Lundi 01 février 2010

Egypte

C’est sur le troisième sacre de rang de l’Egypte que la Coupe d’Afrique des Nations angolaise s’est achevée hier. Après trois semaines de compétitions, l’heure du bilan a donc sonné.
 
La vingt-septième édition de la Coupe d’Afrique est donc désormais terminée. Avec son lot de drames extra-sportifs, de désillusions footballistiques et ses joies historiques, tous les sentiments auront été de mise lors de cette édition très peu médiatisée en France, la faute au monopole de diffusion réservé à une chaîne comptant seulement 200 000 abonnés.

Quand l’extra-sportif devient encombrant.

TogoPuisque nous débutons notre bilan par les choses qui fâchent, comment ne pas aborder le drame togolais qui a précédé l’ouverture de la compétition ? Quelques heures seulement après l’attentat dont avait été victime l’équipe togolaise, j’avais fait part de mes réflexion quant à la question de la couverture de l’évènement dans un tel contexte (voir ici). Une chose est sure, pour le comité d’organisation et la CAF, point d’hésitation. Après avoir longtemps minimisé les faits, après avoir été longtemps pointé du doigt (notamment sur le choix discutable d’organiser un tel évènement dans une enclave en pleine guerre), les instances de la CAF ont décidé ce vendredi, à 48h de la fin de la compétition, de définitivement achever les derniers restes de vie togolais en excluant les éperviers des deux prochaines éditions. Un scandale sans nom qui vient laisser une ombre extrêmement sombre sur une compétition qui ne méritait pas cela à quelques mois de la première Coupe du Monde africaine de l’histoire.

Les mondialistes : pas au niveau ?

GyanLa proximité d’avec la prochaine Coupe du Monde était d’ailleurs l’un des intérêts avec la présence de quatre des cinq mondialistes (l’Afrique du Sud ayant fait l’impasse dès les qualifications). Alors que tout le monde attendait monts et merveilles des favoris camerounais et ivoiriens, ces deux nations ont surtout affiché leurs insuffisances collectives et défensives et laissent ainsi planer de gros doutes sur leur capacité à être performants d’ici quelques mois. Sentiment partagé avec le Nigéria qui n’a guère brillé dans la compétition mais qui décroche tout de même une troisième place en trompe l’œil. Restent l’Algérie et le Ghana. Les algériens ont tout d’abord inquiété en manquant totalement leur premier match avant le laisser entrevoir de vraies belles choses notamment en quart de finale devant la Côte d’Ivoire au cours de leur match le plus abouti. Reste qu’il faudra que les Fennecs parviennent à moduler leurs émotions sous peine de grosses désillusions (la demi-finale perdue devant l’Egypte en étant une illustration). Côté Ghana, dire qu’ils étaient attendus à pareille fête serait mentir. Bousculé lors du match d’ouverture face aux Eléphants, les (très) jeunes ghanéens ont su faire preuve d’une maîtrise tactique qui leur permet d’espérer en gêner plus d’un lors de la prochaine grande compétition sud-africaine (d’autant qu’ils y récupèreront les cadres que sont Muntari, Essien, ou encore Apiah). Probablement donc LA grande satisfaction des mondialistes.

Globalement quel niveau ?

C’est le grand débat post-CAN. Quel était le niveau véritable de la compétition. Pour être tout à fait honnête, on était assez loin du spectacle affiché lors de l’édition ghanéenne d’il y a deux ans. Mais à leur décharge, les joueurs ont souvent du faire face à des conditions assez terribles, comme pu l’illustrer la finale disputée par 35°C et 80% d’humidité sur une pelouse plutôt moyenne et un arbitrage souvent défaillant. Difficile ainsi de développer du grand football. Cela est-il suffisant pour expliquer les énormes failles défensives affichées au cours de la compétition ? La question demeure. Pourtant, on peut tout de même retenir de grands matchs comme cet Angola – Mali en ouverture, ce quart de finale exceptionnel entre ivoiriens et algériens mais aussi la puissance collective égyptienne, véritable rouleau compresseur du continent africain.

Car au final, s’il ne reste qu’un pays, c’est bien l’Egypte. Conserver un titre n’est pas chose facile, mais répéter l’exploit pour enchaîner un troisième succès de rang quelques mois après une désillusion telle que l’élimination pour la Coupe de Monde : les hommes d’Hassan Shehata ont réalisé une performance absolument énorme. Jamais décevants, toujours aussi serein sur le terrain, même lorsqu’ils furent dominés comme ce fut le cas en finale, les Pharaons ont marqué la compétition de le empreinte technique et tactique.

Des révélations ?

GedoComme dans toutes les compétitions, à côtés des déceptions comme le Mali (qui n'avait pas encore évoqué), on trouve finalement plusieurs motifs de satisfaction. Au niveau des sélections, le Gabon d’Alain Giresse ou encore le Bénin de Stéphane Sességnon ont prouvé qu’ils étaient sur la bonne voie tout comme l’Angola, pays hôte plutôt spectaculaire ou encore la Zambie d’Hervé Renard, la grande bouffée d’oxygène de la compétition. Du côté des joueurs, si nombreux sont ceux qui furent déçus des prestations des stars ivoiriennes, camerounaises ou maliennes, si les égyptiens trustent la plupart des postes de l’équipe type de la compétition à l’image d’Ahmed Hassan meilleur joueur du tournoi, on retiendra également les grandes performances de Gyan pour le Ghana, de Flávio l’avant centre angolais mais on peut également citer les noms d’Mbola le latéral zambien, l’omniprésence d’Odemwingie sur le front de l’attaque nigériane. Enfin, s’il ne doit en rester qu’un, ce ne peut être que l’Ole Gunnar Solskjær version égyptien, Mohamed Nagy Gado dit Gedo. L’avant centre d’Al-Ittihad Al-Sakndary, jamais titulaire, termine la compétition meilleur buteur avec une statistique hallucinante d’un but inscrit toutes les 35 minutes. Son nom est déjà évoqué au Royaume Uni.

C’est avec cet article que se conclut la CAN 2010. Vous pouvez accéder à l’ensemble des résultats et classement en vous rendant sur la page qui leur est consacré, (re)lire l’ensemble des articles de cette CAN en vous rendant ici et (re)voir les buts inscrits en vidéos, en vous rendant ici.

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.