Vendredi 04 février 2011

Bedi

Lucarne Opposée avait sans doute été l'un des seuls (le seul?) blog français à vous avoir parlé de l'édition 2009, autant récidiver pour celle de 2011. Ce vendredi marque en effet l'ouverture du second Championnat d'Afrique des Nations (CHAN) surnommé l'autre CAN. Tour d'horizon.

Pour ceux qui ont manqué l'édition 2009, le CHAN (Championnat d'Afrique des Nations) est une sorte de CAN réservée uniquement aux joueurs non expatriés. Si certains y voient une CAN du « pauvre », ce championnat reste le véritable marqueur du niveau africain de part sa formule. La compétition met en effet aux prises des nations composées uniquement de joueurs évoluant sur le continent africain. Pas de Drogba ni d'Eto'o donc mais des joueurs locaux, rompus aux compétitions africaines des clubs.

L'édition 2009 avait été une franche réussite sur le terrain, pour la seconde édition, la Confédération Africaine de Football a mis les bouchées doubles avec seize équipes qualifiées au lieu de huit. Reste que de nombreuses incertitudes pèsent.

Climat politique lourd et calendrier surchargé.

Le CHAN 2011 débute ce vendredi dans un pays en pleine crise politique. Non pas un effet domino de la révolution égyptienne voisine mais le Soudan vit des heures historiques avec la partition du pays et donc l'indépendance délivrée au Sud-Soudan suite au référendum des 9 et 15 janvier dernier (certains hommes politiques ayant vu dans ce référendum les prémices des évènements tunisiens et égyptiens (source)). C'est donc dans un pays en cours de scission que se déroule l'édition 2011 avec pour objectif d'attirer les spectateurs dans les stades (les ivoiriens avaient ouvert gratuitement les portes des stades en 2009).

Reste le souci du calendrier en lui même. En passant de huit à seize équipes, la CAF a donc alourdi le calendrier continental et s'est attiré les foudres de certains sélectionneurs. Alain Giresse par exemple, estime que « le CHAN va mourir » des causes de ces problèmes calendaires. La plupart des équipes se sont en effet rendues en ordre dispersé au Soudan, de nombreux joueurs venant tout juste de disputer les tours préliminaires des compétitions interclubs. Néanmoins, le principal risque d'une telle compétition est de voir un nouvel exode de futures stars. La principale critique faite à ce championnat restant en effet qu'elle sert de foire où les équipes européennes viennent faire leurs emplettes pour reprendre les propos du président de la fédération sénégalaise Omar Seck (source). Car finalement, s'il est une certitude concernant le CHAN, c'est que cette compétition reste un véritable baromètre du niveau de la pépinière africaine.

Des supers favoris, des revanchards et un groupe de la mort.

Sur le terrain, le CHAN 2011 promet d'être passionnant. Seize nations réparties en quatre groupes dont un (le C), absolument terrifiant.

Aux côté du grandissime favori et tenant du titre congolais, composé essentiellement de joueurs vice-champions du monde des clubs avec Mazembe, se retrouvent des géants d'Afrique : la Côte d'Ivoire souhaitera laver l'affront d'une édition 2009 qu'elle organisa mais qu'elle rata (finissant dernière). Leur finale de la dernière CECAFA Cup est venue saluer leur excellent préparation. Le Cameroun, grand pays de football sur le continent revient avec la ferme intention de s'imposer. La préparation du CHAN ayant été assez réussi avec une finale de la Coupe CEMAC 2010 perdue aux tirs au but devant le Congo. Enfin, dernier membre de ce groupe impressionnant, le Mali participe pour la première fois au CHAN avec pour objectif de revenir dans la lumière.

A côté de ce groupe C, les autres groupes promettent quelques duels intéressants.

Le pays organisateur soudanais se retrouve avec le Gabon, l'Algérie et l'Ouganda. Sur le papier, le Soudan pourrait sortir de ce groupe avec des algériens même s'il faudra se méfier d'ougandais vainqueurs des Coupes CECAFA 2008 et 2009 et récents finalistes du tournoi du Nil 2011 (battus par l'Égypte).

Le groupe B devrait être celui du Ghana et de l'Afrique du Sud. Finalistes 2009, les Black Stars bis chercheront à rééditer cette performance avec un groupe entièrement renouvelé et s'appuyant sur des succès comme les performances mondialistes de l'équipe A mais surtout le titre de champion du monde des moins de 18 ans. La menace la plus sérieuse sera l'Afrique du Sud qui, bien que privé des mondialistes non libérés par les clubs de Premier Soccer League, arrive au Soudan avec une équipe réserve auréolée d'un résultat nul (source) accroché face à la Suède. Reste les inconnues Niger et Zimbabwe : les premiers découvrent la compétition, les seconds tenteront de présenter un meilleur visage qu'en 2009.

Enfin, le groupe D devrait échoir au Sénégal. Les Lions de la Terranga, demi-finaliste en 2009, semblent mieux armé cette année et peuvent nourrir de réelles ambitions. D'autant que le groupe leur offre une Tunisie qui aura certainement l'esprit ailleurs, un Rwanda plein d'ambition avant d'organiser l'épreuve en 2016, et un Angola plutôt décevant ces derniers temps.

La compétition débute ce vendredi avec Soudan – Gabon en ouverture.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.