neuf matchs sans victoire d'entrée de championnat, Cho Sung-hwan a finalement été poussé à la démission. Que de temps perdu...
Pour le remplacer, Jeju a misé sur un entraîneur expérimenté en la personne de Choi Yun-kyum. Malgré un sursaut face à Gyeongnam pour son premier match, Choi Yun-kyun n'a jamais été en mesure de mener son équipe au succès. L'équipe ressemblait plus à un amoncellement d'individualité (de qualité) qu'à un collectif et Jeju l'a payé très cher. Tendon d'Achille de Cho Sung-hwan, la défense des Insulaires a pris l'eau avec 72 buts encaissés, la pire défense du championnat. Les recrues dans ce secteur n'ont pas vraiment résolu le problème : Choi kyu-baek ne retrouvera jamais son niveau de 2016, Jeong Woo-jae a connu trop de soucis physiques et Kim Dong-woo n'a jamais été serein. Sur le plan individuel, les joueurs offensifs de Jeju ont plutôt été performants. Lee Chang-min a de nouveau fait une bonne saison malgré ses déboires judiciaires. Yun Il-lok a démontré que son passage au Japon n'était qu'un simple accident de parcours avec onze buts inscrits. De retour de service militaire, Ahn Hyeon-beom et Yoon Bit-garam ont également fait de belles prestations. Devant, Magno Cruz a réalisé une saison similaire à celle de 2018 et termine avec huit buts. Même Aguilar, moins utilisé que ce qui était prévu, a montré de quoi il était capable.
Vous l'aurez compris, les joueurs de Jeju n'ont pas fait une mauvaise saison individuellement, mais en tant que collectif. L'année prochaine, il sera difficile pour le board de conserver tout ce joli monde et il va falloir reconstruire. Choi Yun-kyun ne sera d'ailleurs pas aux commandes puisqu'il a annoncé sa démission à l'issue de la saison (pourquoi pas plus tôt ?). Pour le remplacer, les rumeurs annoncent Nam Ki-il. L'ex-entraîneur de Seongnam est un spécialiste des montées puisqu'il a permis à Gwangju et à Seongnam de passer de la K League 2 à la K League 1. Mais pour cela, il faudra que les supporters disent au revoir au jeu offensif que leur équipe leur proposait et auquel ils étaient habitués.
L'équipe de la saison
Au poste de gardien de but, Cho Hyun-woo (Daegu) conserve sa place de meilleur gardien du championnat (Kim Seung-gyu n'ayant joué que six mois en K League, il n'est pas un prétendant au poste). En défense, nous nous sommes permis une petite fantaisie en alignant deux latéraux droits avec Lee Yong (Jeonbuk) et Kim Tae-hwan (Ulsan). Dans l'axe, Hong Jeong-ho (Jeonbuk) nous paraissait incontournable. Pour l'accompagner, nous avons choisi de récompenser le FC Seoul au travers d'Osmar. Au milieu, la ligne de quatre est extrêmement offensive avec Moon Seon-min (Jeonbuk), Kim Bo-kyung (Ulsan), Cesinha (Daegu) et Wanderson (Pohang). En attaque, une paire composée des deux meilleurs buteurs du championnat Adam Taggart (Suwon) et Junior (Ulsan). Pour mener cette équipe, notre choix s'est porté sur André qui est l’homme de la réussite de Daegu. Kim Do-hoon (Ulsan) paye sa mauvaise gestion des moments clés alors que José Morais (Jeonbuk) ne nous a pas enthousiasmé.

Guerriers Taeguk : la déception des A, le bonheur des jeunes
L'année 2019 de Paulo Bento était attendue puisqu'elle permettait de tirer les premières conclusions quant au travail du technicien portugais. Le moins que l'on puisse dire c'est que l'on s'est ennuyé en regardant cette équipe. Même si l'année 2019 de la Team Bento est très positive au niveau des résultats (12 victoires, 4 nuls, 2 défaites), le jeu proposé par les Guerriers Taeguk l'est beaucoup moins. À la peine pour se montrer dangereux, les Guerriers Taeguk ont remporté la majorité de leur match par un but d'écart alors que la défense n'a pas réellement progressé. La Coupe d'Asie en début d'année est une déception avec une élimination en quarts de finale face au Qatar. Les éliminatoires à la Coupe du Monde laissent aussi entrevoir des signes d'inquiétude puisque la Corée du Sud a peiné à se défaire du Turkménistan (0-2) et n'aura pas inscrit le moindre but face à la Corée du Nord (le contexte ayant joué un rôle prépondérant, il est vrai) et au Liban (0-0). L'EAFF de fin de saison aura commencé sur les mêmes bases avec des victoires à l'arraché sur Hong Kong (2-0) et la Chine (1-0). Mais la Team Bento a terminé sur une bonne note avec une victoire sur le Japon, certes seulement d'un petit but (1-0), mais avec un match complètement maîtrisé. Paulo bento doit déjà faire face aux critiques sur le jeu mis en place, mais le Portugais a déjà annoncé qu'il ne changerait rien. Il répète et signe que son travail ne fait que commencer et qu'il sera prêt pour la Coupe du Monde 2022. Encore faudra-t-il s'y qualifier...
Finalement la satisfaction de l'année pour les sélections réside dans la seconde place des U20 à la Coupe du Monde U20. Loin d'être séduisante et très pragmatique, la Corée du Sud a pu compter sur un Lee Kang-in exceptionnel, et désigné meilleur joueur de la compétition, pour atteindre la finale. Malheureusement, très peu de joueurs de cette sélection n'ont pu capitaliser sur cet exploit pour obtenir du temps de jeu dans leur club. La route vers le temps de jeu en championnat est et restera un long chemin pour les jeunes pousses.


